Ensuite, Hélène écrit la lettre t sur une feuille de papier. Elle prononce le son /t/ à plusieurs reprises en l'accompagnant d'un petit mouvement du pouce et de l'index (il s'agit du geste associé au son /t/ dans la méthode phonético-gestuelle élaborée par Suzanne Borel-Maisonny). Les fillettes, très souriantes et investies dans l'exercice, essaient spontanément de reproduire à la fois le son et le geste. L'orthophoniste forme une toute petite boule de papier, la pose sur le dos de sa main et la fait s'envoler en prononçant le son /t/. L'objectif ici est de travailler la précision du mouvement d'occlusion rapide de la pointe de la langue contre les dents. Les fillettes considèrent manifestement l'exercice comme un jeu et le reproduisent à tour de rôle avec bonne humeur. Ensuite, l'orthophoniste leur propose un exercice de discrimination de consonnes : elle prononce une consonne en y associant le geste correspondant et l'enfant doit montrer la lettre correspondante écrite sur une feuille de papier.
Gros plan sur le visage d'une jeune fille de 10-12 ans qui explique en voix off que son amie Florence et elle-même, Laure, veulent devenir orthophonistes. Elle définit brièvement la profession : les orthophonistes sont spécialisées dans la rééducation du langage. En parallèle, la séance d'orthophonie des fillettes se poursuit. (On remarquera que souvent, dans la série [[Crp:Je_veux_être_toi|Je veux être toi]], les enfants intéressés par la profession du jour sont des deux sexes. Ici, il n'y a pas de garçon. On voit parfois des hommes assister aux séances dans l'émission mais on ne sait pas s'il s'agit d'orthophonistes, d'autres professionnels, de stagiaires ou peut-être des pères des enfants en séance.)(02:23)
Autre plan très serré sur l'une des fillettes sourdes et une autre orthophoniste, Françoise, qui travaillent avec un phonodioscope. Comme précédemment (mais avec un équipement technologique bien plus évolué), l'objectif est de pallier le manque d'informations auditives perçues par l'enfant en le remplaçant par des informations visuelles (geste de la main, tracé de l'appareil) et tactiles (perception du souffle ou des vibrations du larynx).
En voix off, Laure demande pourquoi il faut apprendre à parler à ces enfants. Sa question sous-entend une constatation simple : en principe, les enfants apprennent à parler spontanément, sans qu'on ait besoin de leur faire faire d'exercices spécifiques, surtout à un âge aussi "avancé". La réponse qui lui est donnée insiste à la fois sur l'importance de l'audition dans l'acquisition du langage par l'enfant petit et sur l'utilité du langage : agir sur les autres, traduire sa pensée et ses sensations. (02:57)
Nouvelle séance de démutisation, cette fois avec un jeune garçon. La séance se passe en public. Non seulement Laure et Florence sont présentes mais on distingue également un homme et une femme au fond de la salle (les parents de l'enfant ?), ainsi qu'une troisième personne derrière Florence. L'enfant répète de façon trainante les mots "un piano" que l'orthophoniste a écrits sur une feuille de papier, à la fois avec l'alphabet latin et avec l'alphabet phonétique. (03:10)

'''Les missions de l'orthophoniste'''
Pendant que le garçon fait ses exercices, la voix off continue à parler du travail de l'orthophoniste. Dans cette explication, on relève la phrase suivante : "(...) c'est tout de même utile d'employer le langage qui circule le plus couramment parmi les gens." On peut l'interpréter comme une justification de la méthode oraliste (d'où les séances de démutisation) par rapport à l'acquisition et à l'usage de la langue des signes par les enfants sourds, les positions des professionnels du domaine étant à l'époque extrêmement tranchées et complétement opposées à l'apprentissage et à l'utilisation de la langue des signes.
