Comment ? (1975)
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Main credits
Comment?
Direction scientifique : Dr Jacqueline Kahn-Nathan Conseillers : Dr Ernst J. Rothschild, Dorothy M. Dallas Préparation : Anne Marie Wespes-Dewart
Animation : Pen-Film sous la direction de Raoul Servais éxécutée par Véronique Steeno
Images complémentaires : François Segura, Jean-Jacques Mathy Assistants réalisateur et monteur : Francis de Laveleye, Christine Campus
Commentaires : Pierre Bourgeade dits par Georges Perros
Enregistrement de la musique : Studio Sofreson Georges Queyras Mixage : Studio l'Équipe, Roger Defays Son direct : Fred de Waele Laboratoires : L.J. Dassonville, GEVACOLOR
Musique : Ralph Darbo
Directeur de la photographie : Roland Delcour
Une production : Proeuropa Direction de production : Joâo. B. Michiels
Scénarion et réalisation : Jacques Kupissonoff
Content
Theme
Main genre
Résumé
En décrivant le développement physique et psychologique du jeune adolescent, le film tente de démystifier, de déculpabiliser, de rassurer les adolescents pré pubertaires qui se posent sans cesse des questions sur la sexualité. [source : CCEP]
Context
L'éducation sexuelle dans les années 70
Les cours d’éducation sexuelle relèvent officiellement de l’Education nationale depuis une circulaire du 23 juillet 1973. La “circulaire Fontanet”, du nom du ministre de l’Education de l’époque, abordait alors la question ainsi : “Il a longtemps été admis que les éducateurs devaient tenir les enfants à l’écart des problèmes de l’âge adulte, et plus spécialement à l’égard de ceux qui concernent la sexualité. Mais les fables racontées aux plus petits et le silence opposé aux plus grands paraissent aujourd’hui chargées d’inconvénients très lourds, du double point de vue de l’évolution psychologique et de la relation de l’adolescent à l’adulte. Ils sont devenus inacceptables du fait de la civilisation ambiante, de l’évolution des modes de vie, du recrutement mixte des établissements.”
Ces cours d’éducation sexuelle demeurent toutefois facultatifs, même si 1973 marque une accélération sans équivalent de la prise en compte d’une question apparue en France … 55 ans plus tôt. C’est en effet en 1918 que le terme “éducation sexuelle” surgit en France, d’après l’historienne Yvonne Knibielher. Entre l’immédiat après-guerre et 1973, son histoire sera jalonnée par différentes initiatives locales, mais un large silence plus général. Ces initiatives éclosent grâce à des pionniers, qui œuvrent en parallèle du monde médical. La sexologie, qui arrive un peu plus tard en France que dans les pays voisins, émerge en effet aux alentours des années 1910. Les initiatives les plus progressistes viendront souvent de personnalités liées à la santé, qu’il s’agisse du mouvement pour la planification des naissances, ou de la pionnière féministe Berty Albrecht, une infirmière née à Marseille en 1893 et initiée au féminisme auprès de militantes britanniques.
Pierre Bourgeade et Georges Perros : deux figures littéraires
Le commentaire de Comment est écrit par Pierre Bourgeade : homme de lettres français, il est à la fois romancier, dramaturge, poète, scénariste, journaliste, critique littéraire et photographe. Il a développé une œuvre largement placée sous l’héritage du Marquis de Sade et de Georges Bataille. Ses thèmes de prédilection : l’Histoire, les grands destins, le sexe et l'érotisme, la solitude, l'impossibilité de se connaître soi-même... Ami de Man Ray et de Pierre Molinier, Pierre Bourgeade a également photographié du nu, en noir et blanc. Le commentaire est lu par Georges Perros. Formé à l'art dramatique, il devient rédacteur pour la N.R.F. dans les années 1950. Il entreprend alors plusieurs séjours en Bretagne et publie les premiers 'Papiers collés', 'Les Poèmes bleus' et 'Une vie ordinaire', recueils de ses notes de lectures.
