L'assoiffée (1985)

De Medfilm



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Titre :
L'assoiffée
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Conseil scientifique :
Durée :
11 minutes
Format :
Parlant - Couleur - U-Matic
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Commanditaires :
Archives détentrices :

Générique principal

Générique de fin : « Des femmes ont accepté de prêter leurs visages à celles qui ont raconté leur histoire vécue. Nous les en remercions sincèrement. Murama réalisé pour le Haut Comité d’Études et d’Information sur l’alcoolisme. Conseillers : Professeur Michel Fontan, Madame Denyse Boisset. Iconographie : Gilles Brassart, Pierre Michaud, Danièle Petel, Gérard de St- Maxent, AFIP, ELPE, EXPLORER, FOTOGRAM. Travaux graphiques : Mireille Marchetti, Bertrand Tager. Bande sonore : Françoise Bonnot. Mixage : Claude Villard. Nos remerciements aux auteurs, éditeurs et à l’interprète de « Femmes… Je vous aime » : Julien Clerc, Jean-Lou Dabadie, Editions Crécelles et Sidonie. Extraits musicaux : Robert Viger : Adagie for autumn, Climats. Sven Torstenson : Drugs. Editions SONIMAGE. Murama conçu et réalisé par Françoise Bonnot, Evelyne Gluck, Daniel Marchetti. Collaboration : Olga Tarcali. »

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

L’alcoolisme chez les femmes dans les années 1980.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Témoignages mettant en avant les représentations sociales et les spécificités de l’alcoolisme chez les femmes. Promotion de la parole – libératrice –, pour s’en sortir (auprès du médecin généraliste et des associations).

Contexte

Santé et société française

En 1956, le Haut comité d’Études et d’Information sur l’Alcoolisme – le commanditaire de ce film – est créé. Il s’agit d’un organisme d’État dont le but est de convaincre les citoyens d’user de modération dans leur consommation d’alcool. Ce comité met en place la première propagande contre l’alcoolisme dans les années 1955-1960. Il permet également de dynamiser les recherches médicales. Dans la même décennie, en effet, l’alcoologie se développe dans la recherche médicale grâce à Pierre Fouquet (1913-1998) pour qui « Il y a alcoolisme lorsque l’individu a perdu la liberté de s’abstenir de boire. » L’Observatoire français des Drogues et Toxicomanie, entre 1961 et 1989, évalue – pour les années 70 –, à 23,2 litres la consommation d’alcool pur par habitant de plus de 15 ans en France (48g d’alcool pur par jour, soit le niveau le plus élevé au monde). Ce chiffre passe à 20,1 pour les années 80. L’alcoolisme, qui touche en particulier les plus jeunes, alerte les autorités publiques et, en septembre 1977, le président Valéry Giscard d’Estaing déclare que l’alcoolisme est le plus grand des fléaux sociaux. Il propose un plan sur 10 ans afin de redresser la situation. Dans le même temps – 1978 – l’Organisme Mondiale de la Santé reconnait l’alcoolisme comme une maladie. Elle le définit ainsi : « Troubles mentaux et troubles du comportement [liés à la consommation fréquente d’alcool]. » C’est également dans les mêmes années (1976), que l’État a recourt pour la première fois aux médias audiovisuels dans les campagnes de prévention. Celles-ci sont surtout liées au tabagisme (loi Veil), puis, se généralise à d’autres problèmes de santé publique, comme l’alcoolisme ou encore la sédentarité. Durant les années de luttes contre l’alcoolisme, souhaité par Giscard d’Estaing, quatre films de vingt secondes passent à la télévision durant l’année 1984, avec des slogans tel que « Un verre ça passe, trois verres bonjour les dégâts. » Cependant, ces campagnes s’adressent en particulier aux hommes et aux jeunes pour qui le fait de boire – en particulier en excès – assoit leur virilité dans les représentations collectives. Dans les années 1960-1980 les femmes acquièrent de nombreux droits (Loi Neuwirth qui autorise la contraception en 1967, la naissance du Mouvement de libération des femmes en 1970 ou encore la « loi Veil » autorisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en 1975. L’image des femmes change, passant de la femme « libérée » des années 1970 – avec l’accès à la pilule – à celle de la « Superwoman » des années 1980, gérant sa carrière, sa vie sociale, ses tâches ménagères et ses enfants. Ce qui ne change pas en revanche, c’est le lien fait par le corps médical entre santé des femmes et maternité. Ainsi, les femmes sont souvent exclues des questions de santé publiques concernant le VIH, l’alcoolisme et la toxicomanie par exemple.

