Génération SIDA (1989)
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Sommaire
Générique principal
Générique de début :
« FR 3 présente. Une émission proposée par Jean-Marie Cavada, Jean-Pierre Bertrand et Sylvie Faiderbe. Présentée par Stephane Paoli. Réalisation : Simon Feige ; Mise en page : Philippe Lallemant. Avec la participation de France Inter et du Nouvel Observateur. »
Générique de fin :
« Une émission de Jean Marie Cavada, Jean Pierre Bertrand et Sylvie Faiderbe ; Présentée par Stephane Paoli ; Collaboration à la production Marie-Paule Fenocchhi, Corinne Monneraye, Barbara Merle ; Administrateur, Martine Gourdon ; Chargé de Production Annick Marchand, Assisté de Brigitte Darzacq ; Relation Presse, Catherine Bazin ; Reportages, « Vie quotidienne de Teddy », Lorene Debaisieux, Pascal Manoukian, Montage, Isabelle Robin ; « Bernard », Extrait de la Marche du Siecle A2 ; « Yann », Extrait de « Interdit d’Innocence » A2 ; « Les Enfants du SIDA » Pascal Manoukian, Anne-Marie Bennoun, Montage, Jean-Claude Guillosson ; « SIDA et Prison », Jérôme Caza, Montage, Michel Cava ; « SIDA CUBA », un reportage CAPA ; « Spots Prevention », Philipe Lallemant, Graphisme, Antoine Lantiery ; Duplex Moyens FR3 Caen, TDF ; Moyens Video, NWK, Studio Bonaparte ; Coordination, Nicole Cara ; Ingénieur du Son, Jean-Marc L’Hôtel, Assiste de, Arnaud Combes, Thierry Zimmerman ; Chef Electricien, Michel Laroza, Assiste de, Pierre-Edouard Jourdan, Arnaud Bellamy ; Chef de Plateau, Philippe Lannezval ; Chef Machiniste, Stephane Chaput ; Machinistes, Mohamed Al Seidi, Chistian Gallois, Phillipe de Zertucha ; Maquilleuses, Sylvie Aaron, Marie-Claude Chiesa ; Operatrice Synthetiseur, Annick Lemonnier ; Monteur Truquiste, Dominique Ferre ; Opérateur Magnetoscope, Nicolas Ledu ; Cadreurs, Marc Barbier, Olivier Comte, Jean-François Dumas, Phillipe Gesberd, Gerard Vansperanghe ; Ingénieur de la Vision, Michel Palisson ; Décor, René-Yves Bouty ; Directeur de la Photo, Gérard Clari ; Générique, Moyen FR3, Lorraine-Champagne-Ardennes, Conception, Phillipe Lallemant, Graphistes, Fabio Purino, Bernard Pichot Duclos ; Collaboration Artistique, Francis Margnoux ; Scripte, Anne Chaix ; Mise en Page, Philippe Lallemant ; Réalisation, Simon Freige, Unité de Programme, Documentaires Magazines, Jean-Claude Courdy ; Avec la Participation, de France Inter, et le Nouvel Observateur ; Musique Générique, « Snowman » Rainbow ; FR3 Novembre 1989. »
Contenus
Thèmes médicaux
- Maladies infectieuses et contagieuses, fièvres
- Pathologie du système uro-génital. Affections urinaires et génitales
Sujet
La vie au quotidien les personnes atteintes du Sida en France, aux Etats-Unis et à Cuba.
Genre dominant
Résumé
Une émission plateau, qui comprend une série de reportages anciens et nouveaux, permet aux invités (scientifiques, malades du SIDA, parents et proches) d’échanger et de débattre sur la prise en charge et le vécu du SIDA.
Contexte
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Oui.
- Images en plateau : Oui.
- Images d'archives : Oui.
- Séquences d'animation : Oui.
- Cartons : Non.
- Animateur : Oui.
- Voix off : Oui.
- Interview : Oui.
- Musique et bruitages : Oui.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
En anticipant sur l’effet que les reportages sont susceptibles de provoquer, le journaliste oriente leur approche.
