Le monde du nouveau-né (1964)
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Sommaire
Générique principal
(Générique de fin)
FIN
REALISATION SCIENCEFILM
Contenus
Thèmes médicaux
- Alimentation. Digestion. Nutrition
- Reproduction. Croissance. Développement
- Système nerveux. Organes des sens
- Gynécologie. Obstétrique
Sujet
Présentation reconstituée d'un point de vue subjectif de la vie du bébé depuis le stade intra-utérin jusqu'à l'acquisition de la marche.
Genre dominant
Résumé
Présentation succincte des différents stades du développement perceptivo-moteur de l'enfant, de la vie intra-utérine à l'acquisition de la marche : de la vie intra-utérine à la naissance ; le stade néonatal ; l'espace visuel ; le stade manuel statique ; l'espace cinétique.
Contexte
Contexte médico-sanitaire général en 1964 :
- L'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) est créé.
- Le vaccin contre la poliomyélite devient obligatoire.
- La Déclaration d'Helsinki de l'Assemblée médicale mondiale (AMM), sur les principes éthiques applicables à la recherche médicale impliquant des êtres humains, est signée.
- La profession d'orthophoniste obtient le statut légal.
Donner à voir l'inaccessible et l'invisible :
La deuxième moitié du XXe siècle est une période où de nombreux explorateurs, scientifiques, techniciens et chercheurs s'efforcent de donner à voir au grand public des "contrées" inconnues et inaccessibles en tirant profit d'un certain nombre d'évolutions technologiques ou d'inventions auxquelles eux-mêmes contribuent parfois. Ainsi, Jacques-Yves Cousteau (1988-1997) tourne de nombreux documentaires sur le monde et les fonds sous-marins. Paul-Émile Victor (1907-1995) et Haroun Tazzieff (1914-1998) rapportent de leurs expéditions des photographies et des informations scientifiques en provenance respectivement des régions polaires et des volcans. En 1969, Neil Armstrong et Buzz Aldrin marchent sur la Lune et les images de cet événement sont largement retransmises à la télévision.
En ce qui concerne l'intérieur du corps humain dont on peut voir le squelette et quelques organes mous depuis l'invention de la radiographie à la toute fin du XIXe siècle, l'imagerie médicale bénéficie, après la fin de la Seconde Guerre mondiale, d'une invention datant du conflit mondial précédent. En effet, en 1917, Paul Langevin (1972-1946) met au point un appareil qui utilise les ultra-sons pour détecter les sous-marins ennemis en mer du Nord. C'est l’ancêtre du sonar. En 1951, deux Anglais, le docteur J. J. Wild (1914-2009) et l'électronicien J. Reid (né en 1926), trouvent une application médicale aux ultrasons et inventent le premier échographe (destiné à la recherche de tumeurs cérébrales au départ). Cette technique est utilisée en gynécologie obstétrique à partir de la fin des années 1950. L'examen permettant de dépister d'éventuelles anomalies de la grossesse est possible depuis les années 1970 (mesure du périmètre crânien et enregistrement des bruits du cœur).
Dans la même dynamique, le pionnier de la photographie médicale, photographe de guerre, documentariste et portraitiste suédois Olof Lennart Nilsson (1922-2017) fixe une caméra sur un cystoscope (appareil permettant d'examiner la vessie) dans les années 1950, ce qui lui permet de prendre des milliers de clichés d'embryons et de fœtus dans le ventre de leur mère. Cette prouesse technique lui vaut de faire la couverture du magazine Life le 30 avril 1965. La même année, un ouvrage rassemblant certaines de ses photos accompagnées d'un texte explicatif paraît en Suède sous le titre Ett barn blir till. Il est publié aux États-Unis en 1966 sous le titre A Child is born et en France en 1990, sous le titre Naître (éditions Hachette). Ces images permettent au grand public de visualiser la conception et le développement d'un bébé.