L'alcool dans les représentations culturelles

En France, avec le triomphe de la société de consommation, les habitudes, depuis les années 1960 ont évolué vers de nouvelles formes de distractions et de sociabilité. De plus, construction de l’Europe oblige, les choix en termes de boissons alcoolisées sont de plus en plus variés, allant de la bière allemande à la mode des « tonics » dans les années 1970. Ajoutons également la généralisation des nouveaux médias tels que la radio, la télévision ou encore le cinéma – véritables aubaines pour les agences de publicité qui inondent le public de représentations positives des boissons alcoolisées. Dans les années 1980, en France, se développe également une culture de « l’apéro ». En effet, 51% des hommes, et 25% des femmes, boivent des apéritifs au moins une fois par semaine. Dans la culture cinématographique, la consommation d’alcool et également au rendez- vous comme dans les films James Bond ou encore ceux mettant en scène Jean-Paul Belmondo (par exemple, La Casse, 1971). À la télévision, les animateurs n’hésitent pas à inviter des personnalités qui se présentent en état d’ébriété sur les plateaux comme Serge Gainsbourg. Ajoutons cependant, que la crainte associée aux dérives de l’alcool, existe aussi dans la culture populaire, en témoigne le film Tchao Pantin de Claude Berry avec Coluche (1983).

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Oui.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Les réalisateurs travaillent avec un cadre carré pour ce film. Ce cadre est particulièrement utile pour que le spectateur comprenne et ressente les émotions et le psychisme des visages portés à l’écran. Ici, le film vise à faire ressentir de l’empathie pour ces femmes qui racontent leur histoire douloureuse avec l’alcool. Ainsi, les photographies de femmes se succèdent, le jeu sur les échelles – très récurent –, les contrastes entre les photographies en couleur et en noir et blanc, viennent guider le regard du spectateur. Chaque photographie ou inscriptions – souvent humoristiques – sont en lien avec les mots énoncés en voix off, afin de permettre les associations d’idées. Par exemple, lorsqu’une femme évoque la perte de repères, les images tournent en rond à l’écran et, lorsqu’une autre parle de sa paranoïa, des images aux couleurs psychédéliques clignotent.

Au-delà de la seule question de l’alcoolisme, le film nous donne à voir ce qui est considéré comme les traits communs des femmes alcooliques dans les années 1980. Nous pouvons également comprendre la façon dont les femmes se voient et la façon dont elles devraient être vis-à-vis des conventions sociales : Être belle, maquillée, mince, ordonnée, travailleuse sur tous les fronts (à la maison et en dehors), avoir de la retenue en société – mais une vie sociale tout de même dense –. Enfin, et c’est le plus important, être avant tout une bonne mère. Tout comme le démon, qui prend le dessus sur la femme alcoolique à la fin du film, l’alcool déformerait la nature même des femmes.

Il est à noter que le titre du film fait référence au film l’Assoiffé (1957) de Guru Dutt, qui met un scène un poète désespéré qui se réfugie dans l’alcool.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

L’un des buts de ce film est de permettre aux femmes de parler de leur addiction – dont elles ont honte – pour s’en libérer. Le médecin généraliste – connaissant bien la famille – devient un symbole de confiance. Ces paroles, non culpabilisantes, mais alarmantes quant aux risques de l’addiction, agissent comme un déclic sur la patiente qui comprend qu’elle souffre d’une maladie même si elle refuse toujours le mot « alcoolique ». Ce sont surtout les témoignages, dans les groupes d’entraide et de soutient, qui permettent de retrouver un peu d’espoir et de sortir du déni. Il y a l’idée que la femme alcoolique n’est pas seule et qu’elle peut trouver refuge auprès des organisations et du corps médical.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Centres de formations médicales, lieux d'enseignement.

Communications et événements associés au film

Public

Audience

Descriptif libre

"Plus ça va, plus les femmes boivent."

