Mazamet

De Medfilm



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Titre :
Mazamet
Série :
Pays de production :
Réalisation :
Durée :
27 minutes
Format :
Parlant - Couleur - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Archives détentrices :

Générique principal

Émission conçue et préparée par Michel TAURIAC / réalisation Guy Seligmann / 16.610 morts sur les routes en 1972 - MAZAMET 16.610 HABITANTS : Une VILLE RAYÉE de la CARTE.

Contenus

Sujet

Sécurité routière – accidents de la circulation

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Extrait du film Mazamet, ville rayée de la carte. Cette ville a 16 610 habitants, soit presque autant que le nombre de victimes d'accidents de la route en France en 1972 (18 034 victimes) d’accidents de la route en France en 1972. L'émission recueille les témoignages des habitants de Mazamet. À propos de la sécurité routière et de leur propre expérience avec les dangers de la route.

Contexte

Nécessité d'une prévention routière

Jamais la route n’a autant tué en une année qu’en 1972 : 18 034 décès, soit une moyenne de 50 morts par jour. Alors que 60% des ménages français possèdent une voiture, la question de la sécurité routière est un enjeu majeur. Des événements comme la mort en voiture d’Albert Camus en 1960 créent une onde de choc dans la population et alertent ponctuellement sur les dangers de la route, mais ils ne résolvent en aucun cas l’insouciance qui domine au volant puisque le nombre de mort par an sur les routes double entre 1960 et 1972. La vitesse, symbole de modernité et de liberté est souvent en cause, d’autant que la période des Trente Glorieuses rime avec un progrès technique qui rend les voitures encore plus rapides, la vitesse devenant ainsi pour les marques un argument de vente. Le cinéma en vient même presque à valoriser la vitesse et l’imprudence au volant à travers les courses poursuites qu’il met en scène : Le Casse (1967) d’Henri Verneuil montre une course-poursuite de neuf minutes, tournée dans les conditions réelles à Athènes, c’est-à-dire sans avoir arrêté la circulation au préalable. Une folie symbole de l’inconscience des automobilistes face aux dangers de la route, alors que dans le même temps, le confort de bord qui s’accroît génère une fausse impression de sécurité.

Face à ce fléau, un comité interministériel est créé le 5 juillet 1972 par le ministre Jacques Chaban-Delmas, qui a lui-même perdu sa deuxième épouse dans un accident de la route. Ce comité a pour vocation de faire passer des mesures visant à lutte contre l’insécurité routière. Il remplace l’association « Prévention routière » qui a, depuis la fin de la guerre, du mal à imposer des mesures fortes de prévention. Par exemple, elle réussit à pousser les pouvoirs publics à voter une loi autorisant la recherche du taux d’alcool dans le sang, mais seulement en cas d’accident grave. Mais l’hécatombe des années 1960 pousse les pouvoirs publics à agir et, en 1970 est votée l’obligation pour les véhicules neufs d’être équipés de ceintures trois points à l’avant. Ce n’est cependant que le 1er juillet 1973 avec l’appui du comité interministériel de la sécurité routière que le port de la ceinture devient obligatoire à l’avant. La limitation de vitesse est également étendue à tout le réseau routier à cette date.

L'opération "Mazamet, ville morte"

