Les maladies vénériennes et l'armement antivénérien en France (1927)

De Medfilm



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Titre :
Les maladies vénériennes et l'armement antivénérien en France
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Conseil scientifique :
Durée :
52 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :

Générique principal

« Film d'Hygiène Sociale réalisé sous la direction de l'Assistance et de l'Hygiène Publique au Ministre de l'Hygiène et de ; M. Lucien VIBOREL Secrétaire Général de la Commission de Propagande de l'Office National d'Hygiène Sociale par JEAN BENOIT-LEVY ; Prise de vues de Ed. FLOURY & Géo CLERC »

Contenus

Sujet

Le film rappelle dans un premier temps les risques graves causés par la syphilis. Dans un second temps, il montre que la France s'est équipée en conséquence afin de favoriser la prévention et la guérison de la syphilis.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

L'objet de ce film est la prévention de la syphilis. La première partie, intitulée "Les Maladies vénériennes", constitue une mise en garde contre les maladies vénériennes, notamment la syphilis et la blennorragie, qui touchent tout le monde. Sa transmission se fait uniquement par voie sexuelle, ses conséquences médicales sont décrites sans ambages : malformations héréditaires, ruptures d'anévrisme, folie, cécité, crises d'arthrite. La seconde partie de film, intitulée "l'armement antivénérien en France" présente l'important réseau de services mis en place dans les départements pour lutter contre ces maladies. S'y ajoute une campagne de sensibilisation pour mettre en garde la population contre les méfaits du charlatanisme. Il s'agit d'atteindre les personnes les plus exposées, notamment les conscrits et les marins. Le reste du film est constitué d'exemples d'institutions qui prennent en charge les maladies concernées.

Contexte

La maladie et sa prise en charge

Affection microbienne contagieuse, la syphilis a pour agent le tréponème pâle et se transmet par les rapports sexuels. Son évolution se fait en trois phases successives : le stade primaire au bout de trois semaines avec l’apparition d’un chancre et de ganglions non douloureux, le stade secondaire entre six semaines et trois ans avec des lésions cutanées, le stade tertiaire avec une dégradation générale de l’organisme puis du système nerveux.

Cependant les évolutions médicales pour la soigner sont de plus en plus perfectionnées. L'intervention des pouvoirs publics par la surveillance sanitaire des marins, des soldats et des prostituées, ainsi que l'introduction de nouvelles thérapeutiques comme l'iodure de potassium, et ceux de l'hygiène, font sensiblement reculer toutes les maladies vénériennes entre le milieu du siècle et 1880. Dès 1905, les Allemands Fritz Richard Schaudinn et Paul Erich Hoffmann découvrent l'agent de la syphilis, un spirille nommé "tréponèm pâle". La même année, Wassermann met au point un séro-diagnostic qui permet d'identifier la maladie dès ses premiers stades. Pour le mettre en évidence, ils emploient le le microscope à fond noir mis au point par Siedentopf et Zsigmondy en 1903. En 1909, Jean Comandon mobilise ce même microscope pour réaliser dans l'Hôpital Saint-Louis des prises de vue micro-cinématographiques du même spirille.

En 1910, Paul Ehrlich et Sahachiro Hatta découvrent l'arsphénamine ou '606' (le produit sera commercialisé sous le nom de Salvarsan). Viendront le '914' ou Néo-Salvarsan puis le '910' ou Stovarsol. Les numéros correspondent à ceux des dossiers dans l'ordre des expérimentations animales. En 1921, Ernest Fourneau, met au point un dérivé de l'arsenic à l'institut Pasteur : le Stovarsol. Ce dérivé est plus stable et se prend par voie orale. En 1934 le principe actif du Salvarsan, découvert en 1920 par Carl Voegtlin et Homer Smith, est introduit par le traitement de la syphilis sous le nom de Mapharsen. L'arrivée des traitements par sulfamides puis par antibiotiques a donné l'espoir de pouvoir éradiquer, sinon toutes, du moins les plus graves des MST, et jusque vers 1965, la diminution continue des nouvelles contaminations l'a laissé espérer.

