Le gâteau olympique (1968)

De Medfilm



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Titre :
Le gâteau olympique
Série :
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Durée :
11 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc - 8 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

« La Mini-Cuisine avec Michel Oliver »

Contenus

Sujet

Dans cet épisode de l’émission culinaire pour enfants La mini-cuisine, Michel Oliver propose à Stéphane et à Bruno de réaliser un gâteau olympique.

Genre dominant

Émission de plateau

Résumé

Michel Oliver commence par présenter les ingrédients de la recette puis confie les différentes tâches aux enfants : zester le citron, séparer le blanc des jaunes, mesurer la farine et le sucre à l’aide d’un verre, ajouter le beurre, monter les blancs en neige. Le chef intervient souvent pour aider Bruno et Stéphane qui manquent de vigueur. Pendant que le gâteau est au four, les garçons réalisent un décor à base de rondelles de bananes représentant les anneaux olympiques, qui est rajouté sur le gâteau au bout de 15 min de cuisson. Après avoir démoulé le gâteau et l’avoir saupoudré de sucre glace, Michel Oliver invite les enfants à le déguster tandis qu’il récapitule la recette.

Contexte

La mini-cuisine est une émission culinaire pour enfants diffusée par l’Office de Radio-Télévision Française (ORTF) entre 1967 et 1968. Elle met en scène le chef Michel Oliver, fils de Raymond Oliver, qui apprend à deux enfants à réaliser une recette de cuisine. L’émission est diffusée le jeudi, jour de la pause scolaire jusqu’en 1972, dans le cadre de la programmation enfantine Jeudimage, à une heure variable entre 16h et 17h. D’une durée de 10 à 15 minutes, chaque épisode est consacré à l’élaboration d’une recette de cuisine adaptée aux enfants, salée ou sucrée. La mini-cuisine constitue, à notre connaissance, la deuxième émission culinaire spécifiquement destinée aux enfants de l'histoire de la télévision française. La première émission intitulée Le goûter était animée par le père de Michel Oliver, Raymond Oliver, et la speakerine Catherine Langeais. Prenant l’apparence d’un concours culinaire, elle faisait intervenir un duo d’enfants âgés de moins de 12 ans qui réalisaient en plateau une recette de goûter apprise à la maison. Diffusée entre 1957 et 1958 sur la Radio-Télévision-Française (RTF), elle constituait en fait une variante de l’émission pour adultes à succès Art et Magie de la Cuisine.


L’émission « Gâteau olympique » qui est diffusée au début du mois de février 1968 est en fait un clin d’œil à l’actualité sportive du moment. Les Jeux olympiques d’Hiver se déroulent cette année en France, à Grenoble. La mini-cuisine a en effet pour habitude de respecter une certaine saisonnalité des recettes proposées (œufs de Pâques pour la Pâque, salade niçoise en été,…).

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Oui.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Dans cette émission culinaire pour enfants, dont le but est de faire la démonstration d’une recette de cuisine adaptée au public enfantin, les considérations nutritionnelles sont quasiment absentes, malgré la montée en puissance depuis les années 1950 d’un discours diététique qui associe alimentation et santé. Les recettes proposées sont variées, ne se cantonnant pas uniquement aux gâteaux et autres gourmandises traditionnellement associés à l’enfance. Michel Oliver ouvre en effet la palette des possibilités, alternant des recettes sucrées ("le gâteau marbré au chocolat", "le cake aux fruits confits", "les cigares en chocolat",…) et des plats salés ("sandwich géant", "tomates en accordéon", "salade niçoise",…). Contrairement aux recettes proposées dans Le goûter, l’alcool est ici quasiment absent des recettes. Et s’il est utilisé, le chef essaye de le cacher et s’en excuse immédiatement (comme dans la recette du « Cake aux fruits confits »). Les campagnes anti-alcooliques des années 1950 semblent avoir porté leurs fruits car, avec une décennie de tard, les mentalités ont changé. La consommation d’alcool par les enfants est désormais fortement condamnée par la société.


