Maternité (1930)

De Medfilm



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Titre :
Maternité
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Durée :
92 minutes
Format :
Muet - Noir et blanc - 35 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Archives détentrices :

Générique principal

« Maternité, Grand drame »

Contenus

Sujet

Les vies respectives de deux femmes : l'une fille-mère devenue mère de famille nombreuse puis grand-mère, l'autre s'étant mariée mais ayant décidé de ne pas avoir d'enfants et se retrouvant finalement seule.

Genre dominant

Fiction

Résumé

Louise dirige une ferme avec son père, le père Viguier. Elle a par ailleurs de nombreux prétendants. Marie a accouché d'un enfant dans une étable. Le géniteur a disparu en ville. Une vieille femme fait l'intermédiaire pour que Marie soit employée dans la ferme de Louise. "Pas de fille dévergondée dans la ferme!" répond Louise. Marie va en ville, retrouve le père de son enfant et s'installe avec lui dans un logement ouvrier. Malheureusement, l'enfant meurt. Pendant ce temps, Louise s'est mariée avec un agent d'assurance et s’installe dans un appartement aisé en ville. Ne souhaitant pas avoir d'enfants, ils s'achètent un chien. Près de vingt ans après, Marie et son époux sont les parents de six enfants, tandis que Louise est délaissée par le sien. À la mort de son père et alors que son mari lui propose de se séparer, elle revient vivre à la ferme et y accueille Jacquot, le benjamin de Marie, pour les vacances. Après s'être montrée distante, elle s'attache à lui et alerte Marie lorsqu'il souffre du "mal de mère". Celle-ci vient avec sa fille, Jeannette, qui s'attache à Nicou, un garçon du pays. Ils se marient et donnent naissance à un enfant alors que toute la famille de Marie s'est installée à la ferme qu'elle a rachetée à Louise. Vivant quotidiennement à leurs côtés, celle-ci réalise qu'elle n'a pas fait le bon choix et, après une tentative de suicide, revient en ville où elle travaille dans une crèche d'usine et aide ainsi les mères à éduquer leurs enfants.

Contexte

Nous pouvons dire que le film incite les couples à faire des enfants et à se multiplier. Considérer l'enfant comme étant un problème qui empêche le rythme du travail et de la vie quotidienne peut être une erreur fatale qui ne permet plus d'aller en arrière.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Oui.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Ce film est une allégorie de la maternité, un hymne à la procréation. Il met en avant Marie qui, malgré son statut initial de fille-mère et la mort de son premier enfant, parvient à fonder un grand foyer et a la joie de devenir grand-mère. Le film juge négativement l'évolution de Louise, inverse de celle de Marie. Du confort de son appartement avec son mari et son chien revient à la solitude de la ferme paternelle. L'ascension de Marie, mise visuellement en valeur par une lumière claire, contraste avec le déclin, voire la régression de Louise, caractérisée par une lumière sombre. La propagande « maternelle » de ce film est renforcée par les personnages de Jacquot, qui a une relation quasiment fusionnelle avec sa mère, et de Juliette, qui devient maman à son tour. La propagande « hygiéniste » est, elle aussi, présente dans le film. Celui-ci valorise la campagne, claire et pure, séjour bienfaisant qu'il oppose à la promiscuité et au confort artificiel des villes.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

La santé et la médecine apparaissent concrètement par la mise en scène du personnage du médecin, le Dr Laurent, de la promiscuité du logement de Marie et de la représentation récurrente de l'allaitement.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