L'organisation de l'information et de la prévention publique

Par le décret du 27 janvier 1920, Millerand crée le ministère de l'Hygiène, de l'Assistance et de la Prévoyance sociale, à la suite d'une pétition déposée à la Chambre des députés le 27 février 1919 par les associations de lutte contre les fléaux sociaux et les groupes parlementaires qui les représentent. La création de ce nouveau département résulte de la juxtaposition des services du ministère de l'Intérieur, notamment ceux de l'assistance et de l'hygiène, et de ceux du ministère de la Santé, et les services du ministère du Travail, en particulier ceux de la mutualité et de la prévoyance. Mais le ministère de l'Hygiène est peu doté et le ministère du Travail s'oppose au projet et refuse de débloquer les fonds nécessaires. Lorsque, en 1924, le ministère de l'Assistance, de l'Hygiène et de la Prévoyance sociale disparaît et est absorbé par le ministère du Travail, il n'y a plus de place pour le projet. Justin Godard, radical-socialiste déjà engagé dans la lutte contre les fléaux sociaux et M. Gunn de la Fondation Rockefeller élaborent un projet d'Office destiné à coordonner les activités des services d'hygiène et de santé publique. Le 4 décembre 1924, l'Office national d'Hygiène sociale est créé, sous la direction de Jules Brisac, ancien directeur de l'hygiène au ministère de l'Intérieur. Il marque l'institutionnalisation bureaucratique des fléaux sociaux, sous l'influence américaine, puisque les trois quarts du budget du nouvel Office sont consacrés à la lutte contre les maladies infectieuses. Les trois quarts du budget du nouvel Office sont d'origine américaine suite à l'implication de la Mission Rockfeller. Ce n'est que quatre ans plus tard que le budget français dépasse celui de la fondation philanthropique. L'objectif de l'Office était de "rassembler et mettre à jour la documentation sur la situation sanitaire de la France, " en inventoriant les documents relatifs à l'hygiène, aux maladies sociales et à leur prophylaxie ; d'assurer la coordination des efforts entre les pouvoirs publics et les organismes sociaux " Plusieurs services sont créés : Études techniques, Enquêtes départementales, Documentation et statistiques. Enquêtes, documentation et statistiques départementales. Les principales associations y sont représentées : la CNDT, la Ligue contre le péril vénérien, la Ligue nationale contre l'alcoolisme, le Comité national de l'Enfance, la Ligue contre le cancer... Mais la crise économique et les restrictions ont conduit à la suppression de l'Office le 4 avril 1934.

Syphilis et cinéma

Tout le temps où la syphilis s'est imposée comme fléau social, Le problème des médecins demeure l'ignorance de la population devant la menace qu'elle représente. Les campagnes d'information ne parviennent pas à la sensibiliser de façon déterminante. D'où le recours de plus en plus fréquent au cinéma : ce médium attire les foules et présente un réel potentiel pédagogique en présentant des agencements de vues réelles, de schémas animés et d'images microcinématographiques. Le Dr André Cavaillon, responsable au Ministère de l'Hygiène publique, spécialisé dans la prévention du péril vénérien, en est convaincu. Le film Il était une fois trois amis lui paraît exemplaire à ce titre, par l'efficacité de son exposé et son choix de la fiction pour le présenter : "Ce n'est pas uniquement le genre documentaire qui doit uniquement instruire le public. Il faut faire en sorte que le public soit presque inconscient qu'il est en train d'assister à un film d'instruction. Quoique des films dramatiques de ce type soient difficiles à faire, ils peuvent être faits, comme le prouve l'expérience (ainsi Il était une fois trois amis, œuvre du Dr Devraigne, chef de la maternité Laribosière, et de Benoit-Lévy.)" (Dr André Cavaillon, Le cinéma et les campagnes contre les maladies vénériennes).

Syphilis et contexte militaire

Avec la Première Guerre mondiale, la recrudescence de pathologies infectieuses dans le milieu militaire comme la blennorragie et la syphilis a imposé d’ajouter, au moyen de la propagande sanitaire, une nouvelle guerre à celle qui se traduit par le conflit armé. La peur de la sanction ou de la stigmatisation poussait les soldats infectés à ne pas déclarer leur situation, différant de cette façon le traitement nécessaire et favorisant le cycle de contamination. Afin de les inviter à se manifester, les autorités ont senti la nécessité d’adopter un discours compréhensif à leur égard, compte tenu de leur éloignement de leurs familles.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Oui.
  • Séquences d'animation : Oui.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le film se divise en deux parties : la première, intitulée « Les Maladies vénériennes », concerne la prévention et les graves dangers de la syphilis. Rien n'est caché au spectateur : des exemples de cas sont illustrés par des images de patients de tout âge et tout sexe. L'exposé s'appuie sur des chiffres précis destinés à impressionner le spectateur. Le but de cette première partie est clairement de faire réagir le grand public sur ce fléau encore très présent à l'époque de la diffusion du film.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Dans la première partie, la syphilis est l'objet de représentations médicales, avec des images faites au microscope par exemple. La médecine est davantage représentée dans la deuxième partie du film, intitulée « L'Armement antivénérien en France ». Les milieux hospitaliers s'adaptent dans toute la France pour prévenir et réduire le fléau des maladies vénériennes. Le film montre des bâtiments, des chambres d’hôpital et des tables d'opération. Les aiguilles, les médicaments, et autres traitements sont mis en évidence comme le sont les patients que l'on soigne.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Cinémas d'exploitants et projections itinérantes

Communications et événements associés au film

Public

Tout public (y compris les adolescents et jeunes adultes)