1972 constitue une année noire sur les routes de France avec 16 545 tués, ce qui équivaut à la population d’une ville comme Mazamet (Tarn), comme le souligne une dépêche de l’Agence France Presse (AFP). Cette comparaison donne à Michel Tauriac (entré dans le journalisme dans les années 1950, M. Tauriac travaillant aussi bien pour la presse écrite que pour la radio et la télévision) l’idée de lancer à la télévision l’opération « Mazamet, la ville rayée de la carte ». Il entend matérialiser dans l’espace urbain l’hécatombe routière en demandant à tous les habitants de la ville de s’allonger devant leur domicile ou leur lieu de travail. Le 17 mai 1973, Mazamet, à 14 h 30 et pendant dix minutes, devient une ville morte. Cette performance consistait à rendre visible la mort pour alerter l’opinion publique sur des cadavres qu’elle ne voulait pas voir. Elle a représenté un tournant dans le combat pour la sécurité routière, en faisant de la « ville morte » un spectacle symbolique support d’une campagne médiatique. La mise en oeuvre de l'opération a suscité des réticences et rencontré des obstacles. Ces habitants ont peur que l’image de Mazamet se trouve écornée par cette assimilation funèbre. Pierre Barraillé, le maire de la ville, adopte d’ailleurs au début cette position plus que timorée à l’égard du projet ; il est en effet très sceptique à l’égard d’une manifestation susceptible de coller à sa commune, déjà en proie à un déclin industriel, une image négative, d’autant que le premier magistrat de la ville se trouve être par ailleurs à la tête de la distribution des carburants dans cette zone géographique. Plus largement, toutes les personnes ayant intérêt au développement de l’automobile dans le département sont plus que circonspectes à l’encontre d’une initiative qui implicitement les désigne comme des marchands de mort.

Cf. Le Pajolec, Sébastien. « Une ville morte pour sauver des vies. Une opération médiatique. Mazamet le 17 mai 1973 », Hypothèses, vol. 19, no. 1, 2016, pp. 391-401.

La prévention par l'audiovisuel

Ce film de prévention n’est pas le premier à être diffusé sur l’antenne nationale. En 1970, la troisième chaîne couleur de l’ORTF diffuse par exemple Les combattants de l’espoir, réalisé par Claude Laplaud. Il s’agit de la reconstitution d’un accident de la route mêlée de plusieurs témoignages de victimes de l’insécurité routière. Dans les années qui suivent, Christian Gerondeau, nommé délégué à la Sécurité routière, popularise la mission de prévention par le biais de ses apparitions télévisées récurrentes. À l’orée des années 1970, la « petite lucarne » apparaît désormais comme un support incontournable pour la communication des pouvoirs publics.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le film présente les témoignages de nombreuses personnes qui ont toutes un rapport différent avec les dangers de la route. Il fait intervenir des victimes d’accident, des familles de victimes, des personnes responsables, des médecins, des enfants, des adultes, des personnes âgées. Grâce ces témoignages et à plusieurs reconstitutions d’accidents et images chocs, ce film de prévention choque et nous fait comprendre l’ampleur des dégâts de l’insécurité routière.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Un médecin prend la parole sur l’importance et l’utilité du port de la ceinture de sécurité. Un chirurgien manifeste son sentiment d'impuissance face à l’afflux de victimes d’accidents de la route.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Diffusion sur la 1ère chaîne le 01/06/1970 à 21:25.

Communications et événements associés au film

Public

Tout public

Audience

Descriptif libre

Reconstitution d’un accident de la route

Un père quitte sa petite fille pour embarquer dans sa voiture DS. Sur le tableau de bord, une photo d’elle portant un chat. Il écoute « La montagne » de Jean Ferrat. Il passe devant un panneau « Prévention routière. DANGER. 7 accidents graves ». Plus tard, en doublant un poids lourd, il n’a pas le temps de freiner et percute une voiture en sens inverse dans un virage alors même qu’il avait consulté ses rétroviseurs avant de doubler. La caméra filme l’accident en panoramique depuis le bord de la route. Elle s’approche ensuite pour montrer l’état de la voiture, la photo de la petite fille est toujours sur le tableau de bord.

Générique et présentation de Mazamet

Panorama sur la ville de Mazamet depuis un hélicoptère à bord duquel se trouve une plaquette « 16.610 morts sur les routes en 1972. Une ville rayée de la carte ». Un élève récite sa leçon sur la ville de Mazamet à l’intérieur d’une salle de classe. Des moutons broutent. Vue sur un atelier de délainage. Accident de voiture. Marché de Mazamet, boucher de Mazamet. Même accident de voiture, d’un point de vue un peu plus lointain. Match de rugby, « il fait bon vivre à Mazamet ». Même accident de voiture vu depuis la route. Un atelier d’ouvriers fabriquant des pièces de voitures. Ralenti sur le même accident. Sept cercueils sur la route représentant les sept habitants de Mazamet décédés sur la route en 1972.