territoire national, y compris le milieu rural par des projections itinérantes

Communications et événements associés au film

Public

Grand public

Audience

Descriptif libre

Refus de Louise, fermière, d'accueillir Marie, fille de ferme devenue fille-mère
[00'00] Le film s'ouvre sur un long panorama des monts d'Auvergne, avec une femme en costume traditionnel, vue de dos. Au flanc d'une colline se trouve la ferme des Viguier où le père, assis sur une chaise entre le fourneau et un berceau, fume la pipe en songeant à son plus grand désir : bercer un petit-fils. Au même moment se tient le marché aux bestiaux où, parmi les visiteurs, se trouve sa fille unique, Louise, entourée de ses nombreux prétendants. Pendant ce temps, dans les montagnes, les troupeaux paissent près d'un pacage isolé où se trouve une fille de ferme, Marie, allongée sur la paille et serrant contre elle le bébé qu'elle vient de mettre au monde. Une vieille femme du pays vient la trouver pour lui dire qu'elle va parler d'elle à Louise, la fille de son patron. Elle repart tandis que Marie, toujours allongée avec son bébé contre elle, attend dans la solitude des montagnes dévoilées par un panorama.
[03'25"]
Arrivée à la ferme des Viguier, la vieille femme va trouver Louise. Par la lucarne, Louise répond qu'elle refuse d'accueillir une fille-mère chez elle.La vieille femme revient vers Marie. Elle la découvre assise sur une pierre, près du troupeau, son bébé dans les bras. En lui rapportant la réponse négative de Louise, elle lui laisse entendre qu'elle pourrait changer d'avis à la vue de l'enfant. Marie se lève et se rend à la ferme des Viguier.
Elle y entre et dépose son bébé dans le berceau. Louise entre à son tour et, apercevant Marie, se dirige vers elle et voit l'enfant. Marie lui explique que le père, originaire du pays, est parti en ville. "Je ne sais plus rien de lui". Louise, sans rien ajouter, lui fait comprendre qu'elle est indésirable. Le père Viguier qui la croise lui donne de l'argent. Marie quitte la ferme après avoir regardé une dernière fois les montagnes.
[07'42"]
Retrouvailles de Marie avec le père de son enfant
[07'42"]
Un paysage urbain, plusieurs mois après, réintroduit Marie qui est toujours à la recherche du père du bébé. Elle attend à la porte d'une usine d'où sortent des ouvriers qui ont fini leur journée. Le reconnaissant parmi l'un des derniers à sortir, elle se précipite derrière lui et l'appelle. Surpris, il se retourne et la laisse s'approcher, n'osant croire ce qu'il lit dans son regard. Elle retire un pan de son gilet, découvrant ainsi son bébé à l'homme qui, tétanisé, en lâche sa cigarette. Confronté aux conséquences de ses actes et ne sachant comment réagir, il choisit d'abord de croiser les bras en signe de fermeture. Comprenant le sens de ce geste, Marie s'éloigne avec son enfant. Il se retourne pour la regarder partir et, après un instant d'hésitation, tend ses mains, l'appelle et court la rejoindre. Sous son regard, il met la main du bébé dans la sienne, qu'il referme, puis il le prend dans ses bras. Il assume ainsi sa paternité au grand soulagement de Marie, et tous trois s'éloignent ensemble.
[12'06"]
Installation de Louise et d’Aimé dans leur confort ; décès de l’enfant de Marie et de Pierre
[12'06"]
Alors que Marie et le père de son enfant se sont mariés, Louise a épousé un agent d'affaires du nom d'Aimé Durand, de passage en Auvergne. Les recevant dans la ferme familiale, le père Viguier, en caressant le berceau, leur redit son souhait de bercer un petit-fils. Les deux époux font savoir en riant qu'ils ne souhaitent pas avoir d'enfants, ce qui leur vaut un sévère regard du père. Louise lui explique que, étant obligés d'habiter en ville pour les affaires de son mari, des enfants constitueraient une gêne. Soudain contrariée, elle va à la fenêtre. Son père l'y rejoint et essaie de la rendre attentive à l'environnement vivant et procréant : une mère allaitant son bébé, deux chevaux broutant l'herbe d'un pré, un enfant cueillant des pommes avec sa mère. Il lui rappelle que « l'arbre qui ne porte pas de fruits est abattu », ce que souligne l'image d'un bûcheron en plein travail d'abattage. Furieux de la voir en rire, il la gifle. Louise et Aimé quittent alors la ferme, laissant le père Viguier prostré sur sa chaise et amer face à ce berceau qui restera à jamais vide.
