Paroles d'élus (1998)
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Sommaire
Générique principal
Le Secrétariat d’État à la Santé présente / SIDA et toxicomanie / Paroles d’élus
Contenus
Sujet
Accompagnement politique de la mise en place de distributeurs de seringues sur la voie publique pour enrayer la circulation des seringues souillées, source de contamination par le SIDA et l’hépatite C.
Genre dominant
Résumé
Le film consiste en un aller-retour entre un commentaire explicatif sur des images illustratives, des séquences de micro-trottoir et des entretiens avec des personnalités politiques.
Contexte
Dans les années quatre-vingt dix, les militants sida sont actifs et reconnus par les pouvoirs publics. Le sida est reconnu comme une pandémie. Les actions inter-associatives se multiplient, le sidaction d’avril 1994 est un succès. Les trithérapies ne sont pas encore d’actualité et la prévention est un des seuls moyens de lutter contre le sida. La fin de l’AFLS est annoncé mais les campagnes de prévention se sont succédées. Le grand public a également été sensibilisé par l’intermédiaire de l’ « affaire du sang contaminé ».
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Oui.
- Images en plateau : Non.
- Images d'archives : Non.
- Séquences d'animation : Non.
- Cartons : Oui.
- Animateur : Non.
- Voix off : Oui.
- Interview : Oui.
- Musique et bruitages : Oui.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
Il s'agit d'un film qui relaie la politique publique en employant les moyens du reportage. Entretiens, prises de vues dans l'espace public, micro-trottoir... Le spectateur est familier de ces différents codes. Pour lui ajouter une dimension dramatique, des séquences-clip lui sont ajoutées.
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
Le discours du film met en évidence la nécessité d’une implication des différents acteurs de la société dans l’accompagnement des initiatives de prévention. La décision politique et l’action sanitaire nécessitent ce soutien pour pouvoir convaincre l’opinion et rassurer les usagers.
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
Diffusion télévisuelle, locaux d'entreprises et d'associations de proximité.
Communications et événements associés au film
Public
Audience
Descriptif libre
Le constat de l’ampleur de la contamination
Fond noir, musique synthétique tendue. Filmés sous plusieurs angles, y compris par une contre-plongée directe (ce qui suppose l’emploi d’une table transparente), des dominos alignés chutent l’un après l’autre. Commentaire : « En France, la contamination des usagers de drogues par le SIDA et les hépatites révèle la situation alarmante d’une partie non négligeable de la population. Le partage ou la réutilisation du matériel d’injection sont les principaux modes de transmission des virus par voie sanguine. »
Première intervention qui, comme toutes les autres, est montrée de la même façon : la personne est filmée en plan taille derrière son bureau. Dr Françoise Beylingard - Debach, Direction générale de la Santé – Division SIDA : « On estime à 150 000 le nombre d’usagers de drogues par voie intraveineuse ; 30 % sont infectés par le virus du SIDA ; 60 voire 80% d’entre eux sont infectés par le virus de l’hépatite C. »
L’initiative : la mise en place de distributeurs de matériel stérile
Retour au plan sur les dominos qui continuent de chuter. « Les pouvoirs publics ont mis en place une politique pragmatique de réduction des risques appuyée sur une large diffusion de matériel d’injection stérile mis à disposition sous forme de trousse de prévention ’Stéribox’ ou de kits distribués par les lieux d’accueil, les unités mobiles, les pharmacies, mais aussi les automates implantés sur la voie publique. » Le Dr Françoise Beylingard - Debach ajoute que des acteurs différents se mobilisent dans les communes. Leurs horizons sont différents : sanitaire, social, associatif. S’y ajoutent les services de police.
Plan noir et blanc montrant des jeunes hommes et femmes réunis qui se shootent en faisant passer une seringue. Dans un style clip, clair-obscur par un foyer de lumière cerné d’ombre. Un trait rose détoure la silhouette des différents personnages. Une porte ouverte au fond du plan : celle d’un véhicule, d’un bâtiment ? (01.41)
Réactions des usagers et de l’opinion
Silhouette d’un homme filmé en poitrine sur fond de mur couvert de feuillage. Le rendre anonyme laisse deviner qu’il est lui-même usager et représente les personnes qui se trouvent dans son cas : « On leur a dit : il y a un distributeur. C’est pour ne pas attraper des tas de saloperies. » Une pharmacienne témoigne : « À n’importe quelle heure, même la nuit, on entend l’appareil. Je trouve que c’est une bonne chose. » Micro-trottoir dans les rues de Rouen, avec des passants de tous âges. Chacun approuve l’initiative. « Ça ne me dérange pas », « Ça permet qu’il y ait moins de contamination », « Il faudrait que ce soit encore plus discret »,… Interviewé dans son bureau, l’adjoint à la Santé affirme qu’il n’a pas reçu de plaintes de la part de la population.
