Au pays du silence et de la lumière (1935)

De Medfilm



Pour voir ce film dans son intégralité veuillez vous connecter.
Si vous rencontrez un problème d'affichage des sous-titres, veuillez essayer un autre navigateur.

Titre :
Au pays du silence et de la lumière
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Durée :
16 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc - 35 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Corpus :

Générique principal

« Réalisation de Henri Grignon; Musique de E. Robert Paux. Commentaires de Ed. Ben Danou; Enregistrement sonore : Fiat Film.»

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Présentation du sanatorium de Leysin en Suisse.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Ce film présente la vie intérieure de la cité sanatoriale de Leysin en Suisse. Après quelques vues sur son avantageuse situation géographique et son accès, le spectateur est informé des particularités de cette structure spécialisée dans le traitement contre la tuberculose. Cure de silence, soleil et air pur y sont de mise. Malgré un règlement strict et des règles d’hygiène drastiques, la vie au sanatorium a aussi ses avantages. Magnifique panorama, parcs arborés et espaces de détente profitent aux malades et à leur famille. Pour une efficacité optimale, la cure sanatoriale centre ses traitements sur le physique mais aussi le moral des patients. Repos, gymnastique, bains de soleil, appareils orthopédiques et, si besoin, traitements complémentaires participent à la guérison des malades. Le suivi est effectué à l’aide de contrôles radiographiques et radioscopiques. Pour entretenir leur moral, les patients bénéficient d’une alimentation variée, d’un suivi individuel par un médecin ainsi que de cures de soleil, de silence et de travail permettant de se livrer à des activités manuelles et peu fatigantes. Des excursions ainsi que des activités de plein air viennent compléter l’offre. Après leur rétablissement, les patients guéris peuvent retourner dans la vie active.

Contexte

Ce film s’inscrit dans un contexte de lutte contre la tuberculose, véritable fléau social au début du XXe siècle. La situation économique de la France est alors difficile. Cas isolé, la commune de Leysin bénéficie d’une prospérité touristique notable puisque de riches étrangers ayant contracté la tuberculose viennent s’y soigner. Elle compte à l’époque une vingtaine de sanatoriums. Le but de ce film, comme indiqué, est de rassurer les parents et les malades en leur faisant connaître la vie intérieure de la cité sanatoriale de Leysin (Grand-Hôtel). Sa visée est donc informative. Le sanatorium de Leysin a été construit selon le modèle architectural germano-suisse employé dès 1889 avec la réalisation du Dr K. Turban à Davos. Les bienfaits de son climat avaient été relevés par le promoteur montreusien Ami Chessex et le médecin lausannois Louis Secretan après que les Leysenouds aient été épargnés par le tragique épisode de « peste blanche » au début du XXe siècle. Durant la Première Guerre mondiale, la cité sanatoriale a accueilli des soldats tuberculeux et des prisonniers de guerre. Elle ferma ses portes en 1948, avec la découverte de la streptomycine et les antibiotiques qui améliorèrent la thérapeutique de la tuberculose.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Oui.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Comme s’il y était, le spectateur est emmené durant 15 minutes au « Pays du silence et de la lumière ». La montée en train et les points de vues adoptés par la caméra accentuent cet effet de réel. Une douce musique (E. Robert Paux) et des prises de vue à couper le souffle accompagnent la visite virtuelle de la cité. Le ton employé par Ed. Ben Danou est posé et incite à l’apaisement. Les scènes filmées sont très précises et donnent l’impression de ne rien négliger des activités de la cité. Ainsi, le spectateur ressort avec un sentiment d’immersion complète et authentique au sein de la structure.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Il s’agit ici d’une présentation de la médecine très décontractée. Pas un miasme, aucune souffrance et aucun imprévu n’est constatable à l’écran. Tout est parfaitement encadré et les conditions sont quasiment idylliques. Tout vise à rassurer le spectateur.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Cinémas commerciaux.

Communications et événements associés au film

Public

Grand public.

Audience

Descriptif libre

Introduction : silence, soleil et air pur

[00’00]

À la suite du générique, un carton présente la visée du film : « Rassurer les parents, les malades, en leur faisant connaître la vie intérieure d’une cité qui s’est spécialisée pour le traitement de la tuberculose ». La musique participe à une ambiance paisible et rassurante.

