Le Monde du schizophrène (1961)

De Medfilm



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Titre :
Le Monde du schizophrène
Série :
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Conseil scientifique :
Durée :
21 minutes
Format :
Parlant - Couleur - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :

Générique principal

Sandoz présente
(...)
Essai sur Le Monde du schizophène
Conseiller médical ː D. J. Duché
Images ː Pierre Fournier
Réalisation ː Éric Duvivier assisté de Albert Luzuy
Une production Sciencefilm

Contenus

Sujet

Les hallucinations schizophréniques.

Genre dominant

Film de recherche

Résumé

Le film suit un cas schizophrénique et tente de restituer les images et sons que ce malade peut percevoir. Les hallucinations sensorielles, tant auditives que visuelles, diffèrent sensiblement du rêve pour permettre d'approcher une compréhension de la réalité propre à la schizophrénie. Ces agressions successives l'amènent irrémédiablement à une dépersonnalisation, à une « dissolution lente de l'être ».

Contexte

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Oui.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Oui. La toute dernière séquence (tête de cire qui fond, à partir de 19'43) se retrouve inversée dans Autoportrait d'un schizophrène [(08'05)-(08'24)]

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le préambule, lu en hors-champ sur des images d'œuvres d'art, tant littéraires que picturales, associe irrémédiablement schizophrénie et art (préambule qui, lui-même, ressemble à un poème). Le générique et sa musique semblent introduire un drame. Le début de l'action est très mélancolique, devient étrange pour se terminer dans une atmosphère d'horreur. Aucun commentaire n'accompagne l'action ; la caméra suit l'homme et le spectateur est plongé dans l'ambiance et confronté directement à ces visions.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Circuit médical

