La Roue du diable (1926)
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Title | La Roue du diable |
Year of production | 1926 |
Country of production | Russie |
Director(s) | Grigori Kozintsev Leonid Trauberg |
Actor(s) | Sergueï Guerassimov Pyotr Sobolevsky Emil Gal Lyudmila Semyonova |
Duration | 41 minutes |
Format | Muet - Noir et blanc - 35 mm |
Original language(s) | Russian |
Subtitles and transcription | French, English |
Main credits
Автор сценария А. Пиотровский (Scénario A Piotrovsky)
Режиссеры Г. Козинцев Л. Трауберг (Réalisateurs: G.Kozintsev, L. Trauberg)
Оператор А. Москвин (Cameraman: A. Moskvin)
Художник Е. Еней (Décorateur E. Eney)
Content
Medical themes
Theme
Main genre
Synopsis
Context
Sur les 112 films sanitaires dont la diffusion est approuvée par l'Union Soviétique en 1928, moins d'une dizaine traitent de l'alcoolisme. Ils s'inscrivent dans le double contexte d'une montée du mouvement d'hygiène sociale et d'une volonté plus large de l'État central de façonner "l'homme nouveau". Cependant, ces films anti-alcoolisme se trouvent au cœur d'une contradiction forte car si l'alcool représente une menace pour "l'homme nouveau", il constitue aussi une source de revenus importante pour l'État. Il est même arrivé que le bénéfices des ventes d'alcool servent à financer des films de lutte anti-alcoolique.
Les films de lutte contre l'alcoolisme de cette époque se divisent en trois catégories plus ou moins perméables: les Kulturfilms, les fictions et les actualités. La Roue du diable est un film de fiction qui a la particularité de ne pas expliquer l'impact de l'alcool sur le corps mais de tenter d'en faire ressentir les effets au spectateur (notamment à travers les accès de colère ou de désespoir du personnage principal et grâce au motif de la Roue sur laquelle il est impossible de garder son équilibre). Autre originalité, ce film lie le problème de la consommation excessive d'alcool à l'activité illégale des habitants des bas-fonds, c'est-à-dire qu'il ne considère le problème de l'alcoolisme ni sous l'angle moral ni sous l'angle médical (comme les autres films de ce type) mais qu'il en fait une question politique. D'ailleurs, le film se termine par la mort de l'un des bandits, l'arrestation de son complice et la destruction des taudis d'où ils agissaient comme solution au problème et "nouveau départ".
Le Glavrepertkom, organe du ministère de l'éducation chargé d'autoriser la diffusion des films en Union Soviétique a obligé les producteurs du film à modifier sa fin pour montrer la punition du matelot. Cependant, ce n'est pas la version qui est disponible ici.
Structuring elements of the film
- Reporting footage : Yes.
- Set footage : No.
- Archival footage : No.
- Animated sequences : No.
- Intertitles : Yes.
- Host : No.
- Voice-over : No.
- Interview : No.
- Music and sound effects : Yes.
- Images featured in other films : No.
How does the film direct the viewer’s attention?
La proximité des prénoms des deux principaux protagonistes, Vanya et Valya, ne peut pas être due au hasard. Ils symbolisent peut-être une opposition entre le bien (le jeune soldat) et le mal (la jeune fille). D'ailleurs, pour créer un contraste avec les cheveux brun clair de Piotr Sobolevsky (qui joue Vanya) et renforcer l'image diabolique ou malfaisante de Valya, le réalisateur, Moskvin, obligea Lyudmila Semenova à teindre en noir ses magnifiques cheveux blonds.
Néanmoins, l’image de Valya est ambiguë : c'est à la fois une jeune fille qui a besoin de protection et une femme fatale qui déboussole le héros et l'entraîne dans un tourbillon d’événements. La complexité des principaux personnages, dont les traits sont disparates mais étroitement imbriqués, fait que le spectateur est égaré, comme s’il se précipitait sur des montagnes russes semblables à celles sur lesquelles montent Valya et Vanya.
How are health and medicine portrayed?
Quant à l'alcoolisme, il n'est pas traité sous l'angle médical mais considéré comme la conséquence d'une situation sociale détériorée.
Broadcasting and reception
Where is the film screened?