La mini-cuisine se caractérise également par l’utilisation de produits industriels dans les recettes : mayonnaise en tube, crabe en boîte, pâte feuilletée sous vide. L’émission s’inscrit dans la modernité de la société de consommation qui bat son plein dans les années 1960. La consommation de produits transformés – conserves, bocaux, …, explose en effet à ce moment, notamment grâce à la multiplication des supermarchés sur tout le territoire. Ces aliments tout prêts sont présentés dans l’émission comme un moyen de rendre la cuisine plus accessible, et surtout plus simple, afin de toucher le public des enfants.


Par ailleurs, la cuisine est représentée comme un espace à risques pour l’intégrité physique des enfants. Comme dans la première émission pour enfants Le goûter, les dangers potentiels liés à l’activité culinaire sont exposés : principalement les coupures et les brûlures. Michel Oliver délivre régulièrement des messages de prévention des dangers domestiques, en répétant les consignes de sécurité (utiliser un torchon pour sortir un gâteau four) mais surtout en faisant certains gestes à la place des enfants. Il se fait ainsi garant de la sécurité des enfants.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

La mini-cuisine est diffusée entre 1967 et 1968 sur la première chaîne de l’Office de Radio-Télévision Française (ORTF) qui compte depuis 1964 une deuxième chaîne. La télévision devient dans les années 1960 un loisir privilégié des Français, comme le révèle l’augmentation massive du nombre de téléviseurs en une décennie. On passe d’un million de téléviseurs à près de 10 millions en 1968[1], pour un taux d’équipement des ménages de l’ordre de 50% selon l’Annuaire rétrospectif de la France (1948-1998), Paris, 1990[2].

Communications et événements associés au film

Public

La mini-cuisine s’adresse spécifiquement aux enfants. L’émission est en effet diffusée le jeudi, jour de la pause scolaire jusqu’en 1972, dans le cadre de la programmation enfantine Jeudimage. Son heure de diffusion varie entre 16h et 17h. En émettant à une heure de grande écoute des enfants, et surtout à l’heure du goûter, le programme propose ainsi aux jeunes téléspectateurs de cuisiner eux-mêmes à la maison. Ce programme jeunesse se caractérise par une proximité avec le public beaucoup moins forte que dans Le goûter. Si Michel Oliver invite les jeunes téléspectateurs à lui envoyer des lettres pour proposer des recettes à réaliser avec lui en plateau, jamais il n’indique l’origine des recettes proposées dans les émissions.

Audience

Descriptif libre

*00:00 – 00:26 Présentation de la recette : un gâteau de champions

L’émission s’ouvre sur un gros plan montrant des bananes posées sur le plan de travail. S’ensuit un plan large faisant apparaître toute la cuisine dans laquelle se trouve Michel Oliver entouré de deux garçons. Il prend les bananes en main et les utilise pour imiter une descente à ski. Cette petite mise en scène lui permet d’annoncer la recette du jour : le « gâteau olympique ». Il présente tout de suite les ingrédients pour le réaliser : une plaque de beurre, zeste de citron, 3 œufs, 1 tasse et demie de farine, 1 tasse de sucre, sans prendre le temps de présenter les deux enfants présents à ses côtés.


*00:27 – 02:19 Zester le citron et casser les œufs : des opérations délicates

Michel Oliver lance la préparation de la recette, comme à son habitude, par une petite phrase d’encouragement qu’il adresse aux deux garçons : « Alors on y va ! ». Il commence par faire fondre le beurre dans une casserole placée sur la gazinière. Il confie la tâche de zester le citron à Bruno. L’usage du zoom et du gros plan sur ses mains qui râpent le citron dans un saladier révèle l’importance du geste technique pour la recette. S’en suit un gros plan sur le visage très concentré du petit garçon. Stéphane se voit confier la tâche « cruciale » de casser les œufs et de séparer les blancs des jaunes. Tout en montrant l’exercice délicat en gros plan, on entend Michel Oliver qui lance des cris d’inquiétude lorsque le garçon manque de rater l’opération. Le chef ne peut s’empêcher de faire une remarque : « on a frôlé la chute, là, tu t’es rattrapé sur un bâton ». Cette image de la chute à ski file en fait la métaphore du ski commencée en début d’émission. Le chef semble se plaindre de l’attitude un peu mollasse des garçons. Il rappelle à l’ordre Bruno qui ne travaille pas assez vite selon lui : « allons, Bruno, du nerf, un peu ! ». Alors que Stéphane faillit avec le deuxième œuf, Michel Oliver rattrape la situation de façon pédagogique, en expliquant qu’il est nécessaire d’enlever les résidus de jaune dans les blancs pour que les blancs puissent monter en neige. Sur le ton de la plaisanterie, il met Stéphane sous pression pour le dernier œuf afin de l’encourager : « je veux que le troisième, ce soit l’œuf du siècle ! ». Cette technique d’encouragement, qui associe le succès de l’exercice au mérite qu’accorde la personne commanditaire, porte ses fruits. Stéphane est donc largement félicité.


