Les années folles de Sylvain Fusco (1979)

De Medfilm



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Titre :
Les années folles de Sylvain Fusco
Année de production :
Réalisation :
Conseil scientifique :
Durée :
17 minutes
Format :
Parlant - Couleur - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :

Générique principal

Images René Gosset /Montage Joël Courtinat /Auteur Docteur Patrick Lemoine Centre hospitalier spécialisé Le Vinatier (Lyon) /avec la participation du Docteur André Requet et de l'Association Lyonnaise pour la recherche psychologique sur l'art et la créativité

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Sylvain Fusco, exemple de patient psychiatrique qui a fait oeuvre artistique. Le film revient sur son parcours et cherche à caractériser le style de sa peinture. Note ː Il existe une version anglaise de ce film.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Le film rappelle les grandes lignes de la vie de Sylvain Fusco., Le Dr. André Requet rappelle les débuts de son oeuvre, le Dr. Patrick Lemoine cherche à l'interpréter.

Contexte

Art et psychiatrie

La diffusion de l'œuvre de Sylvain Fusco est attachée au développement de l'Art Brut après la Seconde Guerre mondiale. L'Art Brut regroupe des productions réalisées par des non-professionnels de l'art. Ne disposant pas de culture artistique, ils œuvrent en dehors des normes esthétiques convenues (pensionnaires d'asiles psychiatriques, autodidactes isolés, médiums, etc.).
Le terme d'Art Brut a été inventé en 1945 par Jean Dubuffet. Son intérêt pour ce type de création prolonge les découvertes et les travaux faits par le docteur Hans Prinzhorn dans les années 1920 sur l'art des « fous », mais aussi l'étude que le Docteur Morgenthaler consacra en 1921 à un interné psychiatrique qui deviendra un célèbre représentant de l'art brut, Adolf Wölfli (sous le titre allemand Ein Geisteskranken als Künstler, 1921).
Cf. Dr Jean Rogues de Fursac, Les écrits et les dessins dans les maladies mentales et nerveuses, Paris, Masson,‎ 1905
Marcel Réja, L’Art chez les fous, Paris,‎ 190 7- réédité par Z’Éditions, Nice, 1994
Hans Prinzhorn, Expressions de la folie, Paris, Gallimard,‎ 1984.

La diffusion du film

Le film a été montré pendant l'édition de 1979 des Entretiens de Bichat. Les Entretiens de Bichat furent en France la première organisation de formation médicale continue fondée en 1947 par deux professeurs de médecine de la Faculté de Paris, chefs de services à l’Hôpital Bichat-Claude-Bernard, les professeurs Guy Laroche et Louis Justin-Besançon. Commencés d’abord avec de faibles moyens, dans des locaux de Bichat, les premiers entretiens rassemblèrent des médecins généralistes du quartier, puis devant le succès, l’organisation se mit en place de façon plus formelle et prit une dimension nationale, avec l'appui des AP-HP. Créé dès la fondation, le comité scientifique des E.B, constitué de patrons hospitaliers bénévoles qui se renouvellent par cooptation, fait appel pour cette formation post-universitaire à des enseignants universitaires dits P.U.P.H. (Professeurs universitaires et praticiens hospitaliers) qui exercent souvent une activité de recherche médicale. Les fonctions de recherche médicale des P.U.P.H. font de ces enseignants, eux aussi bénévoles, des spécialistes des questions qu’ils exposent, appréciés pour cela du public médical. L’emploi du temps très chargé de ces enseignants explique le mode particulier de cette formation une fois l’an, avant la rentrée des étudiants, pendant toute une semaine, dans des locaux universitaires parisiens avec de nombreux intervenants, sur un programme à contenu pédagogique librement établi en concertation entre le comité scientifique et un panel de médecins généralistes praticiens. La durée des interventions est le plus souvent très courte (dix minutes) pour laisser la place aussitôt à un débat formateur, d’où le nom d’ «entretien ». Des tables rondes d’une heure sur des sujets plus complexes sont aussi suivies d’un débat entre intervenants et participants. Le programme aborde environ deux cents sujets médicaux et chirurgicaux, traités simultanément dans quatre amphithéâtres, ce qui amène le médecin à choisir « à la carte » ce qu’il veut entendre. Pour chaque sujet, un recueil de QCM permet au participant de procéder soit avant, soit au décours ou à distance de l’enseignement à une évaluation de ses acquisitions.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Oui.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Présentation de l'artiste depuis sa naissance, ses études, sa mobilisation jusqu' à son internement, sous une succession de photographies et séquences filmées en noir et blanc qui illustrent le commentaire ; suivent des entretiens avec le médecin qui l'a, en quelque sorte, découvert et poussé à continuer son art (qui est présenté comme une expression de son mutisme), puis un entretien avec le Docteur Lemoine. Une longue séquence sans commentaires, sous musique de bal musette et music-hall présente ses oeuvres. Le film se termine avec un épilogue sur sa mort tragique.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

le médecin attentif à la créativité de Sylvain Fusco est représentatif d'une institution qui sait considérer ses patients autrement que comme des cas ordonnés par une typologie nosologique

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Circuit médical (« Prix hors concours » aux Entretiens de Bichat 1979)

Communications et événements associés au film

Public

Corps médical

Audience

Descriptif libre

Logo de la Cinémathèque Delagrange. Titre en rouge sur fond noir en écriture manuscrite, sur musique de cirque. Pour le reste du générique, les couleurs des écritures changent.

