La contraception moderne (1974)
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Main credits
Docteur Henri Rozenbaum / Animations : Yves Le Tallec – Nicole Armagnac / images : René Gosset – Claude Rochefort / Montage : Albert Luzuy / Son : Joël Courtinat / Réalisation : Eric Duvivier / régie de production sciencefilm
Content
Medical themes
Theme
Information sur l'actualité des méthodes de contraception à l'époque du film (1970)
Ce film est la version abrégée de La contraception moderne (version complète).
Main genre
Résumé
Description des méthodes de contraception par des schémas animés et des prises de vues réelles restituant des consultations et des séances de formation. La pose de stérilets et la prise orale de pilules sont plus précisément décrites.
Context
Ce film est produit et projeté dans la foulée de l’invention et de la commercialisation des premières spécialités œstro-progestatives contraceptives (pilules) et de la loi Neuwirth du 19 décembre 1967 qui dépénalise la contraception. La généralisation des pratiques contraceptives, ainsi que le contrôle médical qu’elles supposent sont l’objet de vives protestations et de controverses importantes portant sur l’innocuité et la légitimité de l’usage de dispositifs contraceptifs.
Concernant le tableau qui ouvre le film, Le Musée Spitzner de Paul Delvaux :
Le Musée Spitzner désigne une collection constituée essentiellement de cires anatomiques rassemblée par l’anatomiste indépendant Pierre Spitzner (1813-1894). Il fonda en 1856 son « Grand musée anatomique et ethnologique » installé tout d’abord à Paris, au pavillon de la Ruche (actuelle place de la République). Spitzner avait travaillé dans le milieu des préparateurs anatomiques. Il n’était pas médecin mais se faisait appeler « Docteur » pour accroître sa légitimité scientifique.
Le musée Spitzner s’insère dans un mouvement important de créations analogues dans la seconde moitié du XIXe siècle, dans le contexte du développement des fêtes foraines. Ces nouveaux types de musées n’ont pas un objectif pédagogique aussi clair que les musées « classiques ». Leur but est lucratif, il faut donc toucher et attirer le grand public, ce qui explique la nature spectaculaire de certaines de leurs pièces. Ces collections ont recouvré une vocation pédagogique par la suite, au prix d’une retraduction moralisatrice, comme en témoignent les collections « d’hygiène sociale ».
Vers 1885, le feu ayant détruit le pavillon de la Ruche, Spitzner se fit forain. Il parcourut l’Europe au gré des foires avant de s’installer définitivement à Bruxelles, à la foire du Midi. Son musée, perpétué par son épouse après son décès, y connut un vif succès et une longévité particulière, contrairement aux autres musées forains qui déclinèrent dans la première moitié du XXe siècle.
Tombée dans l’oubli à partir des années 1950, la collection fut redécouverte à la fin des années 1970 puis réexposée en Belgique en 1979 et à Paris en 1980. Elle fut rachetée par le laboratoire pharmaceutique Roussel-Uclaf-Rohr dans les années 80, restaurée, donnée à la Société française d’anatomie normale et pathologique en 1997 puis à l’Université de Montpellier en 2011.
Le peintre surréaliste belge Paul Delvaux (1897-1914) eut une « révélation formidable » lorsqu’il visita le « musée » en 1932 :
« C’était une baraque garnie de rideaux de velours rouge et de chaque côté il y avait un tableau peint vers 1880, je crois. Un côté représentait une femme hystérique qui était en transe à un auditoire de savants et d’étudiants. Cette peinture était impressionnante parce qu’elle était réaliste. Et au milieu, dans l’entrée du Musée, se trouvait une femme qui était la caissière ; puis d’un côté il y avait un squelette d’homme et un squelette de singe et de l’autre côté encore une représentation des frères siamois. À l’intérieur on voyait une série assez dramatique et terrible de moulages anatomiques en cire qui représentait les drames et les affres de la syphilis, des déformations. Et cela au milieu de cette joie factice de la foire… Cela a laissé des traces profondes très longtemps dans ma vie […] La découverte du musée Spitzner m’a fait virer complètement dans ma conception de la peinture. J’ai trouvé alors qu’il y avait un drame qui pouvait s’exprimer par la peinture tout en restant plastique. »
Structuring elements of the film
- Reporting footage : Yes.