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
Santé et médecines sont représentées à travers les reportages et débats qui composent l’émission. Ce sont les conséquences sociales de la maladie qui sont au centre de l’ensemble des considérations. L’isolement, la peur, la marginalisation, l’abandon dont sont victimes les malades du VIH ou du SIDA forment l’axe structurant l’émission. Les progrès de la recherche ne sont montrés que comme un des éléments de la solution à la pandémie. Accessoirement on constate que les mots SIDA et VIH sont souvent employés indistinctement sur le plateau (par les malades ou les proches) et dans les reportages.
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
Télévision
Communications et événements associés au film
Journée Mondiale de Lutte contre le SIDA (1er décembre 1989).
Public
Grand public.
Audience
Descriptif libre
Introduction du documentaire par le présentateur de France 3 Région
Le présentateur rappelle au spectateur la venue sur un plateau d'émission, le 4 juin 1987, de huit personnes atteintes par le SIDA. Elles étaient venues témoigner et sont décédées depuis. Fondu au blanc. Diffusion d’images d’archive du plateau du 4 juin 1987. Les images sont retransmises en noir et blanc, le son de l’interview est coupé et remplacé par une bande son de musique classique mélancolique. Les huit malades sont passés en revue un à un. Chacun fait l’objet d’un arrêt sur image ; un carton indique le prénom (pas le nom), la date du décès et sa cause « Mort du SIDA ». L’âge du malade est souligné par une ligne rouge. Certains visages sont noircis. Le dernier arrêt sur image montre une enfant décédée à l’âge de 3ans et demi. Fondu au blanc. Le présentateur, introduisant le sujet du documentaire "Génération SIDA", rappelle le nombre de malade en France et dans le monde et comment la population, qui pendait que la maladie ne touchait que les marginaux, a pris conscience qu'il s'agissait d'une pandémie atteignant tout le monde. « Qui peut affirmer que sa famille ne sera jamais concernée par le problème du SIDA ? ». (01:55) Après le générique, plan sur une foule anonyme. Une ligne rouge traverse le cadre, comme pour marquer la présence de la maladie dans la foule, instituant une division entre malade et non malade.
Introduction de l’émission par Stéphane Paoli
Une cartographie de l’épidémie est affichée en arrière-plan. Devant elle, des témoins et des experts. Le journaliste Paoli évoque le souvenir des patients de 1987. Beaucoup sont morts mais comment vivent les gens atteints du SIDA, les homosexuels, les toxicomanes mais aussi hétérosexuels ? Où en est la recherche et les traitements ? Paoli annonce la diffusion d’un reportage exclusif sur un sanatorium cubain qu’il qualifie de sidatorium. Zoom avant sur le présentateur, panoramique dans le but de capter l’attention du spectateur et d’établir le dialogue entre le présentateur et le téléspectateur. (03.16).
Reportage, une journée dans la vie de Teddy ex-travailleur du sexe atteint du SIDA
Début de la journée de Teddy, 38 ans. Malade depuis 2 ans en stade 4, il se rend fréquemment à l’hôpital où il suit un traitement à l’AZT. On le voit ensuite faire son lit, puis prendre son médicament sous forme de pilule qu’il doit ingérer par deux toutes les quatre heures. Ce traitement est handicapant nous dit-il : outre la contrainte horaire posée par le pilulier, il subit des effets secondaires terribles : maux de tête, perte de mémoire, nausée, rhumatisme, mains moites, transpiration. Mais depuis 18 mois, il n’a eu aucune maladie grave. Dans la cuisine de l’appartement de Teddy : il se sert un café. Toujours en voix off, il annonce qu’il s’est prostitué pendant 15 ans à Pigalle. Assis dans son salon, il fume une cigarette. Il n’avait pas conscience d’être malade alors qu'il continuait de travailler, il a très vite développé le SIDA. Gros plan quand il affirme: « on dit que l’on est contagieux, oui c’est vrai ». Il panique à l’idée d’un simple rhume, craint de développer des maladies graves une plasmocytose, une toxoplasmose, une méningite… La peur de la maladie, de la souffrance et de la mort imprègne son existence. Visite du coordinateur médical. La voix off présente l’association APART (?) dont le but est de fournir des logements aux victimes de l’épidémie. André Michel, le responsable de l’immeuble dans lequel vit Teddy, s’adressant à Teddy, explique la difficulté pour le corps de suivre le rythme de l’esprit.
