Question de solidarité (1982)
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Title | Question de solidarité |
Series | Kaléïdoscopie |
Year of production | 1982 |
Country of production | France |
Director(s) | Micheline Paintault |
Duration | 28 minutes |
Format | Parlant - Noir et blanc - 16 mm |
Original language(s) | French |
Commissioning body | CNDP, Ministère de l'Education Nationale |
Archive holder(s) | Canopé |
Main credits
Content
Medical themes
Theme
Main genre
Synopsis
Context
Structuring elements of the film
- Reporting footage : Yes.
- Set footage : No.
- Archival footage : Yes.
- Animated sequences : No.
- Intertitles : No.
- Host : No.
- Voice-over : Yes.
- Interview : Yes.
- Music and sound effects : Yes.
- Images featured in other films : No.
How does the film direct the viewer’s attention?
How are health and medicine portrayed?
Broadcasting and reception
Where is the film screened?
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Audience
Local, national, or international audience
Description
Carton qui indique le titre de la série : "Kaléidoscopies". En voix off, une voix de femme filtrée par un téléphone : "Assurances maladies bonjour...". En plan américain, une jeune femme dans une cabine téléphonique. La composition du plan est très fermée : les parois et la toiture de la cabine encadrent la jeune femme ; autour de la cabine et en transparence derrière sa paroi vitrée on aperçoit une façades à coins de peirre et l'encadrement d'une fenêtre : surcharge de lignes qui enserrent le personnage. La jeune femme tient un combiné dans une main, de l'autre le boîtier du combiné fixé à la cabine, comme si elle avait besoin de s'arrimer à un objet pendant la conversation. Elle explique qu'elle est en arrêt maladie depuis trois semaines et qu'elle "n'a pas touché son argent". La voix dans le téléphone lui demande son numéro d'immatriculation. La jeune femme sort sa carte de son sac à mains, commence la lecture, s'interrompt et demande : " Qui ça? " d'une voix soucieuse. Dans le téléphone, la voix d'une autre femme dit : "Allô?". La jeune femme paraît surprise par ce changement d'interlocutrice, regarde dans le vide, puis se ressaisit et reprend : "Allô? Madame? Voilà, je suis en arrêt maladie depuis trois semaines et je n'ai toujours pas touché mon argent...". Dézoom, nous voyons que la cabine où elle se trouve est installée à un carrefour urbain. Le titre apparaît en surimpression : "Questions de solidarité". Une musique au piano, de tonalité enjouée, couvre la voix de la jeune femme qui continue sa conversation. On l'entend dire : "Mon numéro?", indiquant de cette manière qu'elle doit répéter l'information qu'elle vient de donner. (00:38)
Interrogations, demandes et coups de gueule au guichet
Pont routier dans le prolongement d'un boulevard, des bus passent. En surimpression, la mention infographiée : "Montpellier (Hérault) Juin 1982". Int. du bus, par la transparence de la paroi vitrée du véhicule, travelling le long des façades d'un bâtiment au fronton duquel est écrit : "Sécurité sociale - caisse primaire d'assurance maladie". Le bus s'immobilise devant un abri avec un panneau qui indique l'arrêt "sécurité sociale". Dans l'axe du boulevard, une femme âgée en train de marcher en tournant vers le bord cadre droit, puis panoramique dans le même axe qui revient vers la façade du bâtiment de la Sécurité sociale entrevu tout à l'heure. Int. du bâtiment, un grand hall où des personnes sont assises en rang devant des guichets et des bureaux semi-cloisonnés. Gros plan sur un panneau d'affichage électronique qui indique un nombre pendant que retentit un signal sonore : c'est le système d'appel des usagers. Contrechamp sur un jeune homme qui lève les yeux dans sa direction et se dirige vers le guichet. Il annonce qu'il est au chômage depuis un an, il vient d'être victime d'un accident et souhaite savoir s'il est couvert. La responsable au guichet le rassure : il n'y a pas de problème puisqu'il est toujours indemnisé par l'ASSEDIC. Cut. La vielle femme que nous avons vu entrer dans le bâtiment a remplacé le jeune homme. La responsable lui indique que les renseignements concernant la retraite sont à prendre " à la caisse vieillesse, en face, derrière les plantes." Zoom sur la paroi vitrée d'un