Itto (1934)

De Medfilm



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Titre :
Itto
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Interprétation :
Durée :
122 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc - 35 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Archives détentrices :

Générique principal

« Ce film a été inspiré d’un épisode authentique de la pacification française au Maroc – pacification aujourd’hui heureusement achevée ; Eden productions présente ; Un film de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein ; Itto ; Scénario de Georges Duvernoy, tiré de l’ensemble des œuvres de Maurice Le Glay (éditées à la librairie Plon), adapté et dialogué par Étienne Rey ; Musique nouvelle d’Albert Wolff, exécutée sous la direction de l’auteur, président des concerts Pasdeloup ; Paroles et chansons de Henri-Georges Clouzot, musique et chanson éditée par Coda ; Découpage et réalisation Jean-Benoit Lévy et Marie Epstein ; Conseiller indigène : Si Abdallah Glaoui ; Prises de vues : Georges Asselin, Paul Parguel ; Prises de son : Fred Behrens, Jean Bertrand, Système « H » ; Dans l’interprétation indigène : Simone Berriau – Itto, Hamou chef de guerre et père d’Itto – Moulay Ibrahim, Miloud – Ben Brick, La nourrice – Aïsha, L’espion – Saïd ; Interprétation française : Simone Bourday – Françoise, Pauline Carton – La tante Anna, Maïa Severin – Mme Dumontier, Gina Yanne – La journaliste et Sylvette Fillacier – La blèdarde ; Hubert Prelier – Le toubib, Camille Bert – Le colonel, Roland Caillaux – Lieutenant Jean Dumontier, Pierre Sarda – l’officier de renseignements, Lucien Dalres – Le caporal, Bernard Redor – L’officier aviateur, Meriel – Mr Dumontier avec Henri Debain – Le sergent ; Ce film a été entièrement tourné avec les Chleus. »

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

L’histoire parallèle de deux femmes Itto la berbère fille d’un chef de guerre et Françoise l’européenne et femme de médecin militaire, au Maroc à l’époque du Protectorat français.

Genre dominant

Fiction

Résumé

Itto, fille du chef chleuh (tribu berbère) Hamou a été accordée en mariage à Miloud, le fils du chef d’une tribu voisine et alliée dans la lutte contre les Français, désignés par le terme de « Roumis ». Au même moment, Françoise, une jeune fille de la bonne société européenne se marie avec un médecin-capitaine, Pierre Darieux, et le suit dans le bled. Une épidémie de clavelée décime les troupeaux de moutons de la tribu du père de Miloud, qui accepte de libérer l’équipage d’un avion français abattu si un « toubib » vient soigner ses bêtes. Pierre Darieux réussit à les guérir et à rallier la tribu à la cause française. Miloud refuse de voir son mariage compromis et veut rejoindre la tribu d’Hamou avec Itto. Mais il est grièvement blessé par ses frères de celle-ci, que leur père a envoyés pour la ramener de force. Ramassé par des goumiers, Miloud reconnaissant décide de se battre aux côtés des Français. La bataille s’engage entre troupes coloniales et la tribu d’Hamou. Miloud, qui a retrouvé Itto et l’a emmenée de force au camp français, doit la laisser repartir pour que le corps d’un soldat tué puisse être récupéré. Sous la pression des Coloniaux, Hamou et sa tribu doivent se replier dans la montagne. Quelque temps plus tard, Itto met au monde un fils que sa nourrice, Aïsha, fait passer pour un enfant trouvé. Au même moment, Françoise Darieux donne elle aussi naissance à un petit garçon. La diphtérie s’abat soudain sur la contrée, obligeant Itto à rejoindre le souk pour faire soigner son enfant par Darieux, qui se fait voler sa caisse de sérum par les hommes d’Hamou à la recherche de cartouches. Il ne peut plus soigner les bébés malades, dont son propre fils. Avec d’autres femmes, Itto parvient à récupérer la caisse et à la lui ramener, ce qui sauve les nourrissons. Pendant ce temps, Hamou est acculé et permet à ses fils à se soumettre. Itto choisit de mourir avec lui. De son côté, Françoise ne supporte plus les dangers du bled et veut retourner à Rabat. L’allaitement du bébé d’Itto, donnant ainsi un sens à sa présence, la décide finalement à rester.

Contexte

Existant depuis le Moyen Âge, le Maroc devient un enjeu entre la France et l’Allemagne avec la Crise de Tanger en 1905, réglée par le Traité d’Algésiras l’année suivante, puis à nouveau lors du Coup d’Agadir en 1911. Un an après, le Traité de Fès place le pays sous protectorat français. La nouvelle puissance tutélaire entame plusieurs campagnes dites «  de pacification » qui débuteront avec la guerre contre les Zayanes et leur chef Mouha Ou Hammou Zayani, culmineront avec la Guerre du Rif (1921-1926) et s’achèveront en 1934. Dix ans plus tard sera publié le Manifeste de l’Indépendance qui mènera ensuite à la Déclaration de La Celle-Saint-Cloud en 1955, aboutissant à l’indépendance du Maroc l’année suivante.
L’un des piliers de la politique française au Maroc a été le développement des soins médicaux, exsangues au début du XXe siècle. Les pionniers en ont été les docteurs Épaulard et Cristiani qui ont prodigué ces soins aux Européens présents sur place, mais aussi aux indigènes. L’assistance apportée par les médecins, infirmiers et aides sanitaires militaires des troupes coloniales aux tribus rencontrées en opération a fait accepter la tutelle française par celles-ci. Durant l’entre-deux-guerres, le personnel médical français civil et militaire a concentré les efforts dans la lutte contre les épidémies, parmi lesquelles la variole, la peste, la lèpre, la tuberculose, la syphilis et le typhus. Après un ralentissement durant la Seconde Guerre mondiale, l’action médicale et sanitaire a connu un regain et a permis l’émergence d’une médecine moderne dont le Maroc a profité après son indépendance.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Bien qu’il ait un évident caractère « colonial » par son sujet même, le film n’est pas manichéen et alterne les points de vue français et indigènes. Il fait certes parfois preuve de paternalisme dans la représentation des relations entre Français et indigènes et de l’assistance médicale apportée par les premiers aux seconds. Cependant, les tribus locales ne sont pas caricaturées, même si Hamou apparaît très dur avec les siens. Les combats apparaissent avec une violence très édulcorée. Les personnages d’Itto et de Françoise sont mis en parallèle par leur statut d’épouse et leur maternité simultanée.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

La santé et la médecine telles qu’elles apparaissent dans le film ont une fonction clairement sociale, voire politique. Il s’agit d’une médecine militaire, mais qui sait aussi se tourner vers les autochtones.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Cinémas publics.

Communications et événements associés au film

Public

National

Audience

Descriptif libre


[00’00]
Générique
[02’50]

Une rébellion dans l’Atlas
[02’50]
Le film s’ouvre sur de grands panoramas des montagnes de « l’Atlas marocain » et d’une casbah qui s’y trouve, au son d’un thème musical lent aux accents arabes. Plan d’ensemble d’un carrefour dans une ville et plans rapprochés sur un mannequin dans une vitrine et sur une femme voilée. Musique frénétique aux accents parisiens. Plan moyen d’un piano-bar où un orchestre joue devant les clients et plan rapproché poitrine d’une femme voilée de face à côté d’une femme européenne de dos et à la tenue légère. Contraste entre la vie marocaine traditionnelle et la vie européenne moderne. Retour au plan moyen de l’orchestre et plan rapproché taille d’un médecin capitaine et d’un lieutenant de la Coloniale. Leur sujet de conversation est le nouveau chef de la rébellion, Hamou.
[03’55]

Des fiançailles simultanées
[03’55]
Plan rapproché de profil de celui-ci, un fusil à la main. Plans d’ensemble et généraux du campement rebelle en pleine activité. Plans moyens et rapprochés. La tradition dicte la vie de ces nomades tant dans le commerce que dans préparation des repas. Plan rapproché taille, plan d’ensemble et plan moyen. Hamou est assis avec son plus jeune fils. Il voit arriver deux membres de sa tribu qui se disputent un mouton. Il les écoute puis, comme Salomon, rend son jugement.
Plan moyen et plans rapprochés taille. Un groupe de guerriers exécute une danse traditionnelle sous le regard des enfants de la tribu et de Miloud, le fils du chef d’une tribu voisine, assis avec son fusil à la main. Il remarque la présence d’une femme à ses côtés, lève la tête et sourit : c’est la fille d’Hamou, Itto, accompagnée de sa nourrice Aïsha. Les deux femmes s’éloignent et Miloud se lève et les suit. Autres plans moyens. Avec Itto, il se présente face à deux anciens pour la cérémonie des fiançailles. Aïsha est devant eux, à genoux. Plan rapproché. Un vieillard chante et joue sur un violon de fortune. Très gros plan sur les yeux de Miloud souriant et d’Itto intimidée qui se regardent.
Autre gros plan sur les yeux d’une jeune femme et du médecin capitaine qui se regardent furtivement. Plan rapproché taille. La caméra va de l’un à l’autre, alors qu’ils se trouvent tous deux à une réception mondaine. Plans d’ensemble de la salle où se déroule celle-ci et d’un quai du port de Rabat où un paquebot est amarré.
Plan américain. Une journaliste accourt vers le médecin capitaine et, se présentant comme reporter du journal « Le Monde et la Femme », veut recueillir ses « impressions sur ce bled » où elle l’a cherché trois années durant. Ennuyé, il n’a aucun mal à apprendre qu’elle n’y a passé que « trois jours » et l’invite à ne pas parler de ce qu’elle ne connaît pas. C’est alors que Jean Dumontier, le lieutenant de la Coloniale vu précédemment, le prend à part et le présente à ses parents comme étant Pierre Darieux, « le grand blédard connu dans tout l’Atlas ». Il lui confie sa « petite sœur Françoise » pour la faire danser, malgré ses protestations. Plan rapproché poitrine sur les deux partenaires qui dansent maladroitement et plan en plongée sur leurs pieds.
[08’00]

