Alcool et sécurité routière (1987)
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Sommaire
Générique principal
Générique de début : Sécurité routière, Mission de Communication présente Alcool. Générique de fin : Nous remercions : Pr. Got, Dr. Richet, Dr. Crapelet, M. Marais, M. Van de Valle, M. Carosa, M. Alloy, A.G.S.A.A, L.A.R.C.C.A, Palais de justice de Paris, Gendarmerie nationale de Melun, Comité de Défense Contre l’Alcoolisme, Ecole de Formation des Professionnels de la Route, M.B.S.A (Spot « Le verre »1978). Technique : Hervé Thomas. Graphisme : Alain Penin. Coordination : Michèle Meyrat. Image, Conception, Réalisation, Montage : Michael Pospisil. Production : K.P.D.R. Copyright 87.
Contenus
Thèmes médicaux
- Psychiatrie. Pathologies psychiatriques. Psychopathologie. Phrénopathies. Psychoses. Anomalies mentales. États psychiques et mentaux morbides. Désordres émotionnels et comportementaux
- Toxicologie générale. Étude des produits toxiques et des intoxications
Sujet
Campagne de prévention et d’informations sur la conduite en état d’ébriété.
Genre dominant
Résumé
Dans une approche scientifique et pédagogique, ce film vise à informer les citoyens des dangers et des risques pénaux encourus, en cas de conduite en état d’ébriété. Il fait directement écho à une nouvelle loi (juillet 1987) votée afin de lutter davantage contre les risques de l’alcool au volant.
Contexte
La pénalisation de l'alcool au volant
À partir des années 50, la conduite et l’achat de véhicules se généralisent. Les conditions de circulation deviennent davantage dangereuses, contribuant à grossir chaque année le nombre d’accidents. Cette densification du nombre de véhicules – de plus en plus puissants – s’accompagne peu à peu d’une prise de conscience : la méconnaissance largement répandue des réglementations. Un autre problème apparaît : L’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanie, évalue – pour les années 70 –, à 23,2 litres la consommation d’alcool pur par habitant de plus de 15 ans en France (48g d’alcool pur par jour, soit le niveau le plus élevé au monde). Ce chiffre passe à 20,1 dans les années 80. L’alcool au volant fait environ 14000 morts par an en France dans les années 1970. L’alcoolisme, qui touche en particulier les plus jeunes, devient peu à peu un sujet de santé publique. En septembre 1977, le président Valéry Giscard d’Estaing déclare que l’alcoolisme est le plus grand des fléaux sociaux. Il propose un plan sur dix ans afin de redresser la situation. Pourtant, les réglementations concernant l’alcool au volant et sa pénalisation tardent à se mettre en place, faisant de la France un très mauvais élève face aux États-Unis, l’Angleterre, la Suède ou encore la Suisse. En France, le chemin est long. Si, en 1959, une ordonnance sanctionne l’ivresse au volant, il faut attendre les années 1970 pour que les contrôles d’alcoolémie soient institués (jusqu’ici, ils posaient la question de la liberté du conducteur et étaient difficiles à instaurer). Entre 1970 et 1983, les seuils maximums d’alcool autorisés évoluent, jusqu’à atteindre 0,8 gramme par litre de sang. Cependant, pour passer devant un juge, le taux du conducteur doit dépasser 1,2 gramme d’alcool par litre de sang. À la fin des années 70 – et en particulier dans les années 80 –, une ambiance sécuritaire traverse la France face aux risques de plus en plus élevés pour la santé publique : l’alcool, le tabac, le VIH. C’est le moment des grandes campagnes de prévention (la première a lieu en 1976), à l’aide des médias audiovisuels. Cette prévention, qui se veut d’intérêt général, est rendue légitime par les discours sur les dangers, et les risques. La prévention, vise à amener les citoyens à l’autolimitation dans ses modes de consommation. Cette prévention est parfaitement liée à la communication, et en particulier à la communication scientifique, garantissant le sérieux des campagnes. Jusqu’ici, les ministres –qui ne souhaitent pas être taxés de paternalisme ou de moralisateurs, ne souhaitaient pas faire de prévention sur le tabac ou l’alcoolisme. Cela explique en partie le retard français sur ces questions. Face à l’urgence et à l’ampleur du problème, l’État crée la Délégation de la Sécurité routière en 1982 (commanditaire du film) afin d’agir « sur les comportements des usagers de la route pour les responsabiliser et contribuer au renforcement de la sécurité des infrastructures routières, des véhicules et des équipements de protection des usagers. » Il est à noter, que c’est avant tout pour des raisons de santé publique, que des réglementations et une pénalisation concernant l’alcool au volant sont mises en place, avant des considérations de sécurité routière. C’est vraiment par la pression des médecins et des assurances que l’État réagit. En effet, après la Seconde Guerre mondiale, les compagnies d’assurances sont de plus en plus nombreuses et puissantes. Or, assurer sa voiture n’est pas obligatoire. Cela pose un problème financier aux assurances qui joueront un rôle d’importance dans la question de la sécurité routière.
