L'après-Amandine: faut-il changer la morale ? (1982)
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L'après-Amandine: faut-il changer la morale ?
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Title | L'après-Amandine: faut-il changer la morale ? |
Series | Affaire vous concernant |
Year of production | 1982 |
Country of production | France |
Director(s) | Pierre Lambert |
Duration | 62 minutes |
Format | Parlant - Couleur - 16 mm |
Original language(s) | French |
Production companies | Antenne 2 |
Archive holder(s) | INA |
Main credits
(français)
Générique début : Affaire vous concernant – Faut-il changer la morale ? – une émission de la rédaction d’Antenne 2 – préparée par Martine Allain- Regnault et Paul Lefevre – réalisation Pierre Lambert
Content
Medical themes
Theme
(français)
Les questionnements sur la fécondation in vitro (FIV) suite à la première naissance par cette technique en France
Main genre
Synopsis
(français)
La naissance d'Amandine le 24 février 1982 à Clamart (Hauts-de-Seine), premier enfant français conçu grâce à la fécondation in vitro (FIV) soulève des interrogations sur la science et ses limites mais également sur la moralité qui est liée à ce genre d'interventions médicales. Cette émission permet d'informer les téléspectateurs sur cette avancée scientifique mais également de les faire réfléchir à son propos.
Context
(français)
Le contexte historique de la FIV :
Les premières études sur la FIV ont commencé très tôt puisque dès 1934, le chercheur américain Gregory Pincus publie ses résultats d'expériences sur des lapins. Cette recherche n'a pas été très bien accueillie, notamment à cause de la publication en 1932 du roman «Le meilleur des mondes» de l'écrivain britannique Aldous Huxley où il raconte l'histoire de bébés éprouvette nés sans humanité ni esprit. Cependant, d'autres scientifiques étaient intéressés par ses résultats, dont Miriam Menkin qui réalisa de nombreuses tentatives, dont une fructueuse en 1944. Mais elle ne tenta pas de réimplantation dans l'utérus.
La personnalité marquante de cette avancée scientifique est le physiologiste anglais, Robert Edwards. Après 20 ans d'études et d'expériences sur la fécondation et le transfert d’embryon (aussi bien chez l’animal que chez l’homme), il permet la naissance de Louise Brown en 1978, première naissance viable d'un enfant par la procédure de la FIV, dans le monde. Cette naissance fut très médiatisée, célébrant un nouvel espoir pour les femmes atteintes de stérilité tubaire définitive puisqu'il n'était question que de cette pathologie à l'époque pour pouvoir tenter cette technique. Mais il y eut évidemment des réticences, à la fois d'un point de vue d'autres scientifiques et à la fois d'un point de vue religieux. Robert Edwards a reçu le prix Nobel de médecine en 2010 pour ses travaux pionniers sur la FIV.
Afin d'augmenter les chances de fécondation, les scientifiques commencent à stimuler l’ovulation en 1981 contrairement aux premières FIV où les chances de succès étaient très faibles suite au prélèvement d'un seul ovocyte. Le principe de la stimulation d’ovulation permet d’obtenir plusieurs ovocytes au lieu d’un seul et ainsi de multiplier les chances de succès de la fécondation, puis de la réimplantation de l’embryon dans l’utérus.
La FIV en France :
Les scientifiques français ne sont évidemment pas repartis de 0 dans les recherches sur la FIV. Le Pr René Frydman a par exemple pu rencontrer Robert Edwards. Il a également effectué un stage en Australie où on faisait des recherches du même type au tout début des années 1980. Plusieurs équipes travaillaient sur la réalisation d'une FIV, notamment une équipe composée du Dr Jacques Testart et le Pr René Frydman et une équipe dirigée par le Dr Jean Cohen. Même s'il ne s'agissait pas réellement d'une compétition, chaque équipe voulait évidemment réussir la première une FIV. La deuxième équipe ne parvenait pas à obtenir une fécondation alors que la première n'arrivait pas à produire une grossesse après la fécondation. Les deux équipes ont alors décidé de réaliser un partenariat pour s'entre-aider et finalement obtenir le résultat tant attendu : la naissance d'Amandine.
Amandine, premier bébé éprouvette français :
Le premier «bébé éprouvette» en France s'appelle Amandine et est né le 24 février 1982 à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart grâce à la technique de la FIV effectuée par l’équipe du Dr Jacques Testart et le Pr René Frydman (d'ailleurs tous les deux présents sur le plateau de l'émission).
Il s'agissait évidemment d'un énorme événement très suivi par les médias. Mais les parents d'Amandine ont tenté de conserver leur anonymat au maximum et de protéger leur intimité, connaissant la médiatisation extrême qui avait entouré la naissance de Louise Brown. L'accouchement devait alors se dérouler dans le plus grand secret. Le Pr René Frydman a témoigné qu'ils avaient dû user de plusieurs ruses. Par exemple, il a fallu programmer une fausse césarienne pour une patiente mystérieuse après la découverte de photographes, les uns déguisés en infirmiers pour pouvoir circuler dans les couloirs de l’hôpital, les autres installés dans le bâtiment d’en face.