[15'36"]
Installée avec son mari dans le confort de leur nouvel appartement, Louise termine l'arrangement du mobilier et, après d'être étirée, s'assied à la table du salon pour achever l'écriture d'une lettre à son père, dans laquelle elle l'invite à venir leur rendre visite et lui redit son désir de vivre sans contrariétés.
[16'54"]
Dans la même ville, Marie, qui a abandonné son travail à l'atelier, essaie de sauver son enfant, rendu malade par le manque de soins de sa nourrice. En témoignent son visage sale et son état général lamentable. La peur de perdre son bébé, qui tend sa main vers sa bouche, lui fait monter les larmes aux yeux. L'alternance des images met en parallèle la tranquillité aisée de Louise, qui se fait les ongles, et la détresse de Marie. Ayant mis un pied du bébé contre sa joue, elle s'aperçoit que celui-ci ne bouge plus et, pressentant le pire, l'embrasse et le serre contre elle, dans un dernier geste maternel, alors que ses pleurs redoublent. Au même moment, Louise se poudre le visage lorsqu'une clef est mise et tournée dans une serrure, provoquant l'ouverture de la porte d'entrée de son appartement : c'est Aimé qui lui apporte un chien. Tout heureuse, elle prend celui-ci et le serre contre elle, puis elle s'assoit et le berce comme un enfant. Pendant ce temps, Marie met son enfant dans son berceau et s'agenouille en pleurs devant celui-ci. L'introduction d'une clef dans une serrure, provoquant l'ouverture de la porte de son appartement, le fait se retourner : c'est son mari qui entre, accompagné d'un docteur. Elle se lève et arrive à peine à expliquer la situation avant de s'effondrer sur une chaise. Après avoir retiré son chapeau, le mari rejoint, devant le berceau, le docteur qui, par un signe de tête, lui fait comprendre que tout est fini. Sa main redresse la tête de Marie et d'un geste lui annonce la nouvelle, provoquant une crise de larmes. Le mari, accablé, ne peut que refermer les rideaux du berceau. Louise et Aimé, tout heureux, pouponnent leur chien tandis que Marie et son époux restent anéantis, écrasés de douleur devant le berceau de leur enfant décédé.
[21'21"]
Refondation d’une famille et agrandissement de celle-ci au fil des années
[21'21"]
Le docteur Laurent, évoqué ci-dessus, est un médecin dans l'âme et un praticien du service social. Il se trouve dans une rue, entouré d'enfants, avec Pierre, l'époux de Marie dont on découvre à ce moment-là seulement le prénom. Le docteur est touché de leur malheur. Grâce à lui, le couple est embauché dans une usine moderne où les mères ont la possibilité de pratiquer l'allaitement. Comme ses collègues, Pierre est affecté à la production dans les ateliers. Un an et demi plus tard, des mamans allaitent leurs bébés dans une pièce de l'usine aménagée à cet effet. Marie les rejoint pour faire la même chose. C'est ainsi que nous apprenons qu'elle a un nouvel enfant. Elle s'habille d'une blouse blanche, se lave les mains et une puéricultrice lui remet son enfant à allaiter. Une fois cela terminé, elle reprend sa place à l'atelier des femmes.
[22'57"]
Comme le symbolisent des images d'arbres nus et de branches en fleur, la vie s'épanouit au fil des saisons. Ainsi trois paires de chaussons indiquent que le couple,installé dans une maison, a trois enfants à présent. Alors que Marie semble s'épanouir dans son rôle de mère, Pierre paraît perplexe et va se rasseoir à table, songeur. La vue de son dernier-né, qui commence à marcher – pieds nus cependant – lui rend le sourire. Il le prend dans ses mains avant de le donner délicatement à Marie, qui le reçoit les mains ouvertes tel un cadeau du Ciel. Tous deux sont heureux et Pierre embrasse un des deux pieds du bébé avant de le mettre contre son front.
[25'26"]