En 1986, un conducteur en état d’ébriété (1,30G) renverse une jeune fille qui décède des suites de ses blessures. Il est inculpé pour homicide involontaire en état alcoolique, et condamné à un an de prison avec sursis et 10 000 francs d’amende. La famille de la jeune fille est scandalisée, la presse fait de cette affaire un scandale public. En juillet 1987, une loi survient pour renforcer la lutte contre l’alcool au volant. Il s’agit de mettre en place des dépistages systématiques, de confisquer les véhicules, de suspendre les permis de conduire et d’aggraver les peines encourues. Le chauffard est devenu un criminel.
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Oui.
- Images en plateau : Non.
- Images d'archives : Oui.
- Séquences d'animation : Non.
- Cartons : Non.
- Animateur : Non.
- Voix off : Oui.
- Interview : Oui.
- Musique et bruitages : Oui.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
Puisque le film a pour but d’informer les citoyens sur les risques qu'ils encourent s'ils conduisent en état d'ivresse, et de les faire adhérer à la nouvelle loi votée pour limiter les conduites dangereuses, le réalisateur dirige notre regard vers ce qui légitimise le discours. Par des zooms, des effets comme l'emploi d'un effet de clignotement sur les éléments graphiques, il insiste sur les éléments qui prouvent la scientificité et le sérieux de propos.
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
La médecine est ici montrée comme une instance qui fait autorité par ses analyses et son savoir-faire.
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
télévision, entreprises
Communications et événements associés au film
Public
Audience
Descriptif libre
Préambule : son anxiogène et images - choc
Le film s’ouvre sur le générique de début. Fond noir : Le mot « Alcool » apparaît ensuite en rouge puis clignote, changement de couleur qui évoque l'effet d'une prise de produits psychotropes. Dans la bande-son, rires de personnes sous l’emprise de l’alcool, pneus qui crissent. Un verre, rempli de glaçon et d’alcool (qui semble être du whisky) explose au moment où un bruit retentit, évoquant un accident de voiture. Il est à noter que cette image est peut-être connue des spectateurs, puisqu’il s’agit d’un emprunt, comme il est indiqué dans le générique de fin. (00:19) En son, une musique de fond dynamique, comme celle des musiques de reportage. En gros plan, images de journaux contenant des faits divers – concernant l’alcool au volant. Des mots sont soulignés en jaune ou vert comme « 4000 morts », « meurtrier », « crimes impunis ». En commentaire, une voix reprend une partie des informations. Plan de trafic dense, les klaxons résonnent. Quand la musique cesse, nous entendons des bruits de moteur. (00:49)
Témoignage et test
En plan large, une femme, madame Tratola. Assise dans un fauteuil, elle raconte comment son fils a été tué par un chauffard ivre. Sous une plante posée sur une petite table, nous voyons la photo de son fils, encadrée. « Il est mort quelques heures après. » (01:13) Un graphique sur un fond bleu. Le commentaire explique que, plus le grammage est élevé, plus les risques sont multipliés. Le professeur Got apparaît. Il est filmé, assis, à son bureau, des feuilles sont posées devant lui. Il tient un stylo et porte une blouse blanche. En arrière-plan, une bibliothèque bien remplie de très gros livres. (1.55) Ce médecin intervient plusieurs fois tout au long du film et il est toujours mis en scène de cette façon. Comme il de nombreux autres intervenants dans le film, il sera plus facile de le reconnaître à chaque fois qu’il apparaît.