Ces différentes technologies permettant d'observer puis de contrôler le bon développement du bébé dans le ventre de sa mère arrivent juste après le désastre de la thalidomide, un sédatif produit par l'entreprise pharmaceutique allemande Grünenthal à partir de 1956. Certains des femmes enceintes qui ont pris ce médicament tératogène contre leurs nausées matinales ont donné naissance à des enfants porteurs de malformations congénitales sévères : phocomélie (aplasie ou hypoplasie de certains membres) et malformations internes. Le médicament a été interdit au début des années 1960 dans les pays où il était commercialisé. On notera que si la thalidomide n'a jamais été approuvée par la Food and Drug Administration aux États-Unis, les conséquences de la prise de ce médicament ont bénéficié d'une large couverture médiatique, notamment dans le magazine Life du 10 août 1962 (consulté le 21 novembre 2024), l'article concerné étant d'ailleurs suivi de deux articles plus courts posant la question de l'avortement et de l'euthanasie d'enfants porteurs de graves malformations congénitales. Il y aurait eu entre 15 000 et plus de 20 000 naissances d'enfants affectés par la thalidomide dans le monde dans la période de prescription du produit aux femmes enceintes. Cependant, ce chiffre ne prend pas en compte les fausses couches qui auraient éventuellement été provoquées par ce médicament. Enfin, rappelons que la thalidomide est encore prescrite de nos jours pour le traitement contre la lèpre, en particulier au Brésil.
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Non.
- Images en plateau : Non.
- Images d'archives : Non.
- Séquences d'animation : Non.
- Cartons : Non.
- Animateur : Non.
- Voix off : Oui.
- Interview : Non.
- Musique et bruitages : Oui.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
La raison d'être de ce film est de faire comprendre au spectateur ce que perçoit un bébé dans le ventre de sa mère, après sa naissance et jusqu'à l'acquisition de la marche. Comme Éric Duvivier n'a pas à sa disposition de technologie d'imagerie permettant de véritablement faire entendre au spectateur ce qu'entend le fœtus, ni de faire voir ce que voit le nourrisson après sa naissance, le réalisateur adopte un point de vue subjectif. Cependant, les deux premières minutes sont filmés avec un point de vue "pseudo-objectif", c'est-à-dire que l'image suggère la silhouette d'un fœtus, le temps de planter le décor et avant de basculer en caméra subjective.
Ainsi, au plan auditif, le film reconstitue avec des sons électroniques ce qu'on imagine à l'époque de la perception auditive du bébé (avec notamment des sons internes "viscéraux" encore présents longtemps après la naissance). Cette mise en son résonne avec les expérimentations musicales contemporaines (musique concrète mise au point par Pierre Schaeffer avec le Groupe de Recherche Musicale, oeuvres sur piano préparé par John Cage)
La perception visuelle est inexistante jusqu'à la naissance (alors que l'on sait maintenant que le fœtus perçoit déjà des lumières fortes dès le stade intra-utérin). Ensuite, les images floues en noir et blanc et en contreplongée sont censées reproduire ce que voit le nourrisson. Ici, le but est de permettre au spectateur de connaitre les perceptions d'un nouveau-né pour mieux comprendre leurs liens avec les différents stades de son développement. Cependant, on notera que les canaux sensoriels sélectionnés ici sont extrêmement restreints (vision et audition uniquement) et que le bébé est placé dans un environnement particulièrement pauvre. Le film montre exclusivement la mère. Le père est absent des images et des commentaires, comme si la mère était la seule présence rassurante, sécurisante et capable de s'occuper du nouveau-né. Il n'y a d'ailleurs aucun autre être humain (frères et sœurs, grands-parents, etc.) dans l'entourage du bébé qui semble vivre seul dans un espace presque exclusivement sonore dans lequel la mère fait quelques rares apparitions, essentiellement pour le nourrir, mais ne lui parle pas ou alors n'est pas entendue par lui (car on voit parfois les lèvres de la mère bouger !) L'enfant semble obnubilé par ses bruits internes et ne perçoit comme bruit extérieur que la mélodie d'une boîte à musique ou d'un piano. Le toucher (portage, caresses et contacts divers) n'est absolument pas évoqué et le bébé reste complétement passif tant qu'il ne marche pas. Il n'est question ni d'échanges de regard, ni des prémices du dialogue, ni de babillage, etc. Les seuls sons qu'il produit sont des pleurs.