- Set footage : No.
- Archival footage : Yes.
- Animated sequences : Yes.
- Intertitles : No.
- Host : No.
- Voix off : Yes.
- Interview : No.
- Music and sound effects : Yes.
- Images featured in other films : No.
How does the film direct the viewer’s attention?
Par les avis qu’il donne à ses patientes, le personnage de médecin mis en scène informe en même temps les collègues qui regardent le film. La formation se fait ainsi par patients interposés, ceux qui figurent dans le film.
Des schémas animés font voir un fonctionnement relativement mécanique du corps, notamment en ce qui concerne les hormones, afin d’expliciter le fonctionnement des divers dispositifs envisagés.
Le langage employé alterne entre d'une part, des mots empruntés au langage courant et un ton assuré dans les séquences avec des adolescents et des patientes et d'autre part des termes médicaux extrêmement précis et techniques dans les séquences explicatives animées.
How are health and medicine portrayed?
La médecine est représentée par le personnage du médecin : homme avisé, préoccupé de pédagogie envers ses patients, cependant désincarné par son ton neutre.C'est le corps médical qui prend en charge la question de la santé du particulier. Par sa connaissance informée par la science et sa pratique, il détient le savoir nécessaire à son maintien.
Broadcasting and reception
Where is the film screened?
Circuit professionnel, diffusion de prestige dans les salles d’exploitants
Presentations and events associated with the film
Plaquettes pour annoncer les séances de prestige
Audience
Médecins (généralistes, gynécologues)
Local, national, or international audience
Description
Les questions que soulève la contraception
Ouverture sur la reproduction d’un tableau de Paul Delvaux, intitulé Le musée de Spitzner, qu'il a peint en 1943, références qui ne sont pas précisées dans le film. Il ne s'agit pas d'une représentation réaliste du musée tel que l’artiste a pu le visiter en 1932 mais plutôt d’un collage d’éléments et d’impressions, à la manière d’un rêve (en accord avec les principes du surréalisme). Le tableau d’André Brouillet, Une Leçon clinique à la Salpêtrière, qui se trouvait à l’entrée du musée est évoqué dans le tableau de Delvaux, à la fois par la position de la femme debout, les bras en arrière, et par la présence d’hommes bien mis dont certains observent la femme. Le contraste entre leur tenue vestimentaire impeccable, la poitrine nue de la femme et son air résigné, voire douloureux (rappelant certains tableaux de saintes allant au martyre), rappellent les accusations d’incitation au voyeurisme qui ont été portées contre le musée Spitzner, notamment en 1881 lorsque l’affiche de Jules Chéret annonçant l’ouverture du musée représente, dans son registre inférieur, un personnage masculin dévoilant une femme nue devant une assemblée d’hommes en redingote. Enfin, le fait que la femme du tableau soit partiellement dévêtue fait penser à une pièce en particulier du musée de Spitzner qui représente une césarienne et où la femme (en cire) est entièrement vêtue d’une longue robe ou chemise de nuit blanche ouverte uniquement au niveau de l’abdomen pour permettre une césarienne. On notera que le visage de ce mannequin, comme celui d’autres personnages féminins du musée, ne reste pas neutre mais a une expression apeurée, voire horrifiée.
Aucune de ces références n’est précisée dans le film mais on pourrait imaginer un parallèle entre la femme partiellement dévêtue du tableau et les patientes du gynécologue du film, notamment celle à qui il pose un stérilet. Le choix de ce tableau renvoie-t-il également à une interrogation du réalisateur par rapport aux spectateurs de son film (des messieurs en costume ?) et à un éventuel voyeurisme ? Enfin, l’expression du visage de la femme du tableau annonce en quelque sorte les visages inquiets des patientes vues en consultation dans le film.
Musique de grand ensemble jazz. Référence artistique et choix de la musique pour ne pas donner au film un aspect strictement scientifique.
