La Maternelle (1933)

From Medfilm



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Title :
La Maternelle
Year of production :
Country of production :
Director(s) :
Duration :
95 minutes
Format :
speaking film - Black and white - 35 mm
Original languages :
Subtitles and transcription :
Archive holder(s) :

Main credits

(français)

« Carl Laemmle Universal Film présente, une production Photosonor ; Madeleine Renaud dans La Maternelle de Léon Frapié ; Adaptation et réalisation de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein ;
Distribution :
- Madeleine Renaud : Rose
avec
- Alice Tissot : la Directrice,
- Henri Debain : le Dr Libois,
- Sylvette Fillacier : M’âme Cœuret
- et Mady Berry : Mme Paulin ;
- Paulette Elambert : Marie Cœuret,
- Jany Delille : la chanteuse,
- Maryane : l’adjointe,
- Van Daele : le Père Pantin,
- Alex Bernard : le Recteur,
- Ampan Maistre : Antoine
et des gosses
Prises de vues : Georges Asselin,
Ingénieur du son : Jean Dubuis,
Musique : Edouard Flament,
Couplets : Alice Verlay,
Régisseur général : Tony Brouquière, Décors : Robert Bassi.
Le mobilier de La Maternelle est de la Librairie Dalagrave ;
Enregistrement et Studios Photosonor à Courbevoie
La Maternelle… c'est le premier labourage et la première semaille… Léon Frapié »

Content

Theme

(français)

La relation d'une femme de service, Rose, avec les enfants de l’école maternelle où elle travaille et son dévouement quotidien à leur égard.

Main genre

Fiction

Résumé

(français)

Après la mort de son père et son abandon par son fiancé, une jeune femme, Rose, s’embauche comme femme de service dans une école maternelle. Travaillant sous les ordres d’une directrice bienveillante mais très sourcilleuse des règlements, elle se lie d’amitié avec sa collègue Mme Paulin et s’attache rapidement aux enfants, envers lesquels elle montre amour et dévouement. Elle recueille chez elle la petite Marie Cœuret, abandonnée par une mère volage partie avec un homme rencontré dans un bistrot. De même, elle se laisse embrasser par le père Paulin, en échange de la promesse de ne pas battre ses enfants. Impressionné par les qualités humaines de Rose, le Dr Libois, délégué cantonal en charge de l’hygiène et de la bonne santé des enfants, s’éprend progressivement d’elle. Lorsque la directrice décide de la renvoyer parce qu’elle a dissimulé son Brevet Supérieur, il insiste pour qu’elle soit maintenue à son poste. Il finit par se déclarer et propose à Rose de fonder un foyer. Marie, qui vivait une amitié exclusive avec elle, se sent à nouveau abandonnée et tente de se suicider. Comprenant la situation, ils se décident à l’adopter et Rose reste à la maternelle.

Context

(français)

Le film a pour objectif de démontrer que la maternelle constitue un endroit très important aussi bien pour les enfants que pour les parents et le personnel de l'école. Les enfants qui sont en manque d'affection maternelle cherchent à être aimés dans leur « deuxième maison ». De plus, nous pouvons voir qu'un enfant peut être beaucoup plus aimé par une femme quelconque que sa mère biologique.

Structuring elements of the film

  • Reporting footage : Yes.
  • Set footage : No.
  • Archival footage : No.
  • Animated sequences : No.
  • Intertitles : No.
  • Host : No.
  • Voix off : No.
  • Interview : No.
  • Music and sound effects : No.
  • Images featured in other films : No.

How does the film direct the viewer’s attention?

(français)

C’est à travers le regard de Rose que le spectateur voit la maternelle et ses enfants, et cette constante constitue un fil rouge durant la première partie du film. Mais progressivement, la perception du spectateur passe de Rose aux enfants. Alors qu’au départ elle les voyait, ce sont eux qui la regardent à la fin du film. Selon Valérie Vignaux : « Le récit valorise toujours les structures sociales destinées aux classes populaires et incite les jeunes femmes diplômées ou d'origine aisée à embrasser des activités salariées au détriment d'une condition d'épouse modèle. Il affirme aussi des opinions malthusiennes qui nuancent les propos natalistes des précédents films. » (Valérie VIGNAUX, "Jean Benoit-Lévy ou le corps comme utopie", Association Française de Recherche sur l’Histoire du Cinéma, Paris, 2007, p.110)

How are health and medicine portrayed?

(français)

Ce film met surtout l’accent sur l’hygiène corporelle et la propreté, d’autant que ces enfants sont issus de familles pauvres et vivent dans de véritables taudis ouvriers où la promiscuité se conjugue toujours à la malpropreté, ce dont témoigne leur état général. Le travail de Mme Paulin, de Rose et du Dr Libois est donc d’autant plus nécessaire et mis en valeur.

Broadcasting and reception

Where is the film screened?

(français)

Salles de cinéma d'Europe et des États-Unis

Presentations and events associated with the film

(français)

Audience

(français)

Grand public

Local, national, or international audience

Description

(français)