Par ailleurs, le film mentionne l'allaitement à plusieurs reprises. Il est à remarquer qu'il ne met pas en avant d'autres méthodes d'alimentation (biberon, diversification alimentaire) alors qu'il semble qu'il ait été commandé par un fabricant de lait maternisé.
Les termes et concepts maniés par la voix off sont proches de ceux de la psychanalyse lacanienne. Ce type de langage complexe et exigeant suggère que ce film s'adresse probablement plutôt à un public spécialisé qu'au grand public.
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
Ni la médecine ni la santé ne sont présentées directement mais le film traite du développement normal de l'enfant dans ses liens entre perception auditive et visuelle et acquisition de la motricité.
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
Espaces pédagogiques, colloques, manifestations scientifiques comme Les entretiens de Bichat.
Communications et événements associés au film
Public
Public professionnel et/ou estudiantin
Audience
Descriptif libre
Ce court métrage propose une reconstitution des sons, des images et des sensations perçues par un bébé au cours de la vie intra-utérine, pendant la naissance et jusqu’à ses premiers pas.
Stade 0 : De la vie intra-utérine à la naissance :
Le film démarre en vue objective, avec un fond rouge sur lequel on distingue des sortes de filaments brillants par endroits, ainsi qu’une forme plus sombre faisant penser à un fœtus. Ces filaments pourraient être interprétés comme les fourmillements ressentis par la mère lorsque le bébé bouge.
Des sons de type électro-acoustique rappelant ceux d'un sonar ou certains sons produits par des animaux sous-marins évoquent les sons entendus par le fœtus in utero. La voix off explique : "Au cours de la vie intra-utérine, les perceptions sont essentiellement sonores." Effectivement, le fœtus a un système auditif fonctionnel entre 24 et 26 semaines de grossesse qui devient proche de celui d’un adulte dès la 35ème semaine. Il perçoit donc les bruits externes et internes. La voix de la mère est ainsi entendue doublement. Cependant, ce que ce film ne prend pas du tout en compte (mais peut-être ne le sait-on pas encore en 1964), c'est que le fœtus in utero perçoit également les lumières fortes et que son sens du toucher lui permet de réagir, notamment par des mouvements et des déplacements, à certaines pressions sur le ventre de sa mère (cf. travaux de Franz Veldman et Catherine Dolto-Tolitch sur l'haptonomie).
La voix off poursuit : "Le fœtus dort, les poings fermés sur ses paupières closes. Il flotte dans un milieu liquide à travers lequel lui parviennent assourdis les bruits du cœur maternel, des sonorités hydroaériques, des bruits viscéraux, des contractions du muscle utérin." Sur tout ce passage, le fond est totalement rouge, ce qui évoque plutôt une sensation de danger ou le sang lors de l’accouchement. On ne distingue plus le fœtus. Les battements du cœur se font entendre. La caméra a basculé sur un point de vue subjectif.
La caméra est toujours en plan fixe, sur fond rouge et noir. Les mouvements progressifs de ces deux couleurs l'une par rapport à l'autre suggèrent une progression vers l'avant et les contractions de l'utérus. On entend en permanence le battement d'un cœur. Les explications de la voix off contiennent un raccourci qui peut prêter à confusion : "Au 4ème mois surviennent les contractions qui vont l’expulser." Le commentaire adopte un point de vue très mécanique sur le phénomène des contractions qui sont décrites comme "des poussées rythmiques du contenant sur le contenu". Ce stade est présenté comme très passif, le fœtus réagissant juste aux stimuli et n’étant pas encore acteur des sons et sensations qu'il perçoit.
