Le praticien et la femme de 50 ans (1984)

De Medfilm



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Titre :
Le praticien et la femme de 50 ans
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Durée :
30 minutes
Format :
Parlant - Couleur - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :

Générique principal

Laboratoire Delagrange présente / Dr. Suzanne Fépès Chargée d'enseignement à l'U.E.R. expérimentale de médecine et de biologie humaine (Bobigny Paris XIII) / Animation : Nicole Armagnac - Images : René Gosset - montage : Laurent Louchet / Réalisation : Eric Duvivier

Contenus

Sujet

La ménopause : sa nature biologique, son vécu physique et psychologique.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Le film consiste en plusieurs entretiens et un exposé didactique.

Contexte

Mode de traitement de la ménopause dans les années 70 et 80

Après la seconde guerre mondiale, les publications sur la ménopause se multiplient sur le sujet de la ménopause. Aux États-Unis, les prescriptions hormonales pour troubles de la ménopause doublent dans les années 1960 et triplent dans les années 1970. En 1975, les œstrogènes sont le 5e médicament le plus prescrit aux Ėtats-Unis avec six millions d'utilisatrices régulières[45]. En France, le traitement hormonal substitutif est disponible depuis 1960.

L'année 1975 marque un premier coup d'arrêt au traitement hormonal avec la parution de deux études dans le New England Journal of Medecine indiquant un risque accru de cancer de l'endomètre au cours d'une œstrogénothérapie prolongée. La FDA impose alors que ce risque soit signalé sur les produits. Cependant une solution est trouvée dans les années qui suivent : ce risque disparait si l'on réduit les doses d'œstrogènes en associant des progestatifs (l'acétate de médroxyprogestérone devient le progestatif de référence aux États-Unis). Ce traitement combiné est reconnu comme le traitement standard de la ménopause de cette époque. Au cours des années 1980-1990, des études affirment que ce traitement de la ménopause pourrait être efficace en prévention des maladies cardiovasculaires, de l'ostéoporose et de la démence. En 1988, la FDA admet comme indication du traitement hormonal, la prévention de l'ostéoporose. En ce qui concerne les maladies cardiovasculaires, la balance bénéfice/risque est jugée positive puisque un risque faible de thrombose veineuse est compensé par une forte réduction du risque coronarien. Cette période constituerait « l'âge d'or » du traitement hormonal où, sous la pression de l'industrie pharmaceutique, presque toute femme ménopausée sans antécédents veineux se devait d'être traitée.

Les relations avec le médecin

" L’élaboration sociale de la ménopause est marquée par la médicalisation, processus par lequel « des questions non médicales se voient définies et traitées comme des problèmes médicaux, généralement en termes de maladies ou de troubles ». Affaire de médecine, la ménopause est également affaire d’interactions entre femmes et médecins. L’interaction avec le médecin, qu’il soit généraliste ou gynécologue, constitue, en effet, un épisode important de la trajectoire des femmes à la ménopause. Les enquêtes montrent qu’au cours de ces interactions, « une appréhension technique, symptomatologique et biomédicale de la ménopause domine ». Les médecins soulignent avant tout les conséquences de la carence œstrogénique sur le long terme et informent largement les femmes des risques associés. La question de l’hormonothérapie occupe une grande place dans ces interactions et une forte propension des médecins à conseiller le recours au traitement hormonal de substitution (THS) est relevée. L’interaction avec le médecin constitue un espace fondamental d’apprentissage (Becker, 1985) de la ménopause pour les femmes. Au cours de la consultation, le praticien joue un double rôle d’éducateur et de passeur. Il endosse, d’une part, le rôle de guide dans l’apprentissage des signes de la ménopause (...)L’éducation délivrée par le médecin contribue à divulguer des notions au sujet du fonctionnement du corps et à singulariser des manifestations corporelles à la ménopause, c’est-à-dire à développer « un système de catégories » associé à la ménopause. L’apprentissage d’une nouvelle grammaire corporelle est ici en jeu pour les patientes. La cessation des menstruations et les bouffées de chaleur sont les thèmes principaux d’apprentissage. (...) La consultation médicale apparaît ainsi comme l’espace d’apprentissage d’une nouvelle grammaire corporelle et le lieu d’un processus d’étiquetage, caractérisé par un dessaisissement des femmes sur leur propre expérience et une catégorisation minorante. Si, pour toutes les femmes rencontrées, la ménopause est une expérience qui s’appréhende par le prisme du symptôme et si, pour la très grande majorité d’entre elles, le médecin est l’interlocuteur nécessaire de cette expérience, il est intéressant de souligner que des résistances aux assignations produites par les rapports sociaux de sexe parcourent leurs expériences." (Cécile Charlap, "La question de la ménopause dans le contexte français - Entre médicalisation genrée et résistances des femmes" dans Gérontologie et société, 2015/1 vol. 37 / n° 148).