Du bal de la bonne société à la maternelle d’un quartier ouvrier
Le film s’ouvre sur une soirée dansante qui réunit la bonne société parisienne au son d’une musique entraînante. Parmi les couples présents se trouve Rose, une jeune fille de bonne famille, qui danse avec un homme distingué sous les yeux attendris de ses parents et d’autres personnes. Celui-ci l’emmène à l’écart, la fait asseoir dans un fauteuil, lui prend les mains pour les embrasser puis, sous son visage éclairé, lui passe une bague de fiançailles à l’annulaire de la main gauche avant d’y déposer un chaste baiser [02'55"].
Quelque temps plus tard, la main droite de Rose, gantée de noir, découvre la main gauche : la bague a disparu, comme la musique. Rose, toute de noir vêtue et le visage fermé, est assise dans le bureau de la directrice d’une école maternelle qui résume sa situation : la ruine de sa famille, le décès soudain de son père et son abandon par l’homme qui s’était montré si affectionné à son égard lors de la soirée dansante. La directrice lui indique qu’elle a été choisie du fait de l’intérêt de son cas, mais elle se demande pourquoi une jeune fille de bonne famille souhaite exercer le modeste emploi de femme de service, ce à quoi Rose répond qu’elle est prête à tout pour travailler immédiatement. La conversation est interrompue par un appel téléphonique d’un certain Dr Libois qui s’enquiert de la nouvelle femme de service et entre dans une colère noire en apprenant son nom, car il ne s’agit pas de celle qu’il avait recommandée. Embarrassée, la directrice essaie de se justifier par le fait que l’Administration avait fait son choix et qu’elle n’a fait que confirmer celui-ci. Après avoir raccroché le combiné, la directrice tourne vers Rose un visage déconfit pour lui dire qu’elle a eu un poste qui aurait dû revenir à une femme recommandée par « le Dr Libois », dont elle répète à trois reprises le nom pour souligner son importance, alors que la serviette et les gants qu'il a oubliés lors d'un précédent rendez-vous sont visibles sur une chaise [04'40"].
Prise de service : initiation à la misère et aux souffrances ordinaires de l'enfance ouvrière
Un panier d’où dépasse une poupée de chiffon est posé sur une étagère en bois et un long travelling arrière fait découvrir le préau de la maternelle : un cheval de bois, un pot de fleurs posé sur une table, une table ronde sur laquelle sont posées quatre chaises, des bancs alignés et, au milieu de tout cela, Mme Paulin qui lave le sol en chantant « On me dit que je suis belle / que mes yeux sont enivrants / que mon cou de tourterelle / est adorable et charmant… ». Arrive une petite fille du nom de Marie Cœuret. Elle salue Mme Paulin qui lui demande si elle a bien dormi, si c’est parce que sa mère l’a mise dehors qu’elle arrive aussi tôt et qui lui annonce que la femme de service embauchée en remplacement de « Mélanie » arrive aujourd’hui. Une souris entre dans une cage et se retrouve piégée. Marie, qui a entendu le clapet se refermer, court à la cuisine pour y découvrir « la belle petite souris ». Mme Paulin, qui se demande ce qui se passe, arrive à son tour et constate avec satisfaction qu’une « sale bête » a été prise. Marie essaye de s’échapper avec la cage, mais se fait rattraper par Mme Paulin qui la lui reprend et qui, sourde à ses protestations, ouvre le fourneau et y jette la souris. Elle retourne ensuite en chantant à son ouvrage, laissant dans la cuisine une Marie vexée [06'40"].
C’est à ce moment que Rose arrive et se présente comme nouvelle femme de service auxiliaire à une Mme Paulin étonnée, qui lui dit d’entrer et de se débarrasser. Elle lui donne ensuite son tablier et la rappelle à une plus grande ponctualité à l’avenir. Tandis que Marie regarde Rose avec éblouissement, Mme Paulin demande à celle-ci son nom et se présente comme femme de service titulaire avec vingt ans d’ancienneté. Elle s’assied pour essorer la serpillière avant de la lui donner avec le balai-brosse pour qu’elle finisse le nettoyage. « Rose de mon cœur » s’exécute sous le regard critique de Mme Paulin, qui finit par se lever pour lui demander ironiquement la photographie de celui qui lui a appris le balayage et lui apprendre qu’il se fait avec la brosse et non avec le manche. Pendant que Marie, assise sur un banc, triture et respire un des gants de Rose, Mme Paulin encourage celle-ci à balayer avec plus d’énergie. Après un moment, elle lui demande si elle aime les enfants et, devant sa réponse surprise mais affirmative, lui précise que ce travail implique de « rudement les aimer ». Un bruit continu provenant de la rue et s’amplifiant retient l’attention de Rose, qui se demande ce qui se passe, ce à quoi Mme Paulin répond qu’il ne s’agit que de l’arrivée des enfants. Rose s’approche lentement jusqu’à ce que la caméra l’ait en gros plan et, avec attendrissement et bienveillance, regarde les enfants entrer à la maternelle, parfois accompagnés de leurs parents [08'58"].
Par petits groupes, ils suspendent leurs manteaux dans le couloir avant d’aller dans le préau. Les premiers contacts ne sont pas aisés. Rose en aide l’un ou l’autre et, voyant un enfant apparemment en pleurs, lui demande ce qu’il a. Apprenant d’un autre enfant qu’il a reçu un coup de pied, elle lui demande s’il a eu mal, ce à quoi l’enfant répond que, si c’était le cas, il pleurerait davantage et la laisse avec l’impression de s’être fait berner. Deux autres enfants arrivent ensuite, l’un pour lui dire qu’il a perdu son béret et l’autre pour lui dire bonjour. Puis elle voit arriver un retardataire, se baisse pour se mettre à sa hauteur. Lui demandant son prénom, il lui répond : "Fondant". Elle lui demande en prime « un beau sourire ». À Mme Paulin qui passe à côté d’elle avec un enfant sur les bras et d’autres à la main, elle déplore le fait qu’un enfant ne sache pas sourire. Bien que celle-ci lui réponde que la vie n’est pas rose pour eux, Rose débarrasse Fondant de son manteau et lui sourit, éclairant le visage de l’enfant qui se met lui aussi à sourire [10'45"].
Dans le préau où sont assis tous les enfants, l’un d’eux demande à son voisin d’où vient son œil au beurre noir. Il lui répond : « c’est mon père. » « Mince alors, répond le premier, qu'est-ce qu'elle doit prendre ta mère. » Dialogue qui témoigne du drame ordinaire de la violence conjugale. Ironiquement, c’est à ce moment-là que la directrice, assise au piano, leur fait chanter « Petit Papa, c’est aujourd’hui ta fête / Maman m’a dit / que tu n’étais pas là… ». Les enfants quittent ensuite le préau pour la salle de classe pendant qu’à la cuisine, Rose prépare avec Mme Paulin le repas pour les 150 enfants de la cantine gratuite. Mme Paulin s’approche de Rose pour lui dire d’un air taquin qu’elle a « des yeux comme des entonnoirs à billes » et lui demander si hier était son grand jour. Premiers signes d'amitié interrompus par l'arrivée du Dr Libois. Mme Paulin précise à Rose qu’il est délégué cantonal en charge de la propreté et de l’hygiène de l’école et qu’il remplace provisoirement le médecin de service. À Rose qui lui demande s’il s’agit « d’un vieux médecin retiré », elle répond qu’il n’en est rien, l’invite à réfléchir avant de faussement parler des autres et lui rappelle qu’elle n’est pas en odeur de sainteté auprès de lui. « On peut toujours faire des misères à un subalterne, il n'y a même pas besoin de motifs » ajoute-t-elle [13'10"].
Premier face à face avec le Dr Libois et affection naissante pour une des écolières : Marie
Un robinet goutte alors qu’au même moment un enfant assoupi urine dans la salle de classe. L’institutrice le remarque et l’envoie chercher Rose, qui arrive avec une cuvette d’eau et un torchon et commence à nettoyer le sol sous les yeux du Dr Libois et de la directrice. Celui-ci dit son incompréhension devant le choix de l’Administration et reproche à Rose d’avoir pris une cuvette au lieu d’un seau et de ne pas savoir se servir de son torchon. Elle se relève et s’apprête à sortir de la salle avec sa cuvette lorsqu’elle en renverse malencontreusement le contenu sur le Dr Libois. Elle partage avec les enfants l’hilarité qu'elle a déclenchée chez eux. Alors que le docteur, furieux, quitte les lieux suivi par la directrice, Marie Cœuret se retourne vers une de ses camarades. Posant ses mains salies sur son propre visage, le barbouillant avec complaisance, elle lui dit que Rose est belle. De cette façon, elle exprime la distinction qu'elle pressent chez Rose. Marie, que l'institutrice enjoint d'aller se laver, va à Rose et lui dit qu’elle s'est volontairement salie pour être lavée par elle. Quand Rose s'est exécutée, Marie ne bouge pas et lui confie sa solitude. « Alors vous n’embrassez jamais les enfants ? » lui demande-t-elle. Devant ce nouveau témoignage de misère affective, un sourire désolé apparaît sur le visage de Rose en contrechamp. Gros plan sur son visage de madone qu'elle avance vers celui de l'enfant. « Tiens-toi droite ! » ajoute-t-elle pour réaffirmer son ascendant [16'23"].