Les premières images ainsi que la voix off posent le contexte géographique. Plan panoramique. Un ensemble de bâtiments disposés dans la pente d’un relief montagneux et arboré, à Leysin. La vue est dégagée. Les plans suivants présentent les caractéristiques de cette cité spécialisée pour le traitement de la tuberculose. On y voit tout d’abord un groupe de touristes en route pour visiter Leysin s’arrêter en automobile devant un panneau de signalisation sur lequel figure « Circulation interdite de 14 à 16 heures "22’7" ; Sanatoriums, Grand-Hôtel, Mont-Blanc, Chamossaire ». En effet, la circulation automobile y est interdite la nuit de 22h à 7h et le jour entre 14h et 16h afin de répondre à l’une des bases du traitement sanatorial : la cure de silence. L’objectif est de ne pas troubler le repos des malades. Plan général. Une rue très bruyante et très circulante dans une ville, probablement Paris car l’une des voitures porte l’indicatif « RK2 » sur sa plaque. Retour à Leysin où, par contraste, la rue principale apparaît silencieuse, ce qui souligne le propos de la voix off sur un calme qui serait difficile à obtenir « ailleurs ».

Plan général et plan d’ensemble. Un sanatorium. Les curistes sont au balcon. La voix off précise cependant: « Mais le silence n’est pas tout. Il ne suffit pas d’édifier d’un joli site d’altitude et d’un bâtiment élégant et de prétendre en faire un sanatorium. Les spécialistes exigent que les chambres, galeries de cure et autres locaux pour les malades soient orientés au midi afin qu’ils profitent du maximum d’insolation journalière. La cité est placée de façon telle que les brouillards et brumes montant des vallées n’atteignent jamais les galeries de cure. L’air devra rester pur et surtout sec ». Un magnifique panorama accompagne ces recommandations, mêlant montagnes enneigées, banc de brouillard et vues sur le sanatorium ensoleillé. Plan général. Des flèches indiquant « 1400m » et « 2000m » mettent en évidence les hautes montagnes protégeant la cité des vents du nord et d’ouest, « causes d’humidité et de refroidissements ».

La voix off continue : « Dès 1890, les phtisiologues de l’époque constatèrent que le petit village de Leysin pouvait répondre à toutes ces exigences. Un établissement y fut construit. D’autres suivirent. » De petit village Leysin devint la grande cité des sanatoriums spécialisés pour le traitement de la tuberculose sous toutes ses formes ». Un long plan panoramique de la cité de Leysin nous montre toute son étendue.

[02’54]


Leysin : accès et règles de conduite

[02’54]

Retour du thème musical au violon et plongée dans une autre séquence. « On parvient à Leysin par un chemin de fer à crémaillère ». Plans d’ensemble. Filmée depuis la cabine de conduite, la voie sur laquelle roule le train, bordée de rochers et d’une forêt. Vue plongeante panoramique sur la partie basse de Leysin. La déclivité s’accentue de plus en plus. Le train longe plusieurs établissements, dont certains avec terrasses, qui semblent penchés. Des malades y agitent des draps et autres tissus. « Parvenus à 1400 m d’altitude, les malades et les personnes qui les accompagnent constatent avec plaisir que la cité a su se rendre agréable et gaie. » Plan d’ensemble et bref plan panoramique. Plusieurs malades se promènent dans les rues et les parcs de Leysin. Les prescriptions d’hygiène rigoureuses y sont scrupuleusement respectées. Plan fixe sur un panneau interdisant de cracher par terre. « Dans tous les établissements, la règle est générale : offrir aux occupants le maximum de confort et de soins ». Plan d’ensemble de l’extérieur d’un sanatorium. Nous accédons ensuite à l’intérieur de cet établissement. Plan panoramique. Dans un salon, un groupe d’hommes et de femmes conversent, assis dans des fauteuils. Certains lisent le journal. Nouveau plan panoramique des sommets environnants. « Les parents, les amis, les visiteurs profitent en même temps que les malades de ce merveilleux panorama alpestre ». La musique évolue et nous retournons dans l’un des salons du sanatorium. Plan d’ensemble et deux groupes de personnes discutent entre elles ; une jeune fille tricote au second plan. La voix off poursuit : « devant le calme de la haute altitude vont s’écouler les jours de cure d’air, de soleil et de repos ». Travelling vertical bas. Vue plongeante sur le complexe sanatorial recouvert par un manteau neigeux.

