L'ennemi secret (25 min) (1945)

De Medfilm



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Titre :
L'ennemi secret (25 min)
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Durée :
25 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

Le fond est gris, une ombre représentant un homme se penchant sur un microscope.Les films J.K. Raymond-Millet présentent/ Nabia Sibirskaïa / Raymond Pélissier et Jean Doat dans/ L’ennemi secret/ Louis Arbessier, Jeff d’Arcy, Marianne Asel, Noël Blin, Catherine Carre, Jacques Duchemin, Rolande Haumont, Roger Laby, Marie Mercey / Arlette Peters, Eliane Regnier, Michel Retaux, Colette Ripert, Gabrielle Salzy, Noëlle Signoret, Marcelle Tassencourt, Dominique Tirmont, Pierre Valde / Images de : Jean Leherissey, Assisté de : Pierre Petit/ Musique de Pierre Sancan enregistrée par l’orchestre de la Société des concerts du conservatoire sous la direction de l’auteur. Éditions musicales Salabert / Commentaire dit par Julien Bertheau sociétaire de la comédie française/ Assistants : Monique Muntcho, Pierre Merle. Décors : Raymond Druard. Ingénieur du son : Georges Leblond / Régie : Andre Roy (c.r.p.c.), Jean Mottet. Maquilleurs : Boris de Banow, Madeleine Tedesco / Intérieurs tournés aux : Studio de Neuilly. Copie Sonore : C.T.M. / Scénario – dialogue – commentaire – réalisation – montage : J.K. Raymond Millet

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

La syphilis : nosographie, histoire, mode de contamination, moyens de prévention et de lutte

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Suivant une propagande nataliste et vantant les mérites de la famille, le film offre une description nosographique de la syphilis, en propose une histoire fortement teintée de progressisme médico-scientifique et décrit l’organisation, en France, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, des modalités de soins et de dépistage de la maladie.

Contexte

Le film est produit et diffusé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. La population européenne (dans le même mouvement que la population mondiale) a régressé. La syphilis en a frappé une grande partie. Une nouvelle classe de préparation pharmaceutique – les antibiotiques avec la pénicilline – offrant pour la première fois la possibilité quasi certaine de soigner cette pathologie, vient d’être inventée.


Affection microbienne contagieuse, la syphilis a pour agent le tréponème pâle et se transmet par les rapports sexuels. Son évolution se fait en trois phases successives : le stade primaire au bout de trois semaines avec l’apparition d’un chancre et de ganglions non douloureux, le stade secondaire entre six semaines et trois ans avec des lésions cutanées, le stade tertiaire avec une dégradation générale de l’organisme puis du système nerveux. La base de son traitement est la pénicilline. Quasiment disparue au début des années 2000, elle a fait son grand retour en 2015.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Une série de comportements, jugés négativement, censément responsables d’un péril social, sont assimilés – via des successions d’images se concluant par un gros plan – à la présence d’une bactérie, agent de la syphilis. Ainsi des modes de vie considérés comme « amoraux », la maladie, la pauvreté et la criminalité trouvent leur raison et leur possible résolution dans l’œil appareillé du médecin pointant l’origine de tous ces maux. Ainsi, le film inscrit les valeurs morales dans la nature : la nature, via la bactérie, jugeant celles et ceux s’adonnant à des pratiques moralement réprimées. Les femmes, présentées comme étant extrêmement lascives, sont systématiquement stigmatisées et considérées comme étant le vecteur initial, tout du moins principal de la syphilis.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

La médecine est représentée par la figure du savant-chercheur inventant de nouveaux remèdes et par celle du médecin de dispensaire œuvrant pour soigner et dépister la syphilis. La médecine est non seulement dotée du pouvoir de guérir des corps individuels, mais aussi un corps collectif, celui de la nation.Ainsi la médecine participe du maintien ou de la restauration d’une intégrité physique, morale et sociale. La bonne santé étant quant à elle le signe d’une bonne moralité.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

circuit des salles d'exploitants dans l'avant-programme des séances de cinéma commercial

Communications et événements associés au film

Public

tout public

Audience

Descriptif libre

Générique sur fond de musique d’orchestre - vent, corde, percussion (type grand film hollywoodien)