Générique en lettres jaunes italiques : « Docteur Henri Rozenbaum / Animations : Yves Le Tallec – Nicole Armagnac / Images : René Gosset – Claude Rochefort / Montage : Albert Luzuy / Réalisation : Eric Duvivier ». À la fin du générique, zoom sur le visage de profil de la femme peinte : elle a les yeux clos. Raccord sur une image en vue réelle d’un plan rapproché de jeune fille, dézoom sur une salle de classe remplie d’adolescents avec un homme de dos, occupant la place du professeur en amorce. Les questions fusent dans l'assistance : À quel âge peut-on prendre la pilule sans l’autorisation des parents ? Est-ce que vous pensez que les femmes doivent garder leur virginité pour leur mari ?, etc. (1'21)
L’invention de la contraception moderne
Musique jazz cool. Gros plan sur des annonces de journaux : « Appareils – usage intime – adresse… » Commentaire, voix masculine : « Préservatifs, courbes de température, abstinences périodiques… Ces méthodes ne nécessitent pas d’assistance médicale. Mais elles sont soit contraignantes, soit d’efficacité aléatoire. » Transition sur l’histoire brève de la contraception orale. Mise au point du contraceptif oral par Pincus (endocrinologue américain). Empruntée à un autre film (non cité), séquence d'explications par Gregory Pincus lui-même, parlant en anglais. Selon le commentaire, la méthode a très vite connu du succès en Occident. (2'04)
Les pilules : usages, précautions
Séquence en schémas animés pour expliquer l’action physiologique de la pilule. Trois méthodes distinctes de contraception orale - la méthode associée ou combinée, la méthode séquentielle et la méthode ininterrompue - sont présentées par des séquences en schémas animés représentant leur mode d’action physiologique. Cette explication emprunte des termes spécialisés (progestatif de synthèse, stimuli hypophysaires, pic de LH pré-ovulatoire, endomètre hyperplasique, etc.), ce qui semble la destiner à un public professionnel. On notera que certains schémas illustrent le propos de façon particulièrement imagée : à (2'55), la notion de "verrou" (modification de l'endomètre et de la glaire cervicale) est traduite en image par l'apparition de deux verrous différents sur l'utérus ! L'efficacité des trois méthodes est comparée et le pourcentage d'échecs représenté par autant de landaus.
Retour de la musique jazz cool. Le médecin, en plan américain, parle au téléphone. Le commentaire : « Tout médecin sait que la tolérance clinique d'une pilule se juge entre autres au nombre d’appels téléphoniques qu’il recevra après la prescription. » Différents appels avec le médecin en in. En off la voix d’une patiente qui expose son problème. Faut-il continuer la prise après les règles ? Que faire quand il y a persistance des saignements ? Que faire si les règles ne reviennent pas après l’arrêt de la pilule ? Si celle-ci donne envie de vomir ? (À une occasion, c'est un homme qui pose la question.) Les réponses du médecin, très didactiques, sont fondées sur une compréhension médicale du corps féminin. À l'écran, elles sont illustrées en schéma animé. À (8'31), succession rapide d'images tandis qu'une voix off explique que la ménopause n'est pas influencée par un apport hormonal. Les images sont très positives et comprennent des photos de femmes élégamment vêtues, de voitures, d'avions ainsi qu'un couple à l'air heureux sur une moto. Même si ces images empêchent un peu le spectateur de se concentrer sur la voix off, peut-être ont-elles été placées là pour renforcer son message positif et amener le spectateur à associer la contraception moderne à une vie active et glamour. Coupures de journaux (du Monde) sur des faits de société relatifs à la pilule. Reflets des débats sur son commerce et son libre accès. « Les hostilités sont de causes diverses, extra-médicales le plus souvent. Aucun produit n’a été aussi longuement étudié quant à ses effets secondaires possibles. » (9'15)
Le diaphragme
Principe de fonctionnement, différentes tailles, démonstration de pose sur un moulage d’appareil génital féminin et taux d'échec. (9'54)
Le stérilet : mise en place, précautions
