Le conte de la mille et deuxième nuit (1927)

De Medfilm



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Titre :
Le conte de la mille et deuxième nuit
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Durée :
09 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc - 35 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

« Ministère de la Santé Publique, Office national d'Hygiène Sociale, Commission Générale de Propagande ; Musique : Edouard Flament ; Production : Jean Benoit-Lévy. »

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Présentation des symptômes de la syphilis et rôle de prévention de l'O.N.H.S (Office National de l'Hygiène Sociale)

Genre dominant

Fiction

Résumé

Un film d'éducation sanitaire qui se présente sous la forme d'un film d'animation destiné à un public spécifique : les populations indigènes d'Afrique du Nord. Entre tradition de couleur et animation pour « illettrés », le film met en scène Mohamed ben-Chegir. Cet homme arabe était fort, rapide et souple ; il est devenu faible et malade. La cause en est une mystérieuse maladie ayant eu pour origine un bouton sur la bouche, auquel Mohamed ben-Chegir ne voulut pas prêter attention. Un jour, une équipe de l'Office National d'Hygiène Sociale arrive dans son village et présente un film d'information sur les maladies vénériennes, ce qui lui fait comprendre les causes de son malheur. Il se décide à aller au dispensaire et, grâce aux soins prodigués, il retrouve sa santé et sa vigueur.

Contexte

La maladie et sa prise en charge

Affection microbienne contagieuse, la syphilis a pour agent le tréponème pâle et se transmet par les rapports sexuels. Son évolution se fait en trois phases successives : le stade primaire au bout de trois semaines avec l’apparition d’un chancre et de ganglions non douloureux, le stade secondaire entre six semaines et trois ans avec des lésions cutanées, le stade tertiaire avec une dégradation générale de l’organisme puis du système nerveux.

Cependant les évolutions médicales pour la soigner sont de plus en plus perfectionnées. L'intervention des pouvoirs publics par la surveillance sanitaire des marins, des soldats et des prostituées, ainsi que l'introduction de nouvelles thérapeutiques comme l'iodure de potassium, et ceux de l'hygiène, font sensiblement reculer toutes les maladies vénériennes entre le milieu du siècle et 1880. Dès 1905, les Allemands Fritz Richard Schaudinn et Paul Erich Hoffmann découvrent l'agent de la syphilis, un spirille nommé "tréponèm pâle". La même année, Wassermann met au point un séro-diagnostic qui permet d'identifier la maladie dès ses premiers stades. Pour le mettre en évidence, ils emploient le le microscope à fond noir mis au point par Siedentopf et Zsigmondy en 1903. En 1909, Jean Comandon mobilise ce même microscope pour réaliser dans l'Hôpital Saint-Louis des prises de vue micro-cinématographiques du même spirille.

En 1910, Paul Ehrlich et Sahachiro Hatta découvrent l'arsphénamine ou '606' (le produit sera commercialisé sous le nom de Salvarsan). Viendront le '914' ou Néo-Salvarsan puis le '910' ou Stovarsol. Les numéros correspondent à ceux des dossiers dans l'ordre des expérimentations animales. En 1921, Ernest Fourneau, met au point un dérivé de l'arsenic à l'institut Pasteur : le Stovarsol. Ce dérivé est plus stable et se prend par voie orale. En 1934 le principe actif du Salvarsan, découvert en 1920 par Carl Voegtlin et Homer Smith, est introduit par le traitement de la syphilis sous le nom de Mapharsen. L'arrivée des traitements par sulfamides puis par antibiotiques a donné l'espoir de pouvoir éradiquer, sinon toutes, du moins les plus graves des MST, et jusque vers 1965, la diminution continue des nouvelles contaminations l'a laissé espérer.