Le malheur est dans la bactérie

Buste de femme se penchant sur berceau, voix off « maternité », un homme, une jeune fille lui sautant au cou, vo « paternité », « depuis toujours c’est sur ces mots-là que roule le bonheur des hommes », succession d’images représentant la famille, le couple, « tant de bonheur », - Puis femme allongée, pleurant, un berceau vide, « maternité malheureuse », images d’hospice « pitoyables malades (…) à la charge de la communauté », succession d’images de corps “pathologiques”, un homme de profil, assis dans une cellule (l’ombre de barreaux au mur), « criminel que la société a dû isoler ». Images de couples, « couple stérile, couple hostile », succession d’image de couples semblant ne pas s’entendre, « tant de malheur ».- reprise de ces images marquant l’opposition entre bonheur et malheur.- puis image d’un scientifique se penchant sur un microscope, « qu’est-ce qui les sépare ? Et qui en les séparant fait le malheur des uns et le bonheur des autres ? », la caméra se rapproche du scientifique et de l’oculaire du microscope « rapprochez-vous de ce microscope, collez votre œil à cet oculaire et vous le saurez », image animée censée reproduire la vue à travers le microscope « un spirochète de 12/1000e de mm (…) le tréponème pâle, agent spécifique de la syphilis, la syphilis qui aujourd’hui atteint plus de 1/10e de l’humanité ». Image fondue sur un carrefour où l’on voit des hommes et des femmes se déplacer, image d’une terrasse de café, d’une salle de spectacle remplie, d’une salle de classe, etc., une femme alitée dans un hôpital, en vo, répétition de « un être humain sur dix », puis des chiffres apparaissent à l’écran « 40 000 avortements, 20 000 cas de mortinatalité, 80 000 décès, soit 140 000 morts » sur fond d’images les représentant (berceau vide, cortège funéraire, etc.). Comparaison avec mortalité d’une grande guerre mondiale.

Des modalités de la contamination : la prédominance des rapports sexuels

Image microscopique « mais ce tréponème pâle, comment l’attrape-t-on ? », succession d’image, homme se faisant raser, un autre partageant un verre avec une femme, etc. « chez le coiffeur, un verre, un objet quelconque suffisent à le transmettre », images multipliant les exemples se succèdent. « Chacun de ces nouveaux contaminés devient lui-même dangereusement contagieux ».« Disons toutefois que la presque totalité des syphilis a pour origine un contact sexuel de l’intéressé. C’est toujours la même histoire, on se laisse entraîner. » Gros plan sur une femme fumant une cigarette, dézoom, on voit cette femme assise à un bar, discutant avec un homme. Puis, jeune femme et homme plus âgé se rencontrant aux abords d’un parc « petite femme mi-honnête, mi-facile », d’une femme discutant avec un jeune homme à vélo « adolescente qui change souvent d’amoureux », d’une jeune fille dans les bras de deux hommes, « jeune ouvrière qui va de fiancé en fiancé et qui fait ainsi sans le savoir l’apprentissage de la prostitution ».

Nosographie de la syphilis

Image d’un calendrier, « trois semaines après environ apparaît le chancre ». Gros plan sur le visage d’hommes en portant un (plus ou moins gros et visible).Puis, « un mois et demi après le chancre, apparaissent sur la peau des petites taches de couleur de péché : la roséole. C’est la période secondaire de la syphilis » - image du buste d’un homme. « Les taches disparaissent et alors on y pense plus ». Puis, images d’un mariage, « quelque temps après, une maternité s’annonce », image d’un visage de femme triste, « un accouchement avant terme », puis une autre maternité s’annonce, ici « l’enfant est mort-né », puis une troisième maternité, « cette fois, l’enfant naît et vit, il aurait mieux valu qu’il ne vécût pas », image d’un nouveau-né atteint de macrocéphalie. Puis image d’un homme boitant, « bientôt surgiront les tragiques accidents tertiaires », le tabès, la névrite optique, l’hémorragie cérébrale ou la rupture d’anévrisme, la paralysie générale (forme de folie délirante). » Succession d’images représentant ces symptômes. Enfin, courte scène d’un patron, atteint de syphilis dans son dernier stade, dont les idées farfelues le mènent à la ruine, d’un cheminot menant tout droit le train dont il assure la conduite à l’accident. Images d’une catastrophe ferroviaire.

Une brève histoire progressiste de la lutte contre la syphilis

« Autrefois la syphilis était infamante », image d’une estampe représentant un vénérien subissant le fouet. « En 1850 (…) on les reléguait encore dans les locaux les moins confortables des hospices. » Scène de vénériens enfermés, « nourris de déchets, ils étaient marqués sur leurs vêtements d’un “V” infamant qui les désignait au mépris et au dégoût des autres malades ». « Et au début de ce siècle (…personne) n’osait prononcer le mot redouté », scène dans un cabinet de médecin où ni le malade ni le médecin ne nomme la pathologie. Retours sur les images déjà projetées représentant la facilité avec laquelle la syphilis se transmet, « le fléau était en progression constante en France ».Retour dans le laboratoire « cependant les savants essayaient d’arracher à la nature ses secrets ». Mention de la “découverte/invention” du Salvarsan par Ehrlich (qui, dans l’arsenal thérapeutique, vient se rajouter au mercure). Série d’images montrant le labeur du travail scientifique « traversé d’éclairs et de désespoirs » - puis passage à “l’invention” de la pénicilline par Fleming. Images de la production, par des machines et des femmes et à grande échelle de cette substance.

