Un film réalisé avec le Musée de l’Art brut de Lausanne (Suisse).
Ce Musée présente des collections permanentes et des expositions temporaires d’art brut, locales ou internationales. Il a été créé en 1945 et constitue une référence internationale dans le domaine de l’art brut. Il a vocation à repérer et enrichir , conserver et présenter au public ce qui est aujourd’hui la première collection d’art brut à l’international.
Il est important de noter que la production du film est assurée par Sandoz (Novartis depuis 1996) qui est une industrie pharmaceutique suisse d’envergure internationale fondée à Bâle en 1886. Il y a donc un partenariat clair du monde de la culture et de celui de la médecine, qui a un double objectif de valorisation culturelle (le Musée de l’Art Brut est un élément central de la vie culturelle de Lausanne) et une valorisation combinée de l’image de l’hôpital psychiatrique ( les hôpitaux psychiatriques fournissent les œuvres au Musée) et de l’industrie pharmaceutique par un biais original , se rapportant à l’exercice d’une forme de soft-power.
L'art brut
L’art brut, tel que présenté par ce Musée, est un art réalisé par des artistes autodidactes. Ceux-ci produisent des œuvres décalées par rapport aux normes, et ne peignent pas pour le public mais strictement pour eux-mêmes. Les œuvres sont produites indépendamment de tout courant ou cadre technique. L’art qui en résulte est donc marginal et très singulier. Jean Dubuffet (inventeur du terme “art brut”) en livre la définition suivante (rapportée sur le site du Musée de l’Art Brut) : « Nous entendons par là [Art Brut] des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistiques, dans lesquels donc le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, ait peu ou pas de part, de sorte que leurs auteurs y tirent tout (sujets, choix des matériaux mis en œuvre, moyens de transposition, rythmes, façons d’écritures, etc.) de leur propre fond et non pas des poncifs de l’art classique ou de l’art à la mode. Nous y assistons à l’opération artistique toute pure, brute” - Jean Dubuffet, L’Art Brut préféré aux arts culturels, 1949.
Les recherches sur l'Art brut et la psychiatrie
Certains projets portés par l’Université de Lausanne (faculté Histoire et Esthétique du Cinéma) et la Cinémathèque Suisse portent sur La question des liens entre art et troubles psychiatriques. Des études ont notamment été faites (Institut Karolinska, Suède, 2010) pour essayer d’établir un lien entre le manque de récepteurs de la dopamine présenté à la fois par les personnes très créatives et les personnes souffrant de schizophrénie. Le flux d’informations reçues serait donc plus important et propice à une créativité accrue, la création de nouvelles connexions, parfois liées à des associations inédites. Les neuroleptiques destinés à traiter la schizophrénie ont d’ailleurs des effets d'atténuation des effets de la dopamine.