Un avion français s’écrase ; les deux tribus s’allient
[08’00]
Plan en plongée sur d’autres pieds, ceux d’Itto et Miloud, autour des quel est enroulé un serpent. Plan rapproché poitrine des deux jeunes gens qui se regardent, un joueur de flûte à leurs côtés.
Plan moyen et autre plan rapproché poitrine. Un dresseur de serpents exécute une danse endiablée au son d’une musique traditionnelle. Puis les langues de l’homme et de l’animal se touchent. Itto s’éloigne pour voir son père qui l’a appelée. Plan d’ensemble et plan moyen. Alors qu’elle s’agenouille à ses côtés, il lui reproche de ne pas tenir son rang en ne gardant pas ses distances avec les autres. Plans divers du campement en pleine activité. Plan général et plans d’ensemble, moyens et rapprochés. Un biplan français apparaît dans le ciel. La musique s’arrête et le camp interrompt son activité. Tous regardent l’avion qui tournoie au-dessus d’eux. Hamou tire le premier coup de feu : c’est le signal de l’hallali. Les guerriers se mettent à tirer. L’appareil est touché et s’écrase au sol. La tribu tout entière se rue vers l’avion retourné à l’envers. L’un des pilotes la voit arriver avec horreur et sort son pistolet pour la tenir à distance. Plan d’ensemble et plans rapprochés. Une femme se glisse sous l’appareil et brandit un poignard pour égorger l’autre pilote. Celui-ci a le réflexe de lui toucher le sein droit. Gros plan sur l’enfant qu’elle porte sur son dos. Il retient le bras armé de son camarade : toucher la poitrine d’une mère les a rendus sacrés. Tandis qu’elle se redresse, la foule se fend en deux pour laisser passer les chefs de tribu. La femme demande grâce pour les deux aviateurs qui sont maintenant ses « protégés » et met le bras de celui qui est armé sur son sein droit. Nouveau gros plan sur son enfant et sur le bras de l’homme qui lâche son pistolet. Hamou demande de quel groupe vient cette femme ; le chef de la tribu voisine, le père de Miloud, répond qu’elle est l’une des siennes. Hamou ordonne qu’ils soient laissés en vie et l’autre chef décide d’en faire ses otages. Plan moyen des enfants qui jouent sur la carcasse de l’avion et plan d’ensemble des guerriers qui se dirigent vers une casbah.
[12’05]

Françoise décide de suivre Pierre dans l’Atlas
[12’05]
Plans d’ensemble et plans moyens. Les deux chefs mangent ensemble et décident de marier leurs enfants. Hamou accepte donc de donner Itto à Miloud si son père combat les « Roumis », c’est-à-dire les Français, avec lui. Celui-ci accepte et, en signe d’alliance, ils échangent leurs turbans. Plans rapprochés taille. Miloud, qui a suivi la conversation, sourit en voyant Itto sur un mulet. Toujours intimidée, elle lui adresse un bref regard. Le vieillard se remet à jouer sur son violon de fortune.
Plan rapproché taille d’une femme européenne jouant du piano, plans rapprochés poitrine de Pierre Darieux et Françoise Dumontier qui se sourient et plans d’ensemble de la salle où ils se trouvent avec d’autres personnes. Plan rapproché taille de Pierre assis. Il tourne la tête lorsqu’il entend Françoise appeler sa « tante Anna », la joueuse de piano. Plan d’ensemble, Françoise est assise dans la pièce voisine avec ses parents, son frère Jean et sa tante Anna. Le père et la mère refusent qu’elle se marie avec Pierre du fait de sa vie itinérante et sollicitent l’avis de leur fils qui, à leur grande surprise, approuve ce projet. Plans rapprochés poitrine. Sous les yeux ahuris de la tante Anna, il prend sa sœur par la main et annonce à ses amis les fiançailles de celle-ci « avec ce grand blédard de toubib ». Nouveau plan d’ensemble de la salle. Les deux jeunes gens sont félicités et une musique est attaquée au piano.
Plan général de la cour intérieure de la casbah où sont fêtées les fiançailles de Miloud et d’Itto. Travelling horizontal des jeunes filles qui chantent en battant des mains. Plan moyen et plan en contre-plongée. Miloud, assis dans la cour tape la cadence sur un tambourin et sourit à Itto qui le regarde en souriant elle aussi, à travers le croisillon de la pièce où elle se trouve. Alors que la musique s’arrête, sa nourrice Aïsha la rejoint et lui annonce en riant que Miloud viendra la chercher ce soir.
Gros plan. Des mains masculines se saisissent des fesses d’une femme. Plan rapproché taille. Plan américain. Des soldats attablés sont servis par la « blédarde », une jeune femme peu farouche. Plan d’ensemble. Un camion arrive et Pierre en descend avec Françoise. Il lui demande de l’attendre un instant. Plan moyen et plan rapproché taille. Un sergent s’approche d’elle, mais se fait repousser par la blédarde. Celle-ci l’invite à se joindre à eux, mais Françoise garde ses distances. La serveuse le prend mal, l’apostrophe rudement et se moque d’elle. Plan moyen. Pierre revient, reprend la situation en main et emmène Françoise avec lui. Nouveau plan rapproché. La blédarde est stupéfaite d’apprendre d’un des soldats qu’il s’agit de « la femme du toubib ». Il la chambre gentiment, mais elle le gifle.
Gros plan en plongée sur coupe qui est remplie de champagne. Plan d’ensemble. Des officiers sont attablés avec le colonel commandant le régiment. Celui se lève et porte un toast « à la santé de notre toubib » qu’il félicite d’être revenu de sa permission avec « la plus charmante des femmes ». Plan rapproché de Françoise, souriante et intimidée, dont il baise la main. Le lieutenant Dumontier entre, salue le colonel et lui rapporte que « l’avion de Chauvois » n’est pas revenu.
[17’00]

L’un des prisonniers français négocie l’envoi d’un toubib
[17’00]
Panorama du camp français durant la nuit et de la casbah de la tribu de Miloud le lendemain. Plans moyens. Le soldat blessé se plaint de sa jambe où la douleur s’accroît et son camarade enrage de n’avoir pas de médecin à disposition. Il sort et demande au gardien si le chef lui permettrait d’aller chercher « le toubib ». L’homme répond que celui-ci s’apprête à célébrer les noces de son fils et, au prisonnier qui répond n’en avoir que faire, il propose d’y assister. Plans généraux. Ils arrivent sur le lieu de la cérémonie. Plan rapproché taille de Miloud qui attend au côté de son cheval. Une foule arrive. Plans d’ensemble. Ils se présentent devant leur chef avec un mouton à l’agonie et lui disent qu’un « mal mystérieux » décime les troupeaux. Gros plan sur le visage impassible du chef. Il s’approche de la bête. Plan rapproché taille du Français prisonnier et de son gardien berbère. Le premier s’étonne de ce tumulte et propose d’aller chercher « un sorcier blanc ». Le second lui répond que l’élevage est leur seul moyen de vivre et va soumettre sa proposition au chef. Plan en plongée sur le mouton à la respiration saccadée et plan américain. Le chef accepte la proposition et décide de laisser partir le prisonnier s’il s’engage à revenir avec son « sorcier ». Le Français promet. Plan d’ensemble et plan rapproché taille. Tandis que les moutons évoluent dans la montagne, le chef ordonne à son fils de se rendre avec l’otage « au camp roumi ». Miloud ne veut pas à cause d’Itto, mais son père maintient sa décision. Retour au plan américain. Le Français s’amuse que le « fiancé » soit obligé de l’emmener. Plan rapproché taille de son gardien qui considère avec philosophie que le mouton doit passer avant le mariage. Plan d’ensemble en plongée et contre-plongée, le prisonnier annonce la bonne nouvelle à son camarade blessé que s’en félicite. Plan général de la tribu rassemblée et plan en plongée sur les pieds du Français qui sont libérés de leurs entraves. Il part avec Miloud. Plan moyen d’une Bédouine accroupie en lamentations devant le mouton.
Plan rapproché. Une femme berbère s’approche d’Itto, qui est entièrement voilée. Avec une autre femme, elles la font se lever et s’asseoir au milieu de leur groupe. Puis elles commencent à chanter et étendent un drap au-dessus d’elle avant de le retirer et de dévoiler son visage. Plan moyen de face d’Itto et plans rapprochés poitrine des femmes qui l’entourent. Plan en plongée sur une coupe contenant un liquide noir. L’une d’elles y trempe le doigt et en étale dans le creux de la paume de chaque main d’Itto. Autre plan moyen. Un garçon est à la grille et dit à Aïsha que Miloud ne viendra pas. Celle-ci annonce la nouvelle à Itto qui, furieuse, arrache son voile.
[21’35]