Les mêmes images de branches en fleur, de fruits en croissance et d'arbres nus se succèdent. Le récit opère un saut de quatorze ans dans le temps. Dans leur maison, Marie et Pierre sont attablés avec cinq de leurs enfants. Ils se préparent à manger lorsque le sixième – en fait le troisième par ordre d'aînesse – se présente à la porte en uniforme de marin. Il revient de son service militaire. Son père se précipite pour l'accueillir. Le jeune marin se tourne ensuite vers sa mère qui le regarde avec, sur le visage, le même bonheur que lorsqu'elle le recevait les mains ouvertes tel un cadeau du Ciel, ce que souligne le film qui reprend cette courte séquence. Et ce bébé devenu jeune homme, mais dont le visage n’apparaît pas, embrasse Marie sur le front. Jacquot, le benjamin de Marie fouille dans le barda de son frère, en retire un coquillage et, le mettant contre son oreille, a l'impression d'entendre la mer se fracasser contre les rochers comme le montre l'image. Visiblement intrigué, il cherche à savoir comment cela est possible. L'aîné, assis à table et toujours visible de dos, raconte son service. Son père et sa sœur sont visiblement impressionnés. Marie, qui a découpé le pain, en donne une tranche aux mains qui se tendent.
[27'37"]
Abandon de Louise par son mari, retour à la ferme et accueil de Jacquot
[27'37"]
Pendant ce temps, le ménage de Louise n'est pas devenu un foyer. Elle se morfond dans son lit un soir de solitude, avec son chien pour seule compagnie. Elle croit entendre la voiture de son mari, de plus en plus absent, mais au-dehors, les autos ne font que passer, leurs phares éclairant furtivement, à travers la fenêtre, leur photo de mariage. Ses yeux, lourds de fatigue, s'apprêtent à se fermer lorsque bruit à la porte les fait se rouvrir. Une domestique entre et remet à Louise un télégramme dont la lecture la fait se dresser sur son lit : son père malade la demande.
[28'52"]
Il est déjà mort quand elle revient à la ferme familiale. Devant sa tombe, elle lit la lettre qu'il lui a laissée. Il regrette, écrit-il, qu'elle ait autrefois chassé Marie et lui demande d'accueillir Jacquot, un de ses enfants, qui vient tous les étés. Justement, celui-ci prépare ses affaires avec l'aide de sa mère et de sa sœur. Louise, qui va vivre pour la première fois avec un enfant, l'attend devant la ferme et le voit arriver sur une carriole. Sautant à terre, il lui sourit avant de se rembrunir devant son visage fermé. Elle l'envoie à l'intérieur de la ferme. Après avoir regardé autour de lui, il découvre le chien de Louise dans son panier. Amusé, il s'en approche et commence à le caresser. Voyant cela, Louise l'en écarte pour le caresser à son tour. Il va à table, se découpe un morceau de pain, en mange un bout et laisse le reste sous le regard sévère de Louise qui semble lui reprocher son peu de considération pour la nourriture. Elle pose sa valise sur une chaise et, pendant qu'il y prend ses affaires, elle éteint la lumière pour la nuit et laisse la fenêtre ouverte. Couché dans son lit, Jacquot tend le bras et prend dans sa valise quelque chose qui lui est très cher : le châle de sa mère avec lequel elle l'enveloppait dans ses bras. Chacun, après avoir brièvement regardé de côté de l'autre, ferme le rideau de son lit. Jacquot commence à appeler sa mère et mord le châle pour étouffer ses pleurs. Louise, au lit avec son chien, l'entend et lui demande ce qu'il a. "Je n'ai rien, je dors" lui répond-il. Il continue à caresser le châle tandis qu'elle nettoie la truffe de son chien.
[35'39"]
Le lendemain matin, Louise ouvre les volets, appelle Jacquot qui prend son petit déjeuner dehors, et lui demande de commander du fromage chez Nicou, un jeune homme qui habite au pacage voisin. Quand il s'y rend, Nicou lui demande s'il se plaît chez les Viguier. Jacquot lui avoue que Louise lui est hostile sans qu'il en connaisse la raison. « Les femmes, c'est louf » explique Nicou,lui conseillant de ne pas s'inquiéter. Revenu à sa bonne humeur, Jacquot quitte Nicou d'une bonne poignée de main et d'un grand salut et repart vers la ferme où Louise l'attend. Le soir, il est à table avec une femme du pays et, tout en mangeant des raisins, regarde fréquemment Louise qui, près du fourneau, lit une lettre de son mari dans laquelle il lui propose de se séparer.L'absence de « lien vivant » les a rendus mutuellement étrangers, justifie-t-il. Il a refait sa vie ailleurs. Accusant le coup, elle réagit à peine aux pitreries de Jacquot qui s'est levé de table et va finalement se coucher. Elle baisse son regard vers le panier ou se trouve le chien qui lui lèche la main, s'agenouille près de lui, prend du coton qu'elle imbibe d'un produit, en garnit la truffe de l'animal et lui maintient la gueule fermée. Il meurt au bout quelques secondes et elle recouvre sur lui la couverture du panier. Elle est maintenant seule. Jacquot, qui a discrètement observé