Les enfants, accompagnés de leurs institutrices, sortent dans la cour et jouent. Séquence documentaire : ils se bousculent, pleurent, rient, crient et font des rondes sans mise en scène. « Le film se veut le plus authentique possible et, à cette fin, des vues documentaires, parfois enregistrées à l'insu des enfants, sont associées à des mises en scène qui d'un trait stylisent par les cadres ou par l'accélération du montage, les situations représentées » (Valérie VIGNAUX, "Jean Benoit-Lévy ou le corps comme utopie", Association Française de Recherche sur l’Histoire du Cinéma, Paris, 2007, p.105). Rose est postée aux cabinets. Petites scènes amusantes : un garçon veut qu'elle l'aide à sortir son « robinet » ; une fille regrette qu'elle n'en ait pas. Contrechamps sur le sourire amusé de Rose. Marie apparaît, visage fermé qui trahit son sentiment d'isolement. Survient Mme Paulin qui conseille à Rose de se méfier de cette « mauvaise tête au sale caractère, qui ne joue jamais avec les autres enfants ». « Sa mère... » ajoute-t-elle en baissant la voix. Elle chuchote la suite à l’oreille de Rose. Cut, gros plan sur des pieds de femmes, chaussés d'élégants escarpins. Au pan suivant, plan taille d'une femme se maquillant, échangeant des regards insistants avec les passants. Mise en scène stéréotypée de la prostitution urbaine qui nous fait deviner qu'il s'agit de la mère de Marie [18'30"].
Remise de distinctions. Dans le préau, les enfants, appelés nominativement, se voient remettre une croix en médaille avant de récupérer leurs paniers. Marie reçoit le sien de Rose. Elle la présente à sa mère, à laquelle elle montre avec fierté sa croix. Sa mère lui propose de la récompenser par un concert ou un jupon de laine. Marie choisit le concert. « Elle a des dispositions ! » s'écrie sa mère à l'adresse de Rose. « Au revoir ma petite Rose » lance Marie avant de partir. Regard las de Rose vers le hors champ où elle a disparu. À l'angle opposé de la salle de classe, un homme bien mis, que la directrice nomme le « président » s’étonne auprès d'elle que des croix soient encore remises aux élèves. « C'est contraire à tous les principes pédagogiques modernes ». La directrice se justifie par le plaisir que les enfants en retirent. Pendant que le Président rappelle à l'un d'eux que le travail bien fait est plus important que la remise de cette croix, un gros plan désigne une décoration à sa boutonnière : montage idéologique qui retourne au Président la leçon qu'il veut administrer aux autres. Plus tard, dans l’école vide, Rose termine le nettoyage et, épuisée, s’assied sur un banc et baisse lentement la tête. Mme Paulin comprend que ses pieds ne la soutiennent plus [20'06"].
Abandon de Marie par sa mère, Rose la prend en charge
Dans un bistrot ouvrier, scènes de danse et de ripaille. On y trouve Marie et sa mère. Elle attire aussitôt l’attention d’un homme. D’un regard aguichant, elle lui fait signe de venir et il s’approche avec un regard de convoitise, passant lentement au milieu des danseurs. S’étant assis face à elle, il tire sur sa cigarette et expire un gros nuage de fumée qu’elle avale littéralement. La dévisageant avec désir, il pose sa main sur la sienne, qu’elle retire à cause du regard soupçonneux de sa fille. Il ne s’en offusque pas, croyant celle-ci incapable de comprendre. Lui et la mère font mine d'écouter la chanteuse qui chante « La Mandoline », accompagnée par un violoniste et un mandoliniste. Manège érotique sous la table. Visage menaçant de Marie qui les surprend. L’homme qui, s’étant rendu compte que les enfants peuvent comprendre, se lève, remet son chapeau, la salue et s’en va, frustré. S’étant tournée vers sa fille, la mère essaie de lui sourire mais ne reçoit en retour qu’un visage fermé et un regard accusateur. Au retour de l’accordéon, Marie et sa mère quittent le bistrot, discrètement suivies par l’homme [25'53"].
Elles s'attardent devant une vitrine derrière laquelle un paquebot est exposé. Quand elle voit le reflet de l'homme, Marie tente d’entraîner sa mère. En vain. Celle-ci la fait partir seule avant de jeter dans les bras de l’homme et de l’embrasser vigoureusement. Seule dans leur appartement, Marie accroche avec satisfaction sa croix à sa chemise de nuit avant de se coucher. Cette croix paraît le symbole de la conduite morale à laquelle elle prétend. Le gros plan de sa main caressant sa croix à l'endroit de sa poitrine raccorde avec un gros plan de la main de l'homme enserrant vigoureusement le sein de sa mère. À la poitrine virginale, support de la distinction morale, s'oppose le sein érotique qui attire la main du désir. Dans l'appartement, Marie est apparemment plongée dans le sommeil. Entrée de sa mère qui rassemble quelques affaires dans un sac, éteint la lumière et dépose un baiser sur le front de sa fille. Gros plan sur le visage de Marie : la trace de rouge à lèvres apparaît comme une macule sur son front blanc, scène qui fait écho à celle où elle se salit volontairement le visage. Ses yeux s'ouvrent sur sa mère qui s'en va, refermant la porte à laquelle est suspendu un masque hilare qui a les traits de l'homme qu'elle va rejoindre. Paquebot en amorce du plan qui monter les deux amants s'éloignant dans la rue [28'27"].
Raccord avec un paquebot dessiné à la craie sur un tableau noir. Retour dans l'école. L’institutrice demande à Marie pourquoi elle ne le dessine pas lorsque la directrice intervient. Elle lui apprend que sa mère est partie « avec un homme qu'on recherche ». Les autres enfants, qui demandent ce qui se passe, sont calmés par l’institutrice qui les fait chanter. Dans le bureau, la directrice la fait asseoir sur une chaise musicale qu'elle a installée pour amuser les enfants. Un inspecteur déjà présent la questionne sur ce qu’elle a fait le soir précédent. À nouveau, le visage fermé de Marie. Mme Paulin, qui écoutait à la porte, se dirige à pas feutrés vers Rose, laquelle soigne Fondant qui saigne du nez, et lui résume les faits. Rose s'inquiète. Mme Paulin veut la rassurer : comme d'habitude, Marie sera confiée à la concierge. Elle s’éloigne ensuite furtivement lorsque la directrice sort de son bureau pour demander à Rose de ramener Marie à son domicile. Fondant offre à Rose le naïf dessin d’un bateau et reçoit en retour une embrassade. Désappointement de Marie. Alors que Rose l'enjoint à nouveau de se tenir « droite », elle retrousse sa manche pour montrer le nom « Rose » écrit sur son bras gauche. Sourire de Rose [31'53"].
Raccord avec le nom de « Jeannette » tatoué sur le bras d'un homme qui embrasse une femme. Nous sommes dans la rue où Rose accompagne Marie chez elle. Plus tard, à un gros plan montrant une femme maquillant ses yeux succède un plan de Marie qui l'imite : sera-t-elle gagnée par le modèle du vice qui l'environne ? La concierge de l'immeuble où vit Marie a expliqué à Rose qu'elle ne pouvait pas s'occuper d'elle. Rose, qui a vu une femme monter les escaliers avec un homme qui lui tape la fesse se résout à recueillir Marie chez elle. Il est devenu nécessaire de l'extraire de cet environnement dont elle s'est déjà imprégnée. Quand Rose lui prête une chemise de nuit, Marie la prend pour « une robe de mariée ». En amorce du plan, la silhouette d'une machine à coudre. Chez Rose file le motif du labeur et de la pureté. Quand Rose rejoint Marie dans son lit, celle-ci lui demande quelle est sa maman préférée. Elle les aime toutes, répond Rose, car « c’est ce qu’il y a de plus beau au monde », avant de lui chuchoter qu’elle « aime surtout la maman d’une petite fille comme elle ». Nouveau gros plan sur son visage qui va embrasser celui de Marie sur le front, confusion des visages dans un assortiment de rondeur, blancheur. Yeux clos ou ouverts, leurs regards tendent vers le même idéal [34'35"].
Rose mise en cause auprès de la direction. Chapardage à la cantine.