*02:20 – 03:22 La tasse, mesure adaptée aux enfants

La séquence suivante est annoncée par la remarque du chef : « Bon, allez, on continue » et se traduit visuellement par une coupe franche. Prochaine étape : Michel Oliver demande aux enfants de mesurer, à l’aide d’un verre, une tasse de sucre et une tasse et demie de farine. Cette instruction semble un peu confuse car elle mélange deux instruments de mesure différents, pourtant, les enfants semblent s’en sortir. Le chef tient bon de rappeler qu’une tasse « fait 20 cl ». Michel Oliver a en fait développé une unité de mesure spécifique à la cuisine des enfants, nommée la « tasse étalon », qui facilite la mesure des ingrédients car elle n’utilise pas le poids. Il en présente un patron dans son livre de recettes La cuisine est un jeu d’enfants, p.9. Michel Oliver souhaite ainsi rendre la cuisine accessible aux enfants. Bien que cette mesure soit a priori facile d’utilisation, il surveille tout de même de près les enfants dans cette tâche. Il reprend Stéphane à deux reprises qui met de la farine un peu partout, notamment dans les blancs, là où il ne faut pas, et qui ne respecte pas la quantité indiquée. Il s’énerve légèrement mais reste poli avec les enfants, trouvant l’excuse de la réputation de l’émission pour leur demander de se concentrer et de se discipliner : « il faut tout de même qu’il soit réussi ce gâteau, notre réputation est en jeu ! ».


*03:23 – 06:05 Du nerf !

Michel Oliver ajoute ensuite le beurre fondu à la préparation que Bruno est chargé de mélanger. Pendant ce temps, Stéphane monte les blancs en neige à l’aide d’un batteur à manivelle. Le chef rajoute au préalable une pincée de sel et prend le soin d’en expliquer la raison. Gros plan sur le premier saladier de Bruno puis travelling vers le deuxième saladier. On voit ensuite le visage et une main de Stéphane qui semble avoir des difficultés avec le batteur. Il sourit lorsque le chef lui dit d’un ton furax : « C’est pas nerveux ça, dis-moi ! ». Michel Oliver prend finalement la relève en demandant au garçon de beurrer le moule à gâteau. S’ensuit un gros plan sur le visage de Bruno qui peine aussi avec sa pâte. Le chef, un brin agacé, voire découragé, finit par aider le deuxième garçon en disant : « si on pouvait refaire cette émission quand vous aurez mangé le gâteau, vous verriez que ça marcherait autrement ». La banane est en effet considérée, déjà à cette époque, comme un aliment très nutritif qui donne de la force et de l’énergie. C’est la raison pour laquelle le gâteau à la banane, ou « gâteau olympique », est associé aux performances sportives des athlètes participant aux Jeux olympiques. Mais le chef reste très pédagogue et félicite les enfants lorsqu’ils ont bien fait leur travail, comme c’est le cas avec Stéphane qui a beurré le moule. Michel Oliver montre ensuite comment mélanger les blancs à la pâte, en veillant bien à « soulever » la pâte. Ce geste technique est mis en valeur visuellement par un gros plan. En plus de son rôle d’instructeur technique, le chef apporte aussi son savoir culinaire pour expliquer le rôle des blancs dans la pâte, comparable à de la poudre à lever. Puis il verse le contenu du saladier, filmé en gros plan, dans le moule, et l’enfourne pour 15 min au four. Mais aucune information sur la température du four n’est donnée.