L’état d’esprit à l’époque :
Comme en Angleterre, il y a eu une certaine réticence face à ce nouveau procédé. C'était un état d’esprit mitigé avec de nombreuses personnes opposées. Même dans le milieu scientifique, beaucoup pensaient qu'il fallait encore expérimenter davantage sur les animaux avant de la mettre en pratique. Dans la population, les Français ne savaient pas forcément que des scientifiques travaillaient sur la FIV en France mais ils avaient entendu parler de la naissance de Louise Brown en Angleterre. Il y avait donc des réactions virulentes et une sorte de choc de pouvoir imaginer que l'on puisse avoir un embryon sous les yeux et le toucher ou le manipuler, même si il s'agissait d'un membre du corps médical. Cependant, cette avancée scientifique restait tout de même un grand espoir de résoudre un problème important qui détruisait des couples désirant un enfant.
Les premières études sur la FIV ont commencé très tôt puisque dès 1934, le chercheur américain Gregory Pincus publie ses résultats d'expériences sur des lapins. Cette recherche n'a pas été très bien accueillie, notamment à cause de la publication en 1932 du roman «Le meilleur des mondes» de l'écrivain britannique Aldous Huxley où il raconte l'histoire de bébés éprouvette nés sans humanité ni esprit. Cependant, d'autres scientifiques étaient intéressés par ses résultats, dont Miriam Menkin qui réalisa de nombreuses tentatives, dont une fructueuse en 1944. Mais elle ne tenta pas de réimplantation dans l'utérus.
La personnalité marquante de cette avancée scientifique est le physiologiste anglais, Robert Edwards. Après 20 ans d'études et d'expériences sur la fécondation et le transfert d’embryon (aussi bien chez l’animal que chez l’homme), il permet la naissance de Louise Brown en 1978, première naissance viable d'un enfant par la procédure de la FIV, dans le monde. Cette naissance fut très médiatisée, célébrant un nouvel espoir pour les femmes atteintes de stérilité tubaire définitive puisqu'il n'était question que de cette pathologie à l'époque pour pouvoir tenter cette technique. Mais il y eut évidemment des réticences, à la fois d'un point de vue d'autres scientifiques et à la fois d'un point de vue religieux. Robert Edwards a reçu le prix Nobel de médecine en 2010 pour ses travaux pionniers sur la FIV.
Afin d'augmenter les chances de fécondation, les scientifiques commencent à stimuler l’ovulation en 1981 contrairement aux premières FIV où les chances de succès étaient très faibles suite au prélèvement d'un seul ovocyte. Le principe de la stimulation d’ovulation permet d’obtenir plusieurs ovocytes au lieu d’un seul et ainsi de multiplier les chances de succès de la fécondation, puis de la réimplantation de l’embryon dans l’utérus.
La FIV en France :
Les scientifiques français ne sont évidemment pas repartis de 0 dans les recherches sur la FIV. Le Pr René Frydman a par exemple pu rencontrer Robert Edwards. Il a également effectué un stage en Australie où on faisait des recherches du même type au tout début des années 1980. Plusieurs équipes travaillaient sur la réalisation d'une FIV, notamment une équipe composée du Dr Jacques Testart et le Pr René Frydman et une équipe dirigée par le Dr Jean Cohen. Même s'il ne s'agissait pas réellement d'une compétition, chaque équipe voulait évidemment réussir la première une FIV. La deuxième équipe ne parvenait pas à obtenir une fécondation alors que la première n'arrivait pas à produire une grossesse après la fécondation. Les deux équipes ont alors décidé de réaliser un partenariat pour s'entre-aider et finalement obtenir le résultat tant attendu : la naissance d'Amandine.
Amandine, premier bébé éprouvette français :
Le premier «bébé éprouvette» en France s'appelle Amandine et est né le 24 février 1982 à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart grâce à la technique de la FIV effectuée par l’équipe du Dr Jacques Testart et le Pr René Frydman (d'ailleurs tous les deux présents sur le plateau de l'émission).
Il s'agissait évidemment d'un énorme événement très suivi par les médias. Mais les parents d'Amandine ont tenté de conserver leur anonymat au maximum et de protéger leur intimité, connaissant la médiatisation extrême qui avait entouré la naissance de Louise Brown. L'accouchement devait alors se dérouler dans le plus grand secret. Le Pr René Frydman a témoigné qu'ils avaient dû user de plusieurs ruses. Par exemple, il a fallu programmer une fausse césarienne pour une patiente mystérieuse après la découverte de photographes, les uns déguisés en infirmiers pour pouvoir circuler dans les couloirs de l’hôpital, les autres installés dans le bâtiment d’en face.