bureau installé dans le hall. La vieille dame s'est assise en face d'une responsable qui lui indique qu'elle va d'abord étudier le parcours professionnel de son mari. "Il aura plusieurs retraites, commence à lui répondre la responsable, parce qu'il a appartenu à..." La scène est interrompue par un homme qui se présente sur le seuil du bureau. Quoiqu'elle lui demande de retourner attendre son tour, il insiste : il se plaint de la décision prise par la Sécurité sociale de retirer de l'argent sur le compte de sa mère. En off, la voix de la responsable : "Attendez votre tour, on vous expliquera." Il obtempère en maugréant. Pourquoi cette scène? Sans doute pour montrer les incompréhensions et inquiétudes que secrète le système chez les usagers et auxquelles les guichetiers doivent quotidiennement faire face. (03:22)
Etude de cas dans une exploitation viticole
Panoramique sur des champs de vigne traversés par des routes de campagne, qui aboutit à l'indication infographiée : "Pinet (Hérault) 1982". Dans les champs de vigne, des ouvriers coupent les grappes de raisin. Commentaire : une voix d'homme évoque une exploitation familiale du vin. La période est difficile parce que le peronnel est réduit. Explication par la même voix : " Depuis 1970, les charges sociales employeurs ont été multipliées par six. " Le coût du vin de consommation courante n'a pas du tout augmenté de façon proportionnelle. Un jeune homme face caméra, une pipe à la main, parle devant des fûts. C'est sa voix qui était diffusée depuis le début de la séquence. "Je ne peux pas embaucher. De plus, il y a la concurrence des vins italiens." Il explique qu'en plus de la production, il a choisi d'assurer la vente et le suivi commercial. " Ce qui nous fait un surcroît de travail. " Retour dans les vignes, le jeune homme interpelle un ouvrier. " Pourquoi vous êtes seul? " L'ouvrier lui répond que son collègue a ressenti des douleurs à son ventre. Le patron hausse des épaules, soupire : "Bon ben là, il va se faire opérer, ça va nous faire deux mois d'arrêt de travail, encore une fois !" De retour dans la propriété, il rejoint un autre homme à sa terrasse. Ils discutent de la manière de se répartir le travail pour palier l'absence de l'ouvrier qui va probablement se faire hospitaliser. "Avec le poids des charges sociales que nous avons, je ne pense pas que ce soit raisonnable d'embaucher quelqu'un." Pano sur les bâtiments de la propriété : l'enjeu est de pouvoir la conserver. (06:31)
Autre étude de cas : une fabrique de vêtements
Musique lyrique. Vue générale sur un village bordé par une rivière asséchée. Mention infographique : "Ganges (Hérault). Juin 1982". Rue de village, encaissée entre des alignements de façades hautes. Intérieur d'une fabrique, des morceaux de tissu sont traités par des machines industrielles. En commentaire, une voix d'homme : " Nous fabriquons des bas,des collants, et nos cherchons à faire des articles de qualité " qui s'adressent à un public jeune. Travelling sur des femmes activant les machines, le visage concentré, le geste sûr. En commentaire, la même voix d'homme précise que le personnel s'est réduit de 60 à 30. Dézoom sur des chevalets métalliques chargés de robes. Dans son bureau, l'homme poursuit son explication. Il est assis devant un buffet de style Louis Philippe qui rappelle que l'activité est ancienne, et derrière une table chargé de cartons d'emballage et d'imitation en plastique de mollets humains. L'entreprise doit subir les assauts de la concurrence chinoise et celle " derrière le rideau de fer. " Il ajoute qu'il doit assurer 75% de charges d'un salaire, dont 30% à la sécurité sociale. Ces deux séquences rappellent donc que l'employeur investit dans le système de couverture sociale quand il rémunère son personnel. En plan poitrine, face caméra, le patron ajoute qu'il faudra cesser avec ce système qui sclérose les esprits, empêche les initiatives, et qu'il faudra suivre le modèle d'autres pays comme les Etats-Unis qui ont adopté des systèmes d'assurances personnelles dans le cadre du travail. "Ceci créé de obligations mais évite que ce pays soit un pays d'assistés." Le film inclut donc l'exemple d'un patron de conviction libérale qui voudrait en finir avec le principe de solidarité globale qui prévaut en France (08:35).