Dialogue entre les deux orthophonistes et Laure et Florence. Les jeunes femmes expliquent que le langage oral est notre outil de communication et qu'il faut qu'il le devienne également pour les enfants sourds. Pour cela, elles utilisent des techniques et appareils de visualisation de la voix. La petite séquence de questions-réponses qui suit est entrecoupée de courts extraits de séances d'orthophonie. Laure demande combien de temps dure la rééducation. La réponse que lui donne Hélène peut effrayer puisque la rééducation peut durer plusieurs années. En revanche, les orthophonistes insistent sur les bénéfices de ce travail pour l'enfant : même s'il ne parle pas parfaitement bien, il apprend très vite à se servir de ce nouvel outil qu'est le langage (04:46)
Hélène travaille avec une autre fillette, Valérie, qui lit un passage du Petit Chaperon rouge. Il s'agit à la fois d'un exercice de lecture à haute voix, d'articulation et de compréhension du texte écrit (Hélène attire l'attention de Valérie sur l'illustration pour lui montrer le "capuchon de laine rouge", le terme semblant lui poser quelques problèmes au moment où elle le déchiffre). L'articulation de la fillette est globalement bonne, mis à part quelques désonorisations ("elle habitait" : /ɛlapitɛ/). La mélodie de la phrase n'est pas respectée. Ces deux éléments nécessitent que l'interlocuteur de l'enfant soit particulièrement attentif pour la comprendre.
Changement de plan : Laure et Florence demandent à l'adulte assise près de Valérie (sa mère ? une autre orthophoniste ?) si cette dernière est complètement sourde. L'adulte répond que oui mais qu'elle commence "à se débrouiller dans la vie", ce qui est une affirmation un peu vague. Françoise explique qu'un enfant sourd, s'il est aimé par sa famille peut être "tout à fait équilibré et à l'aise dans sa peau". Pendant ces conversations, Valérie tourne systématiquement la tête vers la personne qui parle.
En opposant la réaction des gens "de l'extérieur" (à quoi ? au monde des enfants sourds, à la fondation Borel-Maisonny, à la profession d'orthophoniste ?) qui "prennent des mines attristées" quand on leur parle de travail avec les enfants sourds, Françoise explique ce qui la réjouit dans son travail : voir naître un langage, donner à l'enfant le pouvoir de s'exprimer. Hélène, assise à côté d'elle, sourit et acquiesce.(06:15)

'''Séances d'orthophonie au Centre d'orthophonie et de pédagogie appliquée'''
Gros plan sur le visage souriant et attentif de Florence puis de Laure. Elles assistent à une séance d'éducation auditive avec un groupe d'enfants entendants de 4-5 ans assis autour d'une petite table ovale. L'orthophoniste appelle le petit Marc, lui demande de se mettre debout près d'elle et de lui tourner le dos. Elle souffle tantôt dans un pipeau, une mélodica ou une petite trompette, repose l'instrument sur la table et demande à Marc de l'identifier. Le garçonnet réussit parfois du premier coup, parfois non. En voix off, Laure interroge l'orthophoniste sur ce travail. La séquence suivante la montre en train de parler à l'orthophoniste en présence de Florence et d'un homme et d'une femme. (Le spectateur a déjà vu ces derniers sur les bords du cadre lors de la séance d'éducation auditive alors que la caméra était centrée sur les enfants assis autour de la table.) L'orthophoniste explique que même si leur audition est intacte, ces enfants ont un retard de langage et parole "tout à fait classique" et que l'exercice avec les petits instruments de musique sert à exercer leur perception auditive.
Poursuite de la séance d'orthophonie avec les mêmes enfants. Un garçonnet place de petits animaux derrière, devant, à côté, etc. d'un grand chien gonflable posé sur la table. La question de Laure trahit son étonnement : "Pourquoi vous vous amusez à jouer avec le chien ?" Contrairement aux séances de démutisation où il s'agissait de répéter des sons avec des aides techniques plus ou moins sophistiquées et où les efforts des enfants étaient très perceptibles, cette séance où ils manipulent des jouets ne ressemble pas à du "travail". L'orthophoniste explique alors que le jeu est le moyen par lequel elle fait passer les notions de langage que ces enfants n'ont pas acquises.
Autre exercice d'éducation auditive : plan très bref sur quatre enfants qui tournent en rond en file indienne, les mains posées sur les épaules du camarade debout devant eux pendant que l'orthophoniste tape sur un tambourin. Le plan est trop court pour qu'on comprenne bien ce qui se passe. La consigne est probablement de s'immobiliser lorsque le tambourin arrête de jouer.
