Écoliers quand même (1965)

De Medfilm



Avertissement : cette fiche n'a pas encore été relue et peut se révéler incomplète ou inexacte.



Pour voir ce film dans son intégralité veuillez vous connecter.
Si vous rencontrez un problème d'affichage du film ou des sous-titres , veuillez essayer un autre navigateur.

Titre :
Écoliers quand même
Série :
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Durée :
11 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Commanditaires :
Corpus :

Générique principal

(Générique de début)
“Ce film a été réalisé grâce au concours de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie pour le Comité Français d’Education Sanitaire et Sociale sous l’égide du Ministère des Affaires Sociales”

(...)
JE VOUDRAIS SAVOIR

ÉCOLIERS QUAND MÊME

(Générique de fin)


Boîte postale de la société de production : Paris JVS 12.407

C. Menuet au son

Anne Dastrée à la réalisation

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Présentation d'une classe spécialisée pour handicapés moteurs au sein d'une école ordinaire.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Ce reportage met en avant le quotidien des enfants handicapés dans leur classe spécialisée et leur inclusion au sein des établissements "normaux". L'intégration de professionnels de santé dans le milieu scolaire est aussi présentée.

Contexte

- En 1946, la loi autorise le financement de la prise en charge des enfants handicapés par la sécurité sociale.

- En 1948, un avocat, père d'un enfant handicapé, crée une véritable association, capable de générer un mouvement à la dimension des problèmes auxquels les familles sont confrontées. L’Association lyonnaise des parents d’enfants retardés et inadaptés, l’ALPERI.

- Dans les années 60, des parents militent pour revendiquer la création de structures pour les enfants POLY-HANDICAPES ou MULTI-HANDICAPES( HANDAS)

- En 1975, une loi est défendue devant l'Assemblée Nationale par Simone Veil et adoptée le 30 juin 1975. Cette loi exprime deux idées fortes. La première est que la prise en charge des personnes handicapées est une obligation nationale. La seconde, est que l'enfant handicapé a droit à l'éducation et aux soins. Création de la CDES (Commission Départementale de l'Education Spéciale). Cette loi est donc synonyme d'obligation éducative. Tous les enfants handicapés doivent aller à l'école, la CDES se chargera d'associer actions pédagogiques, sociales, médicales et paramédicales.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Oui.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Une voix off sert de médiation entre le reportage et le spectateur.

Ce film montre les réalités du quotidien des élèves handicapés, les adaptations nécessaires à l'accueil de ces élèves. Il a pour but d’informer et d’éduquer le grand public sur la question du handicap. Ce film porte un regard bienveillant sur le handicap ainsi que sa prise en charge et incite le spectateur à en faire de même. Ce film met en avant l'intégration des enfants handicapés dans les établissements scolaires "normaux" afin d'éviter la stigmatisation, mais surtout, de fournir à ces enfants la même éducation et le même cadre de vie qu'aux autres enfants. Cela encourage les spectateurs à pratiquer l'inclusion sociale, et à porter, eux aussi, un regard bienveillant sur ces différences en les normalisant.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

La santé et la médecine sont présentées comme un accompagnement, comme faisant partie entière de l’école, et comme un facteur d’espoir permettant la prise en soin des enfants handicapés tout en leur permettant d’être scolarisés. L’attitude des soignants à l’égard des enfants est bienveillante, attentionnée et encourageante dans leurs progrès.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Le film a été projeté à la télévision, le samedi après “Télé midi” sur la première chaîne de l’ORTF.

Communications et événements associés au film

Public

Reportage tout public. Il utilise des mots simples, accessibles et compréhensibles par tous.