L’état d’esprit à l’époque :
Comme en Angleterre, il y a eu une certaine réticence face à ce nouveau procédé. C'était un état d’esprit mitigé avec de nombreuses personnes opposées. Même dans le milieu scientifique, beaucoup pensaient qu'il fallait encore expérimenter davantage sur les animaux avant de la mettre en pratique. Dans la population, les Français ne savaient pas forcément que des scientifiques travaillaient sur la FIV en France mais ils avaient entendu parler de la naissance de Louise Brown en Angleterre. Il y avait donc des réactions virulentes et une sorte de choc de pouvoir imaginer que l'on puisse avoir un embryon sous les yeux et le toucher ou le manipuler, même si il s'agissait d'un membre du corps médical. Cependant, cette avancée scientifique restait tout de même un grand espoir de résoudre un problème important qui détruisait des couples désirant un enfant.
Structuring elements of the film
- Reporting footage : Yes.
- Set footage : Yes.
- Archival footage : No.
- Animated sequences : No.
- Intertitles : Yes.
- Host : Yes.
- Voice-over : Yes.
- Interview : Yes.
- Music and sound effects : Yes.
- Images featured in other films : Yes. « Les premiers jours de la vie » : Extraits de « Planète bleue » [du 3 février 1982]
How does the film direct the viewer’s attention?
(français)
Le générique du début s'accompagne d'une musique sérieuse et chargée de suspense caractérisée par le roulement de diverses percussions, ce qui donne le ton de l'émission. La musique s'estompe tandis que le générique laisse la place à un extrait de documentaire expliquant au spectateur le déroulement de la fertilisation naturelle.
On semble sous-entendre dès le début que la FIV est un procédé qui va trop loin en posant de nombreuses interrogations qui interpellent le téléspectateur : quel droit pour manipuler les cellules humaines, intervenir dans le processus naturel et toucher à la personne humaine et à qui donne-t-on ce droit ? On parle beaucoup de morale, éthique et valeurs.
De plus, le fait que ce soit un prêtre qui soit invité sur le plateau pour débattre sur la morale de la procédure montre un pays laïque toujours proche de la religion malgré tout.
Ainsi, la FIV n'est pas réellement montrée et célébrée comme une grande avancée scientifique extraordinaire. D'une part, parce que la France ne commence à la pratiquer que tardivement par rapport à d'autres pays et qu'elle n'est pas une garantie de réussite du premier coup et d'autre part, parce qu’elle inquiète sur le rôle que l'homme joue par rapport à la nature. On évoque dès lors toutes les déviances scientifiques auxquelles la pratique pourrait conduire si on ne se pose pas les bonnes questions, comme on le fait dans cette émission qui se veut innovante, actuelle et référente pour la population française.
On semble sous-entendre dès le début que la FIV est un procédé qui va trop loin en posant de nombreuses interrogations qui interpellent le téléspectateur : quel droit pour manipuler les cellules humaines, intervenir dans le processus naturel et toucher à la personne humaine et à qui donne-t-on ce droit ? On parle beaucoup de morale, éthique et valeurs.
De plus, le fait que ce soit un prêtre qui soit invité sur le plateau pour débattre sur la morale de la procédure montre un pays laïque toujours proche de la religion malgré tout.
Ainsi, la FIV n'est pas réellement montrée et célébrée comme une grande avancée scientifique extraordinaire. D'une part, parce que la France ne commence à la pratiquer que tardivement par rapport à d'autres pays et qu'elle n'est pas une garantie de réussite du premier coup et d'autre part, parce qu’elle inquiète sur le rôle que l'homme joue par rapport à la nature. On évoque dès lors toutes les déviances scientifiques auxquelles la pratique pourrait conduire si on ne se pose pas les bonnes questions, comme on le fait dans cette émission qui se veut innovante, actuelle et référente pour la population française.
How are health and medicine portrayed?
(français)
Dans cette émission, on cherche à vulgariser la médecine afin que la thématique de la santé soit compréhensible pour tous les téléspectateurs. Ainsi, les procédures médicales sont précisément documentées et expliquées à l'aide de documents et de reportages tout au long de l'émission. De plus, la présence d'invités médecins sur le plateau donne un certain poids à l'émission, une crédibilité supplémentaire face aux spectateurs qui peuvent comprendre un discours scientifique de médecins depuis leur salon et qui ont donc accès à la connaissance de l'actualité médicale. Ainsi, la médecine et la santé sont présentées comme accessibles à tous et surtout comme importantes. Il est donc nécessaire d'en informer une majorité de Français, peu importe leur place sociale.