Origine modeste, jeunesse tourmentée

La musique se faisant plus douce, une voix off présente Sylvain Fusco, sous les photographies noir et blanc des lieux et situations illustrant le commentaire : « Sylvain Fusco est né en 1903 à Rive de Villiers. Dans une famille nombreuse d'origine italienne, de condition très modeste, et décimée par la tuberculose. Après l'école primaire, Sylvain sculpte des meubles dans l'atelier de son père, tout en fréquentant les beaux-arts de Lyon. Aux alentours de 1920, il se passionne pour la danse, il hante les bals musette » (musique plus rapide, de bal musette) « il rencontre une prostituée dont il s'éprend passionnément. De cette liaison naît un enfant qui meurt en bas âge. Il fréquente le milieu lyonnais, et un soir à la suite d'une rixe il tue la sœur de son ami. Sylvain, qui n'a alors que 17 ans sera condamné à deux années de prison. » (gros plan sur des barreaux de prison (vue de derrière les barreaux), vue de la façade de prison avec des bruits de pas.

Prison et internement en asile

« Dès sa sortie, il est incorporé dans les bataillons d'Afrique. » (à nouveau des images de photographies qui illustrent le commentaire) « Durant cinq ans de régime disciplinaire, Sylvain Fusco ne tolère pas le climat, la promiscuité, les brimades. Il ne fera pas moins de dix mois de mitard » (une petite cellule est filmée) « Un mutisme total entrecoupé de crises de fureur, contraint l'armée à le réformer et à le rapatrier. Son état ne fait qu'empirer ; il erre sans but pendant des heures, devient bizarre voir inquiétant, se clochardise, sombre dans la catatonie. Devant ce comportement, le 9 avril 1930, à 27 ans, Sylvain Fusco est interné d'office à l'Asile de Bron, qu'il ne quittera plus. Il a rejoint les autres schizophrènes dans leur grande misère d'alors. Pourtant c'est là qu'il est remarqué par un nouveau médecin-chef, le Docteur André Recquet. »
Une séquence d'entretien avec le Docteur en question (Docteur André Recquet) nous explique comment, au Vinatier, il a pu s'intéresser à Sylvain Fusco et à ses dessins (d'abord des graffitis dans sa chambre puis des peintures sur les murs du pavillon) qui ressemblaient à des sexes de femme. Quand le médecin lui a laissé la possibilité de dessiner sans être dérangé par les autres, « son style a changé », et il se mit à peindre des « formes humaines, plus ou moins ambiguës » avec des seins et parfois une moustache ou une épée. Il changea encore son style lorsqu'il accepta le matériel de peinture que le Docteur mettait à sa disposition : « des têtes de femmes (…) au caractère sexuel féminin très accentué, très ornées ». Il a peint des têtes de femmes pendant des mois, toujours avec le « regard énigmatique qui caractérise ses portraits ». Le médecin est assis dans une pièce avec une grande peinture sur le mur arrière, la caméra faisant se succéder gros plan et plan plus large, il présente même l'une des œuvres (en recto verso) de Sylvain Fusco.

Naissance d'une œuvre

Succession de plusieurs avis et réactions aux œuvres en voix off ; la caméra se déplace de peinture en peinture au rythme des commentaires : « L'éclatement de l'espace intérieur du psychotique, projeté sur le papier », « c'est rempli de stéréotypes, ça n'est pas de la peinture, c'est de la pathologie », « s'il n'avait pas été fou, Fusco aurait égalé Picasso », « l'enfermement comme expérience d'isolement sensoriel est source d'hallucinations créatrices », « bien sûr, il y a de la technique, mais ça n'est pas de l'art », « exemple typique du phénomène de remplissage, de tassement du schizo », « c'est beau, mais ça fait peur », « encore une peinture de fou ».

Séquence d'entretien avec le Docteur Patrick Lemoine. Il est assis dans une pièce, dont le mur arrière est peint ; il présente quelques œuvres et explique la difficulté de l'interprétation qui peut aussi être son contraire. « Tous ces systèmes d'interprétation, de l'ordre de l'art psychopathologique, de l'art schizophrénique ou de l'étude de l'art sont assez caduques. Que devant une œuvre réellement créatrice, que devant quelque chose où il y a un peu de génie, tout ça est caduque. Que les classifications de nosographie ou de l'histoire de l'art ont rarement été moteur de création. Et que ce qui compte finalement, c'est le choc esthétique, c'est l'émotion subjective qu'on a devant cette œuvre. »

Sous une musique de bal musette se succèdent des plans sur quelques œuvres d'art du peintre Sylvain Fusco, sans commentaire. (zoom avant, zoom arrière, défilement latéral, pivotement de la toile pour montrer le verso, gros plans. Suit la chanson de Mistinguett Au fond de tes yeux, toujours sur les plans des peintures. Retour sur une musique de bal musette, puis Mistinguett dans les bouges de la nuit, et encore une musique de bal. Le tout dure pendant 5 grandes minutes. « Le 29 décembre 1940, Sylvain Fusco meurt de faim, premier des 15'000 malades mentaux qui vont mourir ainsi pendant la guerre ». Musique d'orchestre et zoom arrière sur un drap accroché dans un arbre.

Fonds Eric Duvivier code 488.

Notes complémentaires

Références et documents externes

Cf. Dr Jean Rogues de Fursac, Les écrits et les dessins dans les maladies mentales et nerveuses, Paris, Masson,‎ 1905 Marcel Réja, L’Art chez les fous, Paris,‎ 190 7- réédité par Z’Éditions, Nice, 1994 Hans Prinzhorn, Expressions de la folie, Paris, Gallimard,‎ 1984.

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Caroline Ruebrecht
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