Pierre soigne le soldat blessé et le troupeau de moutons
[21’35]
Plan rapproché poitrine, plan d’ensemble et plan rapproché taille. Miloud est arrivé au campement français avec Chauvois, le soldat français libéré sous promesse. Il se trouve en compagnie de Pierre dans la tente du colonel. Celui-ci résume la situation : la libération du soldat blessé contre le sauvetage des moutons frappés par la clavelée. Le vétérinaire du régiment ayant été sollicité par d’autres tribus, c’est à Pierre d’y aller. Chauvois lui précise qu’il est aussi urgent de soigner son camarade et le colonel lui rappelle qu’il s’agit de rebelles. Mais Pierre est bien décidé à accomplir sa mission. Son supérieur lui serre la main et le laisse aller préparer son matériel. Plan rapproché taille. Il se tourne ensuite vers Miloud et lui propose une cigarette. Gros plan le paquet de cigarettes tendu par l’officier. La main de Miloud hésite en instant et prend celle qui dépasse. Le colonel l’a lui allume tandis que le clairon sonne au dehors. Vue générale du camp.
Plan rapproché taille. Françoise est inquiète et contrariée que Pierre se mette en danger « pour des moutons ». Il essaie de la rassurer en lui rappelant qu’il s’agit aussi de son camarade, de ces gens qu’aucun médecin n’a jamais visités et de son « métier ». Plan d’ensemble. Il part avec des soldats indigènes. Gros plan sur les yeux sombres de la jeune femme qui les regardent s’éloigner puis se referment.
Vue générale de la casbah rebelle. Plans d’ensemble en plongée et classique. Pierre est avec Chauvois auprès du blessé. Le gardien berbère rentre et lui rappelle qu’il doit aussi soigner le troupeau de moutons. Autre vue générale puis plan d’ensemble. Entourée par les bergers de la tribu, Pierre fait ingurgiter à chaque animal une « ampoule ». Autres plans d’ensemble et plans moyens. Les moutons sont amenés par groupes et les enfants tiennent les agneaux dans leurs bras. Plan rapproché poitrine. Le gardien s’approche de Pierre pour lui demander s’il peut soigner « le frère du patron » qui n’urine plus depuis trois jours. Il décide d’aller le voir tout de suite.
Plan d’ensemble d’un abri à moitié enterré dans le sol. Pierre et Chauvois arrivent au chevet du malade. Des femmes présentes sur le toit commencent à chanter, mais l’un de leurs coreligionnaires leur ordonne sèchement de se taire. Plans rapprochés taille. Tandis qu’elles attendent le « miracle ». Les soins nécessaires sont prodigués à l’homme. Gros plan sur un filet de thé versé d’une carafe dans un verre. L’homme va mieux et sourit tandis que les femmes chantent. Plan d’ensemble, Pierre et Chauvois prennent congé de lui saluent les femmes. Plan américain et plan rapproché poitrine. Chauvois transmet à Pierre les remerciements du chef de tribu et la proposition de celui-ci : « trois femmes ou un cheval ». Le gardien berbère lui recommande le second choix, mais il refuse, préférant son amitié. Gros plan. Le chef accepte et, prenant la main de Chauvois, fait le serment « de ne plus combattre ses frères » sous les yeux fixes de Miloud qui voit son engagement avec Itto remis en cause. Plan d’ensemble et plan général. Les Français quittent la casbah avec leur blessé chargé sur un mulet. Plan rapproché taille des femmes et jeunes filles qui chantent en battant des mains et au son des tambourins.
[27’10]

Hamou appelle au combat et proscrit la tribu de Miloud
[27’10]
Plans moyens. Pierre dit à Miloud qu’il donne crédit à la promesse faite par son père puis s’en va. Miloud reste un instant silencieux puis il entend des chants guerriers. Plan général d’une colonne de rebelles descendant la montagne. Plan d’ensemble et moyens en plongée. Miloud et ceux qui l’entourent veulent les rejoindre. Le jeune homme demande à son père la permission d’aller avec eux, mais celui-ci refuse à cause de la promesse qu’il a faite aux « Roumis ». Son fils baisse la tête, descend de son cheval et se retire à l’écart, amer. Plan rapproché taille de Miloud et plan d’ensemble des guerriers qui passent sur la piste. Il brûle de les rejoindre et enrage de ne pouvoir le faire.
Plans généraux de la casbah de Miloud et des rebelles qui y accourent. Plan moyen. Il les salue, se présente comme leur chef et promet de les conduire à la victoire « avec l’aide de Dieu ». Retour au plan rapproché taille de Miloud qui les entend depuis la casbah de son père.
Plan d’ensemble de la cour intérieure de la casbah où a lieu la veillée d’armes, à la lueur du feu. Plan rapproché taille en contre-plongée d’Hamou qui condamne la tribu de Miloud qui ne s’est pas présentée. Plan rapproché poitrine d’Itto qui réalise avec effroi qu’elle ne pourra pas épouser Miloud. Risquant le tout pour le tout, elle décide de le rejoindre. Plans d’ensemble. Les deux femmes quittent en cachette la casbah tandis que deux guerriers se lancent dans une danse au son des tambourins et accompagnés par les chants de leurs camarades.
[32’00]

Itto et Miloud consomment leur amour ; elle est ramenée de force par ses frères
[32’00]
Plans d’ensemble et plans rapprochés. Itto rejoint Miloud dans un oued et l’incite à partir au combat. Gros plan sur le visage grave de Miloud, qui lui explique que c’est impossible à cause du serment fait par son père aux « Roumis ». Elle lui répond que son père s’opposera au mariage s’il ne le rejoint pas et, retirant partiellement son voile, lui demande s’il ne veut plus d’elle. Très gros plan sur son sourire et gros plan sur le visage de Miloud qui s’éclaire. Elle remet son voile en place. Les deux fiancés s’allongent au milieu des herbes hautes. Plan moyen. Elle lui confie la raison de sa venue. Plan panoramique en contre-plongée des palmiers dattiers au son des oiseaux. Après avoir collé son visage contre le sien, il la prend dans ses bras et l’emmène.
Plans d’ensemble et plans moyens. Tandis que la veillée d’armes se poursuit avec ses danses guerrières. Miloud, qui porte toujours Itto dans ses bras, est arrivé à la casbah de son père et entre dans sa pièce à coucher.
Plan général. Le soleil se lève. Gros plan du visage de Miloud qui se réveille. Plan moyen. Itto est à côté de lui et les deux amants se sourient tandis que le coq chante. Plan d’ensemble de la casbah d’Hamou où résonne l’appel à la prière. Avec ses fils, le vieux chef s’agenouille sur un tapis et s’incline. Au même moment, Miloud fait de même après avoir bu le thé que lui a préparé Itto, qui se tient en arrière avec le fusil de son bien-aimé dans les mains. Elle l’invite ensuite à aller au combat avec les siens. Gros plan. Elle lui remet son fusil.Plan général de la casbah d’Hamou devant laquelle se rassemblent les rebelles. Plan moyen. Celui-ci ordonne à ses fils de « châtier Miloud le traître » et de ramener Itto. Plan d’ensemble et plan moyen. Miloud se présente aux siens avec sa « femme ». La nourrice de celle-ci lui baise la main. En sortant de la casbah, le jeune homme croise son père et lui dit qu’il par combattre aux côtés d’Hamou. Plan rapproché taille. Miloud baisse la tête, mais décide de passer outre le serment qui a été fait aux Français tandis qu’Itto se met à rire au nez de son beau-père. Plan d’ensemble, plan moyen et plan rapproché poitrine. Les jeunes fiancés montent sur un cheval et Miloud appelle ceux qui le veulent à le suivre. La tribu se divise entre le fils et le père.
Plans d’ensemble en contre-plongée d’une colline rocheuse. Les fils de Miloud apparaissent, suivis de plusieurs rebelles. De leur position, ils voient leur sœur avec son fiancé et ceux qui les accompagnent. Plan moyen. Itto leur fait signe. Ils y répondent par un coup de fusil qui atteint Miloud. L’attaque est lancée. Plan moyen d’Itto qui s’agrippe à son bien-aimé couché à terre et en est arraché par ses frères qui la mettent sur leur cheval et l’emmènent, laissant Miloud à demi inconscient.
[37’38]

Par gratitude, Miloud rallie les Français ; les deux camps se préparent au combat
[37’38]
Plan d’ensemble. Les fils d’Hamou sont de retour à la casbah de leur père avec Itto. Ils la font descendre de cheval et s’agenouiller au pied de l’escalier en haut duquel se tient leur père. Plans moyens. Celui-ci somme sa fille de s’expliquer. Elle lui répond avoir essayé de rallier la tribu et lui tends les cartouches de Miloud comme preuve. Il les prend et lui dit que l’une d’elles lui sera destinée s’il apprend qu’elle s’est donnée à ce « traitre ». Retour au plan d’ensemble puis plan général de la casbah. Hamou et ses fils partent à la tête des tribus qu’ils commandent pour affronter les Français. Plans moyens et plans rapprochés en plongée. Itto reste seule à la casbah avec le benjamin des fils et, dans ses mains, une cartouche et une rose qu’elle lui donne. Il respire le parfum de la fleur.
Gros plans du visage de Miloud, allongé sur un lit d’hôpital après avoir été ramassé « sur le terrain » par des goumiers, et du visage de Pierre qui vient de l’opérer. Plan d’ensemble de la salle d’opération où ils se trouvent avec un infirmier qui achève le bandage de la tête du jeune homme. Celui-ci dit toute sa gratitude au médecin capitaine qui lui a « sauvé la vie » et promet de le suivre partout s’il lui donne un fusil.
Plans d’ensemble et plan panoramique. Les officiers français remettent fusils et cartouches aux soldats indigènes. Tout le camp est en effervescence, atmosphère soulignée par une musique dramatique. Des chars Renault FT se mettent en mouvement. Pierre embrasse Françoise et s’apprête à partir, mais elle le rattrape. Plan rapproché poitrine. La jeune femme essaie de lui avouer quelque chose. Gros plan. Elle lui souffle à l’oreille qu’elle pense bientôt « avoir… » Vacarme d’un char. Il lui sourit et l’embrasse. Plan moyen de cavaliers indigènes partant en colonne. Plan rapproché. Françoise accompagne Pierre qui s’en va avec son équipe médicale. Gros plan. Elle s’agrippe à sa main et embrasse celle-ci avant de la lâcher. Plan rapproché poitrine. La blédarde, qui a elle aussi salué les hommes au moment de leur départ, essaie de la rassurer, mais elle s’effondre en larmes dans ses bras.
Plans d’ensemble et plans moyens. Les soldats français et indigènes montent en ligne à cheval et à pied. Une section française marche en entonnant une marche militaire tandis que les rebelles chantent leurs hymnes guerriers.
Plan général du campement français. Plan d’ensemble et plan moyen. Les officiers sont rassemblés autour du colonel qui leur expose la situation puis leur donne ses ordres. Plan panoramique du campement des rebelles. Plan d’ensemble et plan rapproché taille. Les chefs de tribu sont rassemblés autour d’Hamou qui donne ses instructions.
[43’30]