Le lendemain, sur le chemin de la maternelle, un enfant prend une fleur fanée dans une poubelle. Arrivé dans le préau, il va l'offrir à la directrice. Elle le remercie avec tact, remarque ensuite le « joli col » porté par Marie. Apprenant qu'elle a dormi chez Rose, elle se rend à son bureau où elle convoque Rose, en présence du Dr Libois. Au docteur qui lui demande si Marie lui a été confiée par sa mère, Rose admet l’avoir « provisoirement adoptée ». Elle a beaucoup appris à la maternelle, ajoute-t-elle, et en premier lieu que l’avenir des enfants dépend de ces années décisives. C'est le travail des institutrices, rappelle la directrice. Rose explique qu'elle éprouve un sentiment d’un devoir envers Marie. « Je suis toute seule » ajoute-t-elle, alors... » la directrice accepte de fermer les yeux à condition qu’il n’y ait « pas d’histoires » [36'50"].
Nouvelle situation, nouveau secret autour d'un enfant. Une femme accompagnée d’un petit garçon se rend chez la directrice. Quand celle-ci lui demande son nom, la femme lui chuchote qu’à cause de son père, on doit l’appeler simplement « Jules ». Elle invite Jules à s'asseoir sur la chaise musicale. Raccord de la musique produite par la chaise avec la musique en off qui accompagne un plan où son père apparaît en bagnard, emmené avec d'autres sur la route de Cayenne. Elle l’emmène ensuite rejoindre les autres enfants qui mangent sous le préau où Mme Paulin et Marie distribuent les repas. Profitant d’un moment d’inattention de Marie, Jules glisse la main dans son panier et y prend un sou, qu’il examine. Il le met en bouche quand Marie déclare sa disparition à la directrice et au Dr Libois. S'il n’est pas retrouvé avant la fin de la journée, dit-il aux enfants pour les intimider, un commissaire viendra arrêter Rose, coupable car responsable de la distribution des paniers [39'45"].
Au moment de desservir, Rose constate qu’une gamelle est restée inutilisée et demande le nom de l’absent à Mme Paulin. C'est Fondant qui est décédé, lui apprend Mme Paulin. Sa mère est venue chercher son panier. Sous le choc, Rose se rend dans le bureau de la directrice, y salue tristement « Madame Fondant » et pose le panier sur la chaise musicale. Le plan sur la mère qui s’en approche alterne avec un gros plan sur le visage souriant de Fondant. Revenue dans le préau où des canaris chantent dans leur cage, Rose s’assied sur un banc et pleure. Jules, s’approchant d'elle, lui apprend qu’il a retrouvé le sou : il est « dans son bide ». Comprenant qu’il l’a avalé, Rose l’emmène immédiatement chez le Dr Libois. Il interrompt sa consultation et demande à son assistante médicale un médicament pour dégager l’œsophage. Après avoir refusé, Jules cède aux supplications de Rose et du docteur et ouvre la bouche pour en avaler une gorgée qui le fait grimacer. Encore un jeu sur le visage de Rose au plus près de celui de l'enfant, dans une adoration presque compulsive. Son expression soulagée quand il a avalé le purgatif cède à une expression de gêne : elle vient de constater qu’elle a inconsciemment posé sa main sur celle du docteur. Elle se lève silencieusement et sort. Irruption de Mme Paulin qui hausse des épaules : « Au printemps, les filles à marier, ça rit, ça pleure... », explique-t-elle au Dr Libois décontenancé. Un hoquet de Jules leur fait précipitamment chercher une cuvette pour qu’il puisse y recracher le sou [42'41"].
Retour de Marie dans le périmètre de Rose. Jules a restitué à Rose le sou enrubanné. Elle l’embrasse pour le remercier. Expression mécontente de Marie qui a assisté à la scène. « Tu embrasses tout le monde! » l'accuse-t-elle. Il faudra qu'elle s'y fasse : c'est à l'enfance malheureuse que Rose s'attache irrésistiblement. D'ailleurs, quand Marie s'éloigne, c'est un autre enfant, petite fille noire, qui se jette dans ses bras. Marie s'est isolée sur un banc. À Jules qui lui rapporte son sou, elle défend d'embrasser Rose et lui tire les cheveux [43'37"].
Le drame rebondit avec la visite du recteur
Autre part dans la cour, la directrice prévient les institutrices regroupées de l’arrivée « d’un grand savant étranger », un recteur devant visiter plusieurs écoles des cinq continents pour étudier le comportement des enfants. Elle leur demande de rassembler les meilleurs enfants dans une classe. Quand elle insiste sur la nécessité de leur bonne tenue, le plan se hasarde exprès sur le postérieur à l’air de l'un d'eux. Dans la salle de classe, les élèves sont préparées par les institutrices et la directrice. Mme Paulin époussette un buste de Marianne. Rose doit aller acheter un lapin devant servir à une expérience « lapinologique » avant d’être cuisiné. À son retour, une institutrice confie à Rose la surveillance de sa classe. Marie voulant voir ce qu’il y a dans son panier, Rose retire la couverture. Elle leur présente le lapin avant de leur faire chanter « Tout le long du vert chemin / la petite bergerette / tout le long du vert chemin / cueille de l’herbe au lapin… » [47'24"].
Dans le préau, la directrice relit son discours. À Mme Paulin qui survient, elle demande de conduire le recteur à son bureau dès son arrivée. Mais le recteur, échappant à son attention, se dirige vers la salle de classe. Il y découvre Rose et les enfants chantant autour du panier contenant le lapin. L’institutrice arrive à son tour et, voyant le recteur, court prévenir la directrice et le Dr Libois qui s’inquiètent aussitôt « d’une classe abandonnée ». Aux enfants qui lui demandent ce que ce lapin va devenir, Rose répond qu’il constituera le repas du recteur. Révoltés, les enfants qualifient celui-ci de « salaud ». Arrivée entre-temps, la directrice a entendu les insultes et le tumulte que Rose a provoqués. Elle s’apprête à réprimander Rose lorsque le recteur, à son étonnement, félicite celle-ci pour sa leçon. Il explique ensuite aux enfants qu’ils auront chacun une part du lapin. La directrice demandant à Rose d'emporter le lapin dans la cuisine pour le préparer, celle-ci va s’exécuter. Mais Marie puis tous les autres s’insurgent et se saisissent du panier sous le regard hilare du recteur. La directrice réussit à rependre le panier et le donne à Rose qui sort, suivie dans un grand tumulte par presque tous les enfants [52'20"].
Cherchant confusément à s’excuser du comportement de la classe, la directrice est étonnée d’entendre le recteur en louer « l’élan de générosité » et « les sentiments d’humanité » tout en se montrant stupéfait d’apprendre que l’institutrice était en fait une femme de service. Mme Paulin, pour sa part, demande à Rose, entourée par les enfants avec le panier au lapin sur les genoux, quelle mouche l’a piquée [53'44"].
Dans son bureau, la directrice demande des explications à l’institutrice. Incidemment, celle-ci lui apprend que Rose a « son Brevet Supérieur ». Incrédule, elle convoque Rose qui le lui confirme en présence de l’institutrice et du Dr Libois. La directrice est choquée par « une telle absence de dignité » : elle s'est présentée à un poste pour lequel elle est surdiplômée. Le docteur cherchant cependant à savoir pourquoi elle a agi de la sorte, Rose explique que sa première urgence était de trouver un emploi. La directrice est scandalisée : « Une femme de service diplômée ! Il faut faire cesser ce scandale immédiatement ! » Elle exige sa démission. Lui proposant de l'engager dans un autre service où elle aurait une responsabilité conforme à ses qualifications. Rose, proteste : elle veut rester auprès des enfants. La directrice réplique que c'est une tâche pour les institutrices. Pour Rose, les enfants doivent autant être « mouchés et rafistolés » par une femme de service qu'apprendre avec une institutrice. « Qu'est-ce que ça peut lui faire à l'administration que je les mouche avec ou sans brevet supérieur ! ». « L'administration se croira obligée par morale et par dignité de ne pas vous laisser à votre basse condition à cause de vos titres universitaires ! », répond la directrice. À la distinction sociale par la qualification, Rose oppose l'ascension personnelle par la charité. Cependant, le docteur est touché par cette profession d'amour absolu pour les enfants. Aussi recommande-t-il de la garder à la directrice qui lui proposait d'embaucher à sa place celle qu’il avait recommandée. Il se charge d'annoncer à Rose son maintien à son poste en la retrouvant dans le préau. Tous les enfants courent vers elle au mécontentement de Marie. Celle-ci est encore frustrée de n’avoir plus l’exclusivité de l’affection de Rose. Elle n'admet toujours pas que l'amour de Rose est universel [56'38"].
Dévouement de Rose envers les enfants du père Pantin