Teddy, parti en promenade, suivi caméra à l'épaule explique qu'il cherche à s’éloigner de l’immeuble pour fréquenter indirectement des personnes qui ne sont pas malades, qui ne risquent pas de décéder et de le déprimer. Assis sur un banc, il parle de sa peur que le pilulier ne se déclenche et de son appréhension devant le regard des autres, notamment dans le métro. Il ne prend jamais son traitement en public, explique-t-il avec un rire nerveux.
Teddy à l’hôpital, fait un bilan sanguin,. Plan sur un couloir d’hôpital saint Antoine. Teddy remarque que l’infirmière porte des gants. Il l’interroge, elle s’est coupée la veille. Il la tutoie, il l’habitude de la voir, zoom sur eux peut être pour appuyer sur leur proximité. Après la prise de sang, elle lui touche la main : c’est la première personne qu’on voit toucher Teddy. Teddy : « ma vie c’est ça : 10-15 jours par mois à l’hôpital ».
Rendez-vous chez le psychiatre. Teddy est très déçu par ses résultats sanguins. Le psychiatre l’encourage à sortir mais il préfère s’isoler. Il va voir des travailleurs du sexe à Pigalle pour leur parler du SIDA, il aime discuter avec des personnes désirant sortir du métier ou effrayées par la maladie. Pigalle la nuit, plan sur une prostituée assise sur un banc, devant un cinéma pornographique, Teddy discute avec elle. Parle-t ’elle avec tes clients du SIDA ? Oui car elle refuse de travailler avec les clients qui ne veulent pas mettre de préservatif. Elle ne veut pas mourir. Le SIDA excite, explique-t-elle, elle ne dit pas qu’elle est séropositive pour ne pas effrayer ou exciter. Teddy marche dans la rue le soir, pour rentrer chez lui : « Je veux m’en sortir, je ne veux pas mourir ». (09.51)
Bernard, atteint du SIDA réagit au documentaire
Retour sur le plateau. Bernard, un homme en pull gris, assis à un bureau en plan rapproché, explique qu'il s’est senti seul enfermé dans sa maladie. Zoom sur son visage, il regarde le sol pas la caméra : le mot est dur à prononcer à écrire. Plan sur un crucifix posé sur le bureau. Solitude affective, plus d’amour ou de sexualité, comment dire et faire, comment se déshabiller face à un corps sain quand le sien est malade ? Il est heureux d’avoir vécu neuf mois de plus, actif dans une association. La contrainte du temps lui pèse moins, il ne doit prendre son traitement que toutes les 8 heures.
Yann : le SIDA à 10 ans
Yann a fait l’objet d’un reportage intitulé "interdit d’innocence" dans son école en juin 1989. Hémophile, il a contracté le VIH à la suite d’une transfusion sanguine. On diffuse des extraits du documentaire. Plan rapproché sur Yann, dos au mur, souriant, content de son retour en classe, il a vu son amoureuse. Qui ? Charline. Comment est-elle ? Belle. Tu l’aimes ? Oui et elle ? Non. Ce n’est pas partagé ? Il avait interdiction de boire avec les mains il doit boire avec un verre, ne pas toucher le robinet, il baisse les yeux et ne sourit plus. Qui t’aide le plus en dehors de ta famille ? Mon courage.
