Pasteur (1922)
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Sommaire
Générique principal
Le Ministère de l’agriculture présente
Pasteur 1822-1895
Réalisé par Jean Epstein
d’après le scénario d’Edmond Epardaud
cinégraphié par Edmond Floury
Sous la direction de Jean Benoit-Lévy
sous le contrôle artistique de M. Bruneau inspecteur de l’Enseignement de la Ville de Paris
La plupart des épisodes ont été tirés de « La vie de Pasteur » de M. René Vallery-Radot
Contenus
Thèmes médicaux
- Prévention et contrôle des maladies infectieuses et contagieuses. Prévention des épidémies
- Maladies infectieuses et contagieuses, fièvres
Sujet
La vie et l’œuvre de Louis Pasteur.
Genre dominant
Résumé
Le film est un récit strictement chronologique de la vie scientifique de Pasteur, éludant l’enfance et la part privée de l’homme pour tracer le parcours exemplaire d’un scientifique de génie dont les découvertes ont servi l’économie de son pays et sauvé de nombreuses vies.
Contexte
Le film est réalisé 100 ans après la naissance de Louis Pasteur, 27 ans après sa mort, 34 ans après la fondation de l'Institut Pasteur. En 1919, à l'Institut Pasteur, Calmette et Guérin expérimentent leur vaccin antituberculeux sur des bovidés.
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Non.
- Images en plateau : Non.
- Images d'archives : Non.
- Séquences d'animation : Non.
- Cartons : Oui.
- Animateur : Non.
- Voix off : Non.
- Interview : Non.
- Musique et bruitages : Non.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
Il s’agit des débuts de Jean Epstein à la réalisation grâce au soutien de Jean Benoit-Lévy. Celui-ci lui confie le projet d’une biographie de Pasteur à l’occasion du centenaire de sa naissance. Le résultat est loin de l’audace formelle et du ton lyrique qui caractérisent ses œuvres les plus marquantes (Cœur fidèle en 1920, La maison Usher en 1928, Le tempestaire en 1947,…). Le film, qui surabonde en cartons, tient lieu de cours sans professeur. Les plans servent essentiellement à faire respirer l’enchaînement des cartons par des illustrations d’une mise en scène minimale. La plupart auraient gagné à être remplacés par des schémas animés qui expliqueraient les processus des différentes expérimentations et mettraient en évidence la spécificité des composantes en jeu.
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
C'est le personnage du scientifique dont il est avant tout question. La médecine est montrée comme bénéficiaire de ses découvertes.
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
En classe pour des séances réservées au public adulte, en salles de cinéma.
Communications et événements associés au film
Public
tout public
Audience
Descriptif libre
Ouverture en plan moyen sur des microscopes alignés sur une paillasse. Carton : « Collection du Ministère de l’Agriculture ». Nouveau plan de microscope avec un livre ouvert à ses côtés. Carton : « Il y avait en Pasteur un besoin de compatir, de soulager ; un sentiment humanitaire qui le faisait pour ainsi dire citoyen du monde entier. – René Vallery Radot » Le ton hagiographique est donné. Il n’est pas anodin que cette citation soit extraite du livre La vie de Pasteur, écrit par le gendre de Pasteur, Vallery-Radot, qui constitue la référence du film comme l’indique le générique. Nouveau plan sur un microscope et des fioles sur une paillasse (plans de coupe qui rythme la succession de cartons), nouveau carton : « L’œuvre de Pasteur est admirable ; elle montre son génie ; mais il faut avoir vécu dans son intimité pour connaître toute la bonté de son cœur – Dr Roux ». Le « mais » dans la phrase sert l’intention hagiographique : il ne s’agit pas de relativiser les compétences du scientifique mais d’y ajouter un aspect plus valorisant encore, de joindre dans la même figure le savant hors pair et le grand homme. Avant même que le récit n’ait commencé, le spectateur a affaire à une personnalité humaine inatteignable.
