Les crêpes (1957)
Les crêpes
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Title | Les crêpes |
Series | Le goûter |
Year of production | 1957 |
Country of production | France |
Director(s) | Arnaud Desjardins |
Duration | 11 minutes |
Format | Parlant - Noir et blanc - 8 mm |
Original language(s) | French |
Production companies | RTF |
Archive holder(s) | INA |
Main credits
Content
Theme
Main genre
Synopsis
Context
Structuring elements of the film
- Reporting footage : No.
- Set footage : Yes.
- Archival footage : No.
- Animated sequences : No.
- Intertitles : Yes.
- Host : Yes.
- Voice-over : No.
- Interview : No.
- Music and sound effects : No.
- Images featured in other films : No.
How does the film direct the viewer’s attention?
How are health and medicine portrayed?
Broadcasting and reception
Where is the film screened?
Presentations and events associated with the film
Audience
Local, national, or international audience
National
Description
Catherine Langeais ouvre l’émission en faisant allusion à l’épisode précédent dans lequel les deux petites filles ont proposé la recette des choux à la crème. Conformément au principe d’alternance entre une recette proposée par les enfants et une recette proposée par le chef, en vigueur dans les premiers épisodes de l’émission, Catherine et Fabienne réalisent ici une recette proposée par Raymond Oliver : les crêpes. La présentatrice met en avant la relative détente des petites filles en plateau, fortes de leur première expérience. Elle se montre très fière de l’émission lorsqu’elle qualifie Le Goûter de « grand concours ». Après avoir présenté les concurrentes, elle demande aux enfants de bien expliquer chaque étape de la recette, de détailler les ingrédients utilisés et les gestes techniques à réaliser, puis elle se retire du plateau. En effet, comme elle l’a expliqué dans le premier épisode, les enfants sont jugés autant sur le résultat final que sur les explications données en cours de préparation.
* 01:15 – 02:51 Des premières étapes un peu confuses…
Fabienne commence par mettre dans une casserole un grand verre de lait, une cuillerée de sucre, une pincée de sel et 50 gr de beurre. Mais elle est un peu confuse et regarde souvent dans le hors-champ pour chercher des yeux l’approbation du chef. Catherine Langeais tente d’abord d’aider les petites filles en leur tendant les ustensiles, mais doit finalement corriger leurs gestes car elles se sont trompées d’ustensiles. Mais la présentatrice les excuse immédiatement en disant : « c’est des instruments perfectionnés » à propos de la spatule en bois et du fouet. Toutes les étapes sont filmées en gros plans afin de mettre en valeur visuellement les gestes techniques indispensables au succès de la recette. Celles-ci sont surveillées de près par Catherine Langeais qui intervient lorsque les quantités ne sont pas respectées, comme c’est le cas pour l’huile. On entend alors le rire de Raymond Oliver (02:04), qui, comme à son habitude, fait d’abord une apparition vocale avant de se présenter en cuisine. Catherine utilise alors une expression propre au chef pour qualifier la consistance que la pâte doit avoir : « molette ». On retrouve cette expression dans d’autres émissions, comme dans l’épisode du Biscuit de Savoie. En tant que médiatrice entre les enfants en plateau et les téléspectateurs, la présentatrice n’hésite pas à demander aux enfants, quelque peu intimidées, de parler très fort et de répéter les instructions. Celles-ci s’avèrent d’ailleurs parfois erronées - le chef veille alors à les corriger calmement, contrairement à la présentatrice qui est plus incisive et piquante avec les petites filles.
* 02:52 – 05:23 Des dangers domestiques
Il se produit ensuite un incident technique en plateau : un torchon resté accroché autour du manche de la casserole commence à prendre feu. Catherine Langeais réagit très vite, attrape le torchon et étouffe le feu avec ses mains puis sous ses pieds. La remarque qu’elle prononce sur un ton ironique (« mon Dieu, mon Dieu. Voilà. Messieurs les pompiers, non, soyez indulgents, je vous garantis, il n'y aura rien. Voilà. N’interrompons rien. ») traduit en fait sa crainte que les pompiers viennent interrompre l’émission et discréditent ainsi le principe même de l’émission qui est totalement inédit dans les années 1950. La cuisine est en effet un décor télévisuel totalement nouveau dans les années 1950 qui comporte de nombreux dangers domestiques. Le fait que des enfants travaillent dans la cuisine augmente d’autant plus les multiples risques liés à l’activité culinaire, allant des brûlures aux coupures.