Structuring elements of the film
- Reporting footage : No.
- Set footage : No.
- Archival footage : No.
- Animated sequences : Yes.
- Intertitles : Yes.
- Host : No.
- Voix off : Yes.
- Interview : No.
- Music and sound effects : Yes.
- Images featured in other films : No.
How does the film direct the viewer’s attention?
Le film approche les questions de sexualité (le désir, l'identité sexuelle, la reproduction) depuis le regard d'un garçon au début de sa puberté. Il y a d'une part les aspects biologiques, d'autre part des réflexions sur la place de l'enfance dans l'existence, la construction de soi dans un environnement culturel plus ouvert aux sollicitations érotiques, en particulier en milieu urbain. Si bien que le public de tous âges peut partager ces dernières comme le souligne le commentaire. Le point de vue varie à mesure que le film évolue : il met d'abord en scène un adolescent, puis une jeune fille (expérience de la puberté), puis un couple, puis une femme (sexualité et accouchement).
Le film rend sensible au temps qui passe et au prix des souvenirs. Il met en scène les jeux de l'enfance ou les premiers jours d'un couple en anticipant, par le commentaire qui met en perspective l'actualité des images, la nostalgie que ces moments inspireront à celles et ceux qui les vivent.
How are health and medicine portrayed?
La santé et la médecine interviennent lors de la dernière séquence du film qui met en scène un accouchement. Elle montre la salle d'accouchement et l'équipe médicale en action. La première partie du film, sur les transformations du corps et les troubles psychologiques dus à la puberté, ne met pas en jeu de médecin de famille ni de psychologue. C'est aux parents de prendre en charge l'accompagnement de leurs enfants pendant la période de mutation qu'ils traversent.
Broadcasting and reception
Where is the film screened?
télévision scolaire
Presentations and events associated with the film
Audience
Elèves des écoles
Local, national, or international audience
Description
L'enfance, "univers perdu"
Générique sur fond de dessins d'enfant représentant successivement un couple au lit, une femme enceinte, une jeune maman poussant un landau, une famille. Le commentaire en voix off s'adresse public. Il lui évoque les découvertes de l'enfance dans un monde sécurisé par les adultes : le spectacle de la nature, les jeux, les activités manuelles. Images correspondantes où les enfants évoluent dans des cadres verdoyants, pré ou jardin. " Univers qu'aujourd'hui, en l'espace de quelques années, vous avez perdu et que vous ne retrouverez jamais plus. Mais univers auquel, toute votre vie, vous ne cesserez de penser et qui restera votre refuge secret." Évocation de la famille, " unique horizon ", avec des parents et enfants réunis dans un salon, se côtoyant sur un amas de coussins ; puis scènes de jeux, "monde simplifié et aimable", avec des pièces de légo ou un camion de police posés sur les carreaux du sol. Un monde où, par la grâce de l'activité ludique, "la police n'est pas menaçante et les indiens sont heureux." (03:49)
Le jeune garçon et le désir
Un enfant solitaire, il doit avoir douze ans, être au seuil de l'adolescence. Il ne s'agite plus, ne joue plus, mais pose sur les choses qu'il rencontre un regard interrogateur et grave : l'exposition d'une voiture d'un nouveau modèle, de disques dans une vitrine (nous reconnaissons les pochettes des disques de Johnny Winter, David Bowie, Robert Charlebois, Dalida...). "On se regarde soi-même..." Le garçon, nu, considère son reflet dans un miroir. Avec la petite soeur dans la baignoire. "On regarde les autres, on découvre la différence". Le garçon en compagnie de garçons de son âge en train de se promener dans les boutiques. Comme le garçon depuis le début de la séquence, tous affichent une expression sérieuse, presque morne - mais leurs regards sont attentifs partout où ils se posent. Ils dépassent un couple d'amoureux, rejoignent une rue à arcades où de nombreuses femmes marchent. "On découvre la grande ville, avec son agitation, son mystère, avec tout ce qu'elle offre et qu'elle dissimule". Ils s'arrêtent devant la devanture d'un kiosque qui affiche les unes de différents magazines. "Les revues sont l'appel d'un monde caché". La caméra resserre sur les unes des magazines de charme montrant des femmes torse nu qui dévisagent l'objectif. Un des garçons a ouvert un de ces magazines, une femme pose de manière glamour sur la double page centrale "On éprouve un trouble... La ville est trop obscure, les photographies sont trop claires". (05:51)
"Par où il sort le bébé?"