Dans un logement ouvrier, étroit et gris, bondé d'enfants. L'homme appelle sa « bourgeoise » pour lui dire qu’il « travaille ce soir » avant de demander aux enfants de sortir. Ceux-ci obéissant de mauvais gré, y compris Bébert qui veut résister, vont rejoindre d'autres enfants dans l’escalier auxquels leurs parents ont également demandé de débarrasser les lieux. Une femme monte ses marches pour glisser un avis sous la porte d’un appartement ouvrier : c'est une sage-femme qui signale son changement d'adresse. Elle en distribue des exemplaires aux enfants qui continuent d'attendre, encombrant les volées et les paliers. Succession de portraits d'enfants, mal peignés, visages crasseux, œil vif. Une musique gaillarde d'accordéon est jouée quelque part dans l'immeuble. Les enfants se rassemblent devant l'une des portes et attendent en silence. Entendant les pleurs d’un nouveau-né, certains d'entre eux constatent avec dépit qu’ils ont désormais un nouveau petit frère. Une petite fille, qui porte un gros bébé dans ses bras, remarque qu’elle en aura bientôt un deuxième et espère qu’il n’y en aura pas un troisième, tandis que le petit Bébert ferme la porte à clef pour que « la Mère Dutautrou » ne puisse pas entrer ». Un autre enfant, s’apercevant que c’est l’heure de la maternelle, décide de s’y rendre et tous le suivent. La petite fille au bébé reste seule et berce celui-ci en lui chantant « Dodo, l’enfant do ». Se rendant compte que les enfants l’ont enfermé, le père se met à cogner et détruire la porte. Affolée, la petite crie depuis le palier pour lui expliquer que c’est Bébert qui a emporté la clef. Elle s’enfuit [01'02'32"].
À la maternelle, les enfants achèvent de répéter un spectacle sous la direction d’une institutrice lorsque la petite fille au bébé arrive, paniquée, et demande la clef à Bébert. Pressé par ses frères de se dépêcher, il finit par avouer qu’il l’a perdue. Rose les découvre. Mélie lui explique la situation. Elle les calme, s’engage à les raccompagner chez eux pour adoucir le père Pantin au moment où ils lui présenteront leurs excuses. Elle leur promet qu’il ne lèvera pas la main sur eux. Ensemble, ils commencent à chanter « Petit Papa, c’est aujourd’hui ta fête » lorsque le père arrive, visiblement ivre. « Pourquoi t'es-tu débiné ? » demande-t-il à Bébert. Rose s’approche, avec les enfants agrippés à sa robe.
« C'est pas bien drôle de passer les jeudis dans l'escalier, hein ? » réplique-t-elle avec un ferme sourire.
Le prenant de haut, le père Pantin lui signifie qu’il ne fait que participer au repeuplement souhaité par le gouvernement et que le nombre de ses enfants excède la capacité de son logement. Demandant à nouveau à Bébert la raison de sa fuite, et furieux de s’entendre répondre que c’était pour empêcher « la Mère Dutautrou » d’entrer, il s’apprête à le frapper lorsque Rose s’interpose en le regardant droit dans les yeux. Le père Pantin change d'attitude. Son regard se met à briller, son sourire est ambigu. Puisqu'elle « n’a pas peur des hommes », elle se laissera bien embrasser. Rose marchande : elle se laissera faire pourvu que le père Pantin ne batte pas les enfants. Elle tend la joue avec répulsion. Il lui serre la taille pour l'embrasser sensuellement dans le cou. L’adjointe arrivant dans le préau, assiste à la scène. Elle n'a pas vu le visage révulsé » de Rose, masqué par le corps de l'homme qui la couvre. Levant les yeux au plafond, ou plutôt au ciel, l'adjointe se dirige sans mot dire vers le bureau de la directrice. Mme Paulin, occupée à doucher un enfant, a observé la scène avec inquiétude. Marie aussi a tout vu. Elle prend l’éponge de son petit tableau noir pour essuyer le cou de Rose. Geste de dépit de l'enfant qui redoute que Rose puisse suivre le chemin de sa mère. Rose, pour recouvrer son autorité, l'enjoint une fois de plus de se tenir « droite ». Marie, en effet, a adopté une posture de bossu, comme toutes les fois où elle est renvoyée à ses phobies nées du comportement de sa mère. Rose ne lui donnera pas d'explication, ce sont des agissements d'adultes. Cependant, elle incline son visage sur l'épaule de Marie, comme pour y chercher un réconfort [01'06'29"].
Dans le bureau de la directrice, l’adjointe, outrée, rapporte l’incident. Croyant qu’il s’agit de Mme Paulin, le Dr Libois dit en plaisantant qu’il ne la croyait pas « si ardente » mais, apprenant que c’est Rose, il refuse de la croire. Vexée de voir sa parole mise en doute, l’adjointe demande à la directrice de convoquer Mme Paulin. Celle-ci se livrait à l’épouillage de « Totor Ménin ». À remarquer que cette opération se déroule dans une salle claire, pourvue de lavabos et de baignoires, avec de larges pans de vitres ouvrant les murs : l'équipement de l'établissement reflète un effort hygiéniste. Mme Paulin chez la directrice va tâcher de tourner la situation en la faveur de Rose : confirmant que Rose s’est bien laissée embrasser par le père Pantin, elle précise que c’était contre la promesse de ne pas battre ses enfants. « Rose s'est laissée embrasser par amour, mais c'est par l'amour des gosses ». Elle suppose, ajoute-t-elle, que l’adjointe n’aurait pas eu le même succès. Au docteur : « Ça vous aurait pas rendu tout beurre, vous, d’embrasser Rose ?». Colère de la directrice : malgré ses bonnes intentions, affirme-t-elle, Rose ne peut rester à la maternelle. Gros plan sur le visage du Dr Libois : il sourit, il est tout à fait conquis. Il lui reste à sauver la situation. Sous le premier prétexte, il sort précipitamment du bureau, laissant les deux femmes interdites, se rend auprès de Mme Paulin qui est retournée à son épouillage et la gratifie d’une poignée de main : « Vous êtes une brave femme ! » s'écrie-t-il. « Il n'y pas que moi. » lui répond-elle avant de reprendre son travail en chantant. La mère de Totor proteste cependant auprès du docteur contre l’épouillage de son fils alors que, selon elle, « tout le monde sait que les poux préservent de la méningite ». Il lui répond que son fils aura du mal à figurer le roi Dagobert au spectacle de demain s’il se gratte constamment, ce dont elle convient [01'10'02"].
Angoisses, craintes et peurs de Marie
Un peu plus tard, Rose se promène avec Marie dans la rue. Elles s'arrêtent devant la vitrine du magasin où le paquebot est exposé. Reprise du motif musical associé à la séquence nocturne où la mère de Marie s'est laissée séduire en pleine rue, devant la même vitrine. Le cœur de Marie se serre ; elle accentue sa posture de bossue lorsqu’elle aperçoit, dans le reflet de la vitrine, le Dr Libois ôtant son chapeau pour saluer Rose. Celle-ci lui retourne son salut et apparaît embellie par le soleil. Elle n'a pas remarqué le trouble de Marie, inquiète à l’idée que le drame qu’elle a vécu, au même lieu, avec sa mère ne se reproduise. Le soir, Rose coud dans son appartement en compagnie de Mme Paulin qui s’exerce à la voyance en lisant les cartes de jeu étalées sur une table ; il s'agit de connaître l'avenir de Rose. Celle-ci se pique le doigt quand elle entend le nom du Dr Libois. Elle refuse l’idée qu’il puisse l’aimer. En désignant Marie, étendue dans un lit, elle déclare qu’elle ne se mariera jamais. Elle ne peut pas se sacrifier ainsi, répond Mme Paulin. « La jeunesse, ça n'a qu'un temps ! ». Avant de partir, elle lui propose de lui laisser Marie. Celle-ci, qui feignait le sommeil, a tout entendu. Elle en mord son oreiller, angoissée par la perspective de se retrouver orpheline une seconde fois [01'11'52"].
Déclaration implicite du Dr Libois à Rose et désespoir de Marie
Le lendemain, scène de fête dans le préau. La directrice couronne le « Roi Dagobert » – Totor – après avoir reçu l’assurance qu’il n’avait plus de poux. Le maire se lève pour prononcer un discours que couvrent les acclamations des enfants, ce qui n’empêche pas les officiels et les parents d’élèves de l’applaudir. Au son du piano, le « couple royal » s’avance mais la « reine » – Marie – est gênée par l’enfant qui porte sa traîne et qui s’y prend les pieds. Chant et danses devant le couple royal qui a pris place sur le trône. Le film insiste sur le décalage entre l'enfance et la pompe : le roi bâille, se mouche avec les mains, au grand courroux de sa mère. Il se gratte, malgré l'épouillage auquel il a été soumis. Le regard inquiet de la « reine » va de Rose, debout près de la porte, au Dr Libois, assis avec les officiels : s’aiment-ils ? Se l'avoueront-ils ? Elle montre fièrement son beau costume à Rose, mais celle-ci ne lui accorde qu’un bref compliment, tout occupée à préparer les enfants pour la photographie et à nettoyer le nez de Totor. Frustrée, Marie prend place avec ses camarades en reprenant sa posture bossue. Elle observe d'un œil mauvais le Dr. Libois regarder intensément Rose qui s’est placée à côté de lui. Mme Paulin et une autre femme appuient sur le déclencheur puis, la photo prise, tous les enfants quittent le préau et la maternelle. Marie confie son dépit à une petite fille qui s'est enquise de son état. Celle-ci s’en moque et la laisse là [01'02'32"].