Entretien au Ministère de la solidarité
Dans une vaste pièce, situation d'entretien : deux femmes assises face à face dans un sofa circulaire, un opérateur les filme. Mention infographique : "Salon du Ministère de la Solidarité Paris (juin 1982)." Une des deux femmes en plan poitrine. Mention infographique : "Nicole Questiaux" (Ministre de la Solidarité nationale enterre 1981 et 1982 sous le premier gouvernement Mauroy)." C'est vrai que quand l'emploi ne va pas, la solidarité ne va pas. Pourquoi? Parce qu'elle est financée sur les salaires. mais dire que pour cela il faut attaquer le système de sécurité sociale c'est ignorer l'idée même qu'en ont les gens. " C'est un système égalitaire qui contribue à la richesse du pays. C'est un réel coût mais ce ne doit pas être considéré comme un poids sur les entreprises parce que " cet argent retourne dans l'économie ". Dans les villages où les retraités sont nombreux, s'ils n'avaient pas d'argent à dépenser, " que deviendrait le petit commerce? " Et qu'en est-il des établissements hospitaliers et des maisons d'enfants financés par la sécurité sociale? Nicole Questiaux évoque les temps plus anciens où ce système de solidarité n'existait pas, où les personnes âgées devaient composer sans la retraite. Par ce rappel, qui plaide en faveur du maintien du système, Question de solidarité résonne avec la version de 1969 de La sécurité sociale. (10:40)
Témoignage d'une femme retraitée sur son parcours de vie
Evocation de la présence des personnes âgées dans l'espace public : sous le proche d'entrée d'un village, silhouette d'un vieil homme qui avance lentement en faisant tournoyer sa canne. Sur un air mélancolique, joué par une flûte et un piano, dézoom sur un paysage de campagne pour montrer un point de vue pris depuis un balcon dominant une mosaïque de toitures de tuiles, une tête de femme âgée en bord cadre droit. Voix de femme âgée qui doit correspondre à celle qui vient d'apparaître à l'image : " Je suis dans cette résidence parce que j'ai travaillé toute ma vie. C'est mon seul repos!" Nous la suivons dans son petit appartement. Elle se plaint du bruit des enfants qui passent sous sa fenêtre en mobylette : ils sont bruyants, et ils ne travaillent pas. Question en off : " Qui vous paie la retraite? Ce sont ces jeunes qui cotisent ". la vieille femme estime que ce sont plu^tôt les cotisations qu'elle a versées pendant toute sa carrière qui lui assurent sa retraite. Dans La sécurité sociale, film CNDP de 1969, Pierre Laroque déplorait que trop de citoyens tenaient ce raisonnement erroné : je me paie ma retraite par les retenues que j'ai eues sur mes rémunérations successives. Nouvelle question : " Quand vous vous êtes cassé le pouce, qui a payé le soin? " Elle répond que c'est le patron par son assurance. Ensuite, la femme qui l'interroge l'amène à se rappeler le temps où sa mère étant malade, elle était contrainte de demander du pain au curé du village : récit exemplaire d'une époque où les mécanismes de solidarité étaient différents, non institués. (13:05)
Les formes de solidarité et de couverture avant 1945
Autre évocation du temps qui a précédé la mise en place de la Sécurité sociale : par des plans sur une bâtisse ancienne, depuis l'allée qui y mène, plantée de hauts platanes, à la cour qui s'étend devant, avec un gros plan isolant le fronton " Honneur au travail ". C'est une ancienne manufacture de draps. Une voix d'homme témoigne de l'époque de la Seconde Guerre Mondiale, quand, médecin généraliste, il soignait des ouvriers qui y avaient travaillé. " Tout était groupé autour de la manufacture : vie paroissiale, vie communale, école, loisir et logement des ouvriers." Evocation d'un système social organisé par le capitalisme industriel en développement au XIXe siècle, regroupant les services et habitats pour les ouvriers autour des usines. Plan sur une plaque de marbre que lit une voix en off : " Nos ouvriers et nous, c'est la même famille." Filmé dans une église, celle attachée à la manufacture, l'ancien médecin explique qu'il s'agit là du paternalisme à l'ancienne : en contrepartie de la sécurité de l'emploi et de l'assistance, l'ouvrier " manquait cruellement de liberté." Plan sur le portail fermé, puis sur les panneaux rouillés d'un système d'écluse, puis sur le lit presque asséché d'une rivière, autant de traces d'un site à l'abandon, symbolique d'un système périmé.(15:07)