Miloud amène Itto de force au camp français
[43’30]
Plan moyen et plans rapprochés taille. Saïd, le berbère qui avait gardé Chauvois et son camarade, s’est fait espion. Il annonce à Aïsha, la nourrice d’Itto, qu’il a vu Miloud. La jeune femme a entendu et accourt. Son visage s’éclaire en apprenant que son bien-aimé a été sauvé, avant de se rembrunir lorsque Saïd leur dit qu’il combat aux côtés des « Roumis ». L’espion retourne ensuite au camp français où il informe Miloud qu’Itto est avec son père et qu’elle lave son linge dans l’oued.
Plans d’ensemble. La jeune femme est en train de tremper son linge dans l’eau lorsqu’elle aperçoit Miloud qui l’appelle et descend de la colline. D’abord hésitante, elle se lève et s’élance à sa rencontre tandis il traverse l’oued. Plans rapprochés poitrine et gros plans. Les deux fiancés se retrouvent. Elle lui annonce la probable naissance de son fils, mais pense qu’elle sera tuée par son père pour cela. Il veut l’emmener avec lui « chez les Roumis », mais elle refuse. Son visage devient alors terrible. Plan d’ensemble et plan général. Il la prend de force, repousse Aïsha qui veut l’empêcher, et retraverse l’oued vers le camp français. Plans moyens. La nourrice ne peut que l’apostropher en s’avançant dans l’eau jusqu’aux genoux, tandis qu’Itto se débat en vain.
Autre plan d’ensemble. Au milieu des tentes, des soldats français sont assis en cercle et discutent, tandis que le sergent et un caporal se partagent du tabac. Tous accourent lorsqu’ils voient Miloud rentrer sous sa tente avec une « belle poule ». Plans moyens. Un soldat sort de sa tente en se demandant ce qui se passe puis il se rue vers le groupe suivi par plusieurs de ses camarades. Plans d’ensemble, gros plans et plans rapprochés taille. Un attroupement de soldats s’est formé devant la tente de Miloud qui en sort en riant d’avoir retrouvé sa « douce colombe ». Plaisanteries graveleuses du sergent et du caporal. Chauvois arrive, s’informe de la situation, ordonne aux soldats de respecter la « prisonnière » et s’engage auprès de Miloud au respect de son intégrité physique. Plan moyen. Itto est assise à l’intérieur de la tente et attend.
Plan général du camp français où retentit la sonnerie « au drapeau ». Plans moyens et plans rapprochés. Hamou l’entend. Un chef de tribu lui rapporte qu’Itto est détenue par les « Roumis », ce que Saïd confirme, et demande s’ils doivent attaquer. Le chef maintient ses ordres.
Nouveaux plans généraux du camp français et autres plans moyens d’Hamou. En pleine nuit les rebelles ouvrent le feu. Les soldats français sortent de leurs tentes, se mettent en position de défense mais ne ripostent pas. Plan moyen d’Itto, assise et immobile dans la tente de Miloud et qui entend la fusillade. Hamou se rend compte qu’il s’agit d’un piège et ordonne de faire cesser le feu.
[49’16]

Itto décide de retourner chez son père
[49’16]
Nouveau plan d’ensemble avec Hamou, le chef de tribu et Saïd. Le premier ordonne aux deux autres de négocier l’échange du corps d’un « éclaireur » français tué contre sa fille. Gros plans des visages du leader de la rébellion et du colonel français. Autre plan d’ensemble. Saïd propose l’échange à l’officier supérieur qui accepte et demande à Chauvois de « faire le nécessaire ». Plan rapproché poitrine. Celui-ci explique la situation à Miloud et lui demande de laisser partir Itto. Devant les protestations du jeune homme, il décide de la laisser faire son choix. Plans moyens. Itto réfléchit un instant puis sort de la tente. Plans en plongée et contre-plongée. Elle s’incline devant Miloud qui sourit un instant puis se rembrunit. Elle se relève soudain et s’enfuit en courant. Le jeune homme veut la poursuivre et les soldats doivent se mettre à dix pour le retenir. Plan d’ensemble et plan rapproché poitrine. Tandis qu’Itto s’éloigne à cheval, Pierre essaie de faire entendre raison à Miloud et lui rappelle leur amitié. Les soldats remettent Itto aux rebelles et saluent le corps de leur camarade qu’ils emmènent. Pierre et Miloud observent la scène.
Plan d’ensemble de la casbah d’Hamou où Itto arrive. Plan moyen. Elle est introduite auprès de son père. Nouveaux plans en plongée et contre-plongée. Elle s’incline devant lui et l’informe de la stratégie des Français. Gros plan du visage d’Hamou qui apparaît songeur. Plans moyens, plan d’ensemble et plan rapprochés. Le vieux chef va à la rencontre des tribus en effervescence. À sa vue, elles se rassemblent autour de lui et lui demandent ce qu’il compte faire face à la puissance des Français. Il ordonne aux non-combattants de partir et aux autres de rester à ses côtés.
[53’37]

Le combat s’engage ; Itto devient maman
[53’37]
Plans d’ensemble divers. L’ordre est aussitôt transmis à la population qui cesse immédiatement toute activité. Les femmes, enfants et vieillards sont évacués sans ménagement. Gros plan sur le visage en pleurs d’un enfant qui est resté en arrière. Plan général de longue colonne d’ânes, de mulets et de dromadaires, dont plusieurs ont des agneaux juchés sur leur bosse. Plan moyen. Itto est elle aussi juchée sur un cheval mené par Aïsha. Plan général des collines et plan d’ensemble d’une bergerie au milieu de celles-ci, où arrivent les deux femmes. Plan moyen. La nourrice installe la jeune femme sur la paille pour qu’elle puisse accoucher en secret puis, la prenant dans ses bras, elle se met à chanter. Plan rapproché taille et plan d’ensemble. Sous les yeux impassibles d’Hamou, les rebelles chantent disent en prière leur foi dans la victoire. Plans divers. Les femmes des rebelles saluent leurs hommes. La bataille s’engage. Les combattants des deux camps montent à l’assaut les uns des autres. Les fusils et les mitrailleuses crachent leurs cartouches sans discontinuer. Gros plans sur les mains de soldats mortellement atteints qui se crispent sur une arme ou sur des épis de blé. Plan panoramique des montagnes et plan d’ensemble de la bergerie. Itto vient d’accoucher.
[58’16]

Les rebelles se réfugient dans la montagne ; Françoise devient maman
[58’16]
Plan moyen et plan rapproché. La nouvelle maman se repose, son nouveau-né à côté d’elle. Aïsha prend le bébé puis les petits que la chienne a mis bas. Celle-ci commence à aboyer en montrant les crocs, ce qui réveille Itto, qui constate l’absence de son enfant. Ce qui est en train de se passer fait son chemin dans son esprit et elle se glisse hors de la tente. Plan d’ensemble et plans moyens. Itto rejoint Aïsha au moment où celle-ci jette les chiots à l’eau et elle lui arrache le bébé des mains pour lui donner le sein, alors que la chienne n’a que ses yeux pour pleurer.
Plans divers de la bataille qui continue. Les bandes de cartouches sont vidées les unes après les autres. Hamou ordonne à ses lieutenants de se replier pour mieux résister. Les rebelles évacuent le terrain en désordre, poursuivis par la cavalerie indigène de l’armée française.
Plans rapprochés et plans d’ensemble. Hamou est juché sur son cheval et des rebelles se rassemblent autour de lui. L’un d’eux suggère la soumission, mais le chef le fusille du regard, provoquant sa fuite. Il prend son fusil, ajuste et l’abat pour « l’exemple ». Puis il appelle les siens à se réfugier dans la montagne.
Sur le champ de bataille, deux femmes soignent les rebelles blessés tandis qu’un infirmier indigène fait de même avec ses camarades.
Plans rapprochés et plan d’ensembles. Françoise se penche sur son nouveau-né. Madame Dumontier espère que Pierre se montrera plus raisonnable et qu’il acceptera une nomination à l’arrière. Françoise soupire de dépit. La blédarde entre et lui annonce son départ « en douce » pour rejoindre les soldats. Madame Dumontier, qui a deviné de quel genre de femme il s’agit, fait une remarque peu amène à sa fille puis quitte la pièce. Françoise demande à la blédarde d’informer Pierre de la naissance de son fils puis chante une berceuse à son bébé. Son interlocutrice se rembrunit brusquement.
[64’21]