L’image devient jaune puis blanche. Une silhouette noire apparaît. Un bébé pleure, il vient de naître. Cependant, contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, ce n'est pas la fin de ce stade. (02:17)
"Sa première respiration est un cri de souffrance, première manifestation d'angoisse." : la naissance est décrite comme douloureuse pour le nourrisson, notamment en raison du changement de température et parce que, selon la voix off, le bébé a gardé les yeux "strictement fermés" tant qu'il était dans le ventre de sa mère. Il est donc ébloui au moment de la naissance. L’image suivante, en plan subjectif, est floue, comme vue par les yeux d’un nouveau-né, celui-ci n’ayant pas la capacité d'accommoder au-delà de 30 cm à la naissance. On distingue des mouvements et on peut reconnaître les pieds de l'enfant. Il est allongé dans son berceau et pleure. La caméra effectue de légers mouvements panoramiques latéraux. Toute cette séquence est en noir et blanc, ce qui correspond à une autre conception de l'époque, à savoir que les bébés ne perçoivent pas les couleurs avant un certain âge. (03:00)
Stade 1 : Le stade néonatal :
La caméra est en plan fixe et met le spectateur à la place du nouveau-né par des contre-plongées. Une silhouette noire apparaît comme penchée au-dessus du nourrisson. Le spectateur comprend qu’il s’agit de sa mère. Le plan est flou et composé uniquement de nuances de gris. Le commentaire est formulé dans un langage qui rappelle les écrits de Jacques Lacan : c'est "le stade de l'espace viscéral et de l'espace externe au contact. Entièrement passif, le nouveau-né ne perçoit que ce qui vient le toucher et ses propres sensations viscérales. Cette sensibilité viscéroceptive est chez lui très développée, sans doute est-elle à la base de sa première organisation affective, sensation agréable de réplétion, désagréable de tension."
L’environnement sonore qui entoure l'enfant (pleurs et berceuse Dodo, l'enfant, do jouée au piano de façon lente et dissonante, à l'exclusion de toute voix humaine) donne la sensation d'une grande solitude. La caméra effectue des mouvements latéraux comme si le nouveau-né cherchait quelque chose. Lors de ces déplacements, on aperçoit les membres de l'enfant qui réalisent de petits mouvements. (04:07)
Au fur et à mesure de la vidéo, la vision devient plus précise et les couleurs apparaissent grâce à l'évolution des capacités visuelles du nourrisson telles qu'on les imagine au milieu des années 1960. La maman arrive et se penche sur le nourrisson. Ses traits n’apparaissent pas en détail. Seuls les contours du visage sont distincts. Elle se penche sur le nourrisson comme pour s’assurer que tout va bien. (04:35)
La maman réapparaît dans le champ de vision de la caméra et donc du nouveau-né, face à lui. L’image est plus colorée et on perçoit plus de détails : elle pose une couverture ou un petit drap dans le berceau. (05:16)
La caméra donne au spectateur la sensation d’être devant un miroir déformant et il est difficile de savoir ce qui est montré. Puis la texture de la vidéo semble changer. C'est comme si on se retrouvait devant une peinture en mouvement. Nous reconnaissons la mère de profil puis de face qui remet ses cheveux en place, bouge la tête. De petits sons produits par des percussions suggèrent des bruits internes au corps de l'enfant (gargouillements gastriques et intestinaux). La vision du nouveau-né se fait de plus en plus précise. Il distingue désormais les reliefs du visage de sa mère (même si l'image reste assez floue), les contours de ses doigts et son vêtement vert sur fond noir. Entre (06:30) et (07:59), l'image est de nouveau en noir et blanc, peut-être pour évoquer une période d'éveil de l'enfant pendant la nuit.