De façon plus précise, la médecine est montrée comme un domaine devant se confronter à des limites, notamment au niveau de la morale et de l'éthique. On cherche à savoir si le procédé va trop loin et s'il est contre-nature. Cela montre bien que la FIV est très controversée à cette époque, comme nous avons pu le souligner dans le contexte. Même si l'émission semble vouloir se montrer actuelle et réflexive, les termes choisis pour parler de la FIV, tels que « bien fragile »,« pas auto maîtrisée » et « une atteinte au corps humain », expriment tout de même une certaine orientation négative envers cette avancée médicale.
De façon plus précise, la médecine est montrée comme un domaine devant se confronter à des limites, notamment au niveau de la morale et de l'éthique. On cherche à savoir si le procédé va trop loin et s'il est contre-nature. Cela montre bien que la FIV est très controversée à cette époque, comme nous avons pu le souligner dans le contexte. Même si l'émission semble vouloir se montrer actuelle et réflexive, les termes choisis pour parler de la FIV, tels que « bien fragile »,« pas auto maîtrisée » et « une atteinte au corps humain », expriment tout de même une certaine orientation négative envers cette avancée médicale.
Broadcasting and reception
Where is the film screened?
(français)
Cette émission est visible à la télévision sur la chaîne Antenne 2.
Presentations and events associated with the film
(français)
L'événement associé à cette émission est la naissance d'Amandine, le premier enfant français conçu grâce à la fécondation in vitro.
Audience
(français)
Le public visé par cette émission est un français moyen. Il n'est pas nécessaire d'avoir des connaissances spécifiques en sciences pour la regarder ou la comprendre. Il s'agit justement de vulgariser les propos pour un plus grand nombre de téléspectateurs.
Local, national, or international audience
Description
(français)
Introduction :
L'émission débute par un premier document (de 0:23 à 1:40) qui introduit le sujet. Celui-ci sert de rappel au fonctionnement de la conception naturelle d'un embryon avec la division des cellules et sa formation. Le document permet aussi de lancer les problématiques qui vont structurer l'émission et le débat sur le plateau : À quel stade peut-on parler de la formation d'un petit homme ? Quelle est la différence entre un homme et un mammifère humain ? De quel droit va-t-on interférer dans un processus naturel, pour modifier la nature, la corriger ou l'améliorer ?
Les présentateurs, et donc animateurs du débat, sont Paul LEFEVRE et Martine ALLAIN REGNAULT. Ils rappellent encore une fois les problématiques soulevées par l'émission en se questionnant sur les limites de la science et des valeurs qui y sont liées. Le présentateur insiste fortement sur les termes de « droit », « morale » et « éthique ». Il présente ensuite les invités sur le plateau:
- Professeur René FRYDMAN, professeur agrégé, accoucheur.
- Docteur Jacques TESTART, médecin, biologiste, responsable de la fécondation en éprouvette à Clamart.
- Jean ROSA, médecin, président du conseil scientifique de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), spécialiste des recherches sur le sang des fœtus. Il est notamment préoccupé par la responsabilité des scientifiques et les problèmes des comités d'éthique. Il souhaite des organismes pour définir le droit à l'essai et le droit à l'expérience.
- Catherine LABRUSSE, professeur de droit à Paris-Sud, auteur de recherches sur le droit de la filiation et le progrès scientifique.
- Père Xavier THEVENOT, prêtre et professeur de théologie morale. Il souhaite aider à définir les convictions mais aussi les interrogations et les doutes de cette morale devant les progrès de la science.
Les visages sont sérieux voire fermés.
Paul LEFEVRE introduit ensuite un deuxième document (de 4:13 à 11:34) qui est un reportage montrant les manipulations complexes de la fécondation externe. La caméra filme toutes les personnes du plateau en un seul plan puis se rapproche progressivement des présentateurs pour faire un gros plan sur eux avant de lancer le reportage. Paul LEFEVRE insiste bien sur l'expression « les tentatives de la maîtrise de l'homme sur la nature », ce qui oriente largement son propos et son avis sur le sujet. Mais dans ce reportage, on précise bien que cette intervention n'est utilisée que dans un cas précis d'infertilité: la stérilité tubaire définitive, c'est à dire en cas d'hydrosalpinx (obstruction de l'extrémité des trompes qui se remplissent alors d'un liquide séreux) ou en cas d'adhérences (tissu cicatriciel s'interposant entre les ovaires et les pavillons tubaires). Le fait que la procédure soit réservée pour un seul cas précis semble être un moyen de faire valider cette avancée scientifique. Durant tout le reportage, c'est une double idée qui est donnée de la FIV, comme durant toute l'émission, on salue « l’habilité des médecins » tout en soulignant bien que c'est contre-nature. (04'13)
Description du document 2 :
- Le laboratoire : La FIV est réalisée en laboratoire, il s'agit d'y recréer les différentes étapes de la fécondation naturelle. On peut voir dans le reportage que de nombreuses personnes interviennent car la procédure est réalisée par une équipe pluridisciplinaire (gynécologues, biologistes, infirmiers, secrétaires, psychologues…).
