Narration documentaire : alternance de séquences de consultations et d'entretiens avec le personnel soignant. Le commentaire en hors-champ permet souvent de faire le lien.
Préambule : une arrivée à Paris
Logo « Cinémathèque Delagrange » sur un fond bleu clair. Le générique se déroule sur le fond d'un champ à la campagne et sous le son des ambulances, puis des oiseaux. Les lettres du générique sont blanches en style calligraphié. Une nouvelle vue, la caméra montre un train, puis se fixe sur la façade principale de la gare de Lyon (où l'on voit une horloge) depuis le boulevard Diderot. Au fur et à mesure que le commentaire hors champ continue, nous nous retrouvons à l'intérieur de la gare, puis à côté d'une bouche de métro, dans une grande rue passante, sur une vue panoramique des toits de Paris :
Commentaire : « Urgence. Dans la ville, hors la ville, cela veut dire havre, repos. C'est vers ça qu'ils vont ; poussés, accompagnés, ou sur leurs propres pieds. L'urgence, cela veut dire prise en charge, compétences. Mais quoi ? De lui, d'elle, d'eux. Le danger, c'est le blocage des mots. Havre, repos, prise en charge. En fait, il faut pousser plus loin. Quoi, dans ce temps suspendu ? Quoi, dans les urgences se passent ? »
L'attente du patient
Un zoom sur l'écriteau URGENCE d'un hôpital pose encore le contexte. Le commentaire introduit : « À Saint-Antoine, un psychiatre assiste à toutes les urgences. On ne sait jamais ». Nous voyons ainsi un patient de face, en discussion avec un médecin en blouse blanche. Le patient est incompréhensible, pourtant le commentaire hors champ insiste bien : « On le voit, on voit ses mains ». Et sur le psychiatre : « Le danger pour lui, le psychiatre, le premier toujours présent, jamais inclus, c'est la langue de bois ». Les patients s'enchaînent, sous le commentaire qui explique non seulement le cas, mais aussi ce que recherche le malade. « L'urgence, pour lui, c'est ce lieu-là, hors du temps vécu, fuite, parenthèse en suspens, étrange absence comme moqueuse à lui-même. (…) Il est là, comme l'œuvre de lui-même devant elle, et c'est l'œuvre que peut-être le psychiatre tente de déchiffrer, pour que la page soit tournée et que l'œuvre continue jusqu'à devenir lui. Comment ? » ; le ton est mélancolique, pour montrer non seulement la souffrance et le mal-être du patient qui vient consulter, mais surtout le besoin de ce lieu, la nécessité de cette écoute.
La parole du personnel médical
Un entretien avec un membre du personnel soignant (une infirmière, comme nous le saurons plus tard) nous indique pour quelles raisons le patient consulte aux urgences. Une autre scène, dans un bureau, nous montre une discussion entre médecins (cette scène ressemble à un groupe Balint) qui évoquent la peur qu'ils ressentent lorsqu'ils se retrouvent devant une urgence psychiatrique. Un retour sur l'entretien précédent explique que, pour le médecin de ville, « les urgences c'est un peu une sécurité pour eux (…) ils préfèrent ne pas être dans l'affaire » ; mais que « souvent les malades ont besoin de parler, d'être rassurés, souvent les symptômes qu'ils décrivent ne sont pas organiques du tout ». Les deux situations : entretien avec la femme des urgences et le groupe de discussion entre médecins s'alternent pour mieux expliquer les différentes approches et visions.
Plusieurs consultations suivent, toujours reliées avec des entretiens avec l'infirmière des urgences, un interne de garde, un psychiatre. Ils expliquent l'importance de l'équipe de soin, la nécessité de la prise en compte du facteur psychologique et psychiatrique, ce que peut faire le psychiatre pour eux.
Le film se poursuit avec des images de consultation, sous le commentaire toujours aussi mélancolique.
Fonds Eric Duvivier code 487.