L'hiver du mécontentement
Une référence rapide à des grèves sauvages (this unofficial strike at the factory (14:00)) et à la météo (It's freezing. à (18:33)) permettent de situer l'action de ce film britannique pendant l'hiver 1978-1979, une saison qui est restée gravée dans la mémoire politique britannique comme "l'hiver du mécontentement" (Winter of Discontent). Cette période est le point culminant d'une décennie où les problèmes économiques et sociaux s'accumulent. Notamment, entre 1975 et 1977, le salarié moyen voit son niveau de vie subir la plus grosse baisse depuis avant la Révolution industrielle. Les chiffres de l'inflation au milieu de la décennie sont les suivants : 16 % en 1974 ; 24,2 % en 1975 ; 16,5 % en 1976 ; 15,8 % en 1977.
En septembre 1978, une grève des ouvriers de Ford leur permet d'obtenir une augmentation salariale de 17 %. Cette hausse est très mal vécue par les fonctionnaires en raison de la limite de 5 % sur les augmentations de leurs salaires que le premier ministre James Callaghan (1976 à 1979) a imposée dans une tentative de "donner l'exemple", d'autant plus que c'est déjà la quatrième année que ces restrictions sont appliquées. À la fin de l'année, les conducteurs routiers se mettent en grève également. Ils sont suivis par de nombreux employés du secteur public en janvier 1979 (conducteurs de train, infirmières, etc.). Ces mouvements sociaux étant combinés à une baisse record des températures (il s'agit de l'hiver le plus froid depuis 1963), il s'ensuit une paralysie de certaines régions du Royaume-Uni : les tas d'ordures s'accumulent dans les rues ; dans certains hôpitaux, seuls les services d'urgence fonctionnent ; les routes ne sont pas dégagées après une forte tempête de neige début janvier, ce qui augmente les difficultés d'approvisionnement et certains endroits ne sont plus accessibles que par hélicoptères ; en raison de la grève des fossoyeurs, les corps sont conservés dans les morgues et ne peuvent pas être enterrés, ce qui engendre un traumatisme durable dans l'esprit des Britanniques.
Des photos publiées dans les tabloids montrant le premier ministre britannique en train de nager en Guadeloupe à l'occasion d'un sommet sur la situation en Iran réunissant également Jimmy Carter (États-Unis), Helmut Schmidt (RFA) et Valéry Giscard d'Estaing (France) le discréditent grandement.
Le gouvernement et les syndicats arrivent à un accord publié sous le titre The Economy, the Government and Trade Union Responsibilities (L'Économie, le gouvernement et les responsabilités syndicales) à la mi-février 1979. Mais les responsables syndicaux n'ayant plus complètement le contrôle sur les grévistes, les grèves ne s'arrêtent que progressivement.
Pendant toute la durée du mouvement et lors de sa campagne électorale, Margaret Thatcher promet de restreindre le pouvoir des syndicats qui paralysent le pays. Elle réussit à prendre le dessus sur les conservateurs plus modérés en insistant sur l'échec de la politique travailliste. L'étendue de sa victoire lors de l'élection générale en février 1979 est souvent attribuée à ces grèves.
Planning familial en Grande-Bretagne
Le mouvement de contrôle des naissance commence à la fin du XIXe siècle, cependant l'État, l'Église et les professionnels de santé s'opposent à toute tentative de contrôle de la fertilité, de peur d'encourager l'infidélité (surtout féminine).
Au début du XXe, les médecins s'accordent toujours majoritairement sur le fait que le contrôle des naissance mène à la prostitution et à l'immoralité, si bien que ce sujet n'est pas enseigné dans les facultés de médecine.
En 1921, une biologiste eugéniste, Marie Stopes (1880-1958) ouvre à Londres la première clinique de santé sexuelle, la Mothers' Clinic for Constructive Birth Control. Elle n'est pas gérée par des médecins mais par des infirmières. Lorsqu'une patiente a besoin d'un suivi médical plus approfondi, elle est adressée à une femme médecin. En 1925, la première clinique à être installée à l'extérieur de Londres est ouverte à Wolverhampton, près de Birmingham. Petit à petit, le nombre de cliniques de ce type augmente. En 1930, 20 d'entre elles se réunissent au sein du National Birth Control Council (NBCC, Conseil national de contrôle des naissances) dont l'objectif est de permettre aux personnes mariées d'espacer ou de limiter les naissances pour lutter contre la pauvreté et les conséquences d'une mauvaise santé. Le NBCC devient The Family Planning Association (Association du planning familial) en 1939 mais les femmes issues de la classe populaire qui ne sont pas mariées n'y ont toujours pas accès.
Après la formation du NHS en 1948, les autorités locales reprennent les centres de soins mère-enfant et fournissent des conseils en matière de contraception, mais de façon arbitraire.
La pilule contraceptive devient accessible aux femmes mariées en 1961. Entre 1961 et 1969, le nombre de femmes qui prennent la pilule passe de 50 000 à un million. En 1967, la première loi sur l'avortement (The Abortion Act) autorise l'avortement dans certaines circonstances. Il a pour conséquence une nette réduction de la mortalité maternelle. La même année, The Family Planning Act (loi sur le planning familial) autorise les autorités locales "qui le souhaitent" à fournir des contraceptifs et à donner des conseils dans ce domaine. En 1974, toutes les femmes, quel que soit leur état civil, peuvent obtenir gratuitement la pilule par l'intermédiaire du NHS (National Health Service).
Le congé de maternité en Grande-Bretagne
En Grande-Bretagne, le congé de maternité est institué dans le secteur de l'industrie en 1975 par le Employment Protection Act (loi sur la protection de l'emploi). Ce texte de loi interdit aux employeurs de licencier une femme parce qu'elle est enceinte. Il a été voté sous le gouvernement travailliste d'Harold Wilson (premier ministre britannique entre 1974 et 1976) et fait partie d'un ensemble de lois appelé Social Contract (contrat social) qui est intégré à la politique économique des gouvernements travaillistes d'Harold Wilson et James Callaghan (1976-1979).