la scène, sort de son lit et s'approche de Louise qui, toujours agenouillée, pleure. Par deux fois, elle le repousse de la main. Il hésite puis pose se mains sur ses épaules et l'embrasse. Surprise, elle se redresse et s'assied sur une chaise, face à Jacquot qui lui sourit et qui, lorsqu'elle lui ouvre les bras, s'assied sur ses genoux et se blottit contre elle. Avec son pied, elle fait bouger le berceau et tous deux restent ainsi jusqu'au petit matin où le soleil matinal chasse les nuages de la nuit et éclaire les prairies et l'intérieur de la ferme. Louise embrasse sur le front Jacquot qui s'est endormi : éprouvant pour la première fois un sentiment maternel, elle s'est attachée à lui. Son pied fait toujours bouger le berceau.
[46'56"]
"Mal de mère" de Jacquot et arrivée consécutive de Marie et de sa fille Jeannette
[46'56"]
Le jour du marché, Louise fait ses courses au village avec Jacquot et profite de la présence d'un photographe pour lui faire prendre la pose. Une vieille paysanne fait remarquer à Louise que "son petit gars" n'a pas l'air bête. Elle conforte involontairement celle-ci dans une fausse relation mère-fils. Jacquot a été invité par Nicou à la bénédiction des troupeaux. Le dimanche, il rejoint et salue d'une poignée de main son ami qui lui présente sa mère. Le curé, arrivé avec deux enfants de chœur, s'est placé face au troupeau, porte la main à sa barrette et se découvre. Au milieu de leurs bêtes, les paysans font de même et les femmes s'agenouillent. Étendant le bras, il bénit le troupeau par un grand et lent signe de croix dans le recueillement des présents et sous le regard impassible des taureaux et des vaches. Tandis que le curé remet sa barrette sur la tête, Nicou relève sa mère et ils retournent à leur pacage après que Jacquot les a saluées. En proie au cafard, celui-ci erre ensuite au milieu des montagnes. En surimpression sur leur silhouette, son profil apparaît pendant qu'il ne cesse d'appeler sa mère. Ne le voyant pas revenir, Louise, très inquiète, se rend chez Nicou et tous deux partent dans les montagnes à sa recherche. Continuant son errance, Jacquot trébuche et, avant de tomber et de dévaler une pente, appelle une dernière fois sa mère. Au même moment, concentrée sur un travail de couture à son domicile,Marie se redresse. Elle croit avoir entendu quelque chose. Elle reprend son ouvrage en pensant à un effet de son imagination. Scène de télépathie qui atteste du lien primordial de l'enfant avec sa mère, faisant écho avec les films contemporains mettant en scène la Première Guerre Mondiale, où des blessés au front enter en communication avec le spectre maternel. Louise et Nicou continuent de parcourir les prairies en appelant Jacquot et le découvrent, allongé et inconscient, sur un promontoire. Effrayée, elle croit un instant à sa mort avant de constater qu'il vit toujours. Ensemble, ils le ramènent à la ferme où il se réveille dans ses bras. Mais, constatant que ce n'est pas Marie, il retourne dans son lit et recommence à l'appeler. Ne pouvant ignorer cet appel, Louise se rend au bureau de poste où, après avoir hésité un instant, elle entre pour envoyer un télégramme à Marie. L'appel de Jacquot parvient jusqu'à sa mère qui part de suite le chercher.
[57'41"]
Le lendemain, il est toujours au lit et Louise, assise à ses côtés, lui sourit. Soudain, il retrouve le sourire en voyant, à travers les barreaux de la fenêtre, arriver sa mère et sa sœur. Celles-ci entrent ; sa mère se précipite pour le serrer dans ses bras. Louise qui s'est écartée. Son regard est sévère. Après un long moment d'étreinte avec son fils, Marie voit Louise avec la même raideur et le même visage fermé qu'il y a vingt ans, lorsqu'elle berçait son enfant premier-né comme le rappelle le film. Au comble de l'émotion, elle lui demande si elle comprend mieux ce qu'être maman signifie. En signe de pardon et de réconciliation, elle lui tend sa main. Louise donne la sienne.
[60'08"]