Pano dans une pièce de bureau qui montre une étagère remplie de livres, une tablettes chargé de de fioles, un bureau chargé de dossiers, fiches et cassettes audio. En off, la voix du médecin historien de la séquence précédente : "C'set dans cette pièce que j'ai exercé la médecine pendant quarante ans. Depuis que je suis à la retraite, je classe des dossiers et je remue des souvenirs. il fait bien vous dire que dans les premières années et quand quelqu'un était malade, il avait son épargne personnelle et la charité, et notamment celle de son médecin. " Fin du panoramique, le médecin-historien se tient derrière son bureau; Il ajoute : " Mais ce n'était pas le désert social. il y avait dse régimes particuliers, il y avait surtout depuis 1927 l'assurance sociale qui ne concernait qu'une petite partie des ouvriers. 1945 est le grand tournant, à l'idée de l'épargne individuelle s'est substituée la couverture sociale et collective ; c'était un changement de mentalités totale." Sur un air de charlerston, photographies anciennes de foules ouvrières et coupures de presse de L'Humanité ou du Figaro datant de 1945 évoquant, entre autres faits d'actualité, la mise en place de la Sécurité sociale. L'historien précise qu'il existe des survivances de régimes différents par l'attachement des catégories concernées. (17:34)
Exemples de régimes spéciaux : les commerçants indépendants et les agriculteurs
Plan large sur une rue de village, intérieur d'une épicerie. Deux hommes derrière un comptoir en blouse de travail, l'un explique à l'autre qu'il a dû investir dans une nouvelle machine à couper la charcuterie. Interrogé sur sa gestion de la Sécurité sociale, il répond que c'est son épouse qui s'en occupe, de même que l'approvisionnement et la vente. A la caisse, l'épouse répond aux questions qui lui sont posées. Son mari est rattaché à un régime spécial pour les indépendants, elle -même, en tant que salariée de son mari, est rattachée au régime générale. Même si elle cotise beaucoup à l'URSSAF, estime-t-elle, elle est satisfaite de sa couverture. " C'est bien compliqué tout ça, comment faites-vous pour vous informer? " La femme répond qu'elle va suivre des formations et qu'elle prend connaissance des revues professionnelles. Plan sur elle, à son bureau, en train de lire des ouvrages.
Un homme âgé franchit une porte qui donne sur la rue, fait quelques pas, rencontre un autre homme âgé. Ils parlent de la santé des vignes, puis le second se plaint auprès du premier qu'il a reçu de Montpellier un courrier auquel il " ne comprend rien " et lui demande de l'éclairer à ce sujet. Quand ils se spérent, le plan reste sur une petite fille assise sur un banc, l'air songeuse : est-ce pour montrer qu'elle est isolée dans une population vieillissante ? Intérieur, salon d'appartement, sept personnes sont réunies autour d'une table : que des têtes grisonnantes!. Au bout de la table, nous reconnaissons le vieil homme du plan précédent. La conversation vient sur une femme âgée qui demande une aide ménagère. Une femme présente souhaite que sa demande soit satisfaite : si cette femme âgée était soignée à l'hôpital, elles se sentirait "déracinée". De plus, ce choix de soins à domicile permet des économies. Depuis le début, cette séquence insiste sur la vieillesse des habitants. La caméra resserre sur le visage de la femme qui vient de parler. Elle explique qu'elle appartient au secteur agricole et qu'elle élue de l'échelon locale de la Mutualité Sociale des Agriculteurs. Un homme assis en face d'elle explique que l'échelon local s'occupe des demandes de prêts et d'aides ménagères, de l'organisation de campagnes sanitaires. Le premier homme montré dans la séquence, assis au bout de la table explique que la MSA est financé par les cotisations des agriculteurs pour 1/3, l'Etat et le régime général pour es deux autres tiers : " Il est normal que le régime général aide la Mutualité Sociale Agricole, il n'y a plus de jeunes dans nos campagnes et à l'heure actuelle ils cotisent à la Sécurité sociale ". En même temps que la séquence explique une forme de régime spécial, elle dévoile un problème social de fond dans la région : la désertion du rural par les jeunes générations. (22:19)
Les enjeux de pouvoir et de financement : qui siège dans le Conseil d'Administration
Supplementary notes
References and external documents
Contributors
- Record written by : Joël Danet