L'enfermement dans la peinture contemporaine (1980)

De Medfilm



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Titre :
L'enfermement dans la peinture contemporaine
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Conseil scientifique :
Durée :
15 minutes
Format :
Parlant - Couleur - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :

Générique principal

Image René Gosset / Montage Joël Courtinat / Le musicien Olivier Messiaen / Le poète Paul Eluard ; sa voix Sylvia Monfort / Le psychiatre Patrick Lemoine ; sa voix René Lebrun / Les peintres Paul Rebeyrolle, Titina Maselli, Petre Klasen, Gilles Aillaud, Henri Cueco, Antonio Segui, Pierre Bettencourt, Jacques Decerle, Valerio Adami, Silvio Pasotti, Louis Lutz, Jean Rustin, Francis Bacon, Nicolas Artheau, Vladimir Velickovic, Gérard Gasquet, Alina Szapocznikow, Geneviève Dumont, Pierre Charbonnier, Leonardo Cremonini / Tourné dans le cadre de l'exposition « Figures de l'enfermement », Espace Lyonnais d'Art Contemporain

Contenus

Sujet

Une série de tableaux illustrant le thème de l'enfermement témoigne que ce thème prédomine dans la création contemporaine.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Le film présentant plusieurs œuvres sur le thème de l'enfermement, interroge sur l'interprétation psychanalytique et psychiatrique des évolutions de la civilisation que ce thème impose.

Contexte

Une contractualisation d'Interscience film avec différents laboratoires

Le dossier de production fait état d'un co-financement du film qui implique différents laboratoires : Spécia, Delagrange, Squibb, Science Union, à hauteur de 10 000 F chacun. Il indique que c'est l'Association Lyonnaise pour la Recherche sur l'Art et la créativité qui les a sollicités, jouant en quelque sorte le rôle d'un intermédiaire dans la relation habituellement directe entre la société de production de Duvivier et les mêmes laboratoires. En contrepartie, ces différentes firmes apparaissent au générique "en égalité de tailles de lettres avec les autres co-producteurs". (Archives DHVS, Fonds Éric Duvivier).

L'art contemporain

Dans l’histoire de l’art, l’art contemporain succède à l’art moderne. Chronologiquement, il englobe toutes les œuvres réalisées après 1945. Les artistes contemporains qui les ont pensées ont pu bénéficier de techniques récentes de création comme la photographie, la peinture, la sérigraphie, les technologies numériques… L’une des caractéristiques de l’art contemporain est qu’il n’a aucune limite de support. Plus qu’une simple période chronologique, les œuvres contemporaines se reconnaissent par leur capacité à interroger leur époque, à bousculer les codes des supports, de la diffusion ou encore de la durée de vie. On peut déterminer plusieurs mouvement dans l’art contemporain : l’art figuratif, l’hyperréalisme, le street art, l’art féministe, l’art conceptuel… Il est étonnant à ce titre que la littérature empruntée pour constituer le documentaire soit l'oeuvre de Paul Éluard, laquelle, par son association au mouvement surréaliste qui s'est épanoui avant guerre, ressortit davantage de l'art moderne.

Les artistes impliqués dans la réalisation

Les poèmes d'Éluard sont lus par la comédienne Silvia Montfort, dont la voix grave et solennelle est reconnaissable. Ayant oeuvré dans la résistance, ayant participé à l'aventure du théâtre populaire avec l'expérience du TNP que Jean Vilar lance en 1947, ayant contribué dans les années soixante à la décentralisation culturelle en jouant dans des pièces produites en région par les Tréteaux de France de Jean Danet, Silvia Montfort s'affirme comme une artiste militante. Au cinéma, elle a notamment joué avec Nicole Courcel et Jean Gabin dans Le cas du Dr. Laurent, film réalisé en 1957 par Jean-Paul Le Chanois (son compagnon) qui traite de l'accouchement sans douleur.

Olivier Messiaen, compositeur, pianiste et organiste français (1908-1992) écrit une oeuvre marquée par sa ferveur catholique et son intérêt pour le plain-chant médiéval et l'étude du chant des oiseaux.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Oui.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

La musique stridente et brusque, le commentaire mélancolique et la sélection des images, toutes tristes et effrayantes, contribuent à créer une atmosphère angoissante et à appuyer la thèse à l'origine du film, à savoir que c'est ce thème de l'enfermement qui prédomine dans l'art contemporain.