Nouveau carton écrit dans la même orientation : « Pasteur n’est pas seulement l’un des plus grands savants qui aient illustré l’histoire de la science ; il apparaît comme un incomparable bienfaiteur de l’humanité. » L’affaire est entendue avant même que la première touche cinématographique n’ait été apportée au portrait. À remarquer que cet éloge est le fait d’un médecin qui l’appuie ainsi de sa caution professionnelle. Nouveau carton : « Pasteur est l’homme qui a révélé les microbes et le rôle prodigieux de ces infiniment petits, maîtres de la vie et de la mort. » Nouveau carton : « Avant Pasteur, les hommes étaient à la merci de ces terribles maladies, la plupart épidémiques, qui s’appellent la peste, le choléra, la diphtérie, le typhus, pour ne citer que les plus meurtrières… » Nouveau carton : « Ces maladies sont d’origine microbienne. En découvrant le rôle de ces microbes, Pasteur a donc sauvé et sauve encore des millions de vies humaines. Il aura été dans la réalité un tueur de monstres égal au plus fameux des héros de la légende antique. » Dernière nature morte de laboratoire : fiole sur paillasse.
Enfance, École Normale (02.20)
Carton : « À Dôle-du-Jura dans une humble maison de la rue des tanneurs ». Plan général sur un village derrière un plan d’eau. Vues en plan moyen des façades hautes et étroites des maisons modestes, serrées l’une contre l’autre. Plan serré sur une plaque de pierre où il est écrit que Pasteur est né dans la maison où elle a été mise. Carton : « Pasteur est né le 27 décembre 1822 à deux heures du matin. » Une fenêtre éclairée dans l’obscurité. Par les carreaux, nous voyons la neige tomber. « L’enfance de Pasteur s’écoulait à Arbois où son père avait une tannerie. » Plans sur le parapet qui surplombe la rivière du village. « Le Principal du collège d’Arbois parlait souvent au père de Pasteur du brillant avenir que l’École Normale pouvait ouvrir à son fils, travailleur acharné. » Plan à la remorque du carton : en plan d’ensemble, deux hommes debout, vêtus en bourgeois, parlent à un troisième que nous voyons assis de dos. Une femme mutique, assise à l’écart, coud et écoute. La porte s’ouvre, un jeune homme entre. L’un des hommes debout le convoque. Ouverture et examen des cahiers de classe pendant que le jeune homme va s’installer pour reprendre son travail, interrompu par le trajet qui sépare l’école de la maison. Un des hommes vient auprès de lui ; plongée. Avec une main sur l’épaule : « L'École Normale, que dis-tu de ça ? » Portrait du jeune homme méditant, nimbé d’un blanc cotonneux. « En 1843, à l’École Normale… » Plans de l’école déserte. « Préparateur, il consacrait ses heures de loisir à de remarquables études sur les cristaux. » Plan sur Pasteur dans une sous-pente, de nouveau plongé dans un livre. « Biot, illustre savant, voulut bien recevoir ce jeune homme et examiner ses travaux en 1848 ». (06.00) Scène de la rencontre, on s’assied à une table remplie de fioles. Examen d’un cristal à la loupe, gros plan sur l’œil qui scrute. Le Dr Biot est l’archétype du vieux savant, solitaire et passionné : une calotte couvrant sa chevelure blanche et désordonnée. Il a reconnu un pair chez le jeune homme. Effusions : « Mon cher enfant, j’ai tant aimé les sciences dans la vie que cela me fait battre le cœur. » Il lui serre la main avec une fervente vigueur au moment où ils se séparent.