Retour sur le plateau. Le Présentateur : Tu as changé d’école, ça se passe mieux ? Oui, il est moins exclu, il a une nouvelle petite amie. Il répond très lentement, sans doute intimidé. As-tu conscience de la maladie ? Tu sens ton courage ? ça t’aide ? Yann ne répond que par un silence. Es-tu un garçon normal ? Il se sent normal. (15:09)
Horizon de la pandémie
Interview de Jonathan Mann, médecin à l’OMS. Comment évolue la pandémie ? Mann : On s’attend à une explosion à la fin du siècle. On pensait à 100 000 cas dans le monde au début de la décennie, mais l’on manque de données fiables s’agissant des pays de l’Est, arabes et asiatiques. Lorsqu’on lui parle de 6 millions de cas, il pense qu’il doit y en avoir dix fois plus. En 1990 on commencera à mesurer les effets de la lutte ? Non c’est trop tôt pour le médecin, trop de personnes pensent que c’est maîtrisé alors que ce n’est pas le cas, le virus colonise de nouveau espaces. Parler de maitrise c’est trop précoce, mais si on lutte dans les dix prochaines années, on pourra commencer à dominer la pandémie. La docteure Awa Marie Coll Seck, cheffe du service des maladies infectieuses dans un hôpital de Dakar, est interrogée à propos de l’évolution de l’épidémie sur le continent africain en général. L’Afrique n’est-elle pas une zone terriblement concernée, en particulier les jeunes ? Oui en Afrique, le nombre de cas augmente, le phénomène se double de circonstances particulières : notamment la forte implantation de la tuberculose, une maladie opportuniste pour les patients atteint du SIDA, qui ferait des ravages. Mann, qui reprend la parole, affirme que l’objectif de la recherche est orienté vers le vaccin et les thérapeutiques surtout afin d’arrêter le passage VIH-SIDA.
Le présentateur interroge la mère de Yann : que pensez-vous du reportage et des interventions que l’on vient d’entendre ? La mère ne peut pas répondre aux questions du présentateurs, elle n’a aucune idée de l’état de son fils, son médecin ne lui explique pas et ne la tient pas informée, elle semble extrêmement ébranlée. Elle est épuisée, doit se réveiller en pleine nuit, est contrainte de suivre pour son fils les contraintes horaires dont parlait Bernard et Teddy, plus celle liée à la prise ne charge de son hémophilie. Le présentateur : avez-vous le sentiment d’une progression dans la prise en charge ? Je ne peux pas vous répondre ? On n’est pas informé du tout dit-elle en tenant la main de son fils. Paoli se tourne alors vers Bernard : que pense-t-il du traitement, qu’attend-il pour l’avenir ? Il est sous AZT depuis 3 ans, c’est terrible et merveilleux, il sort sa boite. Mais maintenant son corps est accoutumé et il n’a plus eu d’hospitalisation depuis un an. Le présentateur : on vous soigne ou l’on vous prolonge ? Oui on nous prolonge, mais le cancer il y a dix ans, c’était également ça. Vous ne travaillez plus, votre vie a éclaté, comment vivez-vous ? Je vis grâce à mon travail en association qui s’occupe de réinsertion.
La recherche : le tempo français
Invité : le Docteur Rozenbaum de l’Hôpital Rothschild service des maladies infectieuses. Comment travaillent les chercheurs ? « Je suis très attentif à tout ce que je viens d’entendre. Le traitement existe contre la maladie, je ne peux pas laisser dire qu’il n’y a pas de traitement. On parle d’AZT mais ce n’est qu’une partie du traitement ou des ressources. Outre le parapluie des antibiotiques, la réponse médicale n’est pas que médicamenteuse ; on doit s’intéresser au confort et à l’espérance de vie, à la question de l’insertion sociale, chercher l’apaisement de l’angoisse.