Son fonctionnement est expliqué par des schémas animés. De nombreuses formes de stérilets sont présentées en même temps qu’il est précisé que leur mode d’action est complexe et non totalement élucidé. Le taux d’échec est représenté par des landaus sur un schéma animé. « La taille de l’appareil joue également un rôle », précise le commentaire. Les explications sur les stérilets de deuxième et troisième génération font comprendre que les recherches continuent dans ce domaine. Même s'il est encore mal connu, l'explication du rôle du cuivre dans les stérilets de troisième génération est assez longue et répond aux questions que le spectateur pourrait se poser (comparaison des taux d'expulsion d'un modèle à l'autre, cuprémie, etc.) Noir, séquence de reconstitution de consultation pendant laquelle un médecin explique à une femme vue de dos, en amorce, le fonctionnement du stérilet. La pose n’est pas douloureuse, l’efficacité est de 99%. Contrechamp sur la femme au moment où le médecin l’invite à entrer dans la salle attenante pour la pose. Commentaire : « La mise en place du stérilet est un acte anodin, quasi indolore... » Le commentaire nomme les différents instruments réunis sur la table et montrés en gros plan. Gros plan sur la vulve de la patiente au moment de la mise en place, sans coupe au montage, du speculum, de la pince au col, de l’hystéromètre et du stérilet au fond de la cavité utérine. La précision du commentaire en fait une leçon de pose de stérilet extrêmement détaillée. Elle est complétée par un film réalisé sous amplificateur de brillance. (17'45)
La voix du médecin en off informe la patiente qu’il lui est nécessaire de sentir le « fil témoin » et lui recommande de prendre « les comprimés » prescrits si elle éprouve des douleurs. Selon la même logique que celle mobilisée pour la présentation de la pilule, le médecin, à nouveau au téléphone, répond à des inquiétudes et des questions diverses que lui soumettent les usagers de stérilet. Par ce dispositif, le film présente toutes les réponses qu’un médecin est censé donner aux éventuelles questions de patientes et de collègues. Commentaire : « Les appels téléphoniques traduisent le plus souvent l’ignorance des patients concernant cette méthode, plus qu’une mauvaise tolérance clinique. » (21'14) Succession de photos qui sont en fait des gros plans sur un collage montré dans son ensemble à la fin de la séquence. Ces photos représentent des jeunes femmes en train de faire du cheval, du ski nautique, du ski, de la plongée avec masque et tuba et en train de passer du temps avec des amies. Cette sélection d'images très positives est peut-être un moyen subtil de faire la promotion du stérilet. Courte séquence montrant une femme dans un salon de coiffure qui s'inquiète du risque de perforation utérine. Changement de plan et gros plan sur le visage inquiet de la même femme. Le cadre s'élargit : elle est en train de consulter le médecin précédent en présence de personnes en blouse blanche (étudiants ?). Le médecin s'adresse davantage aux étudiants qu'à la patiente et insiste sur les précautions à prendre pour éviter les perforations de la matrice. Ensuite le docteur répond aux questions des étudiants sur les risques de salpingite et de grossesse extra-utérine. Pendant cette séquence, l'angle de la caméra varie et alterne entre le médecin et ses auditeurs. Séquence montrant deux femmes en train de prendre le thé et de lire un journal. La femme qui se trouve face à la caméra s'inquiète de savoir si le stérilet pourrait provoquer un cancer. Changement de plan : gros plan sur son profil puis le cadre s'élargit. Elle consulte le médecin qui répond à ses interrogations. (23'30)
Conclusion : la nécessité d’informer dès le début de la vie d’adulte
Retour à la salle de classe de la première séquence du film. On comprend, par le raccord son des voix, que c’est le même médecin qui répondait au public de la séquence qui vient de précéder. Il affirme qu’il n’existe pas de moyen de contraception meilleur qu’un autre, qu’il faut s’informer des avantages et des inconvénients de chacun. Par ce montage qui montre que le médecin ne change pas de ton et reste précis, le film montre que les adolescents, filles et garçons, dans l’enceinte de l’école, ont accès à la même qualité d’information que les patients plus âgés que nous avons rencontrés dans la majeure partie de l’exposé. Ainsi ce film contribue à la formation et à l’information des médecins pour prescrire les nouveaux moyens de contraception autorisés par la législation, en même temps qu’il en appelle à la diffusion de ces informations à un public plus large, notamment en milieu scolaire.
Musique romantique pour finir, aux accents apaisants.
Fonds Eric Duvivier code 418.
Supplementary notes
References and external documents
Palouzié Hélène et Ducourau Caroline, "De la collection Fontana à la collection Spitzner, l’aventure des cires anatomiques de Paris à Montpellier", In Situ. Revue des patrimoines, 31/2017, pp. 28-29.
Contributors
- Record written by : Joël Danet, Alexis Zimmer, Élisabeth Fuchs, Sherry Stanbury
- 2 Traducteurs_vers_anglais : Sherry Stanbury