Fond noir : à nouveau le « spot du verre ». Un homme en blouse blanche est au téléphone, assis devant un écran. « Nous allons démarrer le test. » Le commentaire explique que la recherche en cours consiste à évaluer les capacités du conducteur automobile, avant et après l’absorption d’alcool. Deux hommes dans une voiture entrent sur la piste. Sur les écrans, des données apparaissent, des bordereaux de résultats. Un laborantin explique à Joachim, jeune homme qui passe le test, qu'il va devoir rouler entre deux poteaux. Joachim démarrer et passe entre les poteaux sans encombre. La première phase du test est terminée. (02:56) En gros plan, nous voyons ensuite Joachim boire un verre de vin. Dans une salle d’examen, un médecin fait passer un test d’alcoolémie au jeune homme. Joachim souffle dans l’éthylotest de dernière génération. Le résultat en gros plan : 0, 68mg par litre d’air expiré. Le test reprend. Les consignes initiales sont répétées au jeune homme, adossé à la voiture, le bras posé sur la portière. Il semble nonchalant, moins attentif. Il entre dans la voiture et demande à ce que les poteaux soient moins écartés. Sa voix trahit son état d’ébriété. Il demande à rapprocher à nouveau les poteaux, l’air très confiant. Son regard, fatigué apparaît en très gros plan. Joachim démarre et, cette fois-ci, roule à vive allure dans les poteaux. Il a mal évalué les distances et les poteaux tombent à terre. (04:05) Sur le toit de la voiture à l’arrêt, apparaissent en gros plan les verres d’alcool qui ont été ingérés : deux Pastis, deux verres de vin rouge, une eau-de-vie et une bière. Le docteur Richet – qui supervise le test – apparaît en gros plan. Nous apprenons que Joachim à 23 ans, qu’il pèse 75 kilos. Son taux d’alcoolémie est supérieur au taux légal qui est de 0,40 mg par litre d’air. Le médecin explique que le comportement et les mauvaises perceptions de Joachim sont le résultat de son état d’ébriété. (05:04)
Discours de prévention
Troisième diffusion du spot du verre pour ouvrir un nouveau chapitre. Le professeur Got en gros plan. La caméra serre sur son badge « chef de service ». Évoquant le dépistage de l’alcoolisme, il explique que les nouvelles réglementations – comme le dépistage systématique, lors de contrôles au volant par les forces de l’ordre – visent moins à punir qu'à permettre de repérer les malades et de les soigner. (5.51) Dans une salle d’examen médical d’un centre d’alcoologie, le docteur Crapelet, assis à son bureau, explique le fonctionnement et l’utilité de ces centres. Il rappelle leur gratuité et leur vocation préventive. Il déplore « la tradition française » qui favorise la tendance à boire plus qu’il ne le faudrait. Puisque l'absorption se fait alors dans un contexte festif, cet excès paraît normal et non pathologique. Le médecin insiste sur les risques de devenir alcoolique. Il ne dit pas le mot, il lui préfère l’expression « malade de l’alcool ». Selon lui, l’alcoolisme est une maladie (que ce n’est donc pas une question de volonté) qui survient en raison des prises répétées de boissons alcoolisées. Le médecin, malgré son sérieux, se permet même un petit jeu de mots, en rapport avec le sujet du film : « Nous nous efforçons de les arrêter sur cette route dangereuse. » (7.03)
L'environnement publicitaire en cause
Le professeur Got fait le lien entre l’alcoolisme routier et l’alcoolisme en général. Cette fois-ci, le film aborde un nouveau thème : celui de la publicité et de la consommation d’alcool. Le médecin montre le paradoxe existant entre la volonté affichée par les politiques publiques de régler le problème de l’alcool dans la société et le nombre très important de publicités qui mettent en avant les boissons alcoolisées avec un discours positif. Un homme, de dos, regarde la télévision, avec, sur la table disposée face à lui, deux bières et un cendrier dans lequel est posée une cigarette. Les publicités faisant la promotion de boissons alcoolisées s’enchaînent. L’alcool est montré comme vecteur d’amour, de sensualité, de fêtes réussies. L’attention du spectateur se porte sur la télévision et non sur le discours du médecin. Incité à boire, l’homme à l’écran se ressert un verre. Lorsqu’il change de chaîne, les mêmes publicités sont diffusées sur l'écran. (08:06)
Les causes identifiées, les sanctions
Le professeur Got évoque à présent le danger de mélanger alcool et médicaments. Des insignes de pharmacie clignotent en très gros plan, puis une notice de médicament. (8.54) Un homme d’âge mûr se tient devant un tracteur et un hangar. Il explique que l’accident dont a été victime sa famille a eu lieu en sortant de Paris. La circulation dense dans les villes est un facteur d’accident. Le chauffard « un alcoolique » a grillé le feu rouge, tuant sa fille et blessant tout le reste de la famille.