Hélène Cardin, journaliste à France inter, demande à Rozenbaum : où en est-on par rapport aux Etats Unis ? Rozenbaum : On parle beaucoup des autres traitements, l’arsenal va augmenter. Il encourage à choisir les stratégies qui existent en France et à ne pas chercher à s’en écarter. Paoli : Est-on en retard ? Pour Rozenbaum, il faut une réponse mondiale sinon la pandémie reprendra. (28:00)
Relation médecin patient en région : le cas du CHU de Caen
Discussion avec Claude Bazin Directeur du CHU de Caen Question : que change la prise de contact préalable avec le généraliste lorsque le patient est adressé à l’hôpital ? Image plan rapproché, en direct de Caen, une salle de l’hôpital. Deux médecins et deux infirmières sont présents. A Serge François médecin de campagne : avez des malades du SIDA ? Oui. Avez-vous l’impression d’être exemplaire ? Non. Mais il intègre la maladie dans sa pratique. Que pensez-vous apporter de plus qu’à des patients hospitalisés ? Un cadre de vie normal. Pour Philippe Haley, le médecin de famille est une sorte de rempart contre l’exclusion. Il doit pouvoir favoriser un dialogue et apporter un soutien psychologique. (35.06)
Interview d’une bénévole
Paoli interroge Evelyne, 37 ans, qui a perdu son frère à cause du SIDA. Que pouvez-vous nous dire sur la prise en charge ? « Je ne sais pas, je suis émue, je dois dire que… » interruption par Paoli. Vous êtes bénévole ? Spontanément ? Vous accompagnez des malades ? Non moi je n’appelle pas ça accompagner, quand vous êtes avec des amis ce n’est pas "accompagner" - s’ils sont malades ou dans le besoin, on ne les accompagne pas, on les aime. Leur donnez-vous quelque chose que la science et le médecin en tant qu’acteur social ne peut pas donner ? Moi je leur donne un peu de mon temps mais eux m’apportent beaucoup. L’hôpital donne les soins mais il n’y a pas assez de personnel, s’il y en avait un peu plus… Pas assez d’infirmières ? Quand mon frère était malade, c’était en grève, elles ont toutes été formidables cela dit, mais le fait que la famille soit là a soulagé le personnel, je crois. Est-ce plus dur avec les enfants ? Je ne connais pas d’enfants, c’est la première fois que je vois un…enfin que je rencontre un enfant séropositif. J’ai des moments de joie comme avec n’importe qui, désolé je bafouille un peu…Bien sûr c’est terrible (38.04).
Reportage sur un service de pédiatrie à New York
Jennifer dans les bras de sa mère qui marche dans la rue en tenue d’hiver, à New York. Voix off : Ce n’est pas une petite fille comme les autres, elle est née avec le SIDA. Voix off : Felice, sa mère, lui a transmis la maladie, son père en est mort, le frère de Jennifer ne l’a pas. Contrechamp sur la télévision que la famille regarde : c’est une scène de Cendrillon. Il y a un contraste fort entre le conte de fée et histoire beaucoup plus triste que vit la famille. La voix off reprend : dans leur petit appartement du Bronx, elles attendent de mourir. Mise en scène tragique : elle fait ses premiers pas, va chercher ses jouets. Felice est interviewée : ma plus grande peur, c’est qu’elle meure dans son sommeil, ou qu’elle se réveille sans que l’antibiotique ne fasse effet. Recommencer l’hospitalisation et les examens... et puis elle mourra, et je devrais expliquer cela à mon fils et être là pour l’aider à surmonter sa mort. Ma plus grande peur, c’est de la voir mourir, et je sais qu’elle va mourir. Ma plus grande peur, c’est la peine que je vais avoir. En même temps je pense à des choses folles : que va-t-il se passer si je meurs la première ? Elle va se retrouver seule à l’assistance publique, et ça aussi c’est une de mes plus grandes peurs. Je ne sais pas qui va mourir en premier et je ne sais pas… je me demande ce qui serait mieux… Plan sur le Kings County Hospital, puis un de ses couloirs. Gros plan sur la tête d’un nourrisson. Voix Off : toutes les mères n’ont pas le courage de Felice ; les enfants du service porteurs du VIH sont abandonnés. Décor de jeux enfantins, musique pour enfant et thématique de l’abandon. « Ni caresses ni baisers, seulement le contact froid du caoutchouc ». Gros plan sur scène de bain dans un lavabo, le bébé est lavé avec des gants la main est passée sur le visage presque brutalement. Plan dans une maternité, une petite fille veut prendre un enfant pour le porter et l’embrasser, « Pas de baiser, non ne l’embrasse pas. Non laisse le. » Le ton de la voix est ferme et autoritaire. Plan large sur une petite fille en robe rouge dans le couloir de l’hôpital, elle se rapproche de la caméra. Voix off : 900 naissances séropositives cette année à New York. Interview de Lisa Kaufman, Pédiatre au