Audience

Descriptif libre

Un ramassage scolaire pas comme les autres
Ramassage scolaire des enfants handicapés moteurs par bus (places limitées). Voix off qui explique ce que l’on voit à l’image et énonce directement une particularité "un ramassage scolaire pas comme les autres".
Un femme descend des escaliers avec son fils dans les bras pour l’amener au car de ramassage scolaire qui les attend en face de la maison. Une monitrice présente dans le car installe le petit garçon sur son siège et l’attache. Une voix off explique que ce ramassage scolaire n'est "pas comme les autres", que "l'entrée dans le car est plus lente", que "le nombre de places limité" et que "ce sont des enfants handicapés moteurs". Le car s’éloigne (plan fixe) et la voix off précise : "Ces enfants vont tous les matins dans la même école que les autres enfants", ce qui plante le cadre de ce documentaire. Plusieurs jeunes garçons sont en train de parler, de rigoler et de s’amuser à l’intérieur du car. La scène est tout à fait banale mais elle a son importance. Elle montre qu'il s'agit de jeunes garçons comme les autres, malgré leur handicap moteur, même s'ils ont besoin d’une assistance et d’une surveillance pour s'y rendre. C'est le rôle de la monitrice.
Le car arrive à l'école et les enfants en descendent. La voix off reprend et développe ce qui a déjà été dit : “C’est une école comme une autre, mais pourtant, elle n’est pas tout à fait comme les autres car ici on accueille et on instruit les enfants handicapés physiques." Au moment où cette phrase est prononcée, les enfants sont dans la cour et en train de se diriger vers leur salle de classe. Pour créer des classes spécialisées, services publics, collectivités locales et associations privées ont dû collaborer. Étant donné les moyens nécessaires, ce projet n’a pu se concrétiser que grâce à la participation financière de la sécurité sociale, des caisses d’allocations familiales, des caisses de l'assurance maladie et de l’aide sociale.
Plan fixe : les élèves passent dans le couloir pour se rendre en classe. Deuxième plan fixe : la classe vue du fond. Un élève boiteux pousse le fauteuil roulant de l’un de ses camarades pour l’aider à aller à sa place. Manifestement, les élèves de cette classe s'entraident. Plan panoramique partant du professeur qui offre un bel aperçu de la classe en train de travailler. Elle ressemble aux classes traditionnelles. (01:48)

Présentation de trois élèves
Présentation en plan rapproché d’un élève nommé Romain qui est en train de travailler. La voix off explique que ce garçon fait partie des "enfants les plus privilégiés du groupe" parce qu'il n’a aucun retard scolaire. S'il est dans cette classe, c'est parce qu'elle lui permet de bénéficier de cours et de soins au même endroit.
Plan rapproché : présentation de Georges en train d'écrire sur un cahier. Cet élève a un an de retard dans son travail scolaire car il a dû passer une année chez lui. Aucune école ne voulait l'accepter.
Présentation de Sergio, toujours en plan rapproché. Sergio n’est pas en train de travailler comme les deux autres, il semble écouter l'enseignant. Cet élève est atteint d’un handicap plus lourd. Il est resté six ans dans un centre de rééducation fonctionnelle avant la création de cette classe ; sa scolarité en a souffert. Cette séquence met en avant le fait que les enfants handicapés moteur n'ont pas forcément de retards d'apprentissage. Tout dépend de leur parcours antérieur. (02:22)

Interview de l'instituteur
Plan rapproché pour une session de questions/réponses entre le professeur et la journaliste. Première question : “Comment jugez-vous l’intelligence des enfants dont vous vous occupez ? - Tous ces enfants ont une intelligence comparable à celle d’enfants non handicapés, on les a acceptés à l’école en leur faisant passer des tests au début, et déjà, ces tests étaient concluants. Si on leur faisait repasser ces tests au bout d’une année de scolarité adaptée, la cotation serait certainement supérieure." L'objectif de ce passage est de faire comprendre aux spectateurs qu'il ne faut pas faire d'amalgame entre handicap moteur et intellectuel et de lutter contre un certain nombre de préjugés à cet égard.
Deuxième question : "Quelle est la différence dans le travail scolaire entre les enfants normaux et les enfants handicapés ? - il leur faut beaucoup plus de temps pour l’exécution physique d’un geste d’où une très grande lenteur de travail.” Le professeur se montre ainsi très compréhensif et patient à l'égard de ses élèves. Nous notons d'ailleurs que la journaliste considère les enfants handicapés comme "anormaux" puisqu'elle les compare aux enfants "normaux". Cela témoigne du regard que porte la société sur les personnes handicapés en 1965. On peut remarquer également que l'instituteur n'a absolument pas amené à s'exprimer sur les difficultés éventuelles qu'il peut rencontrer dans son travail avec ces élèves, notamment concernant l'adaptation à des rythmes et niveaux très variés.(03:06)