Le film s’ouvre sur la chanson « Femmes…je vous aime » interprétée par Julien Clerc. À l’écran, des photographies de femmes se succèdent de part et d’autre du cadre, avec l’utilisation du fondu et des zooms avant et arrière. Nous les voyons en gros plan ou en plan poitrine. La première image, en bas à droite, montre une jeune femme tenant son nourrisson, qui laisse peu à peu place, de l’autre côté du cadre, à une autre jeune femme. De profil, très élégante, bien coiffée avec une peau de porcelaine, sa tenue nous permet d’imaginer qu’elle est assez aisée. Une femme plus âgée, très souriante et maquillée apparait ensuite. Ses vêtements sont plus simples et elle porte un béret. Elle est suivie par un gros plan sur le visage d’une autre femme. Un zoom est appliqué permettant de voir ses yeux très maquillés en très gros plan. Nous pouvons donc remarquer que ce sont des images de femmes idéalisées qui nous sont proposées. La musique s’arrête. Le fait que la première image soit une femme avec un bébé n’est pas anodin. La femme doit avant tout être une mère. L’utilisation des enfants dans le film sert à toucher le spectateur.

Les rayons du soleil nous éblouissent, puis laissent place à une femme, à contre-jour, de profil, qui boit un verre d’alcool à la paille. Une femme prend alors la parole « Plus ça va, plus les femmes boivent. Par snobisme ou par goût. » Les photographies de femmes, de différentes catégories sociales, tenant un verre à la main, se succèdent très rapidement. Cela donne une impression d’abondance, d’urgence. Les techniques des zooms – pour jouer avec les échelles – et celle du fondu entre deux images, seront utilisées en permanence durant tout le film. De même, les photographies apparaîtront presque toujours en gros plan ou en plan poitrine (sauf mentionné). Une autre voix se fait entendre : « On n’a jamais vu quelqu’un qui s’amuse sans alcool. » Nous voyons apparaître une image fixe, en noir et blanc, avec deux femmes participant un repas d’anniversaire. En arrière-plan, plus large et en couleur, d’autres photographies d’événements festifs apparaissent et se succèdent. « Je buvais beaucoup, parce que ça faisait bien et tout le monde en faisait autant ». Premier trait du portrait stéréotypé de la femme alcoolique : la femme boit par imitation. Les femmes, qui entrent sur le marché du travail en masse dans les années 80, auraient tendance à imiter les hommes. Une image en noir et blanc, d’une femme bien apprêtée, le menton posé dans la main apparait. La lumière éclaire le coté gauche de son visage et en particulier son œil. Alors que l’image recule, des verres de Champagne flottent à l’écran, se succédant rapidement. Nous pouvons remarquer ici qu’il semble y avoir des « alcools de femmes ». Le titre du film, « L’assoiffée » apparaît dans une jolie police d’écriture, toute en courbe, en orange tandis qu’une femme dit qu’elle ne s’explique pas pourquoi elle boit. (0.55)

Les témoignages reprennent : « j’étais dans une période dépressive ». Nous voyons, en noir et blanc, une femme dans un train regardant au loin, puis, une autre photo montre ce qui semble être la même femme, en pleurs. Cela nous évoque la dépression mentionnée plus haut et la solitude. Puis, c’est au tour d’une femme, floutée, dans un plan large, parmi la foule, d’apparaître. « J’avais peur de tout ». La photographie disparait, tandis que, dans un plan large, une femme est seule dans une rue sombre. La caméra fait un zoom avant sur la femme qui se tient de dos. Différents types de verres apparaissent à l’écran (du Martini et peu être du cognac). Le fond devient noir et les verres se succèdent toujours, ils prennent littéralement la place de la femme sur la photo qui disparait. (01:15)

"Tension"