L'importance de la ceinture

Cimetière surplombant la ville. Interview de la femme d’une victime qui tenait un atelier de charpente métallique. Vue de la femme dans cet atelier puis retour dans sa maison, sur un fauteuil, avec la caméra qui zoome sur son visage. Elle assure que son mari se conduisait bien au volant. Nouvel accident de voiture : un crash test avec mannequin. L’automobiliste parle de la violence du choc et de la ceinture de sécurité qui lui a été utile. Un médecin examine l’état de la voiture et affirme que la ceinture de sécurité a évité au conducteur une blessure. Une voiture fait des tonneaux. Carambolage entre voitures dont l’une dévale le fossé et finit sur le toit. Un homme en sort, parle à côté de la voiture avant de se reculer car elle s’enflamme. La ceinture de sécurité lui a permis de ne pas être assommé dans sa voiture. Dans une école, des enfants sont interrogés sur l’utilité de la ceinture, sur la conduite de leurs parents, sur les sensations qu’ils recherchent en voiture. Plusieurs évoquent quelques moments d’imprudence.

L’impact d’un accident sur ses protagonistes et sur la société tout entière

Le père d’une jeune famille témoigne sur un accident dont il est fautif, qui lui a valu d’être plongé dans le coma ; le conducteur de l’autre voiture est mort. Sermon d’un prêtre sur le respect du Code de la route. Le père de famille raconte comment cet accident a coupé ses contacts avec le village de la victime alors même que ses parents y habitent. Il a fait sept mois d’hôpital, à l’écart de tout le monde. Son accident a coûté 12 millions d’anciens francs à la communauté. Travelling sur une voiture en flamme dans un fossé, vue sur l’intérieur d’un atelier de délainage. Vue fenêtre sur une mère de famille qui raconte l’accident qui a valu à son mari d’être infirme : à cause de cela, leurs revenus ont baissé de 20 000 anciens francs par mois, elle doit travailler, vit d’une pension, ses enfants subissent des moqueries sur un père « pas comme les autres ». Zoom sur le regard de la fille.

Le rapport de la jeunesse à l'automobile

Interview d’un homme dans sa voiture, la caméra suit en travelling le trajet de sa voiture. Elle lui a coûté assez cher, de même que ses réparations. Il aime la vitesse mais ne croit pas que sa vie puisse être bouleversée par un accident : « des fois on a très peur, mais ça passe vite ». Interview d’un banquier sur le crédit automobile accordé aux jeunes ponctuée par les apparitions fréquentes à l’écran d’un billet de 100 anciens francs. Des jeunes boivent de l’alcool dans un café, plusieurs d'entre eux sortent de l'établissement et montent dans une automobile. Le conducteur vide une dernière bière. Travelling arrière sur le café qui s’est vidé. L'automobile bascule violemment dans une rivière : la voiture s’enfonce au ralenti au fond de l’eau. Un vieux couple parle des accidents qui ont lieu près de chez eux.

À l’hôpital

Vue sur un bloc opératoire en pleine action. Sur la table, un accidenté de la route. Le chirurgien interviewé parle de l’afflux de blessé d’accidents de la route et de la difficulté supplémentaire de devoir accueillir les proches des victimes : « la lourde charge morale et humaine de recueillir les pleurs de ces familles ».

Notes complémentaires

Références et documents externes

Le Pajolec, Sébastien. « Une ville morte pour sauver des vies, Une opération médiatique. Mazamet le 17 mai 1973 », Hypothèses, vol. 19, no. 1, 2016, pp. 391-401.

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Baptiste Burckel