Adaptation des établissements normaux à l'accueil d'élèves handicapés
Plan américain sur Sergio debout, en train de taper à la machine à écrire avec seulement une main dont les doigts paraissent très tendus et peu indépendants les uns des autres. La voix off souligne que ce qui diffère dans l’apprentissage des enfants handicapés, c’est le temps nécessaire pour accomplir une tâche donnée, tandis que la caméra fait un gros plan sur la main du garçon qui est en train de taper à la machine avec lenteur. Le clavier de la machine est équipé d'un guide-doigts pour améliorer la précision dactylographique. Plusieurs plans rapprochés montrent les enfants et leurs “appareillages adaptés”. Ces installations adaptées permettent à l’élève de réduire la fatigue et de poursuivre au mieux le travail scolaire. Le reportage montre par exemple un fauteuil roulant ou encore un élève en train de porter un appareil auditif ou une sorte d'amplificateur à son oreille. Plan panoramique sur la classe, qui s’arrête sur un élève, puis gros plan sur cet élève. Cette nécessité de mener de front les soins et l’enseignement, la lenteur d'exécution des tâches physiques et le retard scolaire dû à l’absence de toute scolarisation ont entrainé la création des classes spécialisées à l’intérieur des établissements scolaires normaux.
Plan américain sur un élève allongé dans une salle de soins. Un soignant en blouse blanche (probablement un kinésithérapeute) mobilise sa jambe gauche. D'autres exercices des membres inférieurs de ce type sont réalisés sur un jeune garçon assis dans une baignoire peu remplie. L'eau diminuant la force de la gravité, les exercices sont ainsi plus faciles à réaliser. La voix off précise qu’il est important de combiner soins et instruction mais qu’il ne faut pas que l’un entrave l’autre. Dans cette école, les enfants sont entourés d’un personnel de rééducation et d’encadrement spécialisé. Chaque enfant a un rendez-vous fixe dans la semaine où il reçoit le traitement qui lui est approprié. L’élève y va seul ou accompagné de la monitrice. Ainsi, les élèves apprennent à gérer leur handicap de façon autonome. La monitrice apparaît à l’écran. Elle tend ses béquilles à un élève pour qu'il puisse se lever eà marcher.
Dans cette école, les élèves qui en ont besoin peuvent aussi bénéficier d'une rééducation du langage. La voix off prononce cette phrase au moment où l’on voit apparaître un enfant en train de poser une sorte d'amplificateur au-dessus de son oreille droite. Dézoom. Le garçon est assis à côté d’une jeune femme (une orthophoniste ?) qui lui fait lire des phrases contenant le son /∫/. L'enfant fait visiblement un effort pour articuler avec précision mais la distinction entre /s/et /∫/ n'est pas encore tout à fait acquise. La rééducatrice lui demande d'ailleurs de répéter le mot "chose", puis lui demande d'inventer une phrase contenant ce mot. On peut supposer que les retards de langage sont traités avec attention puisque mieux les enfants s'expriment, mieux ils s'intègrent à la société.
Plan fixe depuis le fond de la classe. À la demande de l'instituteur, tous les enfants en capacité de se lever se font. Un élève reste assis mais l'un de ses camarades se dirige vers lui, probablement pour le pousser. Changement de point de vue : dans un couloir, le garçon vu précédemment (ici de dos) pousse effectivement le fauteuil roulant de son camarade, malgré sa propre démarche très déséquilibrée. C'est l'heure du déjeuner. Plutôt que de rentrer chez eux, les enfants mangent à l’école afin de diminuer la fatigue et gagner du temps sur les déplacements. Plan fixe : les enfants sont en train de manger. Une monitrice fait manger un enfant. L'école a manifestement mis en place plusieurs mesures destinées à favoriser le bien-être de ces enfants au quotidien. (05:47)

Travail sur l'actualité et courte leçon de morale
L'instituteur interroge les enfants sur le journal télévisé de la veille. Romain évoque la saison des pluies qui a commencé au Pakistan, les inondations. Plans successifs sur chaque enfant qui réfléchit et participe à la discussion. Le maitre les questionne sur les conditions de vie des Pakistanais réfugiés en Inde. les enfants répondent par des mots isolés ou des groupes de mots : "pauvres", "mangent du riz", "c’est insuffisant" donc les épidémies les "guettent": "tuberculose", "choléra". Le maître fait ensuite comparer le "sort" des Pakistanais à celui des Occidentaux. Les réponses des élèves fusent : "ils souffrent plus que nous", "on est plus heureux qu’au Pakistan", "malgré notre handicap, ils sont plus pauvres que nous", "nous sommes bien installés et bien nourris", "nous avons des habits, eux n’en ont pas". Par cette incitation à comparer les deux types de situation, la leçon d'expression et de géopolitique vient de se transformer en leçon de morale. Les élèves sont amenés à se rendre compte que malgré leur handicap et leurs conditions de vie difficiles, ils ont accès à l’éducation, sont logés et nourris et qu’ils ont par conséquent beaucoup de chance. Si jamais ils étaient tentés de s'apitoyer sur leur sort, cette tendance serait étouffée dans l’œuf à tel point que l'un des garçons recommande même d'envoyer des hélicoptères avec "pleins de choses" aux Pakistanais en difficulté. (07:10)