*06:06 – 08:28 Préparation du décor : anneaux olympiques en rondelles de bananes

Pendant que le gâteau est au four, les enfants préparent les bananes. Ils en épluchent puis les coupent en rondelles, à même le plan de travail, selon le modèle donné par le chef. Cette étape est filmée en plan serré à ras de la table. Après s’être plaint plus tôt du manque de vigueur des enfants, Michel Oliver s’étonne de leur manque de curiosité : le gâteau qui a été enfourné ne contient en effet pas de bananes. Le chef demande d’abord à Bruno et à Stéphane d’y réfléchir puis s’explique, en l’absence de réponse concluante des garçons. Il propose de réaliser un décor à base de rondelles de bananes sur le dessus du gâteau, représentant les anneaux olympiques (la réponse de Stéphane qui proposait de représenter le drapeau olympique était donc correcte !). Les enfants créent une première fois ce décor dans une assiette creuse, en guise de modèle, avant de pouvoir le reproduire sur le gâteau. Le décor est filmé en gros plan (08:27).


*08:29 – 09:25 Montage du gâteau olympique

Après avoir (un peu tardivement) précisé la température du four, qui est d’ailleurs donnée à la fois pour un four électrique et pour un four à gaz, Michel Oliver sort le gâteau du four. Il explique qu’il n’est pas encore cuit et qu’il faut reproduire très rapidement le décor sur sa surface avant de le remettre au four pour 35 min. Le chef les aide dans la tâche, mettant en garde quant à sa chaleur. Si les enfants sont très silencieux, ils semblent cependant prendre du plaisir à cuisiner – ou du moins à goûter ce qu’ils préparent. On voit ainsi Stéphane se lécher les doigts après avoir disposé les bananes. Coupure franche.


*09:26 – 11:26 Démoulage et dégustation

La dernière séquence s’ouvre sur un gros plan montrant le four ouvert dans lequel se trouve le gâteau après 35 min de cuisson. Michel Oliver se charge de le sortir du four à l’aide d’un torchon, en bon garant de la sécurité des enfants. Il explique que le démoulage d’un tel gâteau est délicat en raison des bananes disposées sur sa surface, mais il le fait avec succès. La caméra se rapproche à ce moment doucement du résultat et fait un zoom-in en plongée. Les enfants sont ensuite chargés de le couper en morceaux pendant le chef saupoudre du sucre glace qu’il compare à la neige des montagnes, où ont lieu les Jeux olympiques. Il en met pour rire sur les cheveux des enfants, lançant un regard complice à la caméra – certainement au cameraman. Filmés en gros plan, Bruno et Stéphane s’empressent de goûter leur gâteau qui est encore chaud. Stéphane dit : « c’est trop bon ». Tout en mangeant lui aussi une part de gâteau, Michel Oliver récapitule la recette dont les ingrédients sont inscrits sur un tableau noir. Cette pratique est mise en place dans l’émission à partir du 12e épisode, certainement empruntée à l’émission pour adultes Art et Magie de la Cuisine qui a recours à ce procédé didactique depuis 1966. Retour sur Bruno qui semble s’être brûlé la langue et qui est moqué par son ami Stéphane. Noir et petite une petite musique joyeuse.

Notes complémentaires

(English)

Références et documents externes

Cohen, Évelyne, et Lévy, Marie-Françoise (éd.), La télévision des Trente Glorieuses : Culture et politique, Paris, 2007.

Gaillard, Isabelle, La télévision : histoire d’un objet de consommation, 1945-1985, Paris, 2012.

Roger, Olivier, Les mises en scène de la cuisine dans les émissions de recettes à la télévision française, Mémoire de Master 2 Histoire, Université Paris I, 2014.

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Amélie Kratz


Erc-logo.png  Cette fiche a été rédigée et/ou traduite dans le cadre du projet BodyCapital, financé par l'European Research Council (ERC) et le programme de l'Union européenne pour la recherche et l'innovation Horizon 2020 (grant agreement No 694817).
  1. Gaillard, Isabelle, La télévision : histoire d’un objet de consommation, 1945-1985, Paris, 2012, p.117-119.
  2. Cité dans Cohen, Évelyne, et Lévy, Marie-Françoise (éd.), La télévision des Trente Glorieuses : Culture et politique. Paris, 2007.