Des enfants réunis se demandent "par où il sort, le bébé". Un enfant plus âgé parle d'un "orifice entre les jambes par où l'enfant sort". Il continue son explication, illustrée par des dessins d'enfants montrant une femme enceinte puis une femme dans un lit d'hôpital gardée par une infirmière que voisinent un petit lit et un landau, un bouquet de fleurs posé sur sa table de chevet. Représentations crues de la réalité anatomique des femmes, tout à fait inhabituelles quand il s'agit de diffuser des dessins faits par les enfants dans des films institutionnels.
"Qu'est-ce que c'est, un homme?"
Nous retrouvons le jeune garçon que nous avons vu se promener en ville avec ses camarades. Cette fois, il est dans un pièce mansardée, aidant un homme, que nous apprendrons être son père, à ajuster un pan de bois sur une caisse. L'homme fume la pipe, il est à moitié chauve, laisse pousser des pattes épaisses devant ses oreilles, il est responsabilisé sur une tâche de bricolage qui demande force et maîtrise du "coupe de main" : il cumule les marqueurs du stéréotype masculin de l'individu d'âge mur. L'enfant lui demande : " papa, qu'est-ce que c'est, un homme? ". D'abord étonné, il se ressaisit et lui répond : "Moi, par exemple je suis un homme". La mère intervient, distribuant des chiffons pour qu'iles essuient leurs mains sainement salies par le travail. Elle les désigne tour à tour comme des hommes. Tous les deux portent d'ailleurs une chemise bleue à carreaux alors qu'elle porte un pull. La caméra resserre sur le père et le fils. "Sois certain d'une chose", ajoute le père, "un jour, tu en seras un". Sa mère lui rappelle qu'il a acquis de l'autonomie depuis qu'il a été petit enfant. Flash back pour montrer son évolution. Nous le voyons d'abord dans un parc à bébé, puis sur un carré de gazon jouant avec des grues. Commentaire en off : "En réalité, l'enfance de chacun de nous est une aventure." Le commentaire continue sur ce registre mélancolique alors que se déroulent des scènes de classe ou de projections de cinéma : "De l'enfance à l'adolescence, la vie se déroule comme un film trop rapide". Autres scènes mettant en scène un garçon réparant un vélo, allumant un feu, lisant Tintin. "Les garçons sont curieux, ils aiment l'aventure." Le point de vue reste centré sur le mâle et sa croissance (09:58)
"Le corps n'est pas un objet angélique"
Vue sur un jeune homme prenant sa douche, panoramique vertical descendant qui commence au niveau de son visage et atteint sa taille. Vue du même jeune homme au lit, s'agitant sous les draps. "Quelque chose durcit dans leur corps, quelque chose s'en échappe. On a du plaisir, on se le donne soi-même, on le reçoit en rêvant." Gros plan sur le sexe masculin qui commence d'être en érection. "Il n'y a rien de mal à ça, ajoute le commentaire. Ça prouve que le corps n'est pas un objet angélique, mais qu'il est une machine... qui fonctionne." Schéma animé pour expliquer le fonctionnement de l'anatomie du sexe masculin. Le style du dessin est réaliste (à observer le raccord parfait du dessin avec le plan qui a précédé), la réalisation est en traits noir et blancs avec des interventions colorées pour désigner les parties ou les zones évoquées par le commentaire. "Les testicules étaient en sommeil, brusquement ils se sont mis en activité : c'est la puberté." Les testicules secrètent la testostérone, "hormone de la virilité". Elles produisent aussi les spermatozoïdes, "on dirait des têtards". (12:44)