Procédure d'entrée en classe spécialisée
Plan fixe : assistante sociale. La voix off évoque la détresse des parents concernant la scolarité de leur enfant lorsqu’il est handicapé. interview d’une mère avec son enfant (thomas) “on ne sait pas quoi en faire, c’est la troisième classe dans laquelle il va mais ça ne marche jamais”. l’enfant en question a déjà été à l’école mais a loupé beaucoup d’heures à cause de la fatigue liée à son handicap donc a pris beaucoup de retard. Les parents mettent beaucoup d’espoir dans cette classe spécialisée. On comprend ici que le dispositif de classe spécialisée est novateur pour l'époque et qu'il est surtout nécessaire au vu de la complexité de suivre une scolarisation traditionnelle de la part des enfants handicapés moteur. plan panoramique sur l’enfant lors de son examen clinique. on le fait marcher. La voix off explique que pour entrer en classe spécialisée, l’enfant doit subir un examen pratiqué par un médecin spécialisé en médecine physique afin de déterminer l’étendue du handicap et de prévoir soins et équipements nécessaires. En parallèle, on voit le médecin ausculter l’enfant, lui mesurer les jambes. Puis un test intellectuel est effectué avec le psychologue de l’établissement. Thomas est reçu, les parents sont soulagés. (07:35)

Se projeter dans un avenir professionnel
Plan panoramique : Thomas joue à l’extérieur avec un ballon, on entend des cris de joie. Tous les enfants, valides et handicapés, jouent ensemble dans la cour. La caméra suit Thomas, il est tout de suite bien intégré. même l’enfant en béquille joue au football avec eux, ils apprennent à vivre tous ensemble. pendant ce temps, la voix off fait passer un message “il affrontera la vie de tous les jours parmi les enfants dont il diffère, car bien qu’on fasse tout pour qu’il soit comme les autres, un signe extérieur fera qu’on le distingue”. afin que les enfants valides accueillent les handicapés comme il se doit dans la société, il ne faut pas mettre les enfants handicapés à part mais qu’ils vivent tous ensemble. Ainsi, le “petit handicapé” doit accepter son handicap pour ne pas être exclu. Le rôle le plus important des classes spécialisées est “intégrer, en même temps que soigner et instruire”. en effet, s’ils ne savaient pas vivre en société, avec les instructions qui leur permettent d’exercer un métier, les classes spécialisées ne serviraient à rien, il faut leur créer une "égalité de sort". Durant tout ce message, nous voyons tous les enfants s'amuser ensemble dans la cour. Retour en classe, plan fixe sur la classe avec élèves vus de face et dos du maître au premier plan. il questionne les élèves sur ce qu’ils voudraient faire plus tard (plan sur chaque élève qui répond) : Sergio : avocat, les autres : hôtesse de l’air, dactylographe, instituteur, avocat, dessinateur. Les élèves sont donc conscients des limites de leurs handicaps lorsqu’ils doivent choisir un métier “mon oncle est routier et doit porter des charges lourdes mais moi je ne peux pas faire ça”. Ainsi, les enfants se projettent dans un métier complexe malgré leur handicap et la croyance commune de l'époque que les personnes handicapées ne pouvaient pas travailler. c’est un vrai message d'espoir que fait passer le documentaire. Les enfants évoquent aussi les raisons de leur choix de métier: gagner de l’argent, ne pas risquer sa vie et enseigner, défendre les gens innocents. Nous remarquons que le maître n’émet aucun jugement face à leurs ambitions, qui prônent la réelle inclusion de ces enfants dans la société.
transition: “ces classes spécialisées sont là pour les aider à réaliser leurs voeux au mieux” en montrant deux enfants lisant un livre. (10:17)

Intervention d'un représentant de l'Association des paralysés de France
Il met en avant la “valeur inestimable” des classes spécialisées sur le plan humain, fruit de l’effort conjugué de l’éducation nationale, des municipalités et de l’association des paralysés de France. On remarque donc que les pouvoirs publics commencent à jouer un rôle dans l’inclusion et l’adaptation de la scolarité des enfants handicapés. Cependant, on ne sait pas si l'école est publique ou privée, car bien que l'éducation nationale ait joué un rôle dans sa création, une association privée aussi. Nous nous demandons donc si elle peut vraiment être accessible à tous ou si cela devient payant d'accéder à l'éducation en étant un enfant handicapé moteur.


Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Lisa Risser, Malicia Samiez