Communications et événements associés au film

Public

Corps médical

Audience

Descriptif libre

Le conseiller médical (Professeur agrégé D.J. Duché de Paris) lit son préambule alors que la caméra balaye des images d'art liées à la schizophrénie. Le texte introduit le sujet de cette maladie, des hallucinations, du mal-être et de la dépersonnalisation qui y sont associés. Le reste du film suit le personnage et ses hallucinations.
Logo des laboratoires Sandoz (musique Sandoz)
Préambule : repères bibliographiques, note d'intention du film
La caméra balaye un bureau où sont déposés plusieurs livres et dessins. On aperçoit un livre qui a pour titre « La schizophrénie infantile » posé lui-même sur un livre ouvert et entouré de différents croquis et peintures. La caméra continue et montre un autre livre ouvert à une page comportant un schéma médical sur la schizophrénie. Puis la couverture d'un livre intitulé « Histoire de la peinture surréaliste ». Se suivent un livre de Freud, un autre sur « La folie chez les enfants », le « Journal d'une schizophrène » de M.-A. Sechehaye, les « Œuvres complètes » d'Antonin Artaud, « Nadja » d'André Breton puis finalement un livre d'art ouvert à une page montrant des photos de tableaux. Ces images montrent tout de suite que le film s'insère dans une volonté artistique. Enfin, la caméra s'arrête sur une page manuscrite où une main écrit le texte qui est en train d'être lu : (texte du Professeur Agrégé D.J. Duché) « Comment imaginer le monde au sein duquel se meut le schizophrène..., monde impénétrable..., bizarre..., incohérent..., étrange..., traversé d'expériences hallucinatoires terrifiantes de tous ordres : auditives, visuelles, kinesthésiques, avec impressions de grouillement, de viscosité ; monde peuplé d'expériences d'agression touchant le corps et la pensée ? Comment exprimer ces états de dépersonnalisation au cours desquels le malade s'immobilise – catatonique – comme s'immobilise sa pensée ? Comment dire l'ambivalence de sentiment... la discordance du comportement... d'expression si riche et si diverse qu'elle échappe à toute description ? Comment traduire cette pensée floue, incertaine, incommunicable ? Comment faire comprendre, sentir, cette dissolution lente de l'être ? »
Le titre « essai sur le LE MONDE DU SCHIZOPHRÈNE » apparaît en blanc sur une vitre brisée elle-même recouvrant des motifs en couleurs (rouge, rose, bleu, jaune clair). La vitre se « dé-brise », ou le processus de brisement de cette vitre s'effectue en sens inverse pour laisser apparaître le titre plus clairement. Cet effet est reproduit pour chaque personne apparaissant au générique (conseiller médical, images, réalisation, production). Le tout sous une musique rappelant les Films Noirs des années 1960 : brutale et énigmatique au début qui rappelle l'univers de "Psychose" (Alfred Hitchcock, 1960), puis "Blue Rondo A La Turk" de Dave Brubeck (première piste de l'album Time out (1959) à la fois jazzy, sur un rythme de danses turques et grecques, et construite en couplets-refrains).
Portrait d'une solitude
La scène suivante montre un jeune homme assis sur un mur devant des feuillages, la jambe gauche relevée et posée sur une balustrade, l'air pensif, un objet basculant de gauche à droite le long d'une chaîne au son des tic-tac d'un métronome. La caméra resserre sur son visage jusqu'à voir que ses yeux suivent le mouvement de l'objet qui se balance puis s'arrêtent. La musique Blue Rondo A La Turk reprend sur un plan taille du jeune homme qui marche lentement et dont les mains sont placées de façon à croire qu'il tient un objet imaginaire. Plan sur ses pieds (il marche). Plan taille à nouveau où l'on voit qu'il prend son majeur gauche avec sa main droite puis le rejette, plusieurs fois. Plan serré sur son visage qui reste fixe et arrière-plan qui tourne sur 360° ; une voix intérieure pleine d'échos et comme robotisée (voix 1) dit « tu marches » ; une autre, sans écho (voix 2) dit « Je respire enfin », la première reprend « Tu respires enfin ».
Le décor change pour montrer le jeune homme marchant à reculons sur un sentier avec des arbres, le tout flouté comme un air chaud très exagéré ou une surimpression d'eau qui bouge légèrement. Voix 2 : un joli coin - voix 1 : un sale coin - voix 2 : je pars loin de chez moi - voix 1 : Tu vas rentrer chez toi, rentre chez toi, rentre chez toi. Les contradictions commencent.
Le visage en miettes
Le jeune homme rentre chez lui, enlève son pull devant un miroir. Musique étrange, quelques notes de piano. Le visage et cou de l'homme apparaissent sur un fond noir et émergent en plus grand et en surimpression des parties de son visage : les yeux en bas d'abord, puis une oreille sur la gauche, nez et bouche sur la droite. Enfin son visage, toujours sur fond noir se place selon deux plans de symétrie. Il se touche le visage devant le miroir sur une musique jazzy, pour se retrouver devant un portrait peint sur un mur. Il s'allonge sur son lit, se recroqueville et hallucine une sculpture au mur qui disparaît pour faire jaillir son propre visage à la place. Un bébé pleure. Il se lève brusquement pour prendre la sculpture et la casser. Il se dirige vers la salle de bain et se penche sur le lavabo. Un