Mort du lieutenant Jean Dumontier
[64’21]
Plans d’ensemble et plans moyens. Avec un infirmier, Pierre soigne son beau-frère, le lieutenant Alain Dumontier, qui appelle sa mère et sa sœur. Un camion de ravitaillement arrive à l’hôpital de campagne français. Le drapeau national flotte en haut de la tour et une pancarte « Ambulance 74 » trône au fronton du portique d’entrée. Les sacs sont déchargés. Plan rapproché poitrine. Un soldat ouvre l’un d’eux et y découvre la blédarde. En une grande clameur, tous ses camarades se ruent sur la jeune femme. Celle-ci leur impose le silence et demande des nouvelles, lesquelles ne sont pas très bonnes. Apprenant que le lieutenant Dumontier est mal en point, elle décide d’aller le voir, laissant les hommes dépités de ne pas leur avoir ramené de tabac.
Plan d’ensemble et plans rapprochés. Un infirmier signale à Pierre l’arrivée d’une femme « qui fait du barouf ». Le médecin capitaine veut la faire sortir, mais elle lui annonce la naissance de son fils. Il fléchit et la laisse entrer. Elle va d’abord voir un soldat blessé à la jambe puis se penche vers le lieutenant, qui a les yeux cachés par un bandeau, et lui touche le front. « Maman », appelle-t-il. Tétanisée, elle regarde Pierre qui lui adresse un bref signe de tête. Elle se fait alors passer pour sa mère. Il lui demande de chanter « quelque chose ». Elle repousse l’autre blessé qui lui touche les jambes et entonne la berceuse que Françoise a chantée à son nouveau-né. En l’entendant, le blessé léger arrête ses caresses tandis que le lieutenant Jean Dumontier rend son dernier soupir.
Gros plan, plan d’ensemble et plans moyens. Un soldat jour de l’harmonica. Le camp français est au repos. Le sergent achète un collier à des Bédouins puis, en plaisantant, il l’enfile autour du cou de la blédarde. Mais, attristée par le décès du lieutenant, elle le repousse sans ménagement, suscitant son incompréhension et celle des autres soldats.
[68’47]

Itto rejoint son père, mais lui cache la vérité
[68’47]
Autres plans moyens et plans d’ensemble. Devant la tente où elle a accouché, Itto tient son fils dans ses bras tandis qu’Aïsha fait le guet sur la route. Soudain, la nourrice rejoint la jeune maman et lui montre son père « qui revient du baroud ». Elle lui conseille d’aller le saluer « et qu’il ignore toujours ». Itto va au-devant de lui, s’incline respectueusement, lui baise la main et lui dit l’avoir attendu ici. Il lui ordonne de rejoindre son frère. Derrière Hamou marchent les rebelles, battus, mais dignes. L’un d’eux apostrophe Aïsha sur l’enfant qu’elle porte dans ses bras. La colonne arrive à une casbah creusée à flanc de montagne. Hamou est entouré par quelques-uns des siens qui l’ont attendu. L’un de ceux-ci lui demande où sont les autres tribus. Il répond qu’elles « se sont soumises aux Roumis » et crache littéralement son dépit. Aïsha s’agenouille et lui demande l’autorisation de garder le bébé qu’elle a « trouvé ». Plans rapprochés poitrine. L’inquiétude se lit sur le visage d’Itto, qui se cramponne à l’épaule de l’un de ses frères. Le vieux chef y consent, mais uniquement si c’est un garçon. En riant, la nourrice soulève le nourrisson : c’est un garçon. Plan général de la casbah où retentissent les cris des femmes.
[72’02]

Pierre s’installe au bled malgré les réticences de Françoise
[72’02]
Plan d’ensemble, plan moyen et plan rapproché. Pierre explique à Françoise que les rebelles se sont repliés dans les montagnes et que l’heure est venue de la pacification. Il lui présente avec enthousiasme ses projets médicaux et sanitaires. Elle lui demande de refuser et lui fait part de sa peur du bled, mais cela est pour lui hors de question et elle découvre qu’il a déjà accepté, malgré ses appréhensions quant aux dangers de ce si vaste espace pour son fils. Gros plan de profil sur celui-ci et plan panoramique des montagnes de l’Atlas. Françoise accepte de suivre son mari.
Plan d’ensemble en plongée du nouveau lieu d’habitation du couple, un poste médical. Pierre se prépare joyeusement à sa première tournée et vérifie son matériel avec un indigène qui l’assiste. Françoise lui dit à nouveau son incompréhension face à sa volonté d’aider des populations qui leur sont hostiles. Il lui répond que c’est un moyen de gagner leur cœur et de les aimer. Mais le souvenir de son frère empêche encore sa femme d’adhérer à cette vision des choses. Son mari exhorte au courage.
Retour au plan d’ensemble. Pierre part faire sa tournée. Plan rapproché poitrine. Françoise le salue de la main et s’efforce de sourire malgré son menton qui tremble. Puis elle rentre chez elle et se penche à nouveau sur son enfant.
Plans moyens et plans d’ensemble. Itto se penche elle aussi sur son bébé qui est malade. Aïsha interrompt sa préparation et vient à son aide. Elle prend le nourrisson, le dépose sur la paille et va chercher le sorcier. En arrivant, celui-ci s’étonne de voir Itto allaiter cet enfant « trouvé ». Il se penche un instant sur celui-ci, récite une invocation puis s'en va en disant que le bébé va mieux.
[77’40]

Itto s’enfuit une deuxième fois pour sauver son enfant malade
[77’40]
Il prend ensuite le thé avec Hamou et l’un de ses fils. Mais elle bébé continue de pleurer et de tousser. Aïsha propose à Itto d’aller voir « le sorcier Roumi » au « Souk de Tinden ». Itto lui crache au visage, mais, devant l’état grave de son enfant, décide d’y aller. Les deux femmes quittent la casbah en douce tandis que le sorcier rapporte à Hamou ce qu’il a vu. Le chef refuse d’y croire et, considérant l’éclat de rire de son interlocuteur comme un manque de respect, il menace de l’étrangler. Il descend jusqu’au mur de la casbah et demande à un enfant où est partie sa fille. « Du côté des Roumis », répond celui-ci. Pour la deuxième fois, il lance ses fils à sa poursuite. Plan rapproché poitrine. Le vieux chef baisse les yeux, très affecté par ce qu’il considère comme une seconde trahison de sa fille.
Plans moyens et plans rapprochés. Itto, suivie d’Aïsha, marche dans la plaine, son enfant sur le dos. Elle l’entend pleurer puis plus rien. L’espace d’un instant, tout s’arrête. Plan d’ensemble. Des corbeaux volent. Elle pose son enfant à terre et le regarde, le croyant mort, mais il respire encore. Elle remet sur son dos et reprend la marche.
[81’27]

Pierre sauve l’enfant d’Itto et Miloud ; ses médicaments lui sont volés par erreur
[81’27]
Plan général du souk. Plans divers. La population vient voir les sorciers pour se soigner contre les maladies qui la frappent. Pierre arrive à cheval avec son équipe. L’un des guérisseurs l’apostrophe et l’accuse de leur prendre tous leurs « clients ». Le médecin capitaine passe outre et installe son poste de consultation. Plans moyens et plans rapprochés taille. Après avoir fait une piqûre à un homme, il se tourne vers Saïd, l’espion, qui est atteint de la vérole et lui fait la même piqûre. Itto arrive à son tour devant le poste où un enfant tape sans arrêt sur un pot en fer en disant « gratuit » pour attirer les clients. Elle confie son bébé à Pierre qui demande à Miloud de s’occuper d’elle. Le jeune s’en approche et découvre qu’il s’agit de sa bien-aimée. Ensemble, ils regardent Pierre soigner leur enfant. Gros plans. Le médecin capitaine prélève du sérum et lui fait une piqûre. Le nourrisson est sauvé et rendu à sa mère. Sur les conseils de Pierre, celle-ci va se reposer à l’écart. Elle voit arriver plusieurs femmes avec leurs enfants malades eux aussi. Gros plan sur les visages de ceux-ci. Le « toubib » leur promet de les « guérir ».
Autres plans moyens et rapprochés. Un rebelle s’est approché d’un mulet sur lequel est chargé ce qu’il croit être une caisse de cartouches. Il appelle ses camarades et, discrètement, ils détachent la mule et l’emmènent.
[85’34]

Hamou découvre les capsules et Pierre découvre le vol
[85’34]
Plans d’ensemble, plans moyens et plan rapproché taille. Pierre donne un papier à Miloud et lui demande d’aller chercher de toute urgence des médicaments. « C’est très grave », lui précise-t-il. Miloud va d’abord tenir son fils dans ses bras et essaye une nouvelle fois d’emmener Itto avec lui « chez les Roumis ». Mais elle refuse de le suivre « chez les ennemis de son père ». Rappelé à sa mission par Pierre, il part pour le camp de base afin d’y récupérer du sérum. Plan d’ensemble. Le médecin-capitaine et son équipe quittent le souk sous les acclamations des femmes. Gros plan sur les enfants et nourrissons, dont celui d’Itto, qui ont été sauvés grâce à son action.
Autres plans d’ensemble et plans moyens. Pierre se hâte de rentrer chez lui, car le ciel se couvre dangereusement, signe de l’arrivée imminente d’une tempête de neige. Depuis la fenêtre de leur maison, Françoise voit avec inquiétude s’amonceler des nuages de plus en plus menaçants. A son grand soulagement, son mari revient enfin de la tournée de ses souks, mais il a à peine le temps de la saluer avant d’aller s’occuper d’autres femmes indigènes qui l’attendent avec leurs bébés. Il y retrouve Chauvois qui, arrivant à grande peine à les calmer, n’est pas fâché de le voir arriver. Très gros plan sur les yeux affolés d’une femme. Plan rapproché taille. Pierre examine l’un des nourrissons et rend son verdict : « diphtérie ». Il ordonne à son assistant indigène de faire sortir les femmes pendant qu’il prépare les vaccins. Il indique à Chauvois avoir envoyé Miloud chercher du sérum, mais, n’étant pas sûr d’en avoir jusqu’à son retour, il lui demande de faire amener la caisse de cartouches dans laquelle il en a encore. Plan fixe sur les capsules qu’il est en train d’ouvrir.
Volet de transition. Plan fixe sur la fameuse caisse que les rebelles ont amené à Hamou. Plan d’ensemble et plan moyen. Mauvaise surprise pour le chef qui constate qu’en fait de cartouches, elle ne contient que des capsules de verre. Plan fixe de l’une d’elles dans sa main. Un groupe de rebelles se trouvant en contrebas s’assoit et l’un d’eux décide de toutes les consommer « toutes les drogues du toubib » pour être « préservé de toutes les maladies ». Plan rapproché taille. Il finit par se trouver mal au bout de trois médicaments. Le sorcier qui est à côté de lui annonce au groupe qu’il est «  préservé de toutes les maladies à tout jamais ». Nouveau plan d’ensemble et plan moyen. Excédé, Hamou ordonne de ramener « ces saletés au souk » pour les marchander « contre des cartouches ». Plan en plongée. Une capsule de sérum est écrasée sous un pied.Nouveau volet de transition. Gros plans et plans rapprochés taille. Pierre vaccine les bébés à la chaîne lorsque Chauvois rentre et lui apprend que la caisse de cartouches est introuvable. Stupéfait, il comprend tout de suite que ces « salopards » la lui ont « barbotée au souk ». Son camarade essaie de le rassurer en lui disant que Miloud devrait être de retour « dans six heures », mais Pierre, dépité, jette ce qui était sa « dernière » capsule dans un bac. Plan fixe de celui-ci alors qu’un bébé est en train de pleurer et de tousser.
[90’58]

