Fibres alimentaires et pathologie digestive (1978)
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Sommaire
Générique principal
Prix des dix meilleurs films - Entretiens de Bichat 1978 / Jouveinal Laboratoires / Jacques Frexinos, Service des maladies de l'appareil digestif / Professeur A.Ribet,CHU Rangueil Toulouse / Animation : Gilles Spano / Images : René Gosset , Claude Rochefort , Monique Rouslon / Montage : Joel Courtinat / Réalisation : Art et Science
Contenus
Sujet
Présentation de l'évolution de la consommation des fibres alimentaires dans nos sociétés modernes.
Genre dominant
Résumé
Le film étudie l'impact des fibres alimentaires sur nos habitudes de vie afin d'expliquer la raison du développement des pathologies digestives qui leur sont liées. En premier lieu, il rappelle les pathologies digestives auxquelles sont exposées les personnes occidentales en établissant une comparaison de leurs modes d'alimentation avec ceux qui prévalent en Afrique.En second lieu, le film explique le rôle des fibres sur les fonctions coliques et évoque les maladies digestives qui découlent d'une alimentation qui souffre d'un déficit en fibres.
Contexte
Santé
David Parsons Burkitt (1911-1997), dont les travaux ont inspiré le film, est un chirurgien britannique qui a établi un lien entre la survenue du cancer colorectal et le déficit de fibres dans l'alimentation. Cf. le site du National Library of Medicine - National Institute of Health : Depuis plus de 200 ans, des nutritionnistes ont affirmé que la fibre des plantes a un effet significatif sur la digestion. Son rôle dans la nutrition humaine est étudié depuis la fin du XIXe siècle. Cependant, entre 1966 et 1972, Denis Burkitt, un médecin, après avoir mené des enquêtes en Afrique, a confronté ses propres expériences avec les savoirs accumulés sur la question. Au terme de ce travail, il propose de considérer de manière radicalement différente le rôle des fibres dans la santé de l'homme. S'appuyant sur les travaux de trois médecins (Peter Cleave, G. D. Campbell et Hugh Trowell), d'un chirurgien (Neil Painter) et d'un biochimiste (Alec Walker), il promeut l'idée que les régimes déficitaires en fibres exposent aux risques d'obésité, diabète, caries dentaires, différentes perturbations d'ordre vasculaire, voire à des types de cancer, appendicite et diverticulose. Le fait de grouper ces maux autour d'une unique cause a certes été révolutionnaire. En avançant l'idée que la fibre est la clé de la santé a stimulé beaucoup de recherches, Burkitt a également suscité des controverses. Son travail autour du régime à base de fibres a valu le surnom de 'Fibre Man'.
La diffusion du film
Le film a été montré pendant l'édition de 1978 des Entretiens de Bichat. Les Entretiens de Bichat furent en France la première organisation de formation médicale continue fondée en 1947 par deux professeurs de médecine de la Faculté de Paris, chefs de services à l’Hôpital Bichat-Claude-Bernard, les professeurs Guy Laroche et Louis Justin-Besançon. Commencés d’abord avec de faibles moyens, dans des locaux de Bichat, les premiers entretiens rassemblèrent des médecins généralistes du quartier, puis devant le succès, l’organisation se mit en place de façon plus formelle et prit une dimension nationale, avec l'appui des AP-HP.
Créé dès la fondation, le comité scientifique des E.B, constitué de patrons hospitaliers bénévoles qui se renouvellent par cooptation, fait appel pour cette formation post-universitaire à des enseignants universitaires dits P.U.P.H. (Professeurs universitaires et praticiens hospitaliers) qui exercent souvent une activité de recherche médicale. Les fonctions de recherche médicale des P.U.P.H. font de ces enseignants, eux aussi bénévoles, des spécialistes des questions qu’ils exposent, appréciés pour cela du public médical. L’emploi du temps très chargé de ces enseignants explique le mode particulier de cette formation une fois l’an, avant la rentrée des étudiants, pendant toute une semaine, dans des locaux universitaires parisiens avec de nombreux intervenants, sur un programme à contenu pédagogique librement établi en concertation entre le comité scientifique et un panel de médecins généralistes praticiens. La durée des interventions est le plus souvent très courte (dix minutes) pour laisser la place aussitôt à un débat formateur, d’où le nom d’ «entretien ». Des tables rondes d’une heure sur des sujets plus complexes sont aussi suivies d’un débat entre intervenants et participants. Le programme aborde environ deux cents sujets médicaux et chirurgicaux, traités simultanément dans quatre amphithéâtres, ce qui amène le médecin à choisir « à la carte » ce qu’il veut entendre. Pour chaque sujet, un recueil de QCM permet au participant de procéder soit avant, soit au décours ou à distance de l’enseignement à une évaluation de ses acquisitions.