Changement de plan : gros plan sur un sein avec une goutte de lait qui sort du mamelon. "Le sein maternel contre lequel l’enfant se blottit au moment du nourrissage représente le monde extérieur." Retour dans le berceau, le nourrisson pleure et agite les membres. Nous sommes toujours dans une vue subjective. Le temps pour le nourrisson se décompose en fonction des repas. Le sens du toucher est le premier lien avec l’extérieur au travers de l’alimentation au sein et du change.
"La répétition de ces routines assurées par la mère (...)" oriente le spectateur vers l'idée que c’est une activité réservée à la femme.
Changement de mélodie qui reste douce et lente. Le visage de la mère est plus net et ne ressemble plus à une peinture. (08:57)
Image dans les tons bleutés, comme sous l’eau, avec une silhouette noire au-dessus, comme si c’était la nuit. Il n’y a plus de musique mais comme des bruits de gouttes d’eau qui résonnent. (09:31)
Stade 2 : L'espace visuel (2e-4e mois) :
Une fenêtre apparaît dans le champ de la caméra/de vision. Il fait sombre comme si c'était encore de la nuit. Le fond sonore est constitué de bruits électro-acoustiques.
Puis nous distinguons de nouveau une silhouette sur fond clair et une musique douce jouée au piano. Le commentaire continue dans un registre linguistique complexe : "(...) dès le troisième mois, l’enfant peut, en position verticale, tenir [la tête] droite et ceci est capital pour le bon usage des yeux. La tête libérée de la tyrannie des muscles proprioceptifs cervicaux tend à devenir médiane. Elle s'oriente vers les objets que la synergie des muscles oculomoteurs a repéré." La caméra met toujours le spectateur à la place des yeux du nourrisson. L’utilisation de mouvements de caméra panoramique latéraux et verticaux suggère l’orientation du regard du nourrisson. Le visage de la maman est montré comme derrière de la glace, il est déformé et pas totalement net. L’enfant peut tourner la tête vers les objets qu’il a aperçus et qui l’intéressent.
Retour au fond blanc et à la maman qui se penche au-dessus de lui. Puis le visage de la mère est observé en gros plan, toujours en vue subjective.
Les yeux du nourrisson se fixent sur la bouche, les yeux et les détails de son visage. (Les connaissances actuelles nous permettent de savoir que les bébés distinguent les visages humains de masques inanimés dès leurs premières heures.)
Nous nous retrouvons à nouveau la nuit avec la vue sur la fenêtre et sur une silhouette noire qui se déplace vers la gauche du champ. La sonorité est plutôt inquiétante. Cela donne une ambiance moins agréable, comme si le nourrisson se réveillait dans la nuit, qu'il ne distinguait que certains éléments et que cela l’inquiétait. (11:23)
Nous retrouvons ensuite le visage de la maman en gros plan toujours flou, avec de la musique douce. Poursuite des mouvements panoramiques latéraux et verticaux pour détailler ce visage. La psychanalyse propose une interprétation selon laquelle "Maman" est une présence irremplaçable et indispensable à l’enfant. Dès les premiers instants, le lien entre le nouveau-né et la mère implique une confusion car la mère devient le monde du bébé, bien avant qu’il ne comprenne qu’il est un individu distinct et séparé d'elle.(12:05)
La musique s’arrête, les pleurs du nourrisson se font entendre et l’on distingue le sein de la maman. On entrevoit le visage de cette dernière grâce à des mouvements panoramiques latéraux et verticaux représentant les déplacements oculaires du nourrisson. On perçoit les petits bruits de bouche de ce dernier. Puis l’image du sein maternel avec une goutte de lait apparaît. (13:05)