Les enfants du bled sont en danger de mort
[90’58]
Musique dramatique. Plans généraux et panoramiques. Le camion transportant le précieux sérum fonce sur la piste, mais la neige tombe dru et le véhicule se retrouve pris dans des congères. Plan moyen et plan rapproché poitrine. Penchée sur le berceau de son enfant, Françoise est de plus en plus angoissée, ce qui se lit sur son visage et dans ses yeux. Plan d’ensemble. Chauvois fait les cent pas lorsque Pierre rentre bredouille et lui demande d’aller s’informer des dernières nouvelles auprès des opérateurs radio. Plan moyen et plan panoramique. Ceux-ci, le sergent et l’un de ses camarades envoient un message en morse par-delà les étendues glacées. Retour au plan moyen et plan rapproché taille de Françoise. Constatant que le bébé commence à tousser, elle court chercher Pierre. Retour au plan d’ensemble. Celui-ci attend avec inquiétude ce camion qui ne vient pas, en compagnie de trois femmes indigènes dont l’une est à genoux et lui tend son enfant. Il ne peut que constater son impuissance. Françoise rentre et lui dit que « le petit ne va pas du tout ». Il se rend tout de suite au berceau de son fils et demande à sa femme de lui donner « une cuillère flambée ». Plan rapproché en plongée du bébé qui ne cesse de pleurer et de tousser. Elle s’exécute, puis prend le nourrisson dans ses bras, s’assied sur une chaise et le pose sur ses genoux. Gros plan du visage de Françoise et plan rapproché taille de Pierre auscultant la bouche de leur fils. Avec angoisse, elle attend son verdict et bascule dans l’effroi lorsque, d’un signe de tête, il lui fait comprendre qu’ils risquent de le perdre. Retour au plan d’ensemble. Elle remet le bébé dans son lit, tandis que Pierre est désemparé et ne sait plus quoi faire. Dans son berceau, le bébé pleure de plus belle.
Transition. Plan fixe. Les capsules de sérum et des cartouches sont posées sur une table. Plan moyen, plan général et plan d’ensemble. Les unes sont échangées contre les autres au souk, où les affaires vont bon train. Une femme indigène s’approche et découvre la supercherie. Plan rapproché taille. Après les avoir traités de « voleurs », elle leur dit que les enfants des montagnes ne peuvent pas être soignés sans les « amulettes ». Itto, assise avec Aïsha, a entendu elle aussi et s’approche. À deux, elles s’en prennent physiquement au vendeur. Un autre homme intervient à son tour, le ton monte rapidement et le pugilat dégénère en bagarre généralisée.
[94’47]

Le fils de Pierre et Françoise est sur le point de mourir
[94’47]
Transition à deux volets. Plan moyen et plan d’ensemble. Immobile, Françoise regarde son enfant qui continue de tousser. Pierre va à la fenêtre, écarte le rideau et regarde. Plan panoramique. Seules les ondes d’un message en morse traversent les étendues glacées. Plan rapproché taille. Le sergent et son camarade reçoivent une réponse au message qu’ils ont envoyé précédemment. Plan en plongée. Une main appuie frénétiquement sur une clef télégraphique. Plans généraux, plans d’ensemble et plans rapprochés taille. Un second camion arrive au secours du premier. Tandis que certains hommes s’emploient à dégager le camion enlisé, d’autres prennent les caisses contenant le précieux sérum et se lancent dans une difficile marche à pied en pleine tempête de neige. Pendant ce temps, Itto et d’autres femmes marchent elles aussi avec la caisse qu’elles ont réussi à reprendre au vendeur. La musique dramatique s’accentue. Plan moyen et plan rapproché poitrine. À son bébé qui tousse toujours, Françoise commence à chanter « dodo l’enfant sage dormira bientôt », mais sa voix tremble : elle est au bord des larmes.
Pendant ce temps, l’équipe de secours progresse toujours et finit par retrouver l’une des femmes dans la neige.
Retour sur Françoise et Pierre au chevet de leur fils. Gros plan sur ses mains qu’il tient serrées l’une dans l’autre. Elle le supplie : « Pierre, fais quelque chose ! Sauve-le ! ». « Je n’ai rien. », lui répond-il. Il décide cependant de lui dégager les voies respiratoires en aspirant les « peaux » et demande à sa femme une cuvette pour les recracher.
Plan moyen. L’une des femmes indigènes rampe dans la neige en traînant la caisse. Gros plan et autre plan moyen. Pierre essaye d’aspirer les « peaux » qui empêchent le bébé de respirer, mais sans résultat. En une tentative désespérée, il fonce à l’extérieur et lance un cri au loin. Plans généraux et gros plans. Il n’a devant lui qu’une immensité vide. Mais à peu de distance, Itto lance elle aussi un cri. Les deux s’entendent puis se voient. Plan moyen et plan rapproché taille. Alors qu’elle est tombée, il la rejoint et ouvre la boîte que contenait son sac, mais celle-ci est vide. La musique dramatique atteint son paroxysme. Plan rapproché poitrine et plan d’ensemble. Alors qu’elle veille toujours son fils maintenant silencieux, Françoise entend les femmes indigènes du lieu qui, par une complainte, pleurent « la mort de l’enfant du sorcier blanc ». Gros plan sur le visage de l’une d’elles, recouvert d’un voile blanc. Françoise commence par se boucher les oreilles puis, à bout de nerfs, leur demande sèchement de se taire. Gros plan sur son visage fixe.
[99’32]

Le sérum est apporté in extremis, les bébés sont sauvés
[99’32]
Plan panoramique sur les étendues qui, devant Pierre, se présentent toujours glacées et vides. Le thème de la complainte est repris à la contrebasse. Plan rapproché taille et plan d’ensemble. Alors qu’il guette quelque chose, un signe, il voit soudain apparaître devant lui une autre femme indigène traînant une caisse. Il s’élance vers elle qui, à bout de forces, s’arrête complètement essoufflée. Plan d’ensemble. Il ouvre la caisse. La première boîte est vide, mais la deuxième contient des capsules de sérum. D’une main sur l’épaule, il remercie la femme puis repart en courant vers sa maison.
Gros plan du visage de Françoise qui se retourne en l’entendant revenir. Plans d’ensemble. À peine entré, il se dépêche d’inoculer le sérum à leur fils avant d’aller à l’infirmerie s’occuper des autres enfants. Pendant ce temps, l’équipe de secours arrive à son tour et est accueillie par les indigènes devant le poste. Plans moyens. Alors que Françoise est restée près de son bébé. Itto est assise devant une porte. Plans généraux, gros plan en plongée et plan rapproché taille. Tandis que le bébé de Pierre et Françoise dort dans son berceau, la femme indigène qui avait traîné la caisse reste étendue dans la neige, probablement morte. Le sacrifice de sa vie a permis d’en sauver d’autres.
Plan moyen. Pierre se penche sur le berceau, puis regarde sa femme et lui dit « ça va ». Gros plan sur le visage de Françoise au comble de la joie et du soulagement. En souriant, son mari lui rappelle cependant qu’il a été sauvé grâce « aux femmes de la montagne ». Il la laisse ensuite seule avec le bébé. Elle se lève, va à la porte, l’ouvre et trouve Itto qui se voile le visage. Elle la fait entrer et s’asseoir à côté du berceau. Plans rapprochés poitrine. Itto, qui lui tournait le dos, se retourne et regarde la mère puis son enfant. Et ces deux femmes que tout oppose finissent par se serrer la main au-dessus du berceau.
[102’55]