Suzanne Képès

Née à Paris en 1918, de parents immigrés juifs lithuaniens, Suzanne commence ses études de médecine en 1938 à Paris et les poursuivra en zone libre à Montpellier. Devenue médecin du travail dans l’après guerre, gynécologue, elle fonde le Diplôme Universitaire de Sexologie de Bobigny. En 1947, à Londres, elle s’initie à la contraception, importe clandestinement des capes et des diaphragmes, puis pratique des avortements. Elève d’Eugène Minkowski dès les premières années de médecine, elle restera longtemps imprégnée de sa philosophie. Elle se dirige ensuite vers la psychosomatique, et travaille avec Weiss et English à Philadelphie, en 1956, puis avec Michael Balint à la Tavistock Clinic à Londres, en 1966. Avec Michel Sapir, elle élabore des méthodes de relaxation psychosomatique. Elle assure des cours de clinique sexuelle humaine à l’Hôpital Saint-Denis, à Paris, dès 1972, et fondera avec André Durandeau et Serge Lebovici le Diplôme d’Etudes biologiques, psychologiques et sociales de la Sexualité Humaine à l’Université Paris 13.

Bibliographie : Lettre ouverte aux enseignants sur l’éducation sexuelle (Bordas, 1974) ; Femmes à cinquante ans(avec Michèle Thiriet, Point Seuil, 1986) ; Du corps à l’âme (avec Danielle M. Levy, l’Harmattan, 1996) ; Relaxation et Sexualité (avec Philippe Brenot, Odile Jacob, 1998)

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Lieux d'enseignement en médecine (études et formation continue)

Communications et événements associés au film

Public

Professions de santé

Audience

Descriptif libre

Carton bleu, logo des Laboratoires Delagrange.

"je ne pouvais rien supporter, juste le drap"

Succession de tableaux et de photographies d'art représentant des femmes. Commentaire en off : "tout au long de sa vie génitale, la femme est soumise à des événements physiologiques. Puberté, cycles menstruels, grossesse." Toujours des représentations artistiques de femmes, mais cette fois pour les montrer repliées sur elles-mêmes, la main au front, ou fragmentées en tesselles. "... Evénements qui peuvent s'accompagner de perturbations psychologiques. Celles de la ménopause sont les plus frappantes car elles correspondent à l'arrêt de la vie génitale et au début du vieillissement." Le commentaire ajoute : "il ne s'agit pas d'une maladie et pourtant, la femme vient consulter." Une femme face caméra (femme 1), assise devant un meuble rempli de livres. Sans doute, compte tenu du titre et du commentaire qui précède, se trouve-t-elle dans le cabinet du médecin, ce qui suggère que nous sommes dans une situation de point de vue subjectif qui nous met à la place du médecin qu'elle est venue "consulter". Filmée en plan taille, elle est vêtue avec élégance, s'exprime avec clarté, sans quitter le sourire. Parlant de son expérience de la ménopause, elle évoque de "grandes fatigues", des bouffées de chaleur "très spéciales" : elles lui venaient "surtout la nuit". Elle fronce des sourcils : "je ne pouvais rien supporter, explique-t-elle, juste le drap, c'était très très désagréable."
Une autre femme (femme 2) filmée de la même manière, sans doute à un autre endroit de la même pièce - même tapisserie, même style de meuble Louis Philippe au bois sombre et ciré. Elle est vêtue avec autant d'élégance que la première. Elle explique que quoiqu'elle ne sache pas si elle est déjà ménopausée, elle pense que ses récents ennuis de santé sont liés à la ménopause. Elle évoque, en plus de transpirations nocturnes, avoir eu "les cheveux qui se dressaient sur la tête". (03:00)

"Je veux avoir une image qui me plaise quand je me regarde dans un miroir"

Retour aux images artistiques présentant des femmes. Commentaire : "la principale cause de consultation est la bouffée de chaleur", mais elle n'est pas le seul sujet de plainte. Raccord avec une troisième femme (femme 3), filmée en gros plan. Elle sourit en expliquant : "avant ces cinquante ans, je n'avais pas besoin de plaire." Elle raconte qu'elle n'a connu que son mari qu'elle a connu très jeune. Elle affirme que ses enfants "étaient fiers de leur mère", elle sentait alors une séduction en elle qui "opérait". "Maintenant, ajoute-t-elle, étant seule, à cet âge-là, j'ai perdu beaucoup : cette séduction n'intéresse plus personne". Panoramique vertical sur l'image d'une femme au visage caché, vêtu avec une élégante sensualité. La patiente est de nouveau à l'image. "Elle m'intéresse moi (la séduction), poursuit-elle : je veux avoir une image qui me plaise quand je me regarde dans un miroir. Je ne veux pas m'abandonner, je veux être quelqu'un qui aime s'habiller, se maquiller, sans être ridicule". Dézoom, on la voit assise devant une étagère chargée de livres et d'anciens instruments médicaux. Elle raconte qu'elle a commencé à éprouver le sentiment de solitude dont elle se plaint encore avec le départ de son fils du foyer familial, à 24 ans. Son expression perd alors de sa fluidité, ses phrases s'interrompent, ses propos se chevauchent. Il fallait que ce fils parte pour faire sa propre vie, l'absence du père rendait son séjour compliqué, "et je ne pouvais plus le supporter". Evocation de la "grande maison" qu'elle a habité avec son mari, où elle est restée après la mort de celui-ci. C'est alors qu'elle a décidé de prendre un chien comme animal de compagnie. L'animal lui permet d'assouvir son besoin de câlins qu'elle ne se permet plus avec son fils qu'elle aurait, sinon, amolli. A l'image, succession de peintures oniriques montrant une femme en compagnie d'un chien. (05:41)