Kings County Hospital : en général, on les amène comme n’importe quel enfant malade, et puis on se rend compte qu’ils sont tous simplement abandonnés. Ou alors ils naissent et les parents n’en veulent pas. Un exemple de famille d’accueil : Voix off, Doris ne craint pas le SIDA, elle a adopté Aisha et sa sœur jumelle. Elle a été contaminée par une transfusion. Elle vit en pointillé entre la vie et la mort et la maladie la sépare lentement de sa sœur jumelle. Plan moyen, sur Doris dans son salon assise dans un fauteuil. L’avantage c’est que je ne me bats pas aussi contre la maladie. Vous pensez à la mort d’Aisha ? J’ai la foi, on m’avait dit qu’elle ne vivrait pas 4 ou 5 ans maintenant elle en a 8. Elle a failli mourir mais Dieu l’a aidé. Tout le monde doit se préparer à mourir et espérer le meilleur. Voix off, plan sur Aisha avec un masque respiratoire, le traitement arrivera trop tard pour la sauver. Elle regarde la caméra gros plan sur son visage portant le masque. (42.36)
Interview de Sylvie sur le plateau : malade du SIDA, elle a décidé d’avoir un enfant
Le présentateur Stéphane Paoli : Sylvie, 26 ans séropositives à la suite d’une transfusion, vous avez tout de même décidé de faire un enfant, un choix terrible ? (Les interventions de Paoli sont toujours à mi-chemin de l’interrogation et de l’affirmation). Oui, un choix terrible mais un désir très fort. J’ai continué à vivre normalement et j’ai eu un désir d’enfant comme toute femme je pense. J’imagine que ça a été des heures de réflexion. On en a peu parlé pendant toute la grossesse…j’ai vécu ça comme... Est-ce que vous l’avez vécu comme un choix grave contre la maladie envers et contre tout ? Oui c’était un choix, j’ai bien vécu la grossesse - le reste a été beaucoup plus difficile. Paoli à Bétrice, qui, elle, a refusé de poursuivre sa grossesse. Vous, Béatrice, question terrible pour vous aussi ? Vous avez renoncé ? Oui je n’ai pas le courage, c’est une mutilation. Avez-vous davantage décidé comme une mère ou comme une femme ? Vous avez pensé à l’enfant ? J’ai pensé aux deux, au virus qui circule. C’est un choix déchirant pour la femme que vous êtes de devoir renoncer ? Oui, d’autant plus que je travaillais avec les enfants et que je ne pouvais plus les voir après avoir choisi de ne pas en avoir. (48.41)
Interview sur le plateau du sociologue Daniel Defert, président de l’association AIDES
Defert : tout démontre que le SIDA est un problème de société. Les malades ont besoin d’un soutien, d’une reconnaissance, en 1984 c’était très difficile. Le besoin d’échange d’information, le manque d’information est une source d’angoisse fréquente. Le problème est d’oser en parler chez soi et chez le médecin de famille : alors, il faut trouver un médecin compétent. C’était difficile au début de la pandémie. Les malades sont actifs dans la gestion de la maladie. Les malades aiguillonnent la demande de nouveau traitement et s’investissent dans les associations. Paoli interrompt : Bernard, votre avis ? Accepteriez-vous d’être cobaye ? Bernard répond oui, le contexte de la recherche est similaire à la lutte contre le cancer. Je fais confiance aux chercheurs, je ne me mêle pas des thérapeutiques, je ne me mêle pas de la science. (53.54)
Reportage le SIDA en prison
Enquête dans une prison Marseillaise, la prison des Beaumettes, 2200 détenus dont 400 séropositifs. Plan sur l’intérieur, les détenus sont jeunes, des toxicomanes purgent des peines entre 5 et 6 mois de détention. Ils effectuent deux bilans de santé par an. Ceux qui développent le SIDA sont envoyés à l’hôpital de la prison. Le sida, on n’en parle pas, par indifférence et par peur - comme à l’extérieur. Plan sur un groupe d’homme autour d’une table dans ce qui semble être la bibliothèque de la prison. Interview d’un prisonnier : il souhaite un sidatorium, il compare la situation à la lèpre. César témoigne de son vécu du SIDA : c’est une torture - la méfiance, les changements continuels de cellule. Il se sent très seul. Plan sur l’hôpital de la prison, le couloir des chambres cellules. Voix off : ici, pas de mesures sont prises telles que la distribution de préservatif ou le dépistage obligatoire. Interview de Petrucci, médecin de la prison : temporairement, la détention est un bien. Un traitement, en prison, est obligatoire, et dehors non. Il affirme qu’il n’y a pas de contamination au sida en prison. On suit Krimeau, ancien toxicomane, dans sa cellule : télévision, partie de carte. Krimeau raconte qu’il a vu quelqu’un mourir ici. Pas de place donc les maladies se répandent, pas de désinfection. Il commence à réaliser qu’il ne pourra pas avoir la vie qu’il veut.