La tribu d’Hamou se soumet
[102’55]
Volet de transition et plan fixe sur une main qui s’ouvre et laisse apparaître trois cartouches : les dernières de la tribu d’Hamou. Plans moyens et plan d’ensemble. Trois rebelles disent au vieux chef que leur situation est sans issue. Il leur demande de sortir puis, après avoir réfléchi un instant, il ordonne à un autre rebelle de dire à ses fils qu’il veut leur parler.
Plans généraux et plans d’ensemble. Toute la tribu est rassemblée et attend l’annonce d’Hamou. À son arrivée, ils se lèvent et les trois fils du chef s’avancent. Plan rapproché taille. Leur père leur ordonne de se soumettre pour que le commandement des tribus leur soit laissé. Les trois fils baissent la tête. Il ajoute que lui-même mourra comme il a toujours vécu : « en combattant ». L’un après l’autre, ses fils le saluent. Plan d’ensemble et plan moyen. Toute la tribu s’en va et Hamou baisse la tête. Gros plan de son visage. Il relève les yeux et voit la tribu s’éloigner. Autre plan moyen. C’est dans la solitude qu’il attend la venue des Français. Plan fixe de sa main qui se referme sur les trois balles qui lui restent. Mélodie funèbre.
Volet de transition et plan panoramique du campement des troupes coloniales. Plan d’ensemble devant le poste de TSF. Un caporal demande à Itto d’enlever son « rideau » pour qu’il puisse la photographier, mais le sergent lui rappelle que sa religion « lui interdit » de faire cela. Le caporal demande à Miloud de le laisser prendre une photo de sa femme. Plan rapproché taille en contre-plongée de l’ancien rebelle qui se met à rire. À sa demande, mais de mauvaise grâce, Itto enlève son voile. « On est entre copains », plaisante le sergent. Le caporal a à peine le temps de prendre sa photo qu’un soldat sort du poste et informe ses camarades de la soumission des fils d’Hamou. Gros plan sur le visage d’Itto qui comprend que c’en est fini de la rébellion. Le visage de Miloud s’en rembrunit et elle remet son voile.
Plan d’ensemble. Rebelles et soldats coloniaux accompagnés des indigènes ralliés se font face. Plans rapprochés. L’un des fils d’Hamou se tient face au colonel français accompagné d’un interprète. Apprenant de leurs bouches que le « marzen » pardonne leur rébellion et leur « accorde l’aman », il répond que lui et sa tribu seront désormais leurs « alliés ». Retour au plan d’ensemble. En signe de soumission, il veut embrasser la cape du colonel, mais celui-ci le retient. Plan fixe. Une bague lui est passée au doigt. Autre plan moyen. Un taureau est sacrifié tandis que les rebelles déposent les armes. Autre plan d’ensemble. Itto apparaît au sommet de la colline. Gros plan sur son visage voilé et ses yeux qui voient les soldats français rendre les honneurs aux vaincus. Elle découvre son visage, cherche des yeux ses frères et les appelle. Ceux-ci l’aperçoivent et vont vers elle. Plans rapprochés taille. Elle leur reproche leur trahison, mais ils lui rappellent son abandon du père. Elle ne peut que baisser les yeux sur sa mauvaise conscience et, tandis que les rebelles continuent à déposer leurs armes, elle remonte la colline. Plan fixe en plongée sur les armes qui s’amoncellent.
[108’20]

Itto décide de rejoindre son père ; Françoise veut quitter le « bled »
[108’20]
Plan général, plans d’ensemble et plan rapproché taille. Itto traverse le camp français. Des soldats sont assis devant leur tente et discutent, évoquant la fin prochaine de son père. « Il est foutu », entend-elle dire de l’un d’entre eux.
Plans moyens et autre plan d’ensemble. Miloud nettoie son fusil en sifflotant, son fils est couché emmailloté sur la paille. Itto arrive et lui demande pourquoi il prépare son arme, il répond : « pour combattre avec mes amis les Roumis ». Sans un mot, elle prend le bébé et va dans la pièce voisine où Aïsha moud du grain. Plan panoramique vertical. Au mur sont fixées les images d’une voiture et de femmes européennes habillées à la mode. Premiers signes de modernité. En alternance, gros plan du visage d’Itto, de son bébé en train de dormir et plans divers de soldats indigènes et de rebelles allant au combat. La jeune femme chante une berceuse à son enfant, en se souvenant de la rébellion. Retour et plan d’ensemble puis plans rapprochés taille. Voyant Miloud qui s’apprête à sortir, elle veut l’empêcher de passer et lui prend le fusil. Mais il se met à rire puis reprend son arme et la repousse en la rabaissant d’une phrase. « Tu n’es qu’une femme ». Elle encaisse la remarque, mais prend une décision qui scelle son destin. Plans généraux et d’ensemble. Alors que les soldats indigènes montent en ligne, Itto, qui a pris son bébé, la dépose à la fenêtre de la maison de Pierre et Françoise avant de partir.
Plan moyen à l’intérieur de la maison. Françoise examine une carte et s’aperçoit que Pierre se rend dans un village « à la limite de la dissidence » et plaisante sur l’entrain de Miloud à « aller au baroud ». Gros plan sur son visage qui se referme brusquement. En entendant son mari annoncer joyeusement qu’il part pour sa « petite tournée dans le bled », elle voit dans sa tête un panorama désertique et rumine ce mot : « le bled ». Elle se retourne vers Pierre et lui demande s’il a été affecté « à l’arrière ». Plans rapprochés taille et gros plans sur leurs visages. Il lui répond qu’il a reçu une affectation à Rabat. Au comble de la joie, elle imagine déjà les immeubles modernes des avenues bondées de voitures. Apprenant qu’il doit « y être le 10 », elle le presse de se préparer, mais comprend avec effroi qu’il « refuse ». Il lui explique qu’il ne peut pas abandonner ce qui fait sa vie et qu’il est prêt à quitter l’armée pour cela. Mais elle est à bout d’attendre et lui demande de choisir entre « le bled » et elle. Puis, constatant qu’il ne veut pas choisir et donc renoncer, elle l’informe que s’il n’est pas revenu dans « une semaine », elle ira à Rabat avec le bébé. Pour la rassurer, il lui dit qu’il reviendra puis sort de la maison. Plan rapproché poitrine et plan général. Elle est à la fenêtre et le regarde partir, sans croire à son retour.
[114’13]

Hamou meurt avec sa fille ; Les Français saluent sa dépouille
[114’13]
Gros plan et plans moyens. La domestique indigène de Pierre et Françoise découvre le bébé d’Itto et l’apporte à sa patronne qui lui dit de l’amener à l’infirmerie. Plan d’ensemble. Itto remonte la colonne de soldats français. Plans généraux et plans moyens. Isolé dans sa casbah, Hamou s’agenouille pour faire sa dernière prière tandis que sa fille gravit la montagne pour le rejoindre et regarde les troupes françaises s’approcher. Le vieux chef les voit lui aussi se mettre en place. Le colonel donne ses instructions et interdit de tirer sans son ordre. Itto arrive à la casbah et rejoint son père qui tire ses dernières cartouches. Elle relève le rebelle qui se trouve avec lui et passe les derniers fusils. Plan rapproché taille et en plongée. Au bout d’un moment il se rend compte de sa présence. Elle lui annonce être venue « mourir avec lui ». Il la regarde fixement, sans doute impressionné par son courage : en tant que femme, elle n’était pas obligée de faire ce sacrifice. Plans moyens. Le père et la fille se lèvent ; un soldat ajuste son fusil et tire, sourd aux injonctions de Chauvois. Hamou et Itto tombent l’un sur l’autre. Plan rapproché poitrine. Le père a juste le temps de fermer les yeux de sa fille avant d’expirer. Plan général, plan d’ensemble et plan moyen. Miloud a vu la scène et se rue dans la casbah. Plan en plongée et plan rapproché taille. Arrivé dans la cour intérieure, il se penche sur celle qui fut sa femme et lui recouvre le visage d’un voile. Quatre autres soldats indigènes arrivent avec une civière et emportent le corps d’Hamou. Leurs coreligionnaires se lèvent en les voyant arriver et passer au milieu d’eux. Gros plan. Une main saisit la poignée d’un sabre. Plan général, plan d’ensemble et travelling. Sabre au clair et au son de la sonnerie « aux champs », Coloniaux et indigènes rendent les honneurs à celui qui fut leur adversaire. Gros plan. Un sabre est remis au fourreau.
[118’42]

Pierre se refuse à abandonner le bled ; Françoise décide de rester
[118’42]
Plans d’ensemble. Chauvois et Pierre sont à cheval. Le premier rapporte au second la mort d’Hamou et la fin du baroud. Le médecin-capitaine lui annonce que c’est sa dernière tournée, car il ne peut plus concilier son travail dans le bled avec sa vie de famille. Ils se retrouvent alors face à des indigènes qui supplient Pierre de leur faire retrouver la vue. Il se refuse à les laisser dans leur détresse et demande à Chauvois de remettre un message à Françoise.
Volet de transition. Plan rapproché poitrine et la jeune femme lit le message de son mari et comprend que jamais il ne renoncera au bled. Gros plans et plans d’ensemble. Le visage fermé, elle continue à préparer sa valise lorsque la domestique lui apporte le bébé d’Itto que la faim ne cesse de faire pleurer. « Que veux-tu que j’en fasse », lui rétorque-t-elle. Mais il n’y a plus ni lait ni biberon de disponible. Françoise hésite un instant puis lui donne le sein. Sa peur est vaincue, son visage s’éclaire et les mots de son mari lui reviennent en mémoire : « il faut les aimer un peu pour les comprendre ». Elle décide de rester et demande à la domestique de tout remettre en place.
C’est ainsi que se termine le film.
[121’56]