Des images ordinaires de femmes montrées dans leurs activités quotidiennes sont portées à notre regard : Plan fixe, dans un bureau en désordre, une cigarette à la main et un verre dans l’autre (pour montrer que boire, ce serait aussi la porte ouverte à d’autres problèmes). Dans la rue, chargée de courses, au travail, dans la cuisine en train de repasser ou faisant la vaisselle avec une petite fille. Mais aussi au téléphone, en voiture (la caméra se focalise sur ses yeux dans le rétroviseur au rythme de la musique, toujours grave). « Fatiguée », « tension », « remue ménage ». Les voix se taisent. Viennent ensuite la femme au marché, à la caisse, se promenant avec ses enfants, à l’usine. Elles sont toutes différentes. Le film cherche à montrer que l’alcoolisme peut toucher toutes les femmes et que ces anonymes peuvent être partout. Le spectateur ne peut s’empêcher de penser que, durant toutes les activités mentionnées plus haut, les femmes étaient alors en état d’ébriété, en particulier en voiture. Les images choisies reflètent parfois une époque plus ancienne pour montrer que ce problème traverse le temps, d’une génération à l’autre. (01:50)

"On fuit dans les rêves"

Une femme, dans un bar, a les yeux tristes. Les voix reprennent « je picolais quand même », « j’étais quand même solitaire à la bouteille ». « Ça ira mieux là-bas ». Une femme, (plan large) en vacances, regarde la mer. Elle est toujours seule. Vont alors se succéder des images de femmes, toujours seules dont les attitudes montrent de plus en plus les symptômes de la dépression. « J’étais malade dans la réalité, on fuit dans les rêves ». « L’alcool est un miroir déformant ». La photographie montrant femme se déforme, illustrant les propos tenus. À l’écran, des femmes cachent des bouteilles un peu partout dans la maison. Peu à peu, le spectateur s’apitoie sur leur sort, en particulier lorsqu’apparaissent des enfants à l’image. Nous pouvons également remarquer qu’il y a une continuité sonore d’un plan à l’autre ce qui permet au spectateur d’être tout à fait captivé, d’être dans l’histoire, avec ces femmes. Le même schéma se répète : des images de la vie quotidienne se succèdent, toujours à un rythme rapide. Mais cette fois, tout est en désordre (au bureau, à la cuisine). Cela montre que plus l’alcoolisme s’installe (et il s’installe vite, en témoigne le rythme du film) plus il est difficile d’assumer le quotidien. Les femmes luttent avec leur envie de boire (les verres se succèdent à l’écran). « Juste une gorgée ». « Dès 9h le matin, j’avais le verre à la main ». En haut à droite du champ, une femme, à contre-jour, apparait derrière ce qui semble être des barreaux. Elle est prisonnière de son addiction qu’il faut cacher. Tandis que d’autres femmes, en couleur, souriantes, apparaissent. (4.33)

Regards mutilants

Une femme, au sol, désespérée : « J’étais folle ». Le discours traduit la paranoïa et le film le retransmet : Une femme est seule, dans une foule aux couleurs psychédéliques. Ici, il s’agit de montrer une autre pathologie associée à l’alcoolisme chez la femme : la névrose. Le soleil nous éblouit à nouveau, des lèvres closes, en très gros plans, apparaissent pour traduire le silence, le secret. Puis, toujours en très gros plan, nous voyons des yeux accusateurs, avec le même jeu sur les couleurs qui traduit la paranoïa. Une femme dessinée lutte, seule, au milieu de diverses bouteilles d’alcool, qui, dans un clignotement agressif, ont l’air de l’attaquer et de vaincre sur sa « volonté ». Hors champs, des images de mains apparaissent pour traduire le manque de contrôle sur les mains qui tremblent à cause de l’alcool. Puis, reviennent les regards accusateurs « mutilants ». (6.07) À présent, c’est le thème de la déchéance qui est abordé. Nous voyons une succession de photographies prises lors d’une fête alcoolisée. Les images forment un cercle et tournent dans le cadre pour montrer la perte de contrôle, les changements d’humeur. Dans un plan large, une femme seule dans un immense immeuble, regarde par la fenêtre : à cause de ses accès d’humeur, tout le monde se détourne d’elle. Le désespoir et la solitude l’ont mené à l’alcoolisme, qui, lui-même, renforce cet état. Une succession d’images représente des femmes qui se regardent dans le miroir avec dépit, traduisant les effets de l’alcoolisme : « Je suis devenue moche, je suis devenu grosse ». Nous voyons à présent une femme, le visage caché dans ses mains : la voix se brise « j’étais complétement démolie ». La femme à la fenêtre apparait à présent dans son intérieur, de dos. La caméra bouge sur la gauche et se fixe sur un enfant qui la regarde. Il est témoin et victime de son état. Le mouvement de la caméra permet de nous montrer ce qu’il se passe autour d’elle, de déplacer notre regard et notre attention. La femme est toujours de dos, elle n’a plus conscience de ce qu’il se passe autour d’elle. Le plan s’élargit, la mère et son enfant apparaissent dans le cadre, chacun à une extrémité. L’enfant, triste, regarde sa mère qui fixe toujours vers l’extérieur, comme pour échapper à ce tableau qui lui fait honte. « J’ai voulu me supprimer parce que c’était le seul moyen de débarrasser mes enfants de leur mère alcoolique. » Fond noir. Il traduit le black-out que l’on nous raconte. « Je me suis retrouvée bouclée ». Des bruits de clés qui ferment une serrure surgissent. L’image en bas à droite du cadre fait des bonds, au rythme du bruit des clés. Le spectateur se sent agressé. « J’aurais pu tuer quelqu’un » (08:06)