Audience

Descriptif libre

Première partie : « Les Maladies vénériennes »
Le film commence avec des chiffres qui comparent :
- la mortalité due à la syphilis à celle due à la guerre,
- la mortalité infantile liée à cette maladie et la mortalité due à la syphilis en comparaison à celle due à la tuberculose et le cancer.
Il compare ensuite le choc et l'émotion causés par un accident de train à la relative indifférence face à la syphilis. Celle-ci est encore trop méconnue du fait d’un manque d'information. Une image présente la syphilis ; un nom est associé au microbe (tréponème). Le film explique que le microbe ne s'attrape pas uniquement par relations sexuelles : un simple baiser, boire dans la même bouteille, des enfants qui partage une sucette... Les symptômes sont présentés par des images de patients. L'exemple d'un homme chutant dans la rue peut sembler banal, mais la vraie cause de cette chute est une rupture d'anévrisme ; d’autres hommes deviendront fous. Le caractère héréditaire de cette maladie est ensuite souligné : les conséquences sont des enfants mal-formés (jambes, dents, bras, visage, peau…) Autre exemple, le cas de jeunes ignorants : l'un des jeunes est atteint par le gonocoque et contamine sa femme : par conséquent elle est atteinte d’une salpingite qui l'oblige à rester sur une chaise longue. Chez les femmes, la salpingite est courante. Elle implique souvent une opération chirurgicale obligatoire qui a pour conséquence la stérilité. Chez l'homme, les conséquences sont l’arthrite blennorragique qui peut rendre aveugle. Pour éviter cela, les enfants sont protégés par des instillations oculaires régulières. La première partie se conclut par le carton : « Jeunes gens ! Pour ne pas contracter de maladies vénériennes, vivez chastement, mariez-vous jeunes ! »
Deuxième partie : « L'armement antivénérien »
Un carton annonce : « Contre le redoutable fléau, de grands efforts ont été entrepris ; l'État et les initiatives privées se prêtent mutuel concours. » Face à ce fléau, l'État décide de créer des lieux de traitements spécialisés. Un schéma d'organisation antivénérienne départementale (la Seine-et-Marne) puis une carte de la France, avec des animations explicatives, nous montrent les différents services qui ont été créés dans les départements. L'exemple de Paris est donné avec l'hôpital Saint-Louis et ses services d'armement antivénérien, et la clinique Baudelocque, un laboratoire et un institut prophylactique. En banlieue parisienne, des services ont aussi été mis en place.
Troisième partie : « Dans les départements, les résultats obtenus ne sont pas moins remarquables. »
Après les services de la région parisienne sont présentés les résultats de la prise en charge dans le reste de la France. À commencer par Marseille, avec le dispensaire central de l'Hôtel-Dieu et son laboratoire. Un schéma du dispensaire montre le nombre d'examens et de traitements par trimestre entre 1922 et 1927 qui sont très clairement en hausse (8400 en 1922 contre 31 000 en 1927). Un autre dispensaire est spécialisé pour les ouvriers maritimes. Ensuite Strasbourg et son dispensaire central installé à l'hôpital. Le dépistage de la syphilis se fait chez l’adulte et chez les enfants assistés. Puis Lyon où la faculté apporte son aide avec laboratoire central très efficace. Les prostituées ne sont plus mal traitées, « le dispensaire spécial est d'autant plus fréquenté que son accès est libre ».
Quatrième partie : « Nancy »
À Nancy, « le dispensaire central est particulièrement bien conçu ». Des images montrent le dispensaire, des patients et le laboratoire annexe. Bordeaux a aussi des « services [...] également bien aménagés ». Le film présente le dispensaire de prophylaxie, des consultations, la lutte contre la syphilis héréditaire. Les campagnes ne sont pas oubliées : « les malades peuvent s'adresser à un médecin praticien de leur choix. […][ils] sont prévenus par le Service de Propagande de l'Office National d'Hygiène Sociale des facilités qui sont mises à leur disposition. » L’ensemble du territoire national est quadrillé par une organisation impeccable. Par une séquence d'animation, le film met en garde envers les charlatans : ils sont montrés comme étant présents partout dans la rue, autrefois comme aujourd’hui. Ils font de la publicité mais leurs prétendus soins restent mauvais et sans effet. Les risques d'un mauvais traitement sont cependant très importants. Enfin le film prévient contre la prostitution, qui reste un des principaux vecteurs de propagation de la syphilis. Les marins en sont les premières victimes. La distribution de tracts éducatifs pour les prévenir contre les maladies vénériennes est mise à l’écran. Tous ces efforts payent et la mortalité due à la syphilis diminue.
Cinquième partie : « les résultats de l'effort antivénérien en France »
La cinquième partie est majoritairement constituée d’animations. L’effort financier important de la France permet de créer davantage de services. L’évolution, entre 1920 et 1926, du nombre de consultations, du nombre de nouveaux consultants, du nombre d'examens sérologiques et du nombre d'injections illustre les bons résultats de ces efforts sanitaires. Une autre animation présente aussi la diminution considérable des cas primaires dans l'armée. De plus entre 1920 et 1926 il y a une forte diminution de la mortinatalité. Le film conclut enfin : « toute activité humaine est source de richesse pour la collectivité […] La France en continuant son effort verra disparaître la syphilis. Les résultats obtenus garantissent le succès final ».
Le film se termine par un appel de l'Office National d'Hygiène Sociale : « quiconque veut faire œuvre d'hygiène sociale, quiconque désire bénéficier d'une institution d'hygiène sociale trouvera à l'office National conseils et appuis ».

Notes complémentaires

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Christian Bonah, Emmanuel Nuss, Géraldine Delay
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