[05’08]


L’état physique des malades

[05’08]

Travelling vertical haut. Dans cette séquence, nous pouvons voir une trentaine d’enfants allongés sur le ventre et prenant un bain de soleil sur l’une des terrasses du sanatorium. Une infirmière veille à ce que tout se passe bien. « Ces cures réglées et organisées suffisent en général à amener la guérison de la plupart des lésions pulmonaires et cela pour autant que l’insouciance, la méconnaissance de la maladie à ses débuts, la confiance excessive en certains moyens de guérison n’ait pas amené des aggravations de la maladie. Dans ces cas, à la simple cure vient s’ajouter la mise en œuvre de traitements qui visent tous à mettre les lésions du poumon malade dans un retour relatif et à faciliter ainsi leur guérison. ». Plans panoramiques. Une des chambres du sanatorium ont sont alitées deux curistes. L’une lit en livre, l’autre coud un vêtement. La terrasse. D’autres curistes coudent elles aussi.

Le principe du pneumothorax artificiel est brièvement décrit. Plans moyens. Des médecins examinent des radiographies. Une infirmière fait asseoir un curiste dans sa salle de consultation. La voix off se veut rassurante : ce traitement simple et couramment employé « n’a rien de chirurgical ». Il consiste à insuffler une certaine quantité d’air dans la cavité pleurale, autour du poumon, de façon régulière et durant une période prolongée. Autre plan moyen puis alternance de gros plan de l’aisselle et de schéma animé. Un médecin s’apprête à appliquer ce traitement sur un curiste. Alternance d’un schéma animé et de gros plans. « Sous la pression de l’air insufflé, le poumon s’affaisse légèrement sur lui-même et reste dans un repos relatif. Le contrôle radiographique et radioscopique est ensuite régulièrement employé pour suivi de la guérison ». La lésion finit par guérir par cicatrisation progressive. Une fois cicatrisation complète, les insufflations sont continuées par mesure de précaution, à intervalles de plus en plus espacés, puis supprimées définitivement.

[07’10]


L’importance de l’état moral

[07’10]

Cette séquence concerne l’état moral des malades, très important dans le processus de guérison. Une musique légère accompagne les différents plans présentant la vie des malades et leur existence au sein de la structure médicale. « En général, le patient s’adapte très vite à sa nouvelle existence ». Plan panoramique d’une chambre. Un patient est tranquillement allongé dans son lit et sourit face à la caméra. Plans moyens. Un autre malade tape à la machine tandis qu’une femme tricote sur son balcon, face à la montagne. Plan d’ensemble et plan moyen. La cuisine où sont préparés les repas. Une alimentation variée, équilibrée et adaptée à chacun vient participer au bien-être des malades. Autre plan moyen et plan fixe sur l’assiette. Le déjeuner est servi au lit et est suivi de la cure de silence (entre 14h et 16h).

La visite journalière du médecin est un « long moment de conversation amicale » et repose sur une relation de confiance avec le patient jusqu’à son retour à la vie active. Nouveau plan moyen. Le même malade auquel avait été servi le repas a été déplacé sur la terrasse. Un médecin accompagné d’une infirmière vient le voir et s’enquiert de son état. Plan rapproché taille. Un médecin place un autre malade contre un appareil radiographique. Plan d’ensemble. Il analyse un ensemble de radiographie des poumons sur un mur rétro éclairé et donner des explications au malade. Le diagnostic semble concluant.

[09’20]

Une séquence est ensuite consacrée au traitement héliothérapique et à son fonctionnement. Nouveau plan panoramique des sanatoriums de Leysin. Travelling vertical haut. Une série de lits sur lesquels sont allongés des malades prenant un bain de soleil. Le but de ce traitement est « la guérison des lésions et la reconstitution de l’organisme tout entier ». Un dosage d’exposition au soleil est étudié selon chaque malade. Des appareils orthopédiques permettent l’immobilisation des articulations malades et leur bonne exposition. Plans fixes. Une attelle est retirée de la jambe gauche d’un malade. Une autre est enlevée d’un bras droit. Plan de trois-quarts haut en plongée. Une autre jambe gauche dans une attelle. Plan identique. Assis et vu de dos, un patient atteint de tuberculose de la colonne vertébrale : « Mal de Pott ». Insert radiographies. Constat d’une amélioration de l’état de sa colonne, avant et après traitement héliothérapique et orthopédique.