Retour de la musique douce et du visage de la mère qui sourit et donne l’impression de parler. Des études en psychologie ont démontré qu’entre 4 et 8 mois, les nourrissons déplacent leur attention des yeux vers la bouche du locuteur dans une perception audiovisuelle de la parole. (13:20)
Les images de la tétée sont tournées sous l'angle de vue du nourrisson. Il voit sa propre main posée sur la poitrine de sa maman. On l'entend déglutir avec, en arrière plan, la musique douce qui continue. L’atmosphère semble apaisée et tranquille. Nouveau plan sur le visage de la maman puis sur son sein avec une goutte de lait.(13:56)
Le plan balaie les yeux de la mère, le reste de la tête, la base du cou, par des mouvements panoramique latéraux et verticaux. Nous restons en vue subjective, à la place des yeux du nourrisson. (14:28)
Le champ de vision nous montre les pieds et les mains du nourrisson qui semble allongé. "Captivé d’abord par les seules zones lumineuses, il va bientôt regarder ses mains qui l'intéressent au même titre que les objets qui lui sont tendus. Il joue avec elles comme avec des objets étrangers, ne les reconnaissant point comme siennes." Le nourrisson va ainsi progressivement découvrir son schéma corporel tout en ne reconnaissant pas ses membres comme lui appartenant au départ. (14:52)
"À 5 mois, les yeux suivent un objet en mouvement dans toutes ses positions." Le bébé semble fixer de nouveau le visage de la mère. La faible luminosité indique qu'il fait de nouveau nuit. (15:05)
La caméra filme le plafond, ce qui suggère que le nourrisson est allongé sur le dos. Il tourne la tête de droite à gauche (mouvements panoramiques latéraux et verticaux). La voix off reprend : "Et si le nouveau-né peut ainsi scruter le monde, il ne peut se déplacer. Il découvre les objets qui l'entourent tout à l'horizontale, quand il est couché dans son berceau, le plafond, les lumières, les ombres qui se penchent vers lui, soit quand on le transporte d'un point à un autre." L’enfant est encore soumis aux stimuli mis à sa disposition. L’acquisition de la tenue de la tête permet également au nourrisson d’élargir son champ de vision et de découvrir son environnement, notamment lors des déplacements dans les bras. Puis le visage souriant de la mère apparaît. (15:48)
La voix off explique comment la vision du bébé a évolué depuis sa naissance : "La vision d'abord à l'envers, sans contraste, plan d'ombres et de lumières diffuses, floues, mal définies, informelles, en noir et blanc, gris de toutes intensités, est progressivement devenue précise et colorée. C'est ainsi que se dessine peu à peu, le visage familier de la mère."
Les bruits électro-acoustiques reprennent alors que la caméra montre des jouets d’enfants que le nourrisson semble détailler. (15:54) Le sein de la mère est à nouveau au premier plan puis son sourire. Un nouveau plan sur la peau de la mère, la main du nourrisson posée pour téter. Puis retour dans le berceau avec vue sur la main du nourrisson qui bouge et la musique jouée au piano. Le bébé est toujours décrit comme très passif, il n'est jamais question des interactions qu'il pourrait avoir avec les personnes qui l'entourent.(16:25)
Stade 3 : Le stade manuel statique :
"Vient ensuite le stade de l’espace manuel statique à partir duquel il [le nourrisson] peut agir sur le milieu extérieur en se servant de ses mains pour prendre des objets, commençant ainsi à imposer sa maîtrise." Bref plan sur le visage souriant de la mère puis de nouveau sur la main du nourrisson allongé dans son berceau. La vision est nette et colorée. La caméra alterne entre les plans où le nourrisson est allongé et ceux où l’on voit le visage de la mère. Tout cela se passe encore en vue subjective.