- La récolte des ovules : Cette étape essentielle est soigneusement préparée. Il faut intervenir lorsque l'on a le plus de chance de collecter un maximum d'ovules. La production d'ovules est stimulée par un traitement hormonal. Chaque ovule est une chance de réussir à créer un embryon. L'intervention a lieu dans un bloc opératoire sous anesthésie générale ou locale. Les ovules sont visualisés grâce à une sonde et sont aspirés dans une seringue chaude en faisant attention de ne pas les abîmer. Cette séquence est essentiellement composée de gros plans et plans poitrine sur le Dr TESTART et son assistant. Même si c'est le geste médico-chirurgical qui est montré, ce cadrage serré met surtout en valeur le rôle de ces "pionniers" de la science.
- La préparation : Une fois que la récolte des gamètes est terminée (ovules et spermatozoïdes), ils sont observés au microscope pour s'assurer de leur bonne validité. Les biologistes reproduisent les mêmes conditions que dans le corps d'une femme avec une température de 37 degrés et dans un bon milieu nutritif pour conserver l'ovule pendant plusieurs heures avant la fécondation. Les spermatozoïdes subissent une série de traitements afin de concentrer les meilleurs. Ils sont ensuite observés de nouveau et comptés, il en faut entre 200 000 et 500 000 bien mobiles pour que la fécondation réussisse. Dans cette séquence, les plans sur le visage de l'opérateur sont très rares. Ils sont remplacés par quelques plans sur ces mains en train d'agir et surtout sur les instruments qu'il utilise et les actions qu'il réalise.
- La rencontre : Les biologistes mettent ensuite en contact les gamètes mâles et femelles dans une éprouvette afin d'essayer de créer une fécondation. Parfois, une autre technique consiste à introduire directement un spermatozoïde à l'intérieur de l'ovule avec une micro pipette mais ce n'est pas ce qui est présenté ici dans ce document. L'éprouvette est ensuite placée plusieurs jours dans le noir à 37°C dans une étuve pour reproduire les conditions de l'utérus. Cette étape est qualifiée de "moment suprême".
- La réimplantation : Le document nous montre la division des cellules sur un fond de musique douce très discret. Au stade de huit cellules, l'ovule fécondé va être réimplanté dans le corps de la femme. On l'observe une dernière fois puis on le met dans un cathéter qui est conservé dans un thermos. On ne voit pas l'action de la réimplantation dans le document. (11'34)
La diffusion d'un document permet de récolter ensuite les réactions sur le plateau de la part des invités et d'ouvrir le débat. La construction de l'émission est donc toujours la même : Diffusion d'un document puis réactions des invités sur le plateau.
Suite au deuxième document, c'est le Professeur René FRYDMAN qui est le premier à prendre la parole à propos de ce qui vient d'être vu. En tant que gynécologue, il appuie bien sur le fait que la technique de la FIV n'est pas encore totalement maîtrisée et qu'elle n'est qu'au tout début du travail de recherche. Il en reste encore énormément à réaliser, notamment afin de comprendre les raisons des échecs ou des réussites de la technique. C'est un processus délicat qui n'est pas encore totalement maîtrisé.
Le présentateur cherche ensuite à obtenir des avis concernant l'aspect éthique d'une telle intervention. Catherine LABRUSSE considère qu'il y a une atteinte à l'intégrité corporelle et qu'elle doit donc être justifiée. L’accord du père et de la mère ne sont pas les seuls paramètres à prendre en compte pour la FIV, sinon chacun pourrait choisir sa façon de procréer. Il faut pouvoir justifier cette intervention, notamment dans le cas d’une maladie ou d’un autre type d’affection. Mais dans ce cas, est-ce que la stérilité est une maladie contre laquelle il faudrait lutter ? Faut-il lui apporter une solution ou non (but thérapeutique) ?