Affaire d'hommes?

Des mots colorés apparaissent à l’écran, l’un après l’autre et de façon désordonnée : Alcool, Hôpitaux psychiatriques, Admissions, Par an, 7000 femmes. Cause. Les mots deviennent gris puis disparaissent – laissant un fond rouge uni. Nous pouvons alors lire : « En France, chaque année, 7000 femmes sont admises en hôpital psychiatrique pour ALCOOLISATION, soit vingt femmes par jour. Une femme toutes les heures ! » (8.20) Une femme raconte sa visite chez le médecin. Les images, quant à elle, nous montrent l’angoisse face au mot « alcoolique ». Pour elle, l’alcoolisme c’est ce que nous révèle une autre image qui apparait : deux hommes, en état d’ébriété sur une plage. Ils sont sur une serviette, l’un dort et l’autre, assis, regarde au loin. Une bouteille de vin est en premier plan. La caméra fait un zoom avant, ne laissant plus que la bouteille dans le cadre. Cela exprime l’idée répandue que l’alcoolisme est une affaire d’hommes. Le mot « Alcoolisme » apparait en rouge et clignote en signe d’alarme. Ces mots suivent : « Troisième cause de mortalité en France. » Une femme hurle : « Mais où aller ? ». La musique se fait plus douce, rassurante, et nous voyons apparaitre à l’écran le logo des associations d’aide – comme SOS Amitié, ou encore celui des alcooliques anonymes –. (09: 21)

Importance de la parole

Dans la dernière partie du film – au contact des femmes ayant vécu l’alcoolisme – les langues se délient. Des images suscitant l’espoir apparaissent comme celle d’une mère tenant son enfant– déjà grand – dans ses bras. « Tant pis, il faudra que je vive sur la quille, mais je ne suis prête à repayer le prix, je ne suis pas du tout prêtre à repayer… ça. ». Alors que sa phrase n’est pas terminée, nous voyons, en arrière-plan à gauche, des yeux de femme. Tout son visage à l’air de s’être transformé en démon : l’alcoolisme. Générique de fin et reprise de la chanson de Julien Clerc : le cadre est divisé en deux horizontalement. En haut, nous pouvons voir deux photographies de femmes très souriantes. Grâce à la parole et à l’aide des organisations d’entraide, elles sont libres.

Notes complémentaires

Références et documents externes

Fassin Didier, Memmi Dominique, (dir.). Le gouvernement des corps. Nouvelle édition [en ligne]. Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2004.

Duby Georges, Perrot Michèle (dir.), Histoire des femmes en Occident, Tome V, Paris, Plon, 1992.

Nourrisson Didier, Crus et cuites. Histoire du buveur, Paris, Perrin, 2013.

Membrado, Monique. « Les femmes dans le champ de la santé : de l’oubli à la particularisation », Nouvelles Questions Féministes, vol. vol. 25, no. 2, 2006, pp. 16-31.

Taschini Elsa, et al. « Représentations sociales de l’alcoolisme féminin et masculin en fonction des pratiques de consommation d’alcool », Les Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, vol. numéro 107, no. 3, 2015, pp. 435-461.

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Charlotte Meyer Kaufling