Intervention de Francis Van de Valle, Directeur général de l’Association générale des sociétés d’assurance contre les accidents. Il décrit les sanctions lourdes qui pèsent sur ceux qui ont été pris en état d’ébriété au volant. En haut de l’écran,des photographies d’accidents de la route se succèdent. En parlant de leur portefeuille, le film emploie un autre moyen sensibiliser les citoyens. Même sans accident, un retrait de permis pour conduite en état d’ébriété peut porter préjudice au conducteur durant longtemps. (10.43) La nouvelle séquence qui s’ouvre sur des contrôles opérés par des forces de l’ordre pratiquant des contrôles. Un homme s'est fait arrêter. En vert, une information à son sujet : « dépistage positif : rétention immédiate du permis de conduire. ». Ces derniers mots clignotent. Il s’agit ici d’une application d'une des mesures prévues par la nouvelle loi. Sur un fond vert, les taux légaux sont rappelés. (La loi ne prévoit pas de les changer). Après le dépistage, emmené au commissariat, l'homme souffle dans un éthylomètre. La modernité des appareils est mise en avant. Il est donc impossible de compter sur un manque de précision des machines pour échapper au dépistage. (11:40)
Dernier témoignage
En gros plan, un enfant en bas âge. Une femme assise dans un rocking-chair près de lui raconte l’histoire de son neveu, décédé après avoir été percuté par un chauffard ivre. L’homme a pris la fuite. En fond de champ, une photographie de la maman du petit garçon, rayonnante. Elle s’est suicidée après la mort de son fils. (12.12) Intervention de Mr Alloy, premier substitut du procureur de Paris. Son discours est rigide, faisant référence aux textes de loi. Sa voix est peu à peu recouverte par la musique du générique. Le leitmotiv du spot du Verre revient une dernière fois. Générique de fin.
Notes complémentaires
Références et documents externes
Monographie
Nourrisson Didier, Crus et cuites. Histoire du buveur, Paris, Perrin, 2013.
Articles scientifiques
Berlivet Luc, « Naissance d'une politique symbolique : l'institutionnalisation des "grandes campagnes" d'éducation pour la santé. », dans : Quaderni, n°33, Automne 1997. L'État communicant, des formes de la communication gouvernementale. p. 99-117.
Decreton Séverine, « Les trois temps de la communication de sécurité routière », dans Quaderni, n°33, Automne 1997. L'État communicant, des formes de la communication gouvernementale. p. 85-98.
Kletzlen Anne, « L’incrimination de la conduite en état d'ivresse. D'un problème de santé publique à une question de circulation routière. », dans Genèses, 19, 1995. Incriminer, sous la direction de Gérard Noiriel. p. 27-47.
Romeyer Hélène, Amirouche Moktefi, « Pour une approche interdisciplinaire de la prévention », Communication & langages, vol. 176, no. 2, 2013, p. 33-47.
Charlotte Meyer Kaufling
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : Charlotte Meyer Kaufling