Le Père Xavier THEVENOT commence son intervention en soulignant bien que la hiérarchie catholique n'a pas pris position de façon nette à cette époque et qu'il s'agit donc de son avis personnel qu'il affirme dans ses propos. Il souligne une certaine contradiction de l'époque avec des personnes qui souhaitent avorter et d'autres qui dépassent la nature en intervenant médicalement pour pouvoir procréer. Selon lui, cette contradiction pousse alors à se questionner sur l'accueil d'un enfant dans la société de cette époque. Il faut aussi réfléchir sur les pratiques et où elles sont menées dans la société actuelle où il trouve qu'on a tendance à sur-valoriser la fécondité. Ainsi, même si c'est une intention louable, est-ce que chacun a un droit absolu à l'enfant et doit user de tous les moyens pour l'obtenir ? Il ne pense pas que cela soit juste d'un point de vue éthique. Pendant son intervention, quelques plans intercalés très rapides montre que le Dr TESTART a un sourire un peu ironique tandis que le Pr FRYDMAN garde les yeux baissés et que Dr ROSA prend des notes. (18'07)
Le troisième document (de 18:25 à 19:25) évoque la congélation et la conservation des « embryons », c'est à dire de l'ovule fécondé de quatre jusqu'à huit cellules, conçus en éprouvette, dans le cas de ce reportage. D'après une expérience réalisée sur près de 3000 veaux, les embryons de 4 à 8 cellules conçus en éprouvette peuvent être conservés à -196°C pour être réimplantés plus tard, sans que cela influe sur les cellules. Ce procédé permet alors d'obtenir des chances supplémentaires de concevoir un autre enfant lorsque le couple le souhaitera. Cependant, le ton pris par la voix off nous fait ressentir un certain scepticisme. Elle utilise notamment l'expression « laisse penser que » concernant la bonne conservation n'abîmant pas les cellules. Ce n'est donc pas une affirmation alors que les expériences et les études réalisées souhaitent montrer que c'est possible et vérifié. De plus, lorsque la voix off explique que la congélation des embryons permet de réimplanter plus tard pour donner une nouvelle chance, une petite musique débute et ne dure que le temps de cette phrase, comme si on voulait bien appuyer le propos et faire réfléchir celui qui visionne le reportage : est-ce que c'est bien ou mal d'utiliser ce procédé ? On notera également dans cette séquence l'absence d'êtres humains (on voit juste une main) et l'impression de froideur technique dégagée par le cadre du laboratoire. (19'25)
Réactions sur le plateau pour le document 3:
Pour le docteur Jacques TESTART, il paraît essentiel de se demander à qui appartiennent moralement ces embryons (aux géniteurs ou à la société ?) car les traitements hormonaux permettent d'obtenir plus d'ovules et donc d'en collecter davantage. Il faut alors décider de ce que l'on peut faire ou non des restants. Il insiste sur le fait que la réponse à cette question ne peut pas venir des médecins et qu'elle nécessite une consultation beaucoup plus large (sa formulation reste un peu vague). Au début de son intervention, il a d'ailleurs précisé que c'est la raison pour laquelle ses confrères et lui sont là ce soir, donnant ainsi à cette émission de télévision un rôle d'initiateur de débat et/ou de réflexion
Pour le professeur Jean ROSA, il n'y a pas de certitude absolue que la congélation des embryons soit sans conséquence sur la modification des cellules. Les scientifiques n'ont pas assez de recul sur l'expérience pour l'affirmer. De plus, l'animal n'est pas totalement identique à l'homme, ce qui laisse une marge de doute. Par rapport à la question éthique et morale, il souligne que la « Responsabilité sociale du scientifique » est un des thèmes de réflexion du récent colloque national sur la recherche et la technologie dont il a apporté les actes (gros plan sur l'ouvrage). Il insiste pour définir le mot éthique ("règles de comportement établies pour être correct par rapport au problème qu'on étudie") tout en précisant qu'il n'est pas philosophe.
La parole passe tout naturellement au Père Xavier THEVENOT qui définit l'éthique comme une réflexion sur les meilleurs chemins permettant d'humaniser la société et de dégager ce qui permet d'y vivre au mieux, ensemble, dans la joie de vivre.
Le docteur TESTART revient sur les risques et dangers de la congélation des embryons. En son sens, la composition des cellules n'est pas impactée par cette conservation. Par contre, le problème porte davantage sur la liberté de congeler un embryon vivant qui pourrait aussi bien naître plusieurs années ou des siècles plus tard. Il est cependant possible que l'embryon ne survive pas à la congélation. D'autre part, il est certain que les cellules ayant subi ce procédé ne sont pas modifiées. Le docteur évoque aussi la question d'une éventuelle valeur marchande de cet embryon qui pourrait devenir un commerce.
Catherine LABRUSSE se penche davantage sur la condition juridique de cet embryon. Il y a en effet une difficulté à déterminer le statut de celui-ci. L'embryon n'étant pas une "chose", il n'est pas objet de propriété et n'appartient pas à ses parents. Pour le droit, le corps est la personne. Ainsi, les réponses du droit sont quelque peu ambiguës. L'embryon possède une personnalité juridique (il peut hériter par ex.) mais seulement à condition d'être né vivant et viable. Cependant, la loi du 17 janvier 1975 (désormais abrogée, voir notes complémentaires) donne droit à l'intégrité pour l'embryon, dès le commencement de la vie.
