On doit le dire (1918)

De Medfilm



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Titre :
On doit le dire
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Durée :
06 minutes
Format :
Muet - Noir et blanc - 35 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Corpus :

Générique principal

ON DOIT LE DIRE
Propagande Antisyphilitique
Dessins de O'GALOP

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

La nécessité de se prémunir contre les maladies vénériennes par une conduit sociale responsable.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Un médecin donne une conférence sur les maladies vénériennes. Pour illustrer son propos, il prend en exemple deux soldats qui contractent la syphilis après avoir fréquentée la même fille publique. L’un décide de consulter un médecin et de se soigner. L’autre ne fait rien et se marie alors qu’il est toujours contagieux. Sa femme donne naissance à des enfants mort-nés, malades ou malformés. Il finit par sombrer dans la folie qui l’entraîne vers la mort. Pendant ce temps, le soldat qui s’est soigné est guéri, s’est marié et a fondé une famille.

Contexte

L’hygiénisme naît en France dans les années 1820 sous l’impulsion de médecins praticiens et de sociologues (Villermé, Alexandre Parent-Duchâtelet, Jean-Étienne Esquirol). Ce mouvement participe à l’ordre moral qui cherche à s’instaurer en France dans les années 1870, contrecoup de la défaite contre la Prusse. Éclosion de multiples associations qui relaient et vulgarisent les discours médicaux. Leurs publications se centrent sur les 3 fléaux contemporains : alcoolisme, tuberculose et syphilis par le biais de la littérature, du théâtre, ou de cartes postales. L’impulsion pour l’usage du cinéma vient de la mission Rockfeller contre la tuberculose. Il s’agit de reprendre en France les moyens expérimentés aux États-Unis. C’est dans ce cadre qu’est produit et réalisé On doit le dire d’O’Galop, produit par Pathé aux alentours de 1918.

Cf. Thierry Lefebvre, Cinéma et discours hygiéniste (1890-1930), Université Paris III / Sorbonne nouvelle , 1992, dir. Pr. Michel Marie

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Oui.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Ce film met en parallèle un bon et un mauvais exemple. Mais en s’attardant sur le second, il cherche à provoquer un sentiment de peur chez le spectateur pour qu’il se tienne à l’écart de toute relation facile. C’est un discours de moralisation par l’effroi.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Les représentations techniques de la santé et de la médecine sont assez sommaires dans ce film d’animation. Elles consistent essentiellement en une visite médicale du premier soldat auprès d’un médecin de régiment qui lui diagnostique une syphilis. Cependant, le film ne dissimule aucun des symptômes de la maladie et met le spectateur en garde contre les arnaqueurs.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Cinémas publics

Communications et événements associés au film

Public

Grand public

Audience

Descriptif libre

Introduction
[00’00]
Un médecin apparaît de face, debout à un pupitre de conférence. Il porte favoris et binocle et affirme avec force et conviction que les maladies dites « honteuses » ne le sont que par « l’immoralité » qui en est la cause. Il appuie son propos par une gestuelle prononcée et invite son auditoire (les spectateurs) à « connaître » cette affection qui touche un cinquième de la population urbaine mais qui se soigne facilement et rapidement si son diagnostic est précoce.
[01’06]
La contamination
[01’06]
Le « poilu Mathieu » rencontre une prostituée devant l’hôtel meublé où elle loge. Ils montent ensemble à l’étage pour un « plaisir d’amour » qui « ne dure qu’un moment » comme dit la chanson. La nuit venue, ils se séparent et Mathieu retourne à sa caserne. Arrive le « bersaglier Mattéo ». De la rue, il voit la prostituée à sa fenêtre, s’agenouille, lui joue une sérénade avec son accordéon et la rejoint directement dans sa chambre. Ils s’embrassent car « un baiser c’est bien douce chose », comme dit la chanson. Mattéo quitte ensuite l’hôtel meublé.
[02’00]
Les premiers symptômes
[02’00]
« 4 semaines après », Mattéo apparaît la tête baissée et l’air bien ennuyé. Mathieu lui demande ce qui ne va pas. Le bersaglier lui montre un bouton sur la lèvre inférieure et une boursouflure au niveau de la mâchoire. Le poilu comprend, baisse lui aussi la tête et s’en va.
Dans la rue, il voit une affiche où un certain « Professeur Charlatanos » prétend guérir la syphilis « par les herbes » et décide d’aller consulter un « vrai docteur ».
Le médecin de son régiment lui demande se déshabiller et Mathieu s’exécute. Le verdict tombe : c’est la syphilis. Le poilu est désespéré et songe au suicide. Le médecin le calme. Un examen est pratiqué dans un laboratoire. Insert d’images au microscope de « spirochètes pâles ». L’examinateur n’en croit pas ses yeux.
Le médecin prescrit un traitement à Mathieu et la lui remet en lui promettant la guérison et le mariage « dans 4 ans » s’il s’y conforme. Il l’emmène ensuite à l’hôpital pour qu’il puisse y observer des « lésions syphilitiques » et comprendre l’importance des soins. Inserts d’un gros plan sur le visage d’un « souffleur de verre » avec un « chancre la lèvre » et d’un plan fixe d’une « gomme à la jambe ».
[04’12]
Évolution de la maladie chez Mattéo
[04’12]
Contrairement à Mathieu, Mattéo n’a pas pris la précaution de se faire examiner. Au bout de six semaines, il se regarde dans un miroir à main : son chancre a évolué en une roséole et des plaques muqueuses qui lui couvrent tout le visage. Il ouvre sa bouche et tire sa langue qui est elle aussi atteinte.
Un an après, ces traces ont disparu mais Mattéo reste infecté. Malgré cela, il commet le « véritable crime » de se marier.
À la sortie de la cérémonie, les roses pleuvent sur les jeunes époux qui ne se doutent pas de ce qui les attendent : sept fausses couches surviennent en cinq ans. Une main dessine les autres enfants du couple qui ont tous des tares plus ou moins importantes : débilité, hydrocéphalie et idiotie.
Au bout de dix ans, le nez de Mattéo s’effondre. Viennent ensuite « la démence et le gâtisme ». Il apparaît assis dans un fauteuil, bavant et tenant des propos insensés. Survient enfin la mort : symbolisée par une tête de mort et deux tibias croisés.
[05’55]
Le bon exemple donné par Mathieu
[05’55]
La syphilis ne mène qu’à la ruine physique et morale. Mathieu a suivi les prescriptions du médecin et apparaît plusieurs années après entouré d’enfants en bonne santé, avec le chien de la famille à ses pieds. Sa femme berce leur dernier-né. Il désigne fièrement le portrait du médecin qui l’a sauvé.
[06’24]

Notes complémentaires

Ce film a fait parti d'un corpus de films analysés lors d'une journée d'étude Médecine et syphilis : prophylaxie à l'Université de Genève le 10 novembre 2016.

Références et documents externes

Laukötter, Anja, Sex-richtigǃ Körperpolitik und Gefühlserziehung im Kino des 20. Jahrhunderts, Göttingen, Wallstein Verlag, 2021.
Le Naour, Jean-Yves, "Sur le front intérieur du péril vénérien (1914-1918)", Annales de démographie historique, n°103, 2002, p.107-120. URL : https://www.cairn.info/revue-annales-de-demographie-historique-2002-1-page-107.htm (Consulté le 30 mai 2017)

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Emmanuel Nuss


  Cette fiche a été rédigée et/ou traduite dans le cadre du projet Neverending Infectious Diseases