Côté fille
Une jeune fille d'environ dix ans accompagne sa mère dans un magasin de vêtements. "Quand on est fille, on s'intéresse à la mode". Une fille d'une quinzaine d'années dans une baignoire, elle se lève et se regarde dans la glace de la salle de bains. "On se passe d'abord du soutien gorge... mais non du miroir où l'on peut observer son propre changement." Jeune fille assise sur son lit, l'air interrogateur. "Qu'est-ce qu'être une femme? On sait bien qui on est, on ne sait pas qui on va devenir." Comme dans la séquence précédente, gros plan sur un pubis de jeune fille puis enchaînement avec une séquence animée pour expliquer le fonctionnement du sexe de la femme. S'ensuit une évocation de la relation mère-fille (de nouveau montrée dans un magasin de vêtements, mais cette fois la jeune fille a quinze ans et c'est elle qui donne des conseils d'achat à sa mère) qui devient une relation "de femme à femme", puis une évocation de la relation père-fille qui s'oriente vers l'amitié, voire la complicité.
La rencontre, le désir mutuel, le projet parental
Saynète de rencontre amoureuse. Vue d'une rue marchande (les enseignes nous informent qu'elle est située dans une ville néerlandaise). Un jeune homme, une jeune fille filmés chacun de son côté : dans la rue, au cinéma, chez soi, "même solitude, même retour". Scènes de vie professionnelle, l'homme travaille dans une chambre de commerce (Van Koophandel), la femme dans un laboratoire de recherche. La rencontre se produit dans la piscine, les contacts se multiplient comme le manège de séduction commence. Promenades dans une ville "dont on ne perdra jamais le souvenir". De nouveau, le film met en scène une anticipation de la nostalgie, par un commentaire qui met en perspective l'actualité des images. Schéma animé pour expliquer le coït, puis évocation des différentes méthodes de contraception (sans les détailler). Commentaire : " Grâce à la contraception, on peut décider de ne pas avoir un enfant ; on peut décider d'en avoir un". Enfin, explication de l'ovulation et du développement de l'enfant. Schéma de l'embryon qui devient foetus. "Au bout de trois mois, on voit un petit être complet... Vers cinq-six mois, bébé est déjà un personnage. Il bouge, culbute, se retourne, avale, dort, ouvre les yeux, suce son pouce". (23:20)
Accouchement : "si l'enfant est voulu..."
Musique apaisante formée par des choeurs. Dans la cour d'une clinique, plusieurs femmes enceintes marchent selon l'orientation donnée par le panneau indicateur 'maternité'. Sur les quatre femmes montrées, trois sont accompagnées par un homme. Arrivée de l'une d'elles dans la salle d'accouchement. Commentaire : "Le médecin est là, l'homme qu'on aime aussi." Alors que l'équipe médicale se prépare, un homme masqué et revêtu d'une blouse se tient en effet auprès d'elle. "Autrefois, il attendait dans le couloir". Les inflexions du choeur dans la musique accompagnent les premières poussées de la parturiente. La séquence est jusque là tournée avec la caméra située derrière elle, contrechamp pour montrer l'expulsion du bébé qu'elle accompagne d'un sourire serein. L'homme se penche sur elle pour l'embrasser. "S'il a voulu l'enfant, le couple dont l'enfant arrive est heureux." Sitar et haut-bois alors que le bébé est posé contre la jeune maman alitée. "Voilà, c'est fini... ou plutôt... ça commence". L'image se fige sur le regard tendre qu'elle lui porte, noir.
Contributors
- Record written by : Joël Danet