L'organisation de l'information et de la prévention publique

Par le décret du 27 janvier 1920, Millerand crée le ministère de l'Hygiène, de l'Assistance et de la Prévoyance sociale, à la suite d'une pétition déposée à la Chambre des députés le 27 février 1919 par les associations de lutte contre les fléaux sociaux et les groupes parlementaires qui les représentent. La création de ce nouveau département résulte de la juxtaposition des services du ministère de l'Intérieur, notamment ceux de l'assistance et de l'hygiène, et de ceux du ministère de la Santé, et les services du ministère du Travail, en particulier ceux de la mutualité et de la prévoyance. Mais le ministère de l'Hygiène est peu doté et le ministère du Travail s'oppose au projet et refuse de débloquer les fonds nécessaires. Lorsque, en 1924, le ministère de l'Assistance, de l'Hygiène et de la Prévoyance sociale disparaît et est absorbé par le ministère du Travail, il n'y a plus de place pour le projet. Justin Godard, radical-socialiste déjà engagé dans la lutte contre les fléaux sociaux et M. Gunn de la Fondation Rockefeller élaborent un projet d'Office destiné à coordonner les activités des services d'hygiène et de santé publique. Le 4 décembre 1924, l'Office national d'Hygiène sociale est créé, sous la direction de Jules Brisac, ancien directeur de l'hygiène au ministère de l'Intérieur. Il marque l'institutionnalisation bureaucratique des fléaux sociaux, sous l'influence américaine, puisque les trois quarts du budget du nouvel Office sont consacrés à la lutte contre les maladies infectieuses. Les trois quarts du budget du nouvel Office sont d'origine américaine suite à l'implication de la Mission Rockfeller. Ce n'est que quatre ans plus tard que le budget français dépasse celui de la fondation philanthropique. L'objectif de l'Office était de "rassembler et mettre à jour la documentation sur la situation sanitaire de la France, " en inventoriant les documents relatifs à l'hygiène, aux maladies sociales et à leur prophylaxie ; d'assurer la coordination des efforts entre les pouvoirs publics et les organismes sociaux " Plusieurs services sont créés : Études techniques, Enquêtes départementales, Documentation et statistiques. Enquêtes, documentation et statistiques départementales. Les principales associations y sont représentées : la CNDT, la Ligue contre le péril vénérien, la Ligue nationale contre l'alcoolisme, le Comité national de l'Enfance, la Ligue contre le cancer... Mais la crise économique et les restrictions ont conduit à la suppression de l'Office le 4 avril 1934.

Syphilis et cinéma

Tout le temps où la syphilis s'est imposée comme fléau social, Le problème des médecins demeure l'ignorance de la population devant la menace qu'elle représente. Les campagnes d'information ne parviennent pas à la sensibiliser de façon déterminante. D'où le recours de plus en plus fréquent au cinéma : ce médium attire les foules et présente un réel potentiel pédagogique en présentant des agencements de vues réelles, de schémas animés et d'images microcinématographiques. Le Dr André Cavaillon, responsable au Ministère de l'Hygiène publique, spécialisé dans la prévention du péril vénérien, en est convaincu. Le film Il était une fois trois amis lui paraît exemplaire à ce titre, par l'efficacité de son exposé et son choix de la fiction pour le présenter : "Ce n'est pas uniquement le genre documentaire qui doit uniquement instruire le public. Il faut faire en sorte que le public soit presque inconscient qu'il est en train d'assister à un film d'instruction. Quoique des films dramatiques de ce type soient difficiles à faire, ils peuvent être faits, comme le prouve l'expérience (ainsi Il était une fois trois amis, œuvre du Dr Devraigne, chef de la maternité Laribosière, et de Benoit-Lévy.)" (Dr André Cavaillon, Le cinéma et les campagnes contre les maladies vénériennes).

Syphilis et contexte militaire

Avec la Première Guerre mondiale, la recrudescence de pathologies infectieuses dans le milieu militaire comme la blennorragie et la syphilis a imposé d’ajouter, au moyen de la propagande sanitaire, une nouvelle guerre à celle qui se traduit par le conflit armé. La peur de la sanction ou de la stigmatisation poussait les soldats infectés à ne pas déclarer leur situation, différant de cette façon le traitement nécessaire et favorisant le cycle de contamination. Afin de les inviter à se manifester, les autorités ont senti la nécessité d’adopter un discours compréhensif à leur égard, compte tenu de leur éloignement de leurs familles.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Oui.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le film se veut très pédagogique et emploie le mécanisme du avant/après couplé à des métaphores animalières très faciles à saisir sans avoir à lire les cartons. En général, les images suffisent à comprendre le film. Cependant, le carton final tente de mettre en avant la fiabilité d'une organisation telle que l'O.N.H.S. Les cartons en arabe, leur lecture par le commentaire dans cette même langue et leur transcription en français font aussi de ce film, destiné aux populations indigènes d’Afrique du Nord, un outil d'apprentissage de la langue française. Nous pouvons également supposer que la mise en scène de personnages arabes vise à sensibiliser le public métropolitain par une transposition de situations auxquelles il est lui-même exposé.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Elles sont représentées comme étant les seules garantes d'un traitement et d'une prévention efficaces contre la maladie.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Villes et villages d'AFN