Jack Ralitte, maire d’Aubervilliers : « Au moment où on l’a installé, on n’a pas du tout relevé d’opposition dans le quartier. » Marie-Noëlle Lienemann, Maire d’Athis-Mons : « Tout ça se passe sans faire la moindre vague », André Santini, Maire d’Issy-les-Moulineaux : « j’ai eu, je crois, trois lettres de protestation, une lettre ou deux, anonymes bien sûr, qui disaient que j’étais complice de trafiquants de drogues. » Il ajoute que les parents d’un jeune homme mort de toxicomanie regrettent qu’il n’ait pu bénéficier de cette initiative. (03.48)
La nécessaire concertation : jusqu'où?
Images de foule dans la rue. « Au-delà des débats sur la toxicomanie, l’opinion est sensible aux questions de Santé publique et adhère le plus souvent aux logiques de prévention dès lors qu’elle est assurée de la mobilisation de tous les acteurs de la cité. » La personne montrée en silhouette témoigne qu’elle a indiqué aux élus les endroits les plus appropriés pour poster des distributeurs. Marie-Noëlle Lienemann : « Je crois que sans voir un réseau de soutien, nous n’aurions pas pu convaincre la population de l’intérêt de cette démarche. » Régina Chirio, responsable du Centre accueil ressource toxicomanie SIDA - La Courneuve : « Notre premier travail a été de contacter tous les professionnels, avec les partenaires, contacter individuellement tous les pharmaciens pour faire le point sur leurs pratiques au niveau de la vente des seringues et de la stéribox et voir comment on pouvait améliorer les choses sur la ville. » Jean-Pierre Rataj, association ARIRT, Sotteville-les-Rouen affirme l’importance de la mise en place d’un réseau. Laurena El-Ghozi, Adjoint Santé et prévention à Nanterre : « Ce n’est pas la ville qui mène les actions, c’est très important de le dire, c’est l’ensemble des partenaires. La ville est là pour donner de la cohérence, valider les actions et les co-financer. »
Laurena El-Ghozi ajoute que puisqu’il s’agissait d’une action légitime de santé publique, les riverains n’ont pas été concertés. André Santini ajoute : « Ce n’est pas le genre d’initiatives qui se prête à une réunion publique. » Jack Ralitte : « On l’a annoncé dans le journal local. L’information s’est faite au fil de l’eau… » En clair, l’action se décide sans consulter l’opinion et une fois qu’elle est mise en place, celle-ci y réagit sans hostilité.
Selon les différents élus interrogés, le rôle de la police n’est pas de nuire à la mise en place de la distribution du matériel stérile. Des usagers, le visage flouté, témoignent qu’ils ne sont plus contrôlés quand ils vont acquérir ce matériel sur les points identifiés. (07.13)
Responsabiliser les usagers
Le dispositif prévoit aussi la récupération du matériel usagé par la mise en place de « poubelles à seringues ». L’adjointe de Stains rappelle qu’un numéro d’appel a été mis en place pour récupérer les seringues trouvées dans l’espace public. Plans clip noir et blanc de personnes se faisant des injections, de graffiti avec le mot ‘help’, de visage à l’expression désespérée, de panneau de circulation ‘STOP’. « Aider les toxicomanes à modifier leurs pratiques, réduire les risques de contamination, protéger la population, lutter contre l’exclusion des usagers de drogues, les rendre acteurs de la réduction des risques, ces objectifs sont atteints quand l’ensemble de la collectivité en fait une priorité. » Le couple d’usagers au visage flouté, l’homme parle. Il ne veut pas que son enfant de deux ans, quand il joue dans un bac à sable, trouve une seringue. « Je prends de la coke, mais je suis responsable quand même. ». Dr Jean-Yves Fatras, Direction générale de la Santé, division SIDA : « L’ensemble de la société va nécessaire ment évoluer dans sa conception et dans son acceptation des usagers de drogue dans notre vie de tous les jours, et c’est nécessaire pour leur permettre de retrouver un lien avec nous et de sortir de cette addiction » (10.14). André Santini : « Je trouve que ce serait déserter que ne pas s’occuper de ce dossier qui concerne surtout les jeunes ».
Retour à la séquence des dominos, une main s’interpose enter un domino et le suivant pour arrêter la contamination des chutes. Carton de fin : « Riverains, services de police, associations de quartier… Tous favorables à l’installation d’automates ? Pas si simple. Cependant, si la municipalité implique tous les acteurs de la ville, l’implantation d’automates devient possible. ‘L’usager de drogues citoyen’ prend sa santé en charge. Par la distribution de matériel d’injection stérile et la récupération de seringues, c’est lui qu’on protège mais aussi les riverains. C’est pourquoi nous comptons sur votre mobilisation pour la mise en œuvre d’une politique de réduction des risques afin de lutter contre la contamination par voie sanguine du virus du sida et des hépatites. Sida – aujourd’hui, on peut faire beaucoup, mais rien sans vous. »
Notes complémentaires
Références et documents externes
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : Joël Danet