Strasbourg, Lille, retour à l’École Normale (07.10)
« Grâce à la valeur de ses premiers résultats, Pasteur fut nommé très jeune encore à Strasbourg… » Panoramique en plongée sur les toits alsaciens à la silhouette caractéristique surmontés par la fameuse cathédrale. Autres plans touristiques tournés dans le pittoresque quartier de la Petite France. « … Professeur à la Faculté des sciences. » Plan sur une façade de bâtiment. « … et à trente-deux ans Doyen de la Faculté des sciences de Lille (1854). » Plans sur d’anonymes bâtiments universitaires « […] où il commence ses travaux sur les fermentations (1857-1860). » Des bulles s’accumulent dans le cou d’un ballon à col de cygne. « Les fermentations sont dues à la vie d’organismes microscopiques. » Vue d’observation au microscope. « Revenu comme Administrateur à l’École Normale, le jeune maître entouré de ses disciples dévoués ». Des hommes réunis autour d’une table placée devant les rayonnages d’une bibliothèque, en concertation studieuse « s’attachent à l’étude des putréfactions (1860). » « On croyait à cette époque que les putréfactions et les germes qui les accompagnent se faisaient spontanément grâce à une prétendue force végétative. » Ouverture à l’iris sur une préparation qui n’est pas présentée. « Pasteur instruit par ses études sur les ferments ne peut admettre cette doctrine ». « Il prépare donc des liquides de choix pour le développement de ces germes, stérilise par ébullition ces liquides, c’est-à-dire les débarrasse de tous les germes. » « Des liquides stérilisés placés dans un ballon à col de cygne que les germes ne peuvent traverser, restent indéfiniment limpides. »
Beaucoup de cartons, peu d’images dans cette première partie qui n’a inspiré aucune réelle mise en scène.« Il ne peut donc être question de générations spontanées. Mais il suffit de mettre le liquide au contact des germes déposés le long du col, en inclinant le ballon, pour que le liquide s’altère rapidement. » Sur fond noir, gros plan d’une main tenant un ballon qui contient un fond de liquide. « Voici des ballons scellés, il y a soixante ans, par Pasteur ; leur contenu ne s’est pas altéré. » Sur fond noir, un ensemble de ballons. « Dans l’état actuel de la science, la doctrine des générations spontanées est une chimère. Pasteur ». « Certains liquides comme ceux contenus dans l’eau de foin de Pouchet… » Dans un verre, des brins de foin baignant dans un fond d’eau. Images microcinématographiques montrant des formes noires oblongues animées de mouvements spasmodiques. « … sont plus résistants que d’autres, et pour les détruire, on est obligé de chauffer les liquides de culture de 105° - 110° dans un bain de chlorure de sodium. » Le plan suit de nouveau le commentaire en carton. Une main anonyme s’affaire à une préparation. « Pasteur obtient encore la stérilisation des vases en verre par la chaleur sèche dans un four qui porte son nom : Pasteur. » Le four Pasteur avec les vases en verre dedans. « La théorie des germes de Pasteur permet au savant écossais Lister de mener à bonne fin le système antiseptique auquel la chirurgie moderne doit ses bienfaisants et merveilleux résultats. » En plan moyen, des chirurgiens enfilent des gants et rassemblent leurs outils rutilants de propreté. À remarquer que cette scène restitue l’époque où le film est, opérant ainsi une projection en avant dans le temps par rapport au temps de référence de son récit (l'époque de la vie de Pasteur).
Seconde partie : les recherches de Pasteur sur les fermentations, leurs applications
« Continuant le cycle de ses études sur les fermentations, Pasteur établit la fabrication du vinaigre sur des bases scientifiques et rend ainsi la prospérité à une industrie défaillante. » « Les mérites éclatants de Pasteur l’emportèrent sur des cabales d’ennemis acharnés. Pasteur fut élu à l’académie des sciences. 1862 » Le report scrupuleux des dates des faits énoncés montre que la démarche du film est de constituer un exposé biographique de valeur historique. Autour d’une table noire, dans une pièce à fond noir, un ballet d’hommes agités par de vives discussions. La scène est montrée sous différents angles. « Napoléon qui s’intéressait à la recherche qui se poursuivait dans le petit laboratoire de la rue d’Ulm, voulut s’entretenir avec Pasteur. 1863. » La scène est reconstituée dans un bureau. « Toute mon ambition, Sire, est de pouvoir arriver à la connaissance des maladies putrides et contagieuses. Pasteur »