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Non.
- Images en plateau : Non.
- Images d'archives : Non.
- Séquences d'animation : Oui.
- Cartons : Non.
- Animateur : Non.
- Voix off : Oui.
- Interview : Non.
- Musique et bruitages : Oui.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
Le film est de registre didactique, articulant commentaire informatif et plans d'animation pour l'illustrer. Pour rendre convivial un sujet intime et ingrat, d'autres séquences d'animation sont résolument caricaturales.
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
Le film fait état d'un débat dans le domaine de la santé alimentaire. Il convoque des recherches de pointe dans le domaine, faites en Angleterre par Denis Parsons Burkitt, et évoque les critiques qu'elles ont soulevées.
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
Salles de formation des professionnels de santé.
Communications et événements associés au film
Public
universitaires et professionnels de la santé
Audience
Descriptif libre
Fonds Eric Duvivier code 471.
Expliquer le rôle des fibres alimentaires par une comparaison des populations d'Occident et d'Afrique
Sur une musique jouée au clavecin, panoramique sur une peinture montrant les travaux des champs, symbolisant une société qui a bâti son mode d'alimentation sur la consommation du blé. Le commentaire affirme que l'homme occidental a tout pour être heureux, par la prospérité économique qui le fait vivre dans l'abondance et le loisir, et le système social qui le protège. Pour illustrer son propos, des photographies de reportage ou de publicité, archétypes d'une société moderne et performante. Mais, ajoute le commentaire, "il est constipé". Aux photographies succède un dessin dans le style de Reiser montrant un homme assis aux toilettes. En revanche, poursuit le commentaire, l'homme africain qui vit dans des conditions beaucoup plus précaires ne l'est pas. Le propos est illustré par un homme noir, toujours dans le style de Reiser, incrusté sur des vues montrant un village africain avec une scène de préparation du mil. L'homme africain sourit quand il est évoqué son absence de problèmes digestifs. Le commentaire, pour expliquer cette différence, propose de s'appuyer sur les travaux de Burkitt et Trowell. Pour ceux-ci, elle "réside essentiellement dans la quantité de fibres alimentaires consommées quotidiennement." Leur enquête porte sur la comparaison des études comparatives d'un point de vue historique et socio-économique sur certaines maladies digestives (constipation, diverticulose colique, cancer du côlon, appendicite, pathologies herniaires et variqueuses), certaines maladies cardio-vasculaires (hypertension , athérome, infection coronarienne) et certaines maladies métaboliques (lithiase, obésité, diabète). Pendant que le commentaire énumère les différentes maladies en jeu, un schéma animé localise chacune dans le corps d'un individu mis en silhouette.