Communications et événements associés au film

Public

Grand public

Audience

Descriptif libre

Tous les cartons apparaissent et sont lus en langue arabe, puis ils figurent en français pendant la lecture.Sur un fond animé présentant une fontaine de style oriental, apparaît le texte suivant : « Il était une fois un arabe : Mohamed ben Chegir ».
Comparaison du protagoniste avant et pendant la maladie
Un fondu au noir amène à la comparaison de l'état du protagoniste avant et après un événement qui semble alors inconnu. Dans une première partie, Mohamed ben-Chegir est successivement comparé à un lion dont il avait la force, tandis qu'il se fait maintenant terrasser par une chèvre ; à un lévrier qu'il avait battu à la course, tandis qu'il peine maintenant à rattraper un âne ; à une panthère dont il avait la souplesse, tandis que c'est maintenant avec difficulté qu'il enjambe un muret avant de tomber de l'autre côté ; et à un méhari qu'il avait fatigué, tandis qu'il se déplace maintenant avec beaucoup de mal, appuyé sur un bâton. Chaque scène le présente avant, fort et en pleine santé, et après, faible et malade. Elles sont liées l'une à l'autre par un carton : « et maintenant ». Une dernière comparaison, illustrée par deux courtes animations sans animal, est faite entre son aspect auparavant « beau comme le jour » et maintenant sombre, les joues creusées et l'air maussade.
Cause de son état
Carton : « Qu'est-il donc arrivé à Mohamed ben Chegir ? » sur lequel figure le protagoniste, à gauche du texte. Nouveau carton : « un bouton », sur fond de tapis oriental. Un dessin du visage du protagoniste nous est alors montré en gros plan, laissant voir le bouton en question, sur sa lèvre inférieure. Nouveau carton qui nous livre alors les pensées du personnage : « Bah! C'est un simple bobo... ça ne fait pas de mal... ». Après avoir montré le protagoniste insouciant, un autre carton apparaît : « Le bobo a disparu... Quelques années se sont écoulées... mais Mohamed est bien changé. ».
Intervention de l' Office National d'Hygiène Sociale
Un carton fait la liaison avec la partie précédente : « Un jour... ». On aperçoit ensuite un véhicule de l'O.N.H.S. passer à l'arrière-plan. Mohamed l'aperçoit. S'en suit un plan présentant un attroupement devant le véhicule. Par un gros plan, nous voyons une affiche placardée dessus. Elle annonce une conférence, avec séance de cinéma, tenue par l'Office National d'Hygiène Sociale et par le service de prophylaxie des maladies vénériennes de la direction de l'assistance et de l'hygiène publiques. Son sujet est les fléaux sociaux.
Projection du film de prévention
En plan d'ensemble, la salle de projection à laquelle s'est rendu Mohamed. La salle plonge dans l'obscurité. Sur l'écran, le titre de la conférence : « Les Maladies Vénériennes ». Le spectateur est aussitôt mis à la place de Mohamed, spectateur du film. Une séquence présente une liste des symptômes de la syphilis, illustrés par de courtes séquences animées ainsi que par des images d'archive choquantes. Apparaît d'abord la folie, avec le dessin d'un homme aux yeux exorbités, bouche bée. Puis vient la cécité, avec le dessin d'un homme la main tendue comme s'il mendiait apparaît. Le film présente ensuite le danger héréditaire de la syphilis avec un enfant ayant des déformations et une dentition en bien mauvais état montrée en gros plan. Suivent les premiers symptômes de la maladie : dos couvert de tâches, gros bouton au niveau de la lèvre supérieure d'une femme, similaire à celui qu'avait Mohamed.Le film de prévention se clôt sur un carton incitant les personnes ayant reconnu chez eux ce type de symptômes à consulter un médecin immédiatement.
Soin du protagoniste
La projection est finie, Mohamed reste seul dans la salle, un carton apparaît : « Mohamed a compris... le bouton qu'il a eu n'était pas un simple bobo. » Il se rend alors à une consultation médicale au dispensaire indigène. Un carton nous annonce sa guérison à force de traitements au dispensaire.De courtes séquences d'animation nous montrent son état de bonne santé retrouvée, faisant appel aux comparaisons animalières déjà évoquées au début : il est de nouveau fort comme un lion, souple comme une panthère, rapide comme un lévrier et infatigable comme un méhari. Un carton nous annonce qu'il a d'ailleurs engendré de « nombreux enfants, solides et bien portants ». Une série de dessins d'enfants suit cette annonce.
Cartons de mise en garde et de conclusion
Le film se clôt sur deux derniers cartons. Le premier met en garde et incite à se méfier des « faux remèdes et faux guérisseurs », et à consulter un médecin. Le second présente l'O.N.H.S. comme une organisation fiable et sûre en ce qui concerne la santé et l'hygiène sociale.

Notes complémentaires

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Christian Bonah, Emmanuel Nuss, Justine Aumaître