Notes complémentaires

Références et documents externes

  • Pour Vous n°283 p.14 (19/04/1934)
    Pierre Delatère, correspondant particulier à Taroudant sur le plateau du film Itto de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein, insiste dans son article sur les conditions difficiles du tournage dans les montagnes de l’Atlas marocain. Il souligne la « pensée heureuse » des réalisateurs « pour ceux qui se dévouent à la civilisation » en choisissant la figure du médecin et en mettant en scène « deux races dans des circonstances vraisemblables ». Il conclut sur les acteurs du film, notamment Simone Berriau, ex-épouse du « colonel Berriau », adjoint de Lyautey et créateur du « Corps des officiers de renseignements ». Quatre photographies accompagnent le reportage.
  • Pour Vous n°318 p.7 (20/12/1934)
    Lucien Wahl, auteur de cette brève d’une dizaine de lignes présente simplement le film Itto de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein et en énumère les acteurs. Il mentionne « la sensibilité et le souci d’exactitude » de la co-réalisatrice et conclut sur « un ensemble intéressant, quelques inégalités ».
  • Les Spectacles d'Alger n°6 p.2 (06/02/1935)
    Cet article présente le synopsis du film « Itto » de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein et évoque la prestation des « Chleus, remarquables artistes ».
  • L'Écho d'Alger n°8951 p.3 (06/02/1935)
    L’article consacre au film « Itto » de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein une demi-colonne. Il loue un film « d’une magistrale ampleur », un scénario « d’un noble esprit élevé », une interprétation « à son niveau » et une figuration « pleine de vie ».
  • L'Écho d'Alger n°8956 p.7 (11/02/1935)
    Dans un bref article est annoncée la présentation du film « Itto » de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein. Il est rappelé qu’Itto « a existé » et que son souvenir reste « vivace ». Il conclut sur une œuvre qui est « un document de première importance », « spécifiquement français ».
  • Cinemonde n°334 p.208 (14/03/1935)
    Cet article d’une page entière restitue le contexte de la réalisation du film Itto de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein, à l’occasion de sa présentation au public. Il retrace le déroulement de l’action, qui se situe en 1914 puis il présente les conditions difficiles du tournage au Maroc, d’abord dans une tempête de neige à 1900 mètres d’altitude, puis dans une zone non sécurisée où ils ont néanmoins bénéficié de la protection du pacha de Marrakech. Il mentionne la seconde place du film au Grand Prix du Cinéma Français et les premiers prix, « deux magnifiques voyages de dix jours au Maroc », devant être attribués lors d’un concours organisé à l’occasion de la sortie du film. Une photo de Simone Berriau (Itto) et Ben Brick (Miloud) et un grand panorama d’une charge de cavalerie dans le désert complètent cet article.
  • Pour Vous n°331 couv (21/03/1935)
    Le film Itto de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein fait la une de ce numéro du magazine « Pour Vous ».
  • Pour Vous n°331 p.4 (21/03/1935)
    Le film Itto de Jean Benoit-Lévy de Marie Epstein fait l’objet d’un long article d’Henry Malherbe, qui d’emblée le considère, malgré son caractère décousu, d’une grande force par ses panoramas du Maroc qui rappellent les tableaux de « Delacroix et Fromentin » et le « fameux livre de Jérôme et Jean Tharaud, Marrakech ou les Seigneurs de l’Atlas ». Il évoque le principal personnage de cet ouvrage et du film, le cheik chleuh « Moha Ou Hamou le Zaïani ». Il retrace ensuite, « dans ses grandes lignes, le scénario réaliste édifié à la gloire du génie colonial français ». Il juge néanmoins le traitement des personnages français comme superficiel et éloigné des « civilisateurs hardis et nobles » de Lyautey. Il loue par contre la prestation des acteurs et figurants chleuhs et mentionne la présence des bébés comme un clin d’œil des réalisateurs à leur précédent film, La Maternelle. Il regrette toutefois, en conclusion, la trop grande retenue de ce film dans la représentation du « rayonnement de la France en Afrique ». Deux photographies illustrent cet article.
  • Pour Vous n°333 p.2 (04/04/1935)
    Dans son article, le journaliste Jean Fayard se livre à une comparaison du film britannique Les Trois Lanciers du Bengale et du film français Itto, par le biais d’une interview fictive de « Tripleton » par « Doublard », dans laquelle il accorde sa préférence à la réalisation britannique, dont il loue la dimension héroïque et le caractère épique des personnages malgré une représentation, caricaturale selon lui, des « adversaires des Anglais ». À l’inverse, la production française, où la colonisation n’est non pas « guerrière » mais « humanitaire », lui paraît trop douce avec l’impression « de désordre et d’indiscipline » donnée par les Français « médiocres » et « voyous », et bien loin des « procédés virils » de Lyautey. Les Chleuhs lui apparaissent au contraire « beaux, fermes, dignes et braves ». Il conclut son article sur la coïncidence des dimensions artistiques et nationales dans les films coloniaux et en considérant que « la base du colonialisme, c’est le nationalisme ».
  • Pour Vous n°344 p.12 (20/06/1935)
    Trois spectateurs, « Je viens vers toi » de La Seyne-sur-Mer (Var), Renée de Saint-Cyr et Micheline de R. de Paris donnent vers avis sur le film Itto de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein. Les deux premières lectrices jugent favorablement le film, qui paraît à l’une plus réaliste que « Les Trois Lanciers du Bengale ». Par contre, la troisième lectrice déplore qu’une part trop belle soit faite aux « indigènes » et que la colonisation, symbolisée par la figure du médecin, y apparaisse trop pacifique.
  • Pour Vous n°345 p.12 (27/06/1935)
    Trois spectateurs, « Pierrette » de Paris, « une lectrice « de Fez » et « R. Chidra » de Joigny réagissent au film Itto de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein. Si « Pierrette » ne trouve que des qualités au film, la « lectrice » de Fez déplore que Simone Berriau ne vive pas suffisamment son personnage. Au contraire, « R. Childra » est subjugué par les prises de vues des paysages marocains et la prestation de Simone Berriau.
  • Pour Vous n°346 p.12 (04/07/1935)
    Dans une très longue lettre reproduite in extenso, un ancien de l’Armée d’Afrique résidant à Cannes, A.G. Foucaud, développe sa critique du film Itto de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein. Malgré ses « qualités incontestables » qui le rendent meilleur que Les Lanciers du Bengale, ce long-métrage est pour lui une déception. Outre les sous-titres parfois illisibles et le flou relatif des prises de vue, le scénario lui semble mal construit et les séquences mal enchaînées. De même, le lieu de tournage, dans le Moyen Atlas, lui apparaît mal construit. Par ailleurs, s’il trouve excellents les acteurs indigènes et Simone Berriau, il juge mauvaise la distribution française. Surtout, il reproche aux réalisateurs d’avoir, selon lui, si mal représenté les « T.O.M. » (Troupes d’Occupation du Maroc) et leurs différentes composantes (chasseurs, légionnaires, tirailleurs, « Moghkraznis et autres spahis »). D’autre part, le développement de l’action lui apparaît totalement décousu. En conclusion, il indique attendre encore « le film qui fera voir l’héroïque et bienfaisante épopée de la France et de ses colonies ». Ainsi pense-t-il à une adaptation du roman Les Hommes sans nom de Jean des Vallières. Une lectrice de Casablanca au Maroc, Georgette Bonneville, estime que Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein ont voulu trop bien faire en réalisant leur film de plusieurs points de vue simultanés. Elle déplore le mauvais découpage, selon elle, du film et seule la prestation de Simone Berriau trouve grâce à ses yeux. À l’inverse, Robert L., d’Alger, ne trouve que des qualités au film. Il apprécie notamment le personnage du « toubib », ainsi que les interprétations de Simone Berriau (Itto) et Simone Bourday (Françoise, la femme du « toubib »). Pour souligner son propos, il conclut par une citation du film : « Il faut les aimer un peu pour les comprendre ».
  • Pour Vous n°347 p.14 (11/07/1935)
    Quatre spectateurs livrent leurs impressions quant au film Itto de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein. Celles de « X-37 » de Paris sont contradictoires et vont de l’absence d’un « esprit de corps » présent dans les Trois Lanciers du Bengale et du niveau jugé moyen des acteurs français aux « extérieurs magnifiques » et à une « soirée excellente » en fin de compte. « Octave » estime que le film a droit à une bonne place au sein du cinéma français, même si « l’aimable pagaïe » des Français ne l’a guère emballé. Mais la médiocrité apparente de leur prestation provient, selon lui, de la présence inédite des « Chleus ». En post-scriptum, il remercie la rédaction pour le « numéro d’été ». René Routal de Paris adresse ses « très sincères compliments » à Jean Benoit-Lévy pour ce film qu’il a tant apprécié, notamment pour le jeu des acteurs « indigènes ». Seul bémol, Simone Berriau qui, par « son accent et son physique », lui paraît trop peu « Chleuh ». Un autre parisien, Gérard Gance, attribue par erreur « Itto » à Abel Gance.
  • Pour Vous n°360 p.12 (10/10/1935)
    Dans une assez longue lettre, une « Marocaine aimant le Maroc » pointe plusieurs défauts qu’elle a relevés dans le film Itto de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein, selon elle très critiqué au Maroc. Le dévouement des indigènes envers les Français lui paraît pure invention, de même que leur empressement envers le « toubib ». Elle relève aussi le sens totalement fantaisiste du sous-titrage des paroles des Chleuhs, l’accent français de Simone Berriau et la représentation erronée d’une fille de chef lavant elle-même son linge. Indiquant habiter « depuis treize ans » au Maroc et avoir été à Fez pendant la Guerre du Rif (1925-1926), elle mentionne comme autres erreurs des coiffures à découvert et avec des bouclettes, des diadèmes et bracelets n’ayant rien de traditionnel et des tatouages indigènes mal placés. Elle termine cependant positivement sa lettre, en écrivant avoir aimé les « vues du plein bled sec et caillouteux ».
  • Pour Vous n°362 p.11 (24/10/1935)
    « Un vieux blédard » a lu « l’interminable tartine » de la « Marocaine aimant le Maroc » et approuve en tous points l’opinion de celle-ci sur le film Itto de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein. Son argumentation a d’autant plus de force qu’il indique avoir participé au tournage, notamment pour la séquence de la charge de cavalerie, qu’il juge entièrement ratée et fausse comme tout le film. Plus généralement, il estime que les films d’époque souffrent trop de non-sens et d’incohérences et que la représentation de la Légion Étrangère est souvent trop caricaturale. Il précise toutefois que son intention n’est pas de « dénigrer » tout le cinéma et fait part de sa préférence pour « Jean de la Lune, Marius et Fanny ».
  • L'Avenir du Bassin d'Arcachon n°4316 p.2 (06/12/1935)
    L’article intitulé « Itto film vrai » se réjouit que le film ait été tourné au Maroc même et non pas dans « des décors de carton-pâte ». Il mentionne « les images vivantes du Maroc » et le souvenir d’Itto, cultivé par les Marocains « à l’égal de celui d’une sainte ».

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Emmanuel Nuss
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