plan serré montre ses yeux faire un mouvement de gauche à droite et les voix intérieures reviennent, mais plus nombreuses, qui profèrent des insultes. Il regarde sa main comme si elle lui était étrangère, puis son visage dans un miroir qui se transforme en un masque de plâtre blanc ; il touche son visage pour vérifier. Rires de moquerie ; il se voit lui-même rire. Il brise ensuite le miroir à l'aide d'un caillou pour que l'on ne voit que son reflet disloqué dans les morceaux, puis le reflet de la tête en plâtre, toujours dans les morceaux de miroir. La même tête en plâtre apparaît ensuite comme rongée par des vers (sous un bruit de craquements). Une main touche un interrupteur ; éteint puis rallume, éteint puis rallume successivement la lumière jusqu'à se bloquer en une main de plâtre. La seconde main vient la toucher et redevient main de peau humaine.
Spectacle devant des poupées
Vue d'un téléphone noir dont la sonnerie est changée, comme adoucie, mais bizarre. Il ouvre un coffre à côté de son lit pour prendre un gant rouge, le met et place sa main comme s'il voulait s'étrangler. D'autres mains avec des gants arrivent avec des voix faites d'éloges cette fois-ci. Des mains de poupée sans corps flottent sur un fond noir, sous des sons d'applaudissements et le jeune homme apparaît en costume noir devant un pupitre, toujours sous les applaudissements ; il remercie un public, et commence des mouvements de chef d'orchestre. La musique devient de plus en plus fausse quand on s'aperçoit que ce sont des poupées qui jouent (une poupée en costume baroque avec un monocle sur une tête de cheval jouant au violoncelle ou une poupée en costume baroque avec un monocle sur une tête de singe jouant à la harpe). La musique devient de plus en plus fausse et se termine par un incendie à la base du pupitre, celui-ci placé maintenant en pleine nature, un épouvantail remplaçant le jeune homme.
Délire - cauchemar érotique
Le costume est dorénavant allongé sur le lit du jeune homme avec un dessin de visage monstrueux en guise de tête. Le jeune homme, torse nu, prend le dessin qui s'avère être une page de magazine ; il le feuillette jusqu'à une page avec des photos d'une tribu africaine. Les bruits de tam-tam commencent et apparaît une statue sombre représentant une femme dont les tétons s'illuminent au son des tam-tams. Zoom sur les tétons illuminés en alternance ; la caméra descend : on voit une montre sans aiguilles sur le plexus. Une autre statue sombre est cassée par endroits pour accueillir des souris blanches à l'intérieur de la tête et des seins (la musique est très rapide et aiguë). Sur une musique cette fois plus enfantine (genre comptine) une statue-buste moins sombre que les précédentes oscille doucement de gauche à droite ; puis apparaît un torse de femme, en statue toujours, qui s'agrippe les seins. Musique jazz. La statue-buste précédente réapparaît et bouge plus rapidement. La statue-torse suivante montre des visages à la place des seins et n'a pas de bras.
Retour dans la chambre du jeune homme, toujours torse nu, qui caresse un corbeau empaillé posé sur sa table de chevet. La caméra serre le plan sur le corbeau. Son extrêmement aigu. La scène change brusquement et la caméra, en plongée, se rapproche d'un corps nu allongé en pleine forêt, corps qui s'avère être une statue de plâtre. Nouveau plan sur une poupée nue allongée sur des feuilles mortes ; les membres de cette poupée s'arrachent brusquement ; zoom sur l'œil sur lequel tombent des gouttes de sang.
Se laisser engloutir, se laisser fondre
Un homme est allongé en sous-vêtements sur un drap blanc. Effets sonores ressemblants à des bruits d'échographie. Il est recouvert progressivement et bizarrement de peinture vert-caca d'oie. Le jeune homme réapparaît dans un bain de cette même peinture, torse nu, et s'y plonge progressivement, laissant un bras tendu à l'extérieur.
Image de visage-statue, les yeux fermés, transpercé de gros clous sur le haut du crâne (région frontale et temporale). Image d'une poupée flottant dans les airs, qui semble représenter une sorcière, entourée de fumée ; son de voix aiguë dont on n'arrive pas à distinguer les paroles (peut être de l'allemand). Le jeune homme, habillé, court dans le noir ; s'alternent les images de la poupée sorcière flottant dans les airs, d'un hibou perché sur un arbre en pleine nuit, d'un aigle empaillé les ailes déployées : ces images rappellent fortement un film d'horreur. Alternance d'images de bouches de statues représentant des expressions (peur, étonnement, cri). Les images se succèdent de plus en plus rapidement, comme les paroles (allemandes ?) et le son, alors que le jeune homme, quant à lui s'est arrêté. Le film s'achève en une vue sur une statue de cire représentant son visage qui fond progressivement, se déforme et tombe (ce plan est repris dans Autoportrait d'un schizophrène).
Fin
Logo Sandoz
Fonds Éric Duvivier code 170.

Notes complémentaires

réf. du film au CIL : Cote 170 + dossier sur le film (Affiche, synopsis manuscrit en français, commentaire en italien). Réf. au CERIMES : DVD n° 08477 (+ U-matic + BétaSP) + dossier sur le film « texte fr : SFRS »

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Caroline Ruebrecht