La voix off explique les progrès que représente l'acquisition de la station assise de la façon suivante : "Il commence à tenir assis, ce qui signifie l'intégration d'un espace à trois dimensions comportant une profondeur, espace encore statique, l'enfant ne se déplaçant pas, puis activement exploré à l'aide de ces mouvements des mains devenues plus habiles, capables qu'elles sont de prendre et de lâcher." Les images qui se succèdent pendant cette séquence sont similaires à celles de la séquence précédente (visage souriant de la mère, sein maternel avec une goutte de lait qui perle, membres de l'enfant qui s'agitent) mais nettes et colorées. (16:47)
"À partir de ce moment, l’enfant prend sa place au milieu des siens et commence à reconnaître et distinguer les étrangers." Il est enfin fait mention d'êtres humains différents de la mère mais sans que qui ce soit d'autre n'apparaisse à l'image. La caméra fait un gros plan sur le visage de la mère et notamment sur un grain de beauté. Les mouvements sont toujours panoramiques latéraux et verticaux pour permettre au spectateur de se mettre à la place du nourrisson. Il est à noter que c’est à ce stade-là que survient la permanence de l’objet, afin de contrer l’angoisse de la séparation. Le fond sonore est constitué à la fois de bruits électro-acoustique et de silences, peut-être pour signifier cette peur des étrangers qui se met en place à ce moment de la vie du nourrisson. (17:32)
Vision du sein maternel et du lait perlant, puis des mains du nourrisson qui semble assis. Nouveau plan plus large sur la maman qui agite un hochet. Gros plan sur les mains du nourrisson qui donne l’impression que le bébé est en train de les découvrir comme siennes et de jouer avec elles. Il attrape du fil et le manipule. S'agit-il d'une allusion visuelle au "jeu de la bobine" analysé par Sigmund Freud dans son ouvrage Au-delà du principe de plaisir ?
Le fond sonore est une mélodie au piano, la même que lors des séquences précédentes. Cela donne une impression de douceur et de cocon. (17:58)
Stade 4 : L’espace cinétique :
Plan sur le sol qui ressemble à du parquet recouvert d'un tapis gris. "(...) l’enfant commence à déambuler." Il se déplace à quatre pattes et nous pouvons le voir toucher avec ses mains le sol et les objets qui s’y trouvent. La vue est toujours subjective et la comptine "Dodo, l'enfant do" est de retour. (18:28)
Plan fixe comme si la caméra était posée au sol. Nous sommes passés à une vue objective. L’enfant que le spectateur suivait depuis le début est devenu plus autonome. Il est en appui sur ses deux jambes, les mains au sol puis il se redresse. On notera que toutes les acquisitions motrices qui permettent de passer de la station assise (voir stade précédent) à la marche (reptation, déplacement à quatre pattes ou par un autre moyen, station debout avec ou sans appui, etc.) sont occultées.
L'enfant est dehors, le ciel est nuageux et il semble être à la campagne. Il fait quelques pas puis le fond redevient rouge avec des filaments pailletés, comme au début du court métrage. Un court générique de fin apparaît. Le fond sonore est toujours constitué par la même mélodie enfantine. (18:47)
Notes complémentaires
Fonds Duvivier code 148
Références et documents externes
BaBylab, "Que voit le nouveau-né ?", Laboratoire du Développement sensori-moteur affectif et social, Université de Genève, Que voit le nouveau-né ? (Consulté le 18 novembre 2024.)
BaBylab, "Qu'entend le nouveau-né ?", Laboratoire du Développement sensori-moteur affectif et social, Université de Genève, Qu'entend le nouveau-né ? (Consulté le 18 novembre 2024.)
Dolto Catherine, L'Haptonomie périnatale, Frémeaux et associés, 1999. (CD audio)
Dolto Catherine, L'Haptonomie périnatale, Gallimard/CNRS, 2007. (DVD)
Freud Sigmund, Au-delà du principe de plaisir, Paris, Payot, 1927.
Veldman, Frans, Haptonomie, science de l'affectivité, PUF, 2014 (1re édition : 1989).
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : Bénédicte Biot, Elodie Monier, Eugénie Giraud, Élisabeth Fuchs