[10’42]

Le bon moral des malades est également maintenu par la cure de travail, permettant de se livrer à des occupations manuelles et peu fatigantes. Plan moyen. Un homme prenant un bain de soleil tout en effectuant une activité manuelle précise à l’aide d’un outil de perçage (probablement confection de boutons). Plan d’ensemble et plan moyen. D’autres malades faisant de la couture. Ce type d’activité apporte « réconfort moral » et « appui financier » aux malades.

Musique dynamique au piano. Bref plan panoramique et nouveau plan moyen. À la « clinique d’enfants », à l’extérieur, une dizaine de patients alités font de la gymnastique en musique suivant les instructions d’une infirmière. Ainsi, musculature et bonne humeur de l’enfant sont entretenues.

[12’04]

Retour du thème musical au violon. Plan rapproché taille de trois quarts dos. La colonne vertébrale d’un patient est rétablie. Plan moyen. Un patient en cours de guérison est filmé de dos alors qu’il réapprend à marcher à l’aide de béquilles et d’une infirmière aux abords du sanatorium. Plan d’ensemble. Son évolution se poursuit, les cannes remplacent les béquilles. Il marche de plus en plus loin. Plan panoramique en plongée, travelling vertical bas, plan général et d’ensemble. Il profite du paysage montagnard. Autre plan d’ensemble. Il finit par quitter la station sous les adieux de ses camarades de cure. C’est la même scène qu’à l’arrivée du train dans Leysin, mais cette fois en sens inverse. Aux fenêtres du sanatorium, les malades secouent leurs draps tandis que le drapeau suisse flotte au vent.

[13’32]


Conclusion

[13’32]

Nouveau plan panoramique. « Le temps passe assez vite. Les longues journées d’été permettent d’organiser de grandes excursions en autocar pour les convalescents ». Plan d’ensemble en plongée. Ceux-ci saluent vers un hors-champ. Plan général. Le Grand St-Bernard. Gros plan. La tête d’un chien de la race du même nom. Plans d’ensemble et plans généraux. Compétitions sportives « organisées à leur intention ». Skieurs réalisant des figures de saut à ski sur une piste aménagée avec tremplin. Même les malades pratiquent les sports d’hiver : des enfants et des adultes skient et lugent dans la montagne et dans les rues enneigées de la cité. Plan moyen. Un adolescent ayant passé sa jeunesse à Leysin dans le préventorium d’altitude. « L’éducation physique dans ces conditions donne aux enfants un tel degré de résistance qu’ils peuvent en hiver les jours de soleil faire de la luge et du ski en simple caleçon de bain comme en plein été. » Le thème musical du début du film est à nouveau repris. Plans moyens. Scène assez surréaliste d’un groupe d’enfants en caleçon skiant en file indienne, guidés par un adulte chaudement habillé. Ces enfants ayant passé leur enfance en cure à Leysin reviendront plus tard « en touriste retrouver l’altitude et l’air pur qui les ont guéris ». Plan d’ensemble. Cinq personnes, figurant des touristes, sont face aux montagnes. Autre plan d’ensemble. Séquence finale originale : un enfant dans un paysage blanc immaculé, saluant le spectateur, au fond du mot « FIN » formé par un assemblage de skis.

[15’42]

Notes complémentaires

Références et documents externes

Cremnitzer Jean-Bernard, Architecture et santé : le temps du sanatorium en France et en Europe, Paris, Ed. Picard, 2005.

Grandvoinnet Philippe, Architecture thérapeutique : histoire des sanatoriums en France (1900-1945), Génève, Métispresses, 2014.

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Marion Sabel, Emmanuel Nuss
  • Sous-titres Anglais : Ariane Fénart, Élisabeth Fuchs
Erc-logo.png  Cette fiche a été rédigée et/ou traduite dans le cadre du projet BodyCapital, financé par l'European Research Council (ERC) et le programme de l'Union européenne pour la recherche et l'innovation Horizon 2020 (grant agreement No 694817).