La femme 100 têtes (1967)
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Sommaire
Générique principal
Assistant réalisateur : Albert Luzuy / Sénario : Eric Duvivier, d'après une œuvre de Max Ernst (adaptation libre) / Commentaire : Max Ernst dit par Jean Servais (avec la voix de) /Images : Pierre Fournier / Décors : Jean Caillon et Philippe Sevin / Régie : Maurice Magalon
Contenus
Sujet
Adaptation libre et partielle de l'oeuvre de Max Ernst La femme 100 têtes(1929), roman qui se présente sous la forme d’une succession de gravures réalisées à partir de ‘’collages’’. .
Genre dominant
Résumé
Les images de ce film sont tirées des gravures réalisées à partir des collages de La femme 100 têtes de Max Ernst (1929). Il s'agit d'une succession de tableaux reliés les uns aux autres par la même tonalité poétique qui s'appuie sur l'imaginaire érotique lié au corps féminin et sur l'imagerie propre à l'art de vivre bourgeois et au développment de la civilisation industrielle.
Contexte
Une contractualisation de Sciencefilm avec le Laboratoire Sandoz
Par une convention, rédigée le 4 juin 1965, qui lie Sandoz à la société Science film, Eric Duvivier s'engage à "réaliser pour le compte des Laboratoires Sandoz, dans un délai de maximum 8 mois, un film de 35mm, noir et blanc, sonore, d'une durée de 25 minutes environ, adapté de la femme 100 têtes, oeuvre de Marx Enst." Le financement prévu doit couvrir l'achat des droits d'adaptation et la réalisation. Les laboratoires Sandozz disposent des "droits d'utilisation du film", de la possibilité de procéder à des copies 16 mm. Les diffusions à l'initiative de Sciencefilm supposent leur accord. (Dossier de production Science film La femme 100 têtes - archives DHVS).
Une "adaptation" d'une oeuvre diffusée en 1929 par Max Ernst
D'après le site de la Librairie "Ombres blanches" : "Publié en 1929, La Femme 100 têtes est le premier des trois grands romans-collages de Max Ernst. Pour élaborer ce poème visible qui s'apparente au cinéma et à la lanterne magique, l'artiste allemand a puisé à la fois dans les revues scientifiques et les romans-feuilletons du XIXe siècle. Breton, qui l'a préfacé, y voyait le livre d'images de ce temps où il va de plus en plus apparaître que chaque salon est descendu au fond d'un lac. Desnos, qui lui consacra un article, y trouvait un goût de meurtre et de sang." (https://www.ombres-blanches.fr/product/ean/9791093699080/max-ernst-la-femme-100-tetes). Le livre marque l'introduction de l'alter ego préféré d'Ernst, Loplop, "l'oiseau supérieur". Ernst s'est beaucoup investi dans les livres illustrés au cours des années 1930 ; outre ses romans en collage, il a créé de nombreuses gravures et lithographies pour compléter les poèmes et les récits des écrivains surréalistes avec lesquels il était étroitement associé.
André Pieyre de Mandiargues et le mouvement surréaliste.
La note liminaire du film La femme 100 têtes, qui consiste en sa présentation aussi bien que sa critique, a été rédigée par le poète André Pieyre de Mandiagues (1909-1991). Sa première publication, Dans les années sordides (1943) rapporte une suite d'hallucinations. Le long poème qu'il écrit ensuite, Hedera (1945) recherche l'alliance entre le symbolisme et l'érotique. Dès lors, Pieyre de Mandiargues publie régulièrement (Le Musée noir, 1946 ; Soleil des loups, 1951 ; Marbre, 1953 ; L'Âge de craie, 1961). Il participe, toujours un peu en marge, au mouvement surréaliste.
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Non.
- Images en plateau : Non.
- Images d'archives : Oui.
- Séquences d'animation : Oui.
- Cartons : Oui.
- Animateur : Non.
- Voix off : Oui.
- Interview : Non.
- Musique et bruitages : Oui.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
Le spectateur doit chercher les liens, souvent obscurs, entre les commentaires et les images auxquelles ils sont associés. Celles-ci consistent entre la reprise des gravures originales de Marx Enst et des prises de vues qui en imitent le caractère hétéroclite et insolite. De cette façon, le film de Duvivier propose un développement par le cinéma d'une oeuvre déjà réalisée. Il serait en quelque sorte un hommage à la tradition iconographique des Surréalistes, davantage qu'une oeuvre elle-même. Il est intéressant à cet égard de noter que la réalisation est en noir et blanc et qu'elle recourt fréquemment à la surimporession : par son choix de ce procédé, comme par son choix chromatique, elle évoque les oeuvres cinématographiques majeures du mouvement surréaliste qui datent du cinéma muet (L'étoile de mer par Man Ray et La coquille et le clergyman de Germaine Dulac ont été réalisés en 1928, L'âge d'or de Luis Bunuel a été réalisé peu après, en 1930.)