Intrigues de Mme Paulin pour piéger Rose et le Dr Libois. Elle envoie le docteur auprès de Rose qui se trouve dans la cuisine sous prétexte qu'elle s'est trouvée mal. Il la trouve tranquillement affairée au rangement des costumes. Trahissant une certaine nervosité en se retrouvant seul avec elle, il lui annonce que la directrice compte la licencier. Accusant le coup, Rose baisse la tête. Il veut la rassurer, cherche en même temps à se déclarer en lui proposant un emploi dont il espère qu’elle en sera satisfaite « pour toute la vie ». Le visage de Rose s’éclaire quand elle devine ce que le docteur cherche à lui dire. Elle a surmonté la méfiance qu'elle éprouve à l'endroit des hommes depuis sa mésaventure avec son premier fiancé. Marie, Mme Paulin et la directrice s’approchent à pas feutrés de la cuisine. Rose et le docteur se sentent épiés. Ballet de visages isolés tour à tour dans le cadre. Confus, les deux amoureux se redressent, se saluent brièvement et il sort de la cuisine. Sortant à son tour, Rose fait maladroitement semblant de découvrir Marie mais celle-ci, de ses yeux noirs résignés, lui fait comprendre qu’elle n’est pas dupe [01'19'30"].
Pour la directrice, cette scène équivaut à une promotion. Elle informe Rose qu'elle pourrait être nommée institutrice à la maternelle dès l’année suivante. Mais, apprenant du docteur qu’elle « quittera l’enseignement » pour une situation tout à fait convenable et qu’il souhaiterait « la présenter ». La directrice, devinant avec un sourire complice ce dont il s’agit, permet à Rose de s’absenter « une heure ou deux ». Celle-ci confie Marie, dont elle n’a pas remarqué le désespoir, à Mme Paulin qui lui donne un bel ensemble noir, un beau chapeau et lui met de la poudre sur le nez. Rose s’en va, suivie par le regard rieur de sa collègue, qui retourne à sa cuisine en chantant « On me dit que je suis belle… ». Marie, qui se retrouve dans le préau vide avec pour seule compagnie les canaris dans leur cage, s’assied sur un banc et, se tenant bossue, commence à pleurer, se sentant abandonnée, bafouée, trahie par celle en qui elle avait placé tous ses espoirs, et finalement renvoyée à son statut de fille de prostituée que l'on « garde ». Elle se sent à nouveau jouée par les adultes et prisonnière d'un cauchemar avec Rose, Mme Paulin, le Dr Libois qui se sont respectivement substitués à sa mère, à « M’âme Bigrôme » la concierge et à l'amant du bistro. Autre configuration, nouvel abandon. Elle se lève et, après avoir vérifié qu’il n’y a plus personne, s’enfuit en courant. Mme Paulin, qui revient dans le préau ne l’y trouve plus [01'21'45"].
Tentative de suicide de Marie et scrupules de Rose
Revenue dans son quartier, Marie retrouve « M’âme Bigrôme » et lui demande des nouvelles de sa mère. La concierge, qui s’étonne de la voir « raide », lui répond qu’elle n’en sait plus rien depuis son départ avec « Antoine » – l’homme du bistrot – et que le bateau est nécessaire pour se rendre là où elle se trouve. Lui donnant le tricot qu’elle avait oublié, elle lui dit de « vite retourner chez la Rose de la maternelle » [01'02'32"].
Le leitmotiv musical qui a accompagné la première sortie de Marie avec sa mère, la seconde avec Rose, a maintenant des accents de complainte. Marie repasse pour la troisième fois devant la vitrine où est toujours exposé ce satané paquebot qui, par deux fois, aura fait son malheur. Errant au bord d'un canal, elle s’assied sur un tas de sable, observe un couple d’amoureux sur une péniche. Les voyant s’embrasser, elle sent la colère monter en elle, s’approche du bord et, alors que le thème de « La Mandoline » revient sur une tonalité sinistre. Elle crache dans le reflet des amoureux, y jette des cailloux, remplie de fureur contre ces adultes qui sont bien tous les mêmes et qui se jouent d’elle comme ils l'avaient fait de sa mère, sans se rendre compte de ce qu’ils lui font subir. Puis elle prend une grosse pierre qu’elle jette à son tour à l’eau. Se tenant bossue, elle y voit apparaître l'image de sa mère et Antoine sur le point de s’embrasser, puis celle de Rose avec le Dr Libois. La voix de Rose lui parvient à trois reprises, lui enjoignant de se tenir « droite ». Après avoir vu défiler des images de sa mère avec Antoine et de Rose se laissant embrasser par le père Pantin, elle se laisse tomber à l’eau. Le couple d’amoureux entend le plongeon. Le marinier se jette à l’eau et commence à nager vers Marie, dont la couronne dérive lentement, emportée par le courant, son éclat perdu. Au même moment, Mme Pantin continue à l’appeler et à la chercher dans le préau de la maternelle [01'25'38"].
Pendant ce temps, Rose entre dans le bureau du Dr Libois : il est tout heureux de l’avoir avec elle et lui confie enfin que la « place » qu’il lui propose n’est autre que celle d’épouse. Souriante, elle se fige soudain en pensant à Marie, alors qu’une Mme Paulin horrifiée voit revenir celle-ci, inconsciente, dans les bras du marinier. Le docteur cherche à la rassurer en lui parlant « d’œuvres admirables » où Rose pourra la placer Marie et lui rendre fréquemment visite. Selon lui, elle ne peut pas l’amener ici, au risque de voir un jour sa mère revenir et la réclamer. Rose essaie alors de lui faire comprendre que c’est, non pas en allant les voir quelquefois qu’elle s’est liée aux enfants de la maternelle, mais en étant quotidiennement à leur contact et en leur donnant l’amour dont ils avaient besoin. Le docteur se montre compréhensif mais lui répond « qu’un jour », ils auront leurs propres enfants. Il est interrompu par un appel téléphonique de la maternelle qui lui demande de venir rapidement pour voir « un malade » et demande à Rose de l’attendre en s’excusant des « exigences indues » de son métier. Celle-ci lui prend les mains et s’incline respectueusement devant lui [01'28'00"].
Amitié de Marie et du Dr Libois et retrouvailles avec Rose
Dans la cuisine de la maternelle, Mme Paulin frictionne Marie avec une serviette, l’habille du manteau de la directrice et lui donne à boire un bol de café chaud, tout en demandant constamment à cette « mauvaise tête », « sale gosse » et « tête de cochon » les raisons de son acte. Elle la fait asseoir sur la chaise musicale, qui se met à jouer, et reste émue et bouleversée par les cheveux en désordre, le visage fin et régulier et les yeux noirs de cette petite fille qui a grandi trop vite, qui en a déjà trop vu et qui demande simplement à être vraiment respectée et aimée. Le Dr. Libois arrive, s’informe de la situation, examine rapidement Marie puis dit à Mme Paulin de lui donner « du thé chaud ». Mais au moment où il repart, celle-ci, dans tous ses états, lui dit que Marie s’est délibérément jetée à l’eau. Son premier mouvement est de la rabrouer. Puis il lui demande ce qui lui fait dire cela. Marie est une fille sensible et fragile, lui explique-t-elle. Après le départ de sa mère, elle a vu en Rose une bouée de sauvetage qu’elle a ensuite senti s’échapper. À ces mots, le docteur va voir Marie et essaye de lui expliquer sans succès que le mariage de Rose n’enlève rien à l’affection qu’elle lui porte. S’étant heurté à son regard buté, il s’apprête à partir pour de bon mais Mme Paulin lui fait clairement comprendre qu’il ne peut se marier avec Rose sans accueillir Marie. Elle lui rapporte l'incident de la souris [01'31'10"].
Justement, une autre souris est elle aussi prise au piège dans la cage. Après avoir avisé le Dr Libois, Mme Paulin prend la cage et se dirige lentement vers le fourneau en disant clairement et distinctement sa satisfaction, suivie par le regard inquiet de Marie. Mais elle se voit retirer la cage par le docteur, qui a compris et sort de la cuisine sous ses protestations mesurées qui se transforment en un sourire soulagé. Devant Marie, il ouvre la cage et laisse s’échapper la souris. Son regard bienveillant transforme le visage inquiet de la petite fille en un visage souriant et elle accepte la main qu’il lui tend en signe d’amitié [01'33'00"].
Rose arrive à cet instant. Voyant Marie courir vers elle, elle lui demande ce qu’elle a et lui dit une nouvelle fois de sa tenir « droite ». Ayant retrouvé « sa » Rose, Marie se jette à son cou. Le film se termine sur les enfants qui entrent à la maternelle et entourent Rose, suivi de deux cartons avec les mentions « Universal Film S.A.» et « Phonosonor Courbevoie » [01'34'59"].