Surveiller, dépister la population

« 1901, le professeur Alfred Fournier déclare la guerre à la syphilis. » Mise en place d’un réseau de surveillance de la syphilis, dispensaire où les malades ou les personnes doutant de l’être peuvent être diagnostiqués. Le récit insiste sur les facilités d’accès et l’anonymat dont bénéficient les usagers. Scène d’une telle consultation, « un dossier est constitué et les soins sont délivrés gratuitement, discrètement, sans douleur, sans danger », jusqu’à la guérison du malade. Le médecin annonçant la guérison « mon ami vous êtes guéri, vous pouvez vous marier ». S’en suit une scène où le patient guéri quitte avec joie le dispensaire, en risquant toutefois de se faire séduire par une femme marchant sur le trottoir. Le patient détourne son regard de cette dernière, la voix off « il est guéri ». Deux lois (l’une de 1939, l’autre de 1941) organisent la recherche et le dépistage de potentiels syphilitiques. L’exemple d’une telle recherche est montré par l’intermédiaire d’une femme qui, diagnostiquée syphilitique, permet, par les renseignements qu’elle donne au médecin qui l’interroge avec insistance, de remonter la piste des contaminateurs. « On l’a rassurée, on l’a soignée, elle ne contaminera plus personne. On l’a interrogée. » Le documentaire insiste sur les enjeux de cette recherche : le soin. Car comme le précise le médecin : « nous ne sommes pas des policiers, ni des professeurs de morale ». La femme niant dans un premier temps toute relation adultère, c’est son mari qui est convoqué (sans qu’aucun lien ne lui devienne apparent entre cette convocation et sa femme). Celui-ci, également syphilitique, est soigné, l’apparition de sa syphilis étant plus tardive que celle de son épouse, c’est cette dernière qui lui a très certainement transmis. La femme est à nouveau convoquée. Elle avoue une aventure. S’en suit, la présentation des modalités de la recherche des contaminateurs en amont - un aviateur, une jeune parisienne, « une pseudo étudiante », et ainsi de suite -. Série d’images montrant des individus, essentiellement des femmes, transmettant, par la multiplicité des relations amoureuses qu’ils entretiennent, la syphilis. « Mais parfois, il y a des enquêtes qui s’interrompent, car il est des femmes qui évidemment ne peuvent pas se souvenir », images de femmes se prostituant.

Conclusion : la résolution dans le bonheur

Le dépistage de toutes les personnes rencontrées précédemment se solde par une guérison, « la syphilis est curable ». « Mais en vérité il est trop bête de risquer sa santé, sa vie, pour un plaisir malsain et fugace » - image d’une femme, fumant une cigarette et tentant de séduire un homme qui s’en détourne. « Le bonheur n’est pas là. Il est dans un regard clair, dans une promesse loyale ». Image d’un homme passant une bague à une jeune femme. « Dans une union, pour le meilleur et pour le pire, quant aux cloches semblent se mêler déjà, les rires des enfants de demain ». Image d’un mariage, puis de cloches retentissantes, des visages d’enfants venant se mêler à ces dernières. « Le bonheur est là, simple, si facile à saisir et si grand qu’il peut emplir toute votre vie ». Image de fin : visage d’un enfant souriant.

Notes complémentaires

Ce film est une version légèrement différente de L'Ennemi_secret (29min). Certaines scènes sont plus courtes et d'autres plus longues. En effet, en visionnant les deux films simultanément, on se rend compte que tantôt l'un prend un peu d'avance sur l'autre, tantôt c'est l'inverse.
Les scènes ou éléments sonores suivants de ce film ont disparu de la version 25 min ː
- [02:15-02:27] La voix off prononce la phrase "Jeunes époux qui s'ouvrent à la vie avec confiance" au moment où l'on voit un jeune couple sur un banc. La jeune femme tricote, le jeune homme lit le journal. Ils s'embrassent derrière le journal et échangent leurs occupations ː elle se met à lire le journal tandis que lui se met à tricoter.
- [03:14-03:26] Reprise de la scène du couple qui se cache derrière le journal pour s'embrasser ainsi que celle du couple "maussade" avec un bout de phrase prononcé par la voix off ː "tous ces êtres confiants, tous ces êtres maussades"
- [10ː48] Phrase prononcée par la voix off ː "Autrefois, la syphilis était infamante."

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Alexis Zimmer