L'amour de sa mère permet la guérison de Jacquot. C'est la Saint-Jean. Sous le regard de Louise et de Marie, lui et sa sœur se rendent au village pour préparer le traditionnel feu. Ils y retrouvent Nicou auquel Jacquot présente sa sœur, Jeannette. Les deux amis se mettent au travail avec les hommes du village, mais Nicou ne peut s'empêcher de se retourner pour regarder Jeannette en conversation avec sa mère. Le soir, au milieu des enfants et jeunes gens qui dansent la ronde autour du feu, Nicou prend Jeannette dans ses bras et saute avec elle au-dessus du feu. Il y saute une deuxième fois, seul, pour en rapporter un morceau de charbon avec lequel il lui noircit en riant les joues et le menton. Furieuse, elle le gifle, le laissant interdit sous le regard hilare des jeunes filles présentes. Malgré Jacquot, qui essaye de le rassurer en lui disant que "les femmes, c'est louf », Nicou se met à courir pour rattraper Jeannette et s'expliquer. Jacquot se lance à leur poursuite pus renonce, se disant que « cette fois, ils sont louf tous les deux ». Nicou réussit à rattraper Jeannette et à lui expliquer que la tradition veut qu'à la Saint-Jean on saute sept fois au-dessus du feu, on se met du charbon sur le visage, on se donne sept fois la bise et, après un instant d'hésitation, il ajoute « qu'on se marie dans l'année ». Jeannette passe alors du rire à l'émotion et s'enfuit sous le regard de Nicou. Elle rejoint sa mère, toujours assise avec Louise. En voyant les traces de charbon sur le visage de sa fille, elle engage une conversation intime avec elle. Sourires tendres s'échangent, gestes d'affection, sous le regard mélancolique de Louise, dont le visage s'inscrit entre les leurs. Cette complicité mère-fille renvoie Louise à sa propre solitude. Le feu brûle toujours et quelques jours plus tard, Nicou et Jeannette se retrouvent au pied d'un arbre sur le tronc duquel un cœur a été gravé.
[66'46"]
La fin des vacances arrivant, c'est une Louise mélancolique qui confie à Jacquot et à sa mère son désir de vendre la ferme pour ne pas s'y retrouver seule. Marie lui confie qu'elle a toujours souhaité revenir au pays et qu'elle discutera avec son mari de la possibilité de racheter la ferme pour y vivre. Tous trois repartent vers la ferme.
[68'34"]
Naissance du premier enfant de Jeannette et Nicou ; sentiment de solitude et tentative de suicide de Louise
[68'34"]
Un an après, Marie et Pierre ont pu racheter la ferme grâce à l'argent gagné au travail par leurs enfants. Ils s'y sont installés avec eux et avec Louise à qui ils ont demandé de rester. Ce jour-là, Marie ouvre la fenêtre et arrange les fleurs sur son rebord pendant que Jacquot et Nicou montent avec deux taureaux vers les prés. Jacquot, menant l'un de ceux-ci par la corne, s'arrête soudain et signale à Nicou qu'il semble se passer « quelque chose » à la ferme. Celui-ci lui répond de ne pas s'inquiéter et que, le temps devenant orageux, il leur faut se dépêcher de rentrer la moisson. Mais, tandis que dans la ferme Marie arrange un berceau, il se dit que le grand jour est peut-être arrivé. Avant de reprendre la montée, il pose sa main sur celle de Jacquot et l'envoie à la ferme où, comme l'a dit celui-ci, « il se passe quelque chose ». Louise, qui s'y trouve, est en train de préparer des affaires avec une femme du pays lorsqu'un cri la fait sursauter : c'est Jeannette qui ressent les premières contractions. Les yeux grands ouverts, elle s'approche lentement de celle qui, allongée dans son lit et devenant maman, porte ses mains entrelacées à sa bouche et commence à pleurer de douleur. Les yeux exorbités et effrayée par les cris, Louise porte ses mains à ses oreilles et se détourne pour aller à la fenêtre. Ce « miracle de vie » auquel elle assiste pour la première fois la renvoie à nouveau à sa solitude. Ses deux mains se tiennent aux barreaux de la fenêtre, tandis que Marie ferme lentement la porte. Des bourgeons s'ouvrent, symbolisant la naissance du premier-né de Jeannette et Nicou.
[71'44"]
Après avoir brusquement ouvert la porte pour appeler Nicou et Jacquot, Marie remet à Juliette son enfant. Juliette le reçoit les mains ouvertes tel un don du ciel, comme sa mère quinze ans plus tôt. Toujours à sa fenêtre, Louise ne peut que baisser la tête et sombrer dans sa tristesse et ses regrets, pendant que la jeune maman et la nouvelle grand-mère s'échangent un regard de tendresse. Marie sort ensuite et appelle à nouveau Nicou, arrivé sur une charrette bourrée de foin. Il lui annonce l'heureux événement. D'abord perplexe, Nicou court vers la ferme. Après que sa belle-mère, au comble de la joie, lui a confirmé la nouvelle, il se précipite à l'intérieur et y trouve sa femme allongée dans son lit avec son enfant premier-né. Il en est ému aux larmes. Jacquot arrive à son tour et, apprenant de Louise la naissance, rejoint le reste de la famille à l'intérieur, près du lit de Jeannette. Il n'est cependant pas convaincu par la beauté de ce tout petit bébé. Louise, le visage toujours grave, s'approche de la ferme mais reste sur le pas de la porte. Pour elle, sa place n'est peut-être plus ici.
