La démarche du film : la problématique de la prévention par le dialogue interculturel
Le postulat de départ de ce documentaire est le suivant : si le virus du sida et ses modes de transmission sont bien évidemment identiques d’une population à une autre, effectuer la prévention de la même manière dans des populations socioculturelles différentes est inefficace. « On a appris à écouter les gens », déclare un médecin. Un dialogue permettant de comprendre celui qui est différent de nous, ses représentations et sa culture est nécessaire pour une prévention efficace et respectueuse des personnes et des principes de la démocratie. Le dialogue des cultures : ce reportage illustre principalement les différences entre le monde occidental européen et la culture d’Afrique de l’ouest. Le documentaire est divisé en quatre parties : lutter contre les exclusions, reconnaître les traditions, le dialogue entre générations, les langages de la communication. Ces thèmes sont toutefois abordés tout au long du documentaire. Il est basé sur des reportages et interviews. Les personnes interviewées sont médecins, juristes, poètes, ethnologues, intervenants en prévention. La plupart connaissent « les deux mondes », sont eux-même des immigrés, ou bien les médecins blancs ont travaillé en Afrique.Ils évoquent la tradition de l’oralité développée en Afrique plus qu’en Occident, l’habitude du langage métaphorique, le choc culturel d’un immigré noir arrivé en occident, la notion de groupe et de communauté bien plus importante en Afrique que la notion d’individu, la différence au niveau des soins médicaux…
Enquêtes sur le terrain : intervention par l'animation de quartier et dans les cours d'alphabétisation
Différents reportages traversent le documentaire. Un reportage est effectué dans un quartier défavorisé de Lisbonne, au Portugal, peuplé d’immigrés venus du Cap-Vert, Sénégal. Des actions de prévention sont mises en place par des animateurs de quartier. En miroir, un reportage est effectué au Cap-Vert. Ce reportage permet d’aborder différents problèmes. Aborder la prévention du sida dans une population dont la préoccupation principale est se loger et se nourrir est difficile. Les campagnes de prévention de masse touchent surtout les populations favorisées, les populations en situation de précarité seront plus sensibles à une des actions proches d’eux, locales, menées par des intervenants qu’ils connaissent et en qui ils ont confiance. Il existe de plus en Europe une culture de la prévention (assurance pour les voitures, assurance maladie, assurance chômage…) peu développée en Afrique. L’alphabétisation (des cours sont organisés) est un premier pas vers la prévention et vers la lutte contre l’exclusion. Pour des personnes analphabètes, et africaines qui ont une tradition basée sur l’oralité, le théâtre, la danse, la musique, sont des moyens adaptés pour faire passer des messages de prévention. L’aspect festif permet également de dédramatiser le sida. Un reportage est effectué sur la situation d’une jeune femme camerounaise qui va venir s’installer en Occident. Une cérémonie est organisée par ses proches afin de lui donner la protection des ancêtres pour sa nouvelle vie, et afin qu’elle n’oublie pas sa culture. Elle a fait des études à l’université en Europe. Elle explique qu’il faut pouvoir concilier cette protection spirituelle et globale et une prévention plus pragmatique et rationnelle à l’occidentale des maladies et notamment du sida.
La prévention par le spectacle vivant
Des sketchs se succèdent, effectués au Cameroun par une troupe de théâtre, formée par des étudiants camerounais afin d’effectuer de la prévention contre le sida. Ils parlent en anglais. Ils sont en plein air, sous un arbre, et abordent des questions liées au sida. La réalité du sida « I don’t believe in AIDS », le rejet de la femme considérée comme contaminante, la peur d’exclusion par la famille, des démonstrations de pose de préservatifs, sont abordés.Des reportages abordent les difficultés à parler de sexualité, les oppositions possibles entre religions et prévention par le préservatif…
Le documentaire donne des clefs pour réussir une prévention auprès d’un public migrant, soulève de nombreuses questions et pointe la nécessité d’un dialogue pour permettre aux différentes cultures de se reconnaître et de se respecter.