« Les maladies du vin ». « S’attaquant aux maladies du vin, Pasteur conseille aux viticulteurs de chauffer à 50° ou 60° pour détruire la vitalité des germes nocifs. 1864 » Plan qui restitue l’opération, montrant une silhouette d’homme ceint d’un tablier qui porte des bouteilles dans un seau, referme son couvercle, puis rouvre le couvercle et retire les bouteilles. Le champ de l'image est cerné de noir. « L’opération pratiquée industriellement mit un terme aux déboires des viticulteurs. » Un joli plan Lumière tourné dans une manufacture viticole où des hommes entrent dans le champ pour rouler des tonneaux jusqu’à une machine qu’on devine être stérilisatrice. « Les levures qui font fermenter le jus de raison viennent dans l’air qui dépose des levures en grande abondance à la surface des grappes et du sol. » (15.50) « Si donc on enveloppe les grappes dans du coton avant maturité, le jus de ces raisins mûris à l’abri des levures ne fermente pas. » En plan moyen, deux mains, toujours anonymes, enveloppent de coton une grappe de raisin, attachant l’enveloppe avec du fil. « Mais si, dans ce jus, on dépose la poussière de la surface des sols ou du sol, le jus fermente immédiatement. » En gros plan, une main tient une feuille de vigne, l’autre en racle la surface avec la lame d’un canif. « Ainsi, Pasteur a sauvé le vin ». Plan général sur les vendanges, cueillette et écrasement du raisin. « L’industrie de la bière ne lui doit pas moins de reconnaissance. Là encore, Pasteur n’a pas seulement travaillé pour la France, sa patrie… » « … Mais pour le monde entier, et les Allemands, par exemple, devraient lui élever une statue sur la place de Munich. » « Pasteur dépose de bonnes levures de brasserie dans un moût de bière stérilisée qui est au contact de l’air par le tube recourbé du ballon. » « Cette fermentation se passe à 20° (fermentation haute) et donne en 4 jours une bière comestible. Par ce moyen d’aération et de haute température, c’est une sorte de levure spéciale qui donne la bière. » Sur fond noir, une main dispose un alambic. Suite des expériences pasteuriennes sur la bière, avec des plans qui, finalement, ne montrent rien d’autre que des mains maniant des outils chimiques qui pourraient servir une tout autre expérience. L’essentiel, de toute façon, est la conclusion héroïque : « Ces recherches donnèrent un magnifique essor en France à la culture du houblon et à l’industrie de la bière. » Quelques plans sur des plants de houblon, fabriques et machines, enfin une pinte mousseuse sur fond noir. (20.50) Nouveau développement des recherches de Pasteur sur les maladies du ver à soie. L’intervention de Pasteur a permis de sauver l’industrie du vers à soie dans le midi de la France. Il rapproche des ferments les corpuscules qu’il identifie : il les regroupe sous le nom de « microbes ».
« Ébranlé par une grave maladie, Pasteur poursuit néanmoins, à Alais, ses recherches, grâce au dévouement de sa femme, admirable collaboratrice de toute sa vie. » De même que ses parents ont à peine été évoqués, il n’a pas été question de sa femme jusqu’à présent. Qui est-elle ? A-t-elle même un prénom ? Quand se sont-ils mariés ? Le film n'envisage Pasteur que comme scientifique. D’ailleurs, il enchaîne sur la description de la méthode d’observation microscopique de Pasteur.
Troisième partie. Découverte du principe de la vaccination.
Application des recherches de Pasteur sur les maladies en sériculture. Plans de sites et scènes de travail relatifs à l’industrie de la soie. Les machines à tisser en action. Transition patriotique : « Au Congrès séricole de Milan, en 1876, Pasteur revendiqua pour la France tout entière l’honneur de ses découvertes. Aux applaudissements qui l’accueillaient… » Plans de coupe sur des mains qui applaudissent. « … il répondit : ‘Nous Français, courbés sous la douleur de la Patrie mutilée, montrons une fois de plus que les grandes douleurs peuvent faire surgir les grandes pensées et les grandes actions. Je bois à la lutte pacifique de la science.’ » Même plan d’applaudissements. Visiblement, l’économie de ce film est des plus restreintes. Nouvelles applications sur les maladies du charbon, maladie qui « décimait des troupeaux du monde entier. » Analyse du sang de mouton charbonneux par Pasteur. Des mains manipulent des vases en verre au-dessus d’un bec Benzène. « Les microbes sont séparés du liquide par filtration. » Le liquide non infiltré tue le mouton qui l’absorbe. Après filtration, le même liquide ne produit aucun effet sur la maladie. Ce sont bien les microbes qui sont en cause. Après les moutons, développement sur les poules malades. Les expérimentations pratiquées sur elles confirment les résultats de celles pratiquées sur les moutons. « Pasteur, cependant, constate qu’en inoculant aux poules des cultures vieillies, atténuées, les poules ainsi inoculées non seulement ne meurent pas, mais résistent ensuite à l’inoculation des cultures jeunes. » Nouvelles expériences soutenues par la Société d’agriculture de Milan. Scène de vaccination d’un mouton. On lui inocule ensuite le « virus virulent de la maladie charbonneuse. » Il est indemne. Plan sur un Pasteur attablé à son bureau avec une expression méditative. Plan de tonte d’un mouton (quel rapport) ?