La femme présente lors de la séance de discrimination auditive travaille à présent avec un groupe d'enfants un peu plus âgés (7-8 ans). Elle est nettement moins souriante que les orthophonistes précédentes, peut-être intimidée ou gênée par la caméra et la présence de personnes supplémentaires (Laure et Florence, le caméraman et le preneur de son ?) On distingue mal ce qui est posé sur la table devant les enfants : de quoi écrire et peut-être des images. Les enfants répondent d'un mot aux questions de l'adulte qui corrige leur prononciation puis leur demande d'écrire le mot en question. Ensuite elle explique à Laure et Florence que ces enfants font des exercices de graphisme et de transcription écrite "le matin" (ils restent manifestement au Centre toute la journée) car ils ont des problèmes de langage oral et écrit en dehors de tout trouble de l'intelligence. Ces enfants pourront être réintégrés dans un cycle normal. (Cela signifie peut-être que le Centre propose une scolarisation alternative temporaire pour les enfants présentant ce type de difficultés.) Une voix off élargit la définition donnée par Florence plus haut : "Tous ceux qui ont des difficultés pour le langage oral ou écrit peuvent être aussi rééduqués par des orthophonistes." Cette phrase fait la transition avec la prise en charge orthophonique d'un autre type de pathologie. (09:50)
Séances d'orthophonie avec des personnes opérées d'une fente labio-palatine : une orthophoniste fait répéter à une fillette des syllabes de type consonne-voyelle puis un petit groupe de mots en plaçant un miroir sous ses narines pour vérifier l'occlusion vélaire (si de la buée apparaissait sur le miroir, cela signalerait une fuite d'air par le nez.) Comme l'enfant dit "tache" au lieu de "tasse", l'orthophoniste utilise un guide-langue pour l'aider à bien positionner sa langue lorsqu'elle prononce le son /ʃ/. La fillette jette un coup d’œil rapide dans la direction de la caméra et coopère en souriant. Elle réclame même des exercices supplémentaires et proteste lorsqu'il lui faut s'arrêter parce que "c'est pas assez long".
La personne suivante est une adulte également opérée d'une division palatine. L'orthophoniste lui fait répéter des syllabes de type consonne-voyelle-consonne en s'accompagnant du geste associé à la dernière consonne. Les phonèmes sont bien prononcés mais la voix est nasonnée. La femme explique qu'elle a présenté une division palatine et qu'auparavant, on ne la comprenait pas dans les actes simples de la vie (acheter du pain à la boulangerie). Elle trouve que ça va mieux désormais. Effectivement, les points d'articulation sont assez précis pour la plupart. Elle fait manifestement des efforts d'articulation et se reprend souvent mais elle est globalement facile à comprendre. L'orthophoniste complète l'explication sur les divisions palatines (sans mentionner l'opération !) Ce cas permet d'ouvrir encore le champ d'application de l'orthophonie : non seulement les orthophonistes s'occupent de rééduquer le langage oral et écrit mais elles reçoivent aussi bien des enfants que des adultes.
La travail avec la patiente précédente se poursuit par un exercice de respiration abdominale tandis qu'une voix off ajoute le bégaiement et le zozotement (trouble d'articulation) aux pathologies prises en charge par l'orthophonie. (13:36)

'''La formation'''
Florence demande où s'apprend le métier d'orthophoniste. Hélène répond qu'en général, les écoles dépendent des facultés de médecine et qu'il y en a à Paris et dans certaines grandes villes de province. Françoise complète en précisant qu'après ces trois ans de formation à la fois théorique et pratique, il est conseillé de faire des stages auprès d'une personne expérimentée parce que "c'est ainsi qu'a été créé le métier". Elle insiste sur la notion d'apprentissage "sur le tas". La suite de la discussion entre les deux fillettes, Hélène et Florence se poursuit en voie off tandis qu'apparaissent à l'écran de très courts extraits de séances de rééducation avec des personnes déjà connues du spectateur. Hélène énonce les qualités nécessaires pour exercer le métier d'orthophoniste : la motivation et le don de soi pour faciliter la communication avec la personne qui se trouve en face de soi.

'''Conclusion de l'émission :''' c'est un métier difficile mais beau, une "création dans la vie"." />