"Même si cela apparaît audacieux, ajoute le commentaire, on peut ainsi dire que le budget de la santé d'un pays est inversement proportionnel au poids moyen des selles de ses habitants". Cette affirmation très curieuse est-elle une provocation visant à promouvoir une conception des civilisations qui s'émancipent de celle qu'a défendue un Occident impérialiste? Le raisonnement se poursuit : c'est avec le progrès technique dans l'industrie céréalière que les affections digestives augmentent. En illustration, "Les cribleuses de blé" de Gustave Courbet (peint en 1853) puis une vue sur un moulin à vent. Sur fond de graphiques, le commentaire précise : à cause de la diminution de la consommation de farine, la quantité de fibre dans la ration alimentaire au cours de ces deux derniers siècles a considérablement diminué : de 6,5 g en 1770 à 0,2 g par jour en 1970. Par ailleurs, Burkitt a mis en évidence une corrélation significative entre : quantité de fibres alimentaires - vitesse du transit - poids des selles. Exemple avec la santé de la population dans une région rurale d'Ouganda : le poids des sels des agriculteurs est d'environ 470 g par jour et la vitesse du transit est de 36 heures. En Grande-Bretagne, en comparaison, le poids des sels est de 107 g, la vitesse du transit est de 69 heures. Explication : la consommation des fibres en Ouganda est plus importante. À l'image, la comparaison est symbolisée par une silhouette d'homme noir mise en présence de la silhouette d'un homme occidental. Le traitement du dessin est humoristique et ne fait pas l'économie de clichés de représentation attribués aux représentants de chaque population en jeu : l'homme noir, sans habit sinon un pagne, expression débonnaire, l'homme blanc, vêtu de pied en cap avec chapeau et cravate, expression sourcilleuse. (05:41) Troisième argument pour mettre en cause un régime alimentaire insuffisant en fibre : une étude qui compare un groupe affecté de diverticulose avec un groupe témoin : varice des membres inférieurs, hémorroïdes, hernies inguinales, lithiase biliaire et hernie hiatale sont significativement plus fréquentes chez les sujets qui présentent une diverticulose colique. Là encore, le commentaire s'articule à des dessins qui combinent l'humour (les silhouettes humaines à la Reiser) et le didactisme (les interventions de flèches et la mise en couleur des organes en jeu). Puis un schéma animé, composé de flèches et de cercles, vient à l'appui de l'explication qui insiste sur la constipation, due à l'insuffisance de l'absorption des fibres, comme cause qui unifie toutes ces maladies : le déficit en fibres provoque un état de constipation responsable de la pression intracolique, avec formation des diverticules au niveau des zones de faible résistance, puis augmentation de la pression intra-abdominale qui cause les pathologies herniaires, auxquelles s'ajoutent des pathologies métaboliques qu'entraîne la consommation excessive d'aliments riches en lipides et glucides. (07:35)
Les critiques des travaux de Burkitt
Mais le commentaire relativise cette idée : "En fait, l'hypothèse des fibres est loin d'être démontrée en totalité." Des détracteurs des travaux de Burkitt leur leur reprochent une vue trop simple de la pathogénie, de prendre en considération un seul paramètre, et d'omettre les autres distorsions nutritionnelles tout aussi importantes. Étant donné les nombreux facteurs de changement dans nos modes de vie (images de gravures de mode Belle Époque, ou bien d'illustrations de journaux montrant des aéroplanes et des automobiles, ou de caricatures stigmatisant des comportements de sociabilité par l'alcool), la restriction en fibres ne peut être une cause unique des maladies digestives contemporaines. "L'hypothèse des fibres est trop simple, conclut le commentaire, mais leur intérêt en pathologie intestinale fonctionnelle reste évident." Ainsi, le film qui s'appuie sur les travaux de Berkitt intègre les critiques qu'ils ont soulevées sans prendre parti. Il poursuit une démarche épistémologique au sein de son exposé en faisant part des débats occasionnés par le progrès de la recherche sans aboutir à l'apologie d'une thèse contre une autre, quoiqu'il soit visible que ses auteurs soient séduits par les thèses de Berkitt. (08:32)
Les fibres alimentaires : terminologie, nature, composition, fonction
À ce point, le film opère un pas de côté : "Au fait, que sont ces fibres?" S'ensuit une explication scientifique du sujet abordé. D'abord du point de vue de la terminologie. Le commentaire rappelle que le terme "dietary fiber", traduit en français par fibre alimentaire, a été proposé en 1972 par Trowell pour désigner les résidus des cellules végétales après l'action des enzymes digestives. Cette expression tend aujourd'hui à se substituer à celui de "crude fiber", traduit en français par "fibres brutes", sous lequel on désigne des produits des extraits végétaux après l'action des solutions alcalines et acides. En illustration, un homme jette une feuille de salade dans un agencement complexe de conduits et récipients pour métaphoriser sans doute le travail de digestion de cette feuille. "Cette dernière terminologie est encore couramment utilisée dans les tables de diététique pour exprimer la teneur en fibres des aliments." Mais, ajoute le commentaire, ce mode d'évaluation sous-estime la véritable quantité des fibres alimentaires. Le film suggère de cette façon qu'il convient désormais d'adopter les termes mis au point par Trowell, collaborateur de Berkitt. Une arborescence se déploie pour détailler la composition chimique des fibres alimentaires, laquelle est variable : cellulose, hémicellulose, pectine, lignine. Encore une fois, les interventions en animation oscillent entre la simple illustration et le petit écart humoristique. Ici, la peptine est symbolisée à l'intérieur de l'arbre par un récipient hermétique à l'ancienne. De même, le développement sur le rôle des fibres est introduit par le dessin d'un homme assis sur une lunette de toilettes. "L'action des fibres sur la fonction colique est triples. Premièrement, augmentation du poids des sels et de leur volume par le pouvoir hygroscopique (qui absorbe l'humidité). Deuxièmement, régularisation du transit, le colon pouvant mieux contrôler une masse molle et volumineuse que des matières dures et de volume réduit. Troisièmement, cette régularisation du temps de transit s'accompagne souvent d'une normalisation de l'activité électrique basale du muscle cloque et d'une diminution de la pression intraluminale."