Je me suis dit : 'ça y est, je vais me transformer en bonne femme'

Sans transition, témoignage d'une nouvelle femme (femme 4), assise à côté d'une lampe à abat jour. Comme pour les entretiens qui ont précédé, elle est située à un autre endroit de la même pièce, le cabinet du médecin. Elle parle de sa façon de dissimuler les racines blanches de ses cheveux, "une façon de tricher", elle évoque "des problèmes de dents qui cassent plus facilement". Comme la femme dont le témoignage précède le sien, elle parle avec un sourire amusé et finalement, une certaine décontraction. Elle ne cherche pas à minimiser les désagréments dont elle explique les causes et décrit les effets, mais les observe avec une distance qu'elle affecte pour manifester qu'elle garde une maîtrise psychologique sur le désarroi et la mélancolie qui en résultent. Elle insiste sur un épisode de sa prise de conscience de l'étape qu'elle a franchi : le médecin qu'elle est allée voir a constaté que sa taille avait perdu 2 cms : "je me suis dit : 'ça y est, je vais me transformer en bonne femme, avec la poitrine qui rejoint le ventre'..." Interviennent deux dessins de femme exprimant une inquiétude devant une menace qui n'est pas matérialisée. Sans transition, nouveau témoignage (femme 5). "J'ai eu des idées très très sombres, j'ai maigri, je ne sais plus combien j'ai maigri. J'étais devenue grise, le teint gris, terne. Et laide. Je pensais que je souffrais d'une injustice parce que je suis tellement peu dépressive". Elle souligne la conduite patiente que son mari a adoptée, jusqu'au jour où il a insisté pour faire venir un médecin "parce que c'était alarmant". Nouveau témoignage (femme 6), la femme qui parle explique que les tâches ménagères la fatiguent davantage, qu'elle est devenue "une maman moins souriante", d'autant que ses six enfants ont quitté le foyer tour à tour : "je me suis retrouvé face à face avec mon mari, n'ayant plus rien à se dire l'un l'autre." elle a décidé de consulter et de prendre un traitement. Interventions de dessins montrant des femmes ôtant des masques.
Retour de la femme 2, elle évoque différents événements survenus récemment : la mort de son père, le départ de ses enfants - "je l'ai mal vécu, je me sentais inutile". Avec humour, elle explique qu'elle était frappée de voir son panier de linges soudain vide alors qu'il était tout le temps rempli. Intervention d'images de cigognes surveillant leurs nids. Elle parle d'angoisse qui survient le matin, avec une impression de "grand vide", son besoin de voir physiquement son mari partir au travail avec la crainte de ne pas le revoir. (12:59)

Interprétation médicale

Musique jazz cool. Avec des photographies de statues antiques dans un parc, sur lesquelles des symboles animés sont ajoutés en surimpression, explication physiologique des symptômes qui viennent d'être décrits par la succession de témoignages. "L'organe clé est l'hypothalamus". En surimpression d'une tête de statue féminine, ajout d'un cerveau en dessin animé avec la localisation de l'hypothalamus. Le commentaire précise qu'il reçoit des informations de l'organisme aussi bien que de l'environnement extérieur. Il adresse des messages endocriniens ou nerveux "aux cellules cibles compétentes". Il est "le véritable générateur du message hormonal", de même qu'il assure la fonction gonadotrope chez la femme "en période d'activité génitale". A la ménopause, la sécrétion d'oestrogènes et de progestérone diminue, il en résulte un "emballement de la production des gonadotrophines" qui s'accompagne de dérèglements neurovégétatifs "parfois très invalidants" : bouffées de chaleur, transpirations abondantes, vertiges, sensations de lourdeur, tendance à l'embonpoint, boulimie, fatigue... Séquence d'examen thermographique sur une femme : "l'élévation de température très marquée au niveau du front contraste avec celle de la main qui reste froide". Retour aux images de statues avec ajouts d'éléments en animation. "La thérapeutique des bouffées de chaleur et des troubles psycho-fonctionnels de la ménopause peut être envisagée de deux façons : traitement hormonal "qui présente des contre indications médicales et peut soulever des réticences psychologiques", traitement non hormonal qui intervient sur les neurotransmetteurs "dopaminergiques". (19:23)

Notes complémentaires

Références et documents externes

Contributeurs