Supplementary notes

(français)

Le roman La Maternelle, dont le film est inspiré, a été écrit en 1904 par Léon Frapié et a obtenu le prix Goncourt la même année. Il en existe deux autres adaptations : un film muet réalisé en 1925 par Gaston Roudès pour Les Grandes Productions Cinématographiques, et un film parlant réalisé en 1948 par Henri Diamant-Berger pour la SPIC (Société Parisienne de l’Industrie Cinématographique).
Le film a été distribué aux États-Unis sous le titre Children of Montmartre, en Allemagne sous le titre Mutterhände et au Danemark sous le titre Moderhander. Il est sorti en 1933 en France et en Allemagne, en 1934 en Autriche et en Finlande et en 1935 aux États-Unis.
Le film Zéro de conduite de Jean Vigo, a été réalisé la même année mais « [...] il est interdit par la commission de censure moins, semble-t-il, pour des raisons de politique générale (sédition, appel à la révolte) que pour l'injure faite au personnel enseignant, passé il est vrai à la moulinette d'un humour rageur. Le film ne pourra donc pas sortir, comme prévu, en complément de programme de La Maternelle de Jean Benoit-Lévy. Il sortira, enfin autorisé, en 1945, complément de l'Espoir [...] » d'André Malraux. (Pierre BILLARD, L'âge classique du cinéma français: des débuts du parlant à la Nouvelle Vague, Flammarion, coll. Histoire du cinéma, Paris, 1995, p.109)
Madeleine Renaud (Rose) a aussi joué le rôle d’Hélène Wilfur dans le film Hélène (1936), de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein, et dans lequel elle a rencontré son futur mari Jean-Louis Barrault, avec lequel elle a fondé la Compagnie Renaud-Barrault.
Mady Berry (Mme Paulin) a aussi joué dans le film La Mort du Cygne (1937) de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein.
Sylvette Fillacier (M’âme Cœuret, la mère de Marie) et Henri Debain (le Dr Libois) ont respectivement joué les rôles de la « blédarde » et du sergent dans le film Itto (1934) de Jan Benoit-Lévy et Marie Epstein.
Alex Bernard (le recteur) a respectivement joué les rôles du père de famille et de Pierre dans les films Le Nid (1928) et "Maternité" (1930) de Jean Benoit-Lévy.
Paulette Elambert (Marie Cœuret), née en 1922, avait 10 ans lors du tournage de La Maternelle et était donc plus âgée que ses camarades. Sa prestation impressionna la critique, dont Robert Brasillach qui estima qu'elle avait du « génie ». Elle fut ensuite engagée à la Comédie Française pour jouer des rôles d'enfant. Elle y retrouva Madeleine Renaud dans La Berceuse au Browning, sketch en deux parties de Boussac de Saint Marc. Par la suite, elle joua dans plusieurs films jusqu'en 1950, dont Crainquebille (1933) et Chansons de Paris (1934) de Jacques de Baroncelli, Jeunes filles en détresse (1939) de Georg-Wilhelm Pabst avec Micheline Presle, Les Roquevillard (1943) de Jean Dréville avec Charles Vanel et Vire-vent (1949) où elle retrouva Mady Berry.
Les enfants, tous issus de familles d’ouvriers, ont été recrutés au hasard dans la rue ou dans les écoles maternelles d’Asnières et de Courbevoie pour les besoins de ce film « néoréaliste » (souvenirs de Madeleine Renaud dans Tête d’affiche : une femme, trois carrières, ORTF, 29 septembre 1966, disponible sur le site de l’INA [10'15" à 12'55"] ; Valérie VIGNAUX, "Jean Benoit-Lévy ou le corps comme utopie", Association Française de Recherche sur l’Histoire du Cinéma, Paris, 2007, p.105).