Ce questionnement sur la définition du statut ou non d'embryon soulève alors les réactions d'autres invités. Jean ROSA considère que la définition n'est pas très claire, même dans le domaine scientifique. Son ton est un peu moqueur et il empêche C. LABRUSSE de reprendre la parole. Il affirme que ce n'est pas à un légiste de définir ce qu'est un embryon même s'il souhaite qu'il y ait des légistes dans les comités d'éthique. son ton exclamatif fait rire une partie des personnes présentes. On considère souvent qu'il y a embryon à partir de la 8ème semaine après la fécondation car il commence à prendre la forme d'un petit homme. Le Pr FRYDMAN définit dans le cadre de cette recherche qu'il s'agit plutôt d'embryons cellulaires. Ils représentent un potentiel de vie humaine mais en sont actuellement au stade cellulaire. Le Dr TESTART précise qu'à ce moment-là, l'embryon est encore un être indépendant de sa mère puisqu'il n'y a encore eu aucun contact avec l'utérus. Ce n'est donc pas encore exactement un embryon au sens strict du terme.
Le quatrième document (de 33:48 à 35:01) a été prêté par l'émission Planète Bleue. Il s'agit d'une vue au microscope avec une loupe à fort grossissement. Une micro-aiguille suffit à couper un ovule fécondé de bovin en deux parties viables et identiques en seulement 2 minutes. Cela permettrait alors de donner naissance à des jumeaux. La voix off explique que cette expérience a été diffusée à la télévision, le 3 février 1982 (même année que l'émission) en direct de l'INRA (Institut national de la recherche agronomique) dans le centre de Jouy-en-Josas (Île de France). L'expérience était effectuée par le biologiste Jean-Pierre OZIL. Elle n'a jamais été testée sur un ovule fécondé humain. (35'01)
Réactions sur le plateau pour le document 4 :
Au niveau éthique, Jacques TESTART est moins dérangé par le fait de partager un ovule fécondé en deux que par le fait de le congeler pour le réutiliser plus tard. Ce découpage pourrait fournir deux gros avantages à la FIV. Tout d'abord, cela pourrait donner des chances supplémentaires de concevoir des enfants pour les femmes infertiles, d'autant plus qu'une femme peut avoir de vrais jumeaux alors qu'une vache ne le peut pas. L'expérience devrait donc encore mieux fonctionner techniquement chez la femme. Ensuite, l'autre avantage est que l'on pourrait étudier la seconde moitié d'embryon pour voir s'il est viable ou non puisque les deux moitiés sont identiques. En effet, ce n'est pas réellement la FIV qui n'est pas maîtrisée car elle réussit dans près de 80 % des cas. Ce qui pose problème, c'est l'implantation de l'ovule fécondé dans l'utérus de la femme. Le fait de pouvoir étudier la second moitié permettrait alors peut-être de comprendre ce qui ne fonctionne pas.
Jean ROSA s'interroge sur l'éthique et le droit de toucher à ce qu'il appelle "pré-embryon". Il souligne le retard de la France par rapport aux américains qui se posent déjà toutes ces questions et possèdent des comités d'éthique depuis une dizaine d'années.
Pour le Père Xavier THEVENOT, il est d'abord préoccupant de réussir à définir le statut de cet être de huit cellules qui peut devenir une personne humaine. Il se questionne sur la limite à ne pas franchir. Cet ovule fécondé a une spécificité précise et une continuité qui lui permet d'être humain, de devenir une personne humaine (ce n'est pas une cellule animale ou végétale de base). Il faut donc réfléchir au respect que l'on souhaite donner à ces cellules. Ainsi, si l'on fait des expériences de la sorte sur des cellules embryonnaires, qui dit que l'on n'ira pas de plus en plus loin, sur des étapes de plus en plus tardives, comme par exemple, sur des embryons déjà formés. Il reconnaît cependant les avantages théoriques que cela pourrait engendrer, notamment surveiller et éviter les malformations. Mais il regrette aussi la mauvaise place de la personne malformée dans la société. Celui-ci est difficilement accueilli puisque l'avortement est le plus souvent la solution utilisée face à ce problème. Comme il évoque l'amniocentèse qui permet de diagnostiquer un certain nombre d'anomalies, Paul LEFEVRE en demade la définition à Martine ALLAIN REGNAULT qui renvoie la balle au Pr FRYDMAN. La trisomie 21 est évoquée à travers le terme "mongolien" ainsi que l'avortement dont le père THEVENOT dit qu'il a vu à la TV qu'il devient systématique. Exclamation de Paul LEFEVRE : "La télévision n'est pas toujours le siège de la sagesse !"
Catherine LABRUSSE dénonce un vide juridique dans ce domaine puisqu'il s'agit d'une avancée scientifique très récente. Il faut cependant prendre garde à ce que l'embryon n'obtienne pas une valeur marchande, créant un marché financier. À son avis, il est essentiel et nécessaire de créer des centres agréés et surveillés par l’État (le ministère de la Santé) afin d'éviter la constitution de banques et de commerce d'ovules et d'embryons.