Retour sur le Plateau : Professeur Olievenstein, Etes-vous d’accord avec le médecin de la prison ? Je suis indigné par ce reportage, qui, hypocritement, ne parle pas de la prison comme d’un lieu de contamination du fait des relations sexuelles parfois non consenties qui s’y déroulent. Pour Olievenstein, la prison équivaut à une condamnation à mort : il propose de s’inspirer de l’exemple espagnol en distribuant des préservatifs, mais pas des seringues. Il faut une pédagogie de la sexualité pour une sexualité contrôlé, un débat démocratique. Pensez-vous qu’il y a une communication confuse autour du sida ? Oui, je crois qu’on maintien encore le fantasme liant la sexualité et la marginalité pour éviter de réfléchir à ces situations. La société n’est sans doute pas prête à assumer le coût d’une politique sociale spécifique en faveur des malades du SIDA. (01:04:03)
Reportage sur un sidatorium à Cuba
Le présentateur rappelle que contrairement aux reportages précédents celui-ci est récent et diffusé pour la première fois. Il consiste à porter un œil critique sur la gestion autoritaire de la pandémie par le pouvoir cubain : arrêt des importations de sang, dépistage obligatoire, ect… En cas de contamination, le rôle du médecin consiste à convaincre l’individu malade d’accepter l’internement à vie en sidatorium à quelques kilomètres de la Havane. Le reportage illustre ce procédé avec l’intervention du Docteur Serio. Ce dernier explique que son rôle est de convaincre les gens plutôt que de les forcer. Certes il s’agit d’une limitation de la liberté individuelle - mais bon, l’intérêt de la santé et de la sécurité de la population requiert ce genre de limitations. La voix off traduisant les propos est beaucoup plus décomplexée que celle médecin. Le centre est présenté en deux temps : tout d’abord on filme les installations en détaillant la composition du personnel et la qualité des équipements, supérieur à la moyenne nationale. Les sorties sont possibles mais encadrées. Plusieurs patients sont interviewés : une femme et son mari disent accepter cette nécessité, un homme explique s’être adapté pour prolonger sa vie. Images de jardinage, la voix off explique qu’il est très dur pour certains combattants internationalistes ayant combattu en Afrique de s’adapter à cette vie enfermée (effet de contraste). Y a-t-il des tentatives d’évasion demande le reporter à un patient ? Ca arrive répond-il. L’un des patients interviewés, et c’est bien le seul, exprime sa colère et son désir de mourir pour sortir. Cette perspective morbide est mise en opposition avec l’image d’un couple marié au sidatorium. « Nous sommes un couple normal et nous avons espoir ». Interview du directeur du sidatorium : il s’agit de mesures extrêmes pour tuer la pandémie à la base ; les malades en stade avancé sont envoyés au centre spécialisé des maladies tropicales. Interview d’un patient : il se sent déraciné et coupé de son milieu. Le problème ce sont les gens qui répandent consciemment le virus. Les malades exemplaires ont des droits spéciaux. Jose-Luis n’est pas contre le sidatorium ou le gouvernement, cependant il est contre l’autoritarisme du système. Les malades doivent sentir le soutien de la révolution et de l’Etat, à qui l’on doit tout. Fin du reportage.
Présentateur : Que pensez-vous de l’efficacité de la méthode cubaine ? à Mann le docteur de l’OMS. Le mythe de l’efficacité de la coercition est faux. L’expérience de l’histoire démontre le contraire. Les cubains vont à l’encontre de la stratégie globale de l’OMS et de l’ONU. Il attend prochainement une rencontre avec le ministre de Cuba d’accord pour une évaluation. Awa Marie Coll Seck est pour l’approche libérale. Au Sénégal, il y a un problème global lié à la culture spécifique du pays. La difficulté est de parler de sexe du fait de la culture, de la religion…D’autres tentatives dans des pays d’Afrique de l’Ouest fonctionnent mieux. Vous pensez que l’éducation pourrait aller contre la culture ? Oui.