Quatrième partie (34.00) Les recherches contre la rage. Expériences sur les animaux puis sur le jeune berger Joseph Meister
Saynète dans le laboratoire de Pasteur. Un homme vient, tenant un papier (plan moyen en mode théâtre filmé). « Monsieur Pasteur, vous êtes grand’croix ! » Pasteur s’approche. « Et Chamberland? Et Roux ? » « Chevaliers ». Gros plan sur des mains qui se serrent : Pasteur, grand savant, mari exemplaire, est aussi un homme d’équipe.
« Pasteur montre que les cadavres d'animaux et de végétaux tombant sur le sol sont solubilisés en microbes et transformés en corps simples minéraux et azotés, qui servent à la nourriture des plantes. "CE SONT LES ENGRAIS QUI FONT CES BELLES MOISSONS. » Plans d’hommes aux champs.
« La Rage. Avant Pasteur, la rage était une maladie mortelle dans 40 % des cas. Pasteur parvient à transmettre la maladie aux animaux d’expériences par inoculation dans les centres nerveux. » Scène d’expérience sur un lapin. Ouverture du sommet de son crâne, inoculation, fermeture au fil et à l’aiguille. « Le microbe de la rage est invisible. Le virus est contenu en abondance dans les centres nerveux tels que la moelle épinière. Pasteur prélève la moelle de l’animal mort de rage. » L’image suit, reconstitution de l’opération en gros plan. « Il expose longuement à l’oxygène de l’air ces centres nerveux tout en les desséchant pour atténuer le virus et en faire un virus-vaccin. Ce virus-vaccin immunise les animaux contre la terrible maladie ». L’image suit, il reste au spectateur à imaginer que ce qu’il voit renvoie à ce qu’il a lu. La scène capitale de la vaccination de Joseph Meister commence à 38.57, introduite par le carton : « Un lundi matin, le 6 juillet 1885. » Reconstitution en plan large : le labo en activité. Puis plan poitrine sur un couple et un jeune homme qui poussent une porte. Les visages sont inquiets, la femme se retourne vers le jeune homme pour l’encourager à faire quelques pas supplémentaires. C’est Pasteur qui vient auprès d’eux. Colloque en plan moyen, puis plan taille quand Pasteur examine la main du jeune homme. Pasteur en gros plan, méditatif. « Le petit Joseph Meister, mordu l’avant-veille par un chien enragé, arrivait d’Alsace, n’ayant plus foi qu’en Pasteur. » Champ contre champ nimbé de noir Joseph suppliant – Pasteur attentif. « J’allais à l’école, par le chemin de traverse de Messengott, quand … » Reconstitution de l’agression du jeune homme par le chien dans un endroit de campagne désert. Un homme accourt avec un bâton. Gros plan sur Joseph qui interpose la main devant son visage et la gueule du chien. L’homme chasse le chien et prend le jeune homme dans ses bras. Gros plan sur l’expression de son visage empreint de mélancolie : il se sait condamné. Retour à Pasteur en colloque secret avec un collègue. Il serre le poing, prend un air grave : tempête sous un crâne. « Jamais Pasteur n’avait osé appliquer le traitement de la rage à l’homme. » Le collègue intervient : « Essayer de traiter cet enfant n’est pas un droit pour vous, c’est un devoir ! » Pasteur en convient par un gros plan qui le montre décidé. Un assistant lui porte une chaise. Joseph et sa mère viennent auprès de lui. Joseph languissant cache son visage dans la poitrine de sa mère. Pietà comme climax de ce drame. « Et la première inoculation fut faite le soir même. » La poitrine du jeune homme, exposée aux mains de Pasteur. Il la désinfecte, la pique. « Espérance infinie, transe, angoisse, idée fixe d’arracher cet enfant à la mort, Pasteur passait par les émotions les plus violentes. » Chambre d’hôpital. En plan général, Pasteur se rend auprès de Joseph, alité, veillé par sa mère. « Et six semaines plus tard, la rage, considérée comme incurable, fut vaincue. » Route de campagne. Pasteur chemine avec Joseph et ses parents. Plan poitrine qui resserre sur Pasteur et Joseph. « Tu m’écriras souvent… » Gros plan sur Joseph qui lui baise la main puis sur Pasteur qui lui caresse le sommet du crâne.