Selon le dossier de production rédigé par Éric Duvivier, la réalisation met à profit la réunion de plusieurs oeuvres dans le même espace, et leur disponibilité à être filmées, à l'occasion de l'organisation d'une exposition qui les a programmées : "Au plan de l'image (restant à l'intérieur des tableaux), le film serait un voyage spectaculaire à travers les oeuvres exceptionnellement réunies de grands peintres et sculpteurs contemporains en provenance du monde entier, dans le cadre de la première grande exposition international (sic) organisée par des psychiatres. (Dossier de production, Archives DHVS, Fonds Duvivier.) Mais la remarque de Duvivier exprime aussi l'idée que la réalisation prend son titre au pied de la lettre, puisqu'elle est composée d'un découpage qui ne comporte aucun hors champ ni aucun contrepoint à sa succession de vues plein cadre sur la surface des oeuvres. Nous sommes enfermés dans des images qui montrent l'enfermement. À noter que le dossier de production témoigne, par les pièces de contractualisation qu'il contient, que le titre initialement prévu pour ce film était : "L'enfermement". (Dossier de production, Archives DHVS, Fonds Duvivier.)

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Toujours selon Éric Duvivier, tel qu'il le formule dans le dossier de production, le film permet de mettre en évidence l'apport que la psychanalyse apporte à l'interprétation de l'art, et symétriquement, la ressource que l'art présente pour l'étude du fonctionnement psychique humain : "Au plan du son (à plusieurs voix), il s'agirait de refléter au mieux les points de vue les plus intéressants de personnalités très différentes et multidisciplinaires : les artistes eux-mêmes, les psychiatres et les psychanalystes, les historiens et les théoriciens de l'art, les philosophes et les écrivains. Cela sera grandement facilité par la tenue à Lyon dans le cadre de l'exposition du prochain Congrès national de psychopathologie de l'expression". (Dossier de production, Archives DHVS, Fonds Duvivier.)

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Circuit médical (Entretiens de Bischat)

Communications et événements associés au film

Plaquette de présentation du film

Public

Corps médical

Audience

Descriptif libre

Le film consiste en une succession de tableaux et d'œuvres d'artistes qu'accompagne la lecture de textes de Paul Eluard. Le générique se présente comme des informations contenues dans une grille aux lignes rouges sur un fond noir. Musique brutale, stridente.

L'intention du film

Un carton explique l'intention du film :
« À Lyon, un groupe composé de psychiatres, d'historiens et d'artistes s'est formé afin de réfléchir sur l'Art et la Créativité. Le thème de l'enfermement leur est apparu comme très présent, voire obsédant, quelle que soit l'école dans l'art contemporain. Ces représentations doivent-elles être comprises comme liées à l'angoisse d'aujourd'hui ? » Gros plans sur des peintures qui figurent des barreaux et des grilles de zoos derrière lesquels des animaux gisent en état de prostration quand ils n'ont pas disparu. Une voix de femme lit des textes de Paul Éluard extraits de « Capitale de la douleur » et « Donner à voir ».

Interprétation médicale et sociale de l'enfermement

À trois minutes de la fin du film, une voix d'homme, celle de Patrick Lemoine, explique : « La psychiatrie a longtemps servi d'exutoire aux représentations d'enfermement. Il semble que maintenant, elle soit dépassée dans cette fonction, et que toute l'imagerie clôturante, des eaux, de la solitude, de la foule, et même la tentative d'échappée écologique, soient représentés dans l'art d'aujourd'hui. En médecine, l'enfermement n'est peut-être plus là où l'on croit. Les murs de l'asile ne sont-ils pas moins contraignants que ceux de la psychose ? La chimiothérapie n'est-elle pas moins limitante que nos habitudes ? L'enfermement n'est-il pas aussi dans nos représentations trop parfaites d'un corps anatomique idéal ? Combien de gros, combien de maigres se sont-ils vus contraints au régime par une médecine à l'esthétique scientiste ? L'arbitraire n'est-il pas dans la dissolution des formes, la destruction des corps et le naufrage de l'esprit, plutôt que dans la pose même autoritaire de barrières rassurantes ? En fait l'important est, comme ces artistes le font, de désigner les murs de l'enfermement afin de nous aider à les repérer et peut-être à les franchir. ». Quand le commentaire cesse, quelques tableaux apparaissent encore, comme pour inviter la réflexion à revenir sur ses affirmations. Générique de fin sur le même mode visuel que le générique de début.

Notes complémentaires

CIL - Cote n°510 + dossier sur le film (11 pages en français, 5 pages en espagnol, 9 pages en anglais)

Références et documents externes

Archives CIL : boite n°16, film cote 510

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Caroline Ruebrecht, Joël Danet