Les applications de ces constatations sont donc logiquement triple (les champs d'application sont écrits en lettres blanches sur un fond bleu à mesure qu'ils sont mentionnés) : "Constipation chronique / Troubles fonctionnels intestinaux ( colopathie , côlon irritable ) / Diverticulose colique". Le commentaire précise que l'augmentation des fibres dans la ration alimentaire entraîne une modification de la flore intestinale et "une surproduction éventuelle de gaz" . En schéma animé, dans un conduit sinueux et segmenté qui figure l'intestin, se répandent des petits traits blancs et des bulles. Il est curieux d'entendre à ce moment dans la bande-son un bref motif de basson. C'est une des rares fois où la musique du film, qui consiste en une suite imperturbable de morceaux de registre classique, connecte avec son contenu. Le commentaire ajoute que la composition chimique des sels se modifie : augmentation de la sécrétion des graisses, des acides gras volatiles, du calcium.(13:16)
La bonne ration en fibres alimentaires
Vue réelle de cageots de légumes empilés. Le commentaire rappelle que les fibres alimentaires sont présentes dans les fruits, les légumes verts, les céréales, les tubercules. Mais il faut composer convenablement les éléments de sa ration alimentaire en fibres. Pour doubler le poids quotidien des sels, il faut absorber : 47g de son de blé, ou 404g de blé complet, ou 681g de carottes bouillies, ou 775g de choux, ou encore 1kg417g de pommes. Les différents légumes ou fruits dans la quantité indiquée figurent sur des assiettes placées sur un drap vert. Le film insiste ensuite sur les bienfaits du son dont la quantité varie selon les pains en vente. Les doses utilisées sont à définir selon plusieurs paramètres : intensité des symptômes et de la sensibilité individuelle. Le film sous-entend ainsi que cette recette ne fait pas office de recette générique, mais que la ration est à définir par chaque personne selon son cas. En général, conclut le commentaire, l'équilibre de la ration alimentaire peut être obtenu par 15 à 20g de son par jour. À l'image, une balance où des aliments différents sont groupés sur chaque plateau, puis zoom sur une fiole placée sur l'un d'eux qui doit contenir la quantité de son requise. Il reste que cet enrichissement de la ration en fibres alimentaires doit se faire progressivement pour éviter flatulences et ballonnements. Il faut donc tenir compte "d'un diagnostic sûr et d'une prescription sérieuse." Dans le prolongement de sa réflexion sur la nécessité de définir un dosage par individu, le film encourage à procéder à un examen médical pour mettre au point l'introduction des fibres alimentaires dans la ration. Conclusion sur un mode caustique : tandis que le film zoom sur la peinture d'un paysage de collines verdoyantes, le commentaire affirme : "sans aller jusqu'à dire que les fibres alimentaires ouvrent les portes du paradis écologique, il faut reconnaître leur intérêt. 6 à 8g de fibres alimentaires par jour, serait-ce le secret des constipés et des colopathes heureux?"
Dernier plan sur un projecteur de cinéma en marche, bientôt renversé par une foule qui envahit l'image. Un carton indique : "Ce film volontairement caricatural ne prétend pas régler tous les problèmes de troubles fonctionnels coliques en un quart d'heure. La discussion reste ouverte..." Ainsi, le film insiste sur son intention de faire part de travaux scientifiques en cours, dont les résultats sont tangibles, sans verrouiller leur interprétation. C'est un film scientifique et non un film sur la science, dans le sens où il fait part d'une recherche en cours, dont l'utilité est probable, mais qui n'a pas le fin mot sur son sujet.
Notes complémentaires
Références et documents externes
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : Roger Mori, Joël Danet