[75'30"]
La naissance du fils de Jeannette et Nicou est fêtée par tout le village. On se met à danser la bourrée. Tandis que deux hommes du pays sont aux instruments, Nicou et Jacquot cherchent leurs mères respectives et les font danser sous le regard amer de Louise, que ce bonheur renvoie à son propre malheur. Voyant Nicou soulever sa mère pour l'embrasser et Juliette serrer son bébé dans ses bras, elle quitte la fête et la ferme où elle n'a pas su fonder sa famille. Avant de partir, elle se penche sur le berceau fabriqué par son défunt père et où une chatte vient de mettre au monde un chaton, ce qui lui rappelle son chien qui n'aura pas non plus donné la vie. Ouvrant la porte, elle revoit la vie avec une mère allaitant son enfant et des fermiers chargeant le foin. Tout cela comme vingt ans auparavant, lorsqu'elle riait des mises en garde de son père. Sur son chemin, elle croise un garçon qui souffle une fleur et sa sœur qui rit avec sa poupée dans le bras. Un peu plus loin, elle voit deux bûcherons en pleins travaux d'abattage. L'un d'eux lui dit que le nouveau propriétaire leur a donné l'ordre d'abattre cet arbre qui ne fructifiait pas. Toutes ces scènes ont remué le couteau dans la plaie de son égoïsme passé. Ressentant lourdement le gâchis et l'inutilité de sa vie, elle décide donc de mourir avec cet arbre : sur les injonctions répétées des bûcherons qui s'apprêtent à le faire tomber, elle s'en écarte avant d'y revenir au moment fatidique, les yeux fixés sur lui, en laissant choir ses affaires. L'arbre étant tombé sur elle, les bûcherons la dégagent et la transportent dans une ferme voisine avant de partir chercher un médecin. Une vieille femme veille sur Louise jusqu'à l'arrivée de celui-ci, qui n'est autre que de docteur Laurent. Alors qu'il lui prend le pouls, elle entend au-dehors Jacquot qui chante à tue-tête en menant un âne par la bride. Croisant les deux bûcherons qui lui apprennent ce qui s'est passé, il se rend à la ferme au chevet de Louise et lui demande les raisons de son départ. Elle lui demande de retourner chez sa mère et de la laisser « SEULE », ce à quoi il s'exécute, se retirant silencieusement avant de reprendre la route de la ferme avec son âne. Louise, qui s'était dressée dans le lit pour l'entendre s'éloigner, retombe dans son désespoir et confie au docteur Laurent, qui se penche lentement sur elle, son absence de raisons de vivre. Il lui répond qu'il lui reste « tous les enfants du monde à aimer ». Elle met sa main dans la sienne en signe de confiance.
[87'31"]
Vocation de Louise
[87'31"]
Par l'entremise de docteur Laurent, Louise a été embauchée dans la même usine où avaient travaillé Marie et Pierre et où elle-même s'occupe des enfants des ouvrières. Ce soir, les ateliers sont vides comme d'habitude, mais il reste un bébé à la crèche. Louise s'en approche et lui embrasse la jambe et le bras, avec le "fol espoir" qu'il aurait sciemment été oublié par sa mère. Mais une poignée de porte est tournée et celle-ci entre dans la crèche. Elle toque à la fenêtre et, à Louise qui a relevé sa tête et lui adresse un regard effrayé puis résigné, elle explique qu'elle a effectué des heures supplémentaires, étant rassurée de savoir son enfant avec elle. Après avoir pris l'enfant dans ses bras et l'avoir remis à sa mère, qui l'emmène en le couvrant de baisers, Louise referme la porte de la crèche dans laquelle elle est maintenant seule. Se penchant sur l'un de lit, elle en caresse l'oreiller puis, entrant dans le parc à jeux, elle s'agenouille, prend un soulier et pleure en pensant à ce bonheur de la maternité qu'elle n'aura jamais connu. Mais elle redresse la tête en se rappelant qu'elle a désormais pour grande mission d'assister les mères dans l'éducation de leurs enfants « pour que la vie continue », ainsi que le montrent les images d'un bébé tétant le sein maternel et de bourgeons éclatant en fleurs sur lesquelles s'achève le film.
[92'15]

