Conrad Veidt

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Conrad Veidt est célèbre pour avoir interprété le Cesare du Cabinet du Dr. Caligari de Robert Wiene (1921).

" Conrad Veidt naît à Berlin en 1893 et meurt à Hollywood en 1943. Acteur et réalisateur, formé à l’école de Max Reinhardt, il débute au cinéma en 1917. Figure essentielle du mouvement expressionniste, il en incarne, plus que tout autre comédien, les tendances morbides, proposant une impressionnante galerie de pervers et de fous meurtriers. Hans Walter Conrad Veidt est le fils d’un petit fonctionnaire qui quitte le lycée sans le bac pour se consacrer au théâtre. A 20 ans, Veidt est engagé par le génie du théâtre allemand, Max Reinhardt, et il commence de travailler pour le cinéma dès 1916.

Lorsque la guerre prend fin, et avec elle la censure, Veidt se fait une spécialité de jouer dans les films dits « d’éducation sexuelle », reflet d’une révolution des moeurs après la guerre perdue, abordant les thèmes de l’avortement, la prostitution, l’homosexualité : certains titres sont plus qu’évocateurs : Histoires macabres, Satanas, Êtres nocturnes, les Jeux de cartes de la mort, Différent des autres. Mais au milieu de ces films plutôt quelconques surgit le titre qui va le rendre immortel : le Cabinet du Docteur Caligari, dans lequel Robert Wiene dirige deux grands acteurs, Werner Krauss et Conrad Veidt. A propos de ce dernier, le critique anglais S.S. Prawer souligne que « le génie propre de l’acteur, devenu célèbre grâce à son interprétation de personnages douteux, d’hommes entre le bien et le mal, a contribué à rendre le somnambule créé par Mayer et Janowitz si impressionnant qu’il pouvait rivaliser avec Werner Krauss, lequel oscillait entre un jeu démoniaque et cette démarche à petits pas mais en même temps dansante, et qui agissait entre la rage et une servilité ironique ». En 1919 un critique écrivait que Veidt représentait la sublimation personnifiée de la troisième dimension – donc « la quatrième dimension… Quelle âme macabre se profile sur son visage ! Et il joue sur cette âme comme si c’était un violon terrifié, aigu ! »… ceci n’est qu’un exemple des dithyrambes journalistiques d’époque.

Un des éléments les plus importants de l’expressionnisme est sans conteste le jeu des acteurs ; et l’historien de cinéma Jürgen Kasten en a inventorié les techniques : l’accentuation des moyens d’expression les plus simples, une sorte de courbure, un allongement des doigts, de la main ou des bras, destiné à exagérer le processus des mouvements, un regard fixe et des yeux fiévreux – tout ceci pris en gros plan, pour intensifier le jeu des acteurs. Kasten souligne la virtuosité de Conrad Veidt, dont les cils et sourcils, les muscles visibles du visage, un mouvement léger des ailes du nez et de la commissure des lèvres, indiquent d’une manière très suggestive l’éveil contrôlé du médium somnambule, mais aussi un désir d’érotomane sadique. Une autre astuce de ce jeu artificiellement intense était le ralentissement évident des mouvements [de corps] et des détails d’expression, et les contorsions d’un corps dirigé par les mouvements d’épaules. Dans Caligari, Conrad Veidt se mouvait avec des gestes félins, se faufilant tel un animal.

Il fut l’acteur idéal de cette époque comme il le prouva dans deux autres classiques expressionnistes, le Cabinet des figures de cire, de Paul Leni (1923) et les Mains d’Orlac de Robert Wiene (1924). Dans le film de Leni, il incarne le tsar Ivan le Terrible et dans les Mains d’Orlac, un pianiste qui a perdu ses mains dans un accident et auquel on a greffé celles d’un assassin, ce qui donne lieu à une série d’obsessions qui se dissipent finalement, car l’assassin présumé n’avait pas commis ce crime. Un rôle en or pour Veidt. " - Ulrich von Thüna dans festival-larochelle.org.

Entre 1916 et 1924 il tourne dans une soixantaine de films, dirigé par, entre autres : Paul Leni, Robert Wiene, Ewald André Dupont, Reinhold Schünzel et Friedrich Wilhelm Murnau. Il travaille en Angleterre et en France (Tempête sur l’Asie, Richard Oswald, 1937/38 ; Le Joueur d’échecs, Jean Dréville, 1938). Il livre une excellente performance dans L’Espion noir (Michael Powell, 1938/39) où il incarne un officier plutôt correct dans un sous-marin allemand pendant la Grande Guerre. Dans la superproduction Le Voleur de Bagdad co-réalisée par Ludwig Berger et Michael Powell, il incarne le méchant vizir Jaffar.

Conrad Veidt a inspiré une chanson au groupe rennais Marquis de Sade en 1980.

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