Dans le carton liminaire dont il signe le texte, le poète André Pieyre de Mandiargues, lui-même en relation avec le groupe surréaliste, estime que "malgré les difficultés inhérentes à une transposition dynamique de planches au caractère d'antagonisme statique, Eric Duvivier a fort bien réussi dans sa tentative."
Dans une plaquette éditée pour la diffusion en salles de la série Hallucinations dont La femme 100 têtes est l'un des volets, Éric Duvivier explique son intention pour ce film : "Le livre d'images obtenu (par Marx Ernst) constitue l'approche la plus étonnante, la plus dépaysante des profondeurs de l'inconscient, lorsque émerge des rêves éveillés et des rêveries hypnagogiques tout le cortège des visions et des obsessions surréelles de la vie intérieure. Cette surréalité est empreinte d'innombrables mouvements, elle est essentiellement dynamique. il était donc intéressant de transformer le livre d'images gravées et statiques de Marx Ernst en un film d'images mouvantes et vivantes en utilisant les mêmes juxtapositions, les mêmes surimpressions que les collages originaux. (...) puisse cet essai cinématographique apporter quelques contributions aux passionnantes recherches du surréalisme dans l'exploration de l'insconscient" (Éric Duvivier, plaquette de présentation de la série Hallucinations, s.d.). Par ce texte, Duvivier justifie ce film en tant que production liée à la santé et la médecine puisque son inspiration a trait à l'exploration de l'inconscient. Il y affirme aussi sa volonté de poursuivre, par une transposition cinématographique, la logique de l'oeuvre d'Ernst qui consiste à imprimer une dynamique à l'image fixe par ses collages.
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
La médecine est approchée sous l'angle psychanalytique : il représente selon la firme Sandoz qui l'a produit "une contribution aux passionnantes recherches du surréalisme dans l’exploration de l’inconscient." Puiser dans le savoir psychanalytique justifie que ce film, avant tout d'inspiration artistique, figure dans le catalogue de la cinémathèque du laboratoire pharmaceutique.
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
Circuit des exploitants d'art et essai, circuit médical
Communications et événements associés au film
Affiche de la série Hallucinations qui comprend La femme 100 têtes, Concerto mécanique pour la folie, Images du monde visionnaire, La perception et l'imaginaire. La revue Dossiers art et essai (consacrée à l'actualité du film de cette catégorie) consacre deux pages à la présentation de ces 4 mêmes films, cette fois regroupés sous le titre Mondes hallucinés.
Public
tout public
Audience
Descriptif libre
La démarche expliquée par André Pieyre de Mandiargues : une adaptation cinématographique de l'œuvre graphique de Max Ernst
Écritures en noir gras sur fond blanc : « C'est en 1929 que parut La femme 100 têtes, premier grand recueil de collages (découpages) de Max Ernst, et de ce temps-là nous sommes fondés à dire qu'il est l'âge d'or du surréalisme, puisqu'il vit la publication à peu près simultanée d'œuvres capitales de Breton, d'Aragon, de Péret et particulièrement d'Eluard, dont l'esprit, à ce qu'il me semble, est inséparable de celui qui anime les images de Max Ernst. La poésie surréaliste usant, à la manière des rêves, du contraste entre des éléments disparates mais reliés par une certaine continuité d'allure obsessive, je pense que Max Ernst a voulu la renouveler en inventant un livre bâti non pas d'images verbales mais de gravures détournées d'illustrés anciens, modifiées, appropriées à sa fantaisie personnelle, et faire de la contemplation de ce livre (pages tournées rapidement) quelque chose comme une séance de lanterne magique. Le poème visuel de Max Ernst est un peu de la famille des ancêtres du cinéma. Il est donc naturel qu'on ait voulu le porter à l'écran. Malgré les difficultés inhérentes à une transposition dynamique de planches au caractère d'antagonisme statique, Eric Duvivier a fort bien réussi dans sa tentative, et je me plais à saluer en elle le meilleur film surréaliste qui nous ait été offert depuis trente ans ou davantage. André Pieyre de Mandiargues ».
Montage musical et prises de vues imitant les gravures
Le film se déroule comme une succession de "tableaux vivants" captés par le cinéma. Souvent filmés en plan général, ils consistent en des compositions soigneusement élaborées, où les personnages s'inscrivent dans des décors hétéroclites qui recyclent les codes du paraitre et de l'art de vivre au XIXe siècle. Y projeter des personnages nus, surtout des femmes, aux comportements insolites, vise à subvertir ces codes par l'introduction d'éléments de déraison et d'érotisme. L'histoire (s'il y en a une) et celle du destin de la femme "100 têtes". Plusieurs personnages reviennent comme Loplop.
Les musiques employées: Stravinsky, Le Baiser de la Fée – Coda, ballet de 1928, début de : Carl Orff, Carmina Burana – Fortuna Imperatrix Mundi, cantate de 1935-1936.
Notes complémentaires
réf. du doc au CIL : Cote 273 + dossier sur le film (brochure, commentaires en français et en espagnol). Réf du doc au CERIMES : DVD n° 08671 (+ BétaSP)
Références et documents externes
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : Caroline Ruebrecht, Joël Danet