Notes complémentaires

Alex Bernard (Pierre) a aussi joué le rôle du père de famille dans le film « Le Nid » (1928) et celui du recteur dans La maternelle (1933) de Jean Benoit-Lévy.
Andrée Brabant (Marie) a aussi joué le rôle de la mère de famille dans les films L’Ange du Foyer (1928), La Maison (1931) et Feu de paille (1939) de Jean Benoit-Lévy (et Marie Epstein pour le deuxième).
Jimmy (Jacquot), de son nom complet Jimmy Gaillard, a aussi joué les enfants vedettes dans L’Ange du Foyer (1928), Le Nid (1928), Peau de pêche (1929), Jimmy (1930), Le Cœur de Paris (1931) et La Maison (1931) de Jean Benoit-Lévy (et Marie Epstein pour le troisième et le quatrième).

Références et documents externes

  • Pour Vous n°68 p.6 (06/03/1930)
    À l’occasion de la sortie en salle du film Maternité de Jean Benoit-Lévy, le journaliste « W. » de la revue « Pour Vous » en fait la critique. Il considère le film comme étant réussi, avec « des détails justes et de bonnes intentions », notamment « le cadre – les montagnes d’Auvergne – et quelques fêtes et costumes ». Néanmoins, cette réalisation lui apparaît « trop adroite » et trop ostentatoire dans son déroulement.
  • Cinémagazine n°4 p.79 (04/1930)
    Dans la rubrique « Les films du mois » de la revue « Cinémagazine », le journaliste « A. T. » présente le film Maternité de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein. Il en restitue brièvement le synopsis et se déclare satisfait de l’interprétation des deux actrices principales, Rachel Devirys et Andrée Brabant. Une photographie des deux femmes avec « le petit Jimmy » illustre cette brève.
  • La Vie Saine n°82 couv (05/1930)
    La revue hygiéniste antituberculeuse « La Vie Saine » fait sa une sur le film Maternité de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein, avec une photographie de l’actrice principale Andrée Brabant (Marie) tenant dans ses bras son enfant premier-né, symbolisant « La Mère ». Sous la photographie : une citation allégorique : « La main que berce le Nouveau-Né, c’est la main qui berce le Monde ».
  • La Vie Saine n°82 p.2 (05/1930)
    Dans ce même numéro de la revue « La Vie Saine », un article se félicite de la sortie de ce film qui permettra, selon lui, de relancer la natalité par la promotion de l’allaitement maternel, d’inverser ainsi le taux de croissance de la population française et de rendre inutile l’immigration. Après avoir indiqué la date et l’heure de la prochaine projection, il salue le travail de ce « cinéaste de race » qu’est d’après lui Jean Benoit-Lévy. Une photographie d’un jeune père tenant son premier-né dans les bas complète l’article.

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Christian Bonah, Emmanuel Nuss, Hamurcu Zeynep