Presentations and events associated with the film
Audience
Local, national, or international audience
National
Description
Sur les montagnes russes Ivan rencontre une jeune fille, Valya, qui, à l’insu de son père, est venue elle aussi à la Maison du peuple pour s’amuser. Ils tombent amoureux.
Fasciné par les divertissements et sa nouvelle amie, Vanya perd la tête. Il ne résiste pas au désir de faire un tour sur « la roue diabolique ». « La roue diabolique » désigne une attraction qui consiste en une grande plateforme circulaire tournant de plus en plus vite et empêchant ceux qui y sont montés de s’y maintenir. Elle symbolise en l’occurrence l’ivresse d’un plaisir qui tourne mal et fait glisser vers la chute. Le propos du film, de nature moraliste, montre en effet comment un enchaînement de circonstances peut facilement produire l’égarement et comment l’individu pris dans ce piège doit alors mobiliser sa clairvoyance et sa volonté pour retrouver le droit chemin.
Vanya oublie le temps qui passe. La roue devient le cadran de l’horloge qui tourne trop vite. En fin du compte, il rate le départ de son bateau, qui est parti pour un long voyage à l'étranger.
Le matin, Ivan raccompagne Valya chez elle. Le père de Valya la repousse et se met à la battre pour sa désobéissance. Ivan tente de la protéger. Le père chasse Valya de la maison.
Se retrouvant sur un banc dans un jardin public, Vanya et Valya font la connaissance de deux hommes. Ce sont des artistes de la Maison du peuple : l’homme-question et le clown Koko. Ils sont de mauvaise humeur car leurs numéros viennent d’être retirés de l’affiche. Ils sont exclus de l’Union des artistes pour leurs "activités antisociales".
Après avoir écouté l'histoire des mésaventures de Vanya et de Valya, les anciens artistes leur proposent leur aide.
Les jeunes gens ne se rendent pas immédiatement compte qu'ils sont tombés entre les mains de bandits, qui les entraînent dans la vie pervertie de la pègre. Finalement les escrocs les rendent complices de vol et du meurtre d'un horloger.
Comprenant sa situation, Ivan reproche à Valya d’en être la cause. Les jeunes gens se querellent. Vanya tente de noyer son chagrin dans l’alcool. Sa déchéance l'oppresse.
Il est violemment agressé dans la rue. Valya vient à son aide.
Ayant à peine repris conscience, Vanya fausse compagnie aux bandits et quitte Valya.
Dans le même temps, la police attaque le repaire des bandits. L’homme-question fait exploser la maison délabrée où il se trouve et meurt sous ses ruines. Ses acolytes sont tués ou se rendent aux autorités.
Supplementary notes
L’autre partie manquante évoque le voyage du croiseur Aurora à l’étranger. Ce film étant destiné à une diffusion internationale, la décision politique fut prise d'éviter cette évocation.
Les jeunes réalisateurs Kozintsev et Trauberg avaient peu d’expérience quand ils ont tourné ce film : La Roue du diable est seulement leur deuxième film. Ils invitèrent un jeune caméraman, Moskvin, à y participer en raison de son talent pour filmer de manière insolite et malgré son manque d'expérience à lui aussi.
Ainsi, la scène sur les montagnes russes représente une prouesse technique pour l’époque car il a fallu embarquer une lourde caméra sur l'installation (le cameraman s'est d’ailleurs légèrement blessé pendant le tournage de cette scène).
References and external documents
Sumpf, Alexandre, "Film and Anti-alcohol Campaigns in the Soviet Union of the 1920s in Christian Bonah, David Cantor and Anja Laukötter (eds.), Health Education Films in the Twentieth Century", University of Rochester Press, Rochester, 2018.
Contributors
- Record written by : Aleksandra Mouillie-Bannikova, Élisabeth Fuchs
- French subtitles : Élisabeth Fuchs, Nicolas Guechi, Aleksandra Mouillie-Bannikova
- English subtiles : Élisabeth Fuchs, Nicolas Guechi, Aleksandra Mouillie-Bannikova
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Cette fiche a été rédigée et/ou traduite dans le cadre du projet BodyCapital, financé par l'European Research Council (ERC) et le programme de l'Union européenne pour la recherche et l'innovation Horizon 2020 (grant agreement No 694817). |