Cinquième partie. Reconnaissance de la communauté scientifique internationale, fondation de l’Institut Pasteur.
« La méthode des virus rabiques atténués qui sauva la vie au petit Meister est aujourd’hui appliquée infailliblement à des centaines de milliers de cas par les Instituts Pasteur. Les moelles desséchées sont broyées en présence d’eau stérilisée. » Nouvelles images de main maniant des instruments de laboratoire, égouttant, touillant, se livrant à un manège parfaitement mystérieux. « De tous les coins de France et du monde, on vient chercher la guérison. » Un homme vêtu d’une veste noire entouré d’hommes en blanc qui s’affairent autour de lui. L’un d’eux lui fait une injection. « Le matin du 27 décembre 1892, un jubilé réuni à la Sorbonne, en présence du chef de l’État, l’hommage des cinq académies, des sociétés savantes de France et de l’étranger… » Dans un salon lambrissé, une foule d’hommes (sans la présence d’une seule femme) en discussion animée. Plan taille sur Pasteur qui avance en claudiquant (il claudique depuis l’épisode de Joseph Meister). « Le grand savant Liser vint apporter à Pasteur l’hommage de la médecine et de la chirurgie. » Les hommes suivent Pasteur qui s’est éloigné d’eux, atteint par les fatigues du grand âge.
« Couronnement d’une œuvre sublime, l’Institut Pasteur. Le rêve de Pasteur depuis ses expériences définitives sur la rage était de fonder à Paris un établissement type à l’aide de souscriptions internationales. » Plan d’ensemble des bâtiments. « Pasteur reçut cette lettre sur la fin de sa vie : ‘Vous avez fait tout le bien qu’un homme puisse faire sur la terre. Si vous le voulez, vous trouverez sûrement un remède à l’horrible mal qui s’appelle la diphtérie.‘ » La lettre est signée « une mère ». « Le docteur Roux, appliquant les plus sûres méthodes du maître, réalise ce souhait pathétique. Il traite par le sérum antidiphtérique qui sauve de la mort des milliers d’enfants ». L’institut est lancé. Plan plongée sur un enfant agonisant dans un lit, cherchant sa respiration, un doudou gisant à ses côtés. Sans transition, l’organigramme de l’institut où figurent les noms de Roux, Calmette et Martin. Plan qui isole Calmette dans son laboratoire, penché sur une urne de verre au fond de laquelle grouillent des souris. Vue de l’entrée de la crypte de l’Institut où, tel Napoléon aux Invalides, Pasteur a été inhumé.
Pour finir, une apologie de la recherche scientifique doublée d’un message pacifiste. « Deux lois contraires semblent aujourd’hui en lutte : une loi de mort et de sang qui, en imaginant chaque jour de nouveaux moyens de combats, oblige les peuples à être toujours prêts pour le champ de bataille… Et une loi de paix, de travail, de salut, qui ne songe qu’à délivrer l’homme des maux qui l’assiègent. L’une ne cherche que les conquêtes violentes, l’autre que le soulagement de l’humanité. Celle-ci met une vie humaine au-dessus de toutes les victoires ; celle-là sacrifierait des centaines de mille existences à l’ambition d’un seul. » Ainsi, nous comprenons la scène de la crypte : l’hommage à Pasteur se substitue à celui que la nation avait rendu à Napoléon, le devoir de soulager l’humanité doit s’imposer à l’obligation de satisfaire « l’ambition d’un seul ». Dernier carton, signature de Jean Benoit-Lévy.
Notes complémentaires
Références et documents externes
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : Joël Danet