References and external documents

(français)
  • Cinémonde n°226 p.123 (16/02/1933)
    Sous le titre « Chez les gosses avec Madeleine Renaud », la journaliste Georgette Murell de la revue « Cinémonde » décrit une journée de tournage du film La Maternelle de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein. Après une allusion biblique (« Laissez venir à moi les petits enfants »), elle fait part de la satisfaction de Léon Frapié de voir son œuvre adaptée au cinéma et met en avant le caractère moderne et propre de l’école maternelle « du Studio »et l’authenticité préservée de l’action, malgré sa transposition à l’époque moderne. Elle restitue ensuite les impressions de l’actrice interprétant le rôle principal de Rose : Madeleine Renaud. Celle-ci se déclare passionnée par ce rôle si différent de ceux qu’elle a l’habitude de jouer au théâtre et, malgré la rudesse du travail, heureuse de se dévouer à ces enfants marqués par la vie. Poursuivant son article, Georgette Murell se penche sur la figure de Marie Cœuret, qui voue un amour exclusif à Rose. Elle conclut sur quelques scènes du quotidien dans le préau : une fillette qui a reçu un coup de pied au derrière, une autre qui récite à Rose les jours de la semaine et le passage du délégué cantonal, le docteur Libois, que la jeune auxiliaire de service ne laisse pas indifférent. Deux photographies de Paulette Elambert (Marie Cœuret) au milieu de ses camarades à la cantine et de Madeleine Renaud (Rose) entourée des enfants de la maternelle illustrent cet article.
  • Cinémonde n°226 p.124 (16/02/1933)
    Dans le même numéro de « Cinémonde », la journaliste S. Chantal s’attarde surtout sur les enfants issus de plusieurs banlieues ouvrières autour de Paris et rassemblés sur le plateau du film « La Maternelle de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein. Pendant son reportage, le réalisateur tourne la séquence de l’expérience du petit lapin blanc. Son attention est retenue par « Patachou », « Claudinette », « Josyanne » et surtout par ceux qu’elle considère comme étant les plus malheureux : « la laide qui louche derrière ses lunettes », deux jumeaux, Roger/Fondant qui peut enfin manger à sa faim et une petite fille dont la mère se prostitue. Elle note aussi avec émotion la présence des mères des enfants, attendant patiemment la fin de la journée de tournage. « Bouleversée », elle conclut en se demandant ce que deviendront ces enfants une fois le tournage terminé. Deux photographies du tournage et un troisième cliché de Paulette Elambert (Marie Cœuret) complètent l’article.
  • Pour Vous n°231 p.5 (20/04/1933)
    Une brève fait part de la présentation du film La Maternelle de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein. Elle mentionne l’humanité profonde de ce film et le « naturel captivant » des enfants avant de citer les noms des principaux acteurs.
  • Le Figaro n°113 p.7 (23/04/1933)
    Sous la rubrique « Eclectisme », la rédaction du Figaro fait brièvement part de l’avant-première de plusieurs films dont La Maternelle de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein. Elle mentionne la « révélation » de Paulette Elambert et indique que la projection a été interrompue par un trop-plein d’applaudissements.
  • Cinémagazine n°5 p.51 (05/1933)
    Dans son bref article, le journaliste « M.C. » de la revue « Ciné-Magazine » se montre enthousiaste à l’égard du film La Maternelle de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein, estimant qu’il est un parfait exemple de l’adaptation d’un sujet simple mais qui a passionné le réalisateur.
  • Pour Vous n°248 p.3 (17/08/1933)
    Quelques jours avant la sortie en salles du film La Maternelle de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein, le journaliste « Deringe » de la revue « Pour Vous » consacre un long article à ce film, en donnant successivement la parole à Léon Frapié, Jean Benoit-Lévy et Madeleine Renaud. Léon Frapié exprime sa satisfaction qu’après dix ans son œuvre ait pu être adaptée au cinéma. Il souligne l’extrême vérité du film par rapport au roman et à la réalité, notamment par le naturel des enfants. Jean Benoit-Lévy le confirme et souligne son amour des enfants et son insistance à reconstituer leur environnement habituel afin que leur comportement et leurs réactions soient les plus naturels possible. Il indique aussi que la plupart des adultes présents sur le plateau ont parrainé l’un d’eux. Madeleine Renaud va dans le même sens et témoigne au journaliste du bonheur et de plaisir que lui a procuré le rôle de Rose, la femme de service vraie et sans fard, si éloigné des personnages de théâtre qu’elle joue habituellement et nécessitant une grande exigence pour se mettre « au niveau des enfants ».
  • Pour Vous n°251 p.4 (07/09/1933)
    Une semaine après la sortie en salles du film La Maternelle de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein, Lucien Wahl, journaliste de la revue « Pour Vous », lui consacre un article dans la rubrique « Les films nouveaux ». Il relève que le film, adaptation réussie de la « célèbre » œuvre de Léon Frapié, aurait pu sans danger être allégé de l’idylle entre Rose et le docteur Libois ainsi que de la dimension dramatique de la tentative de suicide de Marie. Cela écrit, le film lui semble mériter « plus que des compliments » par sa tenue de l’ensemble et la sincérité du sujet et surtout par la mise en avant de la détresse de l’enfance, symbolisée par la figure de Marie Cœuret, que Paulette Elambert paraît être « en personne ». Les acteurs adultes lui apparaissent tout aussi excellents et contribuent selon lui à l’éclat de ce film et félicite les deux réalisateurs pour « leur habileté et… leur cœur ». L’article est illustré d’une photo de Madeleine Renaud / Rose entourée des enfants de la Maternelle.
  • Pour Vous n°251 p.11 (07/09/1933)
    Première partie d’un article de Lucienne Escoube, journaliste de la revue « Pour Vous », relatif à Madeleine Renaud qui interprète le rôle principal de Rose dans le film La Maternelle de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein. Elle débute par l’évocation des souvenirs d’une inspection à l’école maternelle, puis elle enchaîne sur l’actrice principale, devenue « Rose-aux-gosses » dans ce rôle si éloigné des personnages du théâtre classique. Elle écrit toute son émotion de voir une Madeleine Renaud connue s’abaisser à rôle brut et se dévouer entièrement et sans calcul aux enfants. C’est ainsi que la comédienne parvient à faire sourire « Fondant », en lui donnant simplement son propre sourire. La journaliste s’arrête sur cette scène, où seule subsiste la compassion maternelle face à la souffrance enfantine. Une photo de Madeleine Renaud assise dans un fauteuil de son appartement, son chat sur les genoux, complète l’article.
  • Pour Vous n°251 p.14 (07/09/1933)
    Seconde partie d’un article de Lucienne Escoube, journaliste de la revue « Pour Vous », relatif à Madeleine Renaud qui interprète le rôle principal de Rose dans le film La Maternelle de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein. La journaliste s’attache plus particulièrement au dévouement, à l’opposé de ses précédents rôles, de Madeleine Renaud/Rose envers Marie Cœuret, Jules et tous les autres enfants. L’actrice, confondue avec son personnage, est à ses yeux un symbole de la spiritualité, de la sensibilité, de la sincérité, de l’humanité et finalement de la maternité.
  • L'Humanité n°12687 p.4 (08/09/1933)
    La rédaction du journal communiste « L’Humanité » publie une critique, faite par un ouvrier membre du P.C.F., du film La Maternelle de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein. Ce spectateur émet un avis positif sur le film et ses acteurs, mais il regrette que les réalisateurs en soient restés à un « spectacle émouvant » et aient éludé ce qui est selon lui la principale cause de cette misère : le « capitalisme qui détruit la famille prolétarienne » en obligeant les deux parents à travailler.
  • Pour Vous n°255 p.14 (05/10/1933)
    Jeanine Auster, journaliste de la revue « Pour Vous », évoque dans un article très bref les thèmes musicaux successifs utilisés par « Edouard Flamant » (sic) pour illustrer le film La Maternelle de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein et qui, selon elle, s’accordent parfaitement avec celui-ci. Elle conclut qu’on « ne peut lui adresser de plus bel éloge ».
  • Cinémonde n°260 p.844 (12/10/1933)
    Cet article du Journaliste Francis Avril de la revue « Cinémonde » est une novellisation, dans ses grandes lignes, du film La Maternelle de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein. Il en reprend surtout les moments forts : la prise de service de Rose dans le bureau de la directrice, l’apprentissage du métier sous la houlette de Mme Paulin, les premiers contacts avec les enfants pauvres issus des quartiers ouvriers, l’affection qu’elle leur témoigne, l’admiration jalouse que lui voue Marie Cœuret, La visite du recteur, le scandale du brevet supérieur, la tentative de suicide de Marie et les retrouvailles finales.
  • Pour Vous n°256 p.12 (12/10/1933)
    Cet article du journaliste Pierre Bret de la revue « Pour Vous » est une novellisation du film La Maternelle de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein. Il retrace l’histoire du point de vue de Rose, d’après ce qu’elle a retranscrit dans son journal, que « le hasard a mis entre les mains » du journaliste. Celui-ci en a « relevé hâtivement » des extraits : la déchéance sociale de Rose et son recrutement dans une école maternelle, la première journée avec Mme Paulin et les enfants, la rencontre du docteur Libois, l’affection naissante pour Marie Cœuret, l’abandon de celle-ci par sa mère, la visite du recteur et le scandale du brevet supérieur, la demande en mariage du docteur Libois et le suicide de Marie. Sur ce dernier point, cette novellisation diffère radicalement du scénario original. Quatre photos illustrent l’article.
  • Pour Vous n°264 p.11 (07/12/1933)
    Janine Auscher, journaliste de la revue « Pour Vous », a réalisé une interview du réalisateur du film La Maternelle : Jean Benoit-Lévy. Celui-ci retrace la préparation du tournage avec le choix des enfants devant participer au film, dont Paulette Elambert / Marie Cœuret. Il raconte ensuite le déroulement même du tournage, avec son obsession de « faire vrai », et ses projets d’avenir. L’article se termine sur une petite anecdote, en lien avec le réalisateur, qui illustre les prémices de l’antisémitisme d’État en Allemagne.
  • Pour Vous n°344 p.21 (14/12/1933)
    Dans un article intitulé « Les gosses du cinéma découvrent la vie », le journaliste Lucien Wahl de la revue « Pour Vous » se penche sur plusieurs enfants dont les apparitions au cinéma ont été un succès. Parmi elles, Paulette Elambert / Marie Cœuret du film La Maternelle de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein, dont il évalue très positivement l’interprétation.
  • PourVous n360 10oct1935 p12.pdf
    Deux ans après la sortie du film La Maternelle de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein », « une vieille fille » réagit dans la rubrique « La parole est aux spectateurs » de la revue « Pour Vous ». Elle a beaucoup apprécié ce film, qui l’a beaucoup émue.

Contributors

  • Record written by : Christian Bonah, Emmanuel Nuss, Hamurcu Zeynep