Le présentateur : Professeur Rozenbaum, un dernier mot ? Je veux relativiser le fait de vouloir distinguer séropositivité et SIDA. Je pense qu’il faut prendre le problème à la base, c’est la séropositivité et son traitement qui sont l’avenir. La responsabilité de la prévention doit peser sur tous contaminés et non contaminés. Le régime cubain est déresponsabilisant. Qu’en pense le CHU de Caen ? Il appuie la continuité VIH/SIDA, il faut une politique de thérapeutique précoce. Du point de vue médical, Cuba n’est pas efficace, la méthode autoritaire ne marche que pour les sujets d’un Etat isolé qui s’ouvrira un jour au monde. Daniel Defert ? Tout épidémie pose la tentation des solutions autoritaires, je l’oppose à une responsabilité individuelle et une éthique de la liberté. Il faut gérer une épidémie dans le respect des gens. La distinction séropositif/sida il faudrait en faire un autre usage, mieux comprendre, une compréhension fine pour une meilleure prise en charge, un dispositif de soin pour un nombre considérable de gens. (01.24.37)
La communication et la prévention dans les spots télévisés en Angleterre et en Australie
Pub n°1 : Un homme et une femme marche chacun d’un côté d’une clôture métallique, une page de journal reflétée dans une flaque d’eau : « L’amour peut-il survivre ? ». Pub n°2 : un homme au lit avec une femme se fait interroger par une voix off, avec qui a-t-elle couché hier soir ? je ne sais pas répond l’homme. Comment attrape t’on le SIDA ? Je ne sais pas. Tu sais que ce n’est pas une maladie d’homosexuel. Couche à droite à gauche et tu prends le risque d’être contaminé. Pub n°3 : un bowling horrifique, les quilles sont des hommes, des femmes et des enfants. La mort sous forme de faucheuse lance sa boule et les abat. « Au commencement, seuls les homosexuels et les drogués mourraient du SIDA. Aujourd’hui nous savons que nous pouvons tous être balayés par la maladie. Le SIDA peut être arrêté et vous pouvez aider. On dézoome, dans un plan large, on voit que des dizaines de faucheuses joue au même bowling macabre. Si vous avez des rapports avec plusieurs personnes portez toujours un préservatif. Toujours. Pub n°4 : un homme est chez le médecin, on lui annonce qu’il a le SIDA, il serre le poing. Sur le plan suivant en flashback on le voit serrer le poing et s’injecter de la drogue. Voix off : le SIDA est sur les aiguilles sales. N’injectez pas le SIDA ! Pub n°5 : le SIDA n’est pas transmis lorsque l’on s’embrasse. L’homme mime seul un baiser passionné. Pub n°6 : film d'animation, un pénis tout bleu se promène, il voit un trou et cherche à le pénétrer mais avant il se couvre d’un préservatif.
Les réactions du plateau : Les visages montrés à la caméra semble avoir trouvé les pubs amusantes. Paoli parle d’un refus français de s’associer à la communication anglo-saxonne jugée trop dure. Olievenstein votre avis ? C’est mieux que rien, mais pour lui la propagande n’atteint pas les marges. On ne vise pas assez les nouvelles marges dans les banlieues. Rosenbaum, votre avis ? Il faut faire des spots, mais il faut aussi évaluer ce que l’on fait. Je suis d’accord avec Olievenstein, il faut amplifier à destination des marges.
Conclusion de l'émission
Paoli : Rosenbaum, quel espoir ? Un espoir dans le progrès de la science, de l’acceptation sociale (en cours mais pas acquise). On a fait un effort sans précédent dans l’histoire de l’humanité pour une gestion de pandémie selon des principes démocratiques.
Remerciements.
Générique de fin
Notes complémentaires
Références et documents externes
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : Hypolite Spitz