Tandis que Raymond Oliver se tient en retrait pour le moment, toujours discret dans le hors-champ, la présentatrice se montre assez directive avec les enfants, voire injonctive : « et si vous expliquiez ce que vous êtes en train de faire », « t’as pas l’impression qu’il faut remettre des œufs », « tiens, mets-toi par là sinon on va rien voir du tout ». Lorsqu’une des petites filles prononce l’expression « molette » pour la deuxième fois, elle prend le soin d’expliquer son origine tout en dénigrant gentiment l’accent régional de Raymond Oliver. La présentatrice profite ensuite d’un moment plus silencieux en cuisine pour faire la promotion de l’émission auprès des téléspectateurs. En soulignant la motivation des petites filles à reproduire la recette apprise en plateau, elle enjoint les mères à inciter leurs enfants à participer à l’émission. Si l’incident technique a été évité de justesse, il faut tout de même souligner le fait que les enfants font toujours attention à prendre les casseroles avec un torchon ; ce qui montre qu’au moins un geste de prévention des dangers domestiques a été inculqué. Cependant, comme le révèle la remarque de Catherine Langeais à propos des casseroles trop lourdes, le matériel de cuisine est peu adapté aux enfants. La séquence se termine sur un plan bref montrant Raymond Oliver. Puis coupure franche.
*05:24 – 07:41 De l’alcool dans la recette, bien sûr !
La nouvelle séquence s’ouvre sur les petites filles qui annoncent l’étape suivante : ajouter du rhum à la pâte à crêpes. Catherine Langeais revient en cuisine pour tendre la bouteille d’alcool à Fabienne qui verse une louche de rhum dans la préparation. Elle ajoute ensuite un grand verre de bière. Ces deux étapes ne suscitent absolument aucune réaction de la part de la présentatrice ou du chef, si ce n’est concernant la conversion des quantités utilisées. L’utilisation d’alcool dans la recette, dans des proportions aussi grandes d’ailleurs, est assez étonnante pour l’époque car le laxisme des adultes n’est pas en accord avec les messages de santé publique qui circulaient dans les années 1950. L’émission Le Goûter est en effet produite trois ans après la campagne anti-alcoolique lancée par Pierre Mendès-France qui s’adressait spécifiquement aux enfants. Il d’autant plus étonnant de ne pas retrouver un discours de prévention des dangers liés à l’alcool à la télévision, média qui était justement conçu en France comme un outil de progrès moral et qui se donnait pour mission d’« instruire » la population française.
Tandis que Catherine Langeais tente de faire le « petit ménage » sur le plan de travail, les petites filles s’attellent à passer la pâte à crêpes au chinois. Le gros plan relativement long sur le saladier témoigne de l’importance du savoir-faire lié à l’utilisation de cet ustensile. La remarque de la présentatrice « ah, ça on reconnaît bien les élèves de Raymond Oliver » confirme qu’il s’agit d’un geste technique particulier que les enfants ont appris auprès du chef. Soudainement apparaît la main de Raymond Oliver qui tend une bouteille à goulot et verse une partie de son contenu dans la pâte (06:58). Il s’agit certainement d’une bouteille de bière que le chef verse pour faciliter l’écoulement de la pâte. Catherine Langeais, surprise, choisit de réagir sur le ton de l’humour en s’adressant directement aux téléspectateurs : « qu’est-ce que c’est que cette main qui apparaît là, tout d’un coup, c’est pas possible…. ». Encore une fois, c’est plus la manière qui étonne, que le contenu qui est versé dans la préparation. Alors que Catherine et Fabienne tentent de séparer la pâte en deux pour pouvoir chacune faire cuire des crêpes, la présentatrice leur demande de se replacer dans le champ de la caméra. En bonne garante des conditions techniques de tournage, elle s’assure en même temps du temps écoulé en jetant un bref coup d’œil vers le haut, certainement vers une horloge accrochée en face d’elle.
*07:41 – 10:45 La cuisson des crêpes
Supplementary notes
References and external documents
Gaillard, Isabelle, La télévision : histoire d’un objet de consommation, 1945-1985, Paris, 2012.
Roger, Olivier, Les mises en scène de la cuisine dans les émissions de recettes à la télévision française, Mémoire de Master 2 Histoire sous la direction de Pascal Ory, 2014.
Contributors
- Record written by : Amélie Kratz
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Cette fiche a été rédigée et/ou traduite dans le cadre du projet BodyCapital, financé par l'European Research Council (ERC) et le programme de l'Union européenne pour la recherche et l'innovation Horizon 2020 (grant agreement No 694817). |
- ↑ Le concept d’« émission de recettes » est forgé par Olivier Roger dans Les mises en scène de la cuisine dans les émissions de recettes à la télévision française, Mémoire de Master 2 Histoire sous la direction de Pascal Ory, 2014.
- ↑ Gaillard, Isabelle, La télévision : histoire d’un objet de consommation, 1945-1985, Paris, 2012, p.117-119.
- ↑ Cité dans Cohen, Évelyne, et Lévy, Marie-Françoise (éd.), La télévision des Trente Glorieuses : Culture et politique. Paris, 2007.
- ↑ Selon le magazine Télérama (n°407 à 465), l’heure de diffusion variait entre 15h30 et 17h30.