Le Dr TESTART précise que les médecins ont actuellement la possibilité technique de réaliser certains actes mais qu'ils se l'interdisent.
Jean ROSA parle de la formation d'un comité d'éthique expérimental dans l’hôpital universitaire de Créteil. D'après lui, il est essentiel que ce comité soit composé de gens compétents dans la discipline scientifique, mais pas seulement. Les spécialistes scientifiques ne constituent pas le savoir universel ; la population peut comprendre et donner son avis sur ces genres d'expérience par exemple et c'est aussi le message que l'on semble vouloir délivrer dans cette émission. Cependant, il faut aussi être conscient que la FIV est un procédé très récent, d'où la difficulté de donner un avis tranché sur le but thérapeutique par exemple. Il faut donc ouvrir la réflexion au milieu scientifique mais aussi à la société et prendre un recul critique sur l'expérience humaine. Évidemment, le nombre de naissance de cette manière est négligeable à cette époque, mais ce n'est pas une raison pour ne rien fixer et laisser la pratique et les choses qui y sont liées dans le flou. Au contraire, c'est le moment où il faut définir et baliser les chemins dans lesquels les scientifiques se lancent. Il est nécessaire que chacun comprenne bien de quoi il est question avant de trancher un avis. C'est pour cela qu'il est essentiel d'informer, de bien expliquer à tous pour assurer la bonne compréhension car le bon sens populaire est déterminant. Cependant, personne sur le plateau ne va jusqu'à préciser les modalités pratiques d'une consultation de la population. Le Pr FRYDMAN souligne que grâce aux média et notamment à la télévision, ça fait un moment qu'il y a un certain "bouillonnement" concernant les questions de reproduction. Et même si la recherche dans le domaine n'est pas encore très avancée en 1982, Jean ROSA est conscient que cela va vite évoluer et qu'il y aura de nombreuses questions à trancher. Il donne l'exemple d'une situation pouvant se produire : si on implante l'embryon dans une autre femme que celle ayant donné son ovule, qui est la mère ? Cette question soulevée montre bien la conscience du médecin face à une procédure nouvelle mais risquant d'évoluer très rapidement.
L'émission débute par un premier document (de 0:23 à 1:40) qui introduit le sujet. Celui-ci sert de rappel au fonctionnement de la conception naturelle d'un embryon avec la division des cellules et sa formation. Le document permet aussi de lancer les problématiques qui vont structurer l'émission et le débat sur le plateau : À quel stade peut-on parler de la formation d'un petit homme ? Quelle est la différence entre un homme et un mammifère humain ? De quel droit va-t-on interférer dans un processus naturel, pour modifier la nature, la corriger ou l'améliorer ?
Les présentateurs, et donc animateurs du débat, sont Paul LEFEVRE et Martine ALLAIN REGNAULT. Ils rappellent encore une fois les problématiques soulevées par l'émission en se questionnant sur les limites de la science et des valeurs qui y sont liées. Le présentateur insiste fortement sur les termes de « droit », « morale » et « éthique ». Il présente ensuite les invités sur le plateau:
- Professeur René FRYDMAN, professeur agrégé, accoucheur.
- Docteur Jacques TESTART, médecin, biologiste, responsable de la fécondation en éprouvette à Clamart.
- Jean ROSA, médecin, président du conseil scientifique de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), spécialiste des recherches sur le sang des fœtus. Il est notamment préoccupé par la responsabilité des scientifiques et les problèmes des comités d'éthique. Il souhaite des organismes pour définir le droit à l'essai et le droit à l'expérience.
- Catherine LABRUSSE, professeur de droit à Paris-Sud, auteur de recherches sur le droit de la filiation et le progrès scientifique.
- Père Xavier THEVENOT, prêtre et professeur de théologie morale. Il souhaite aider à définir les convictions mais aussi les interrogations et les doutes de cette morale devant les progrès de la science.
Les visages sont sérieux voire fermés.
Paul LEFEVRE introduit ensuite un deuxième document (de 4:13 à 11:34) qui est un reportage montrant les manipulations complexes de la fécondation externe. La caméra filme toutes les personnes du plateau en un seul plan puis se rapproche progressivement des présentateurs pour faire un gros plan sur eux avant de lancer le reportage. Paul LEFEVRE insiste bien sur l'expression « les tentatives de la maîtrise de l'homme sur la nature », ce qui oriente largement son propos et son avis sur le sujet. Mais dans ce reportage, on précise bien que cette intervention n'est utilisée que dans un cas précis d'infertilité: la stérilité tubaire définitive, c'est à dire en cas d'hydrosalpinx (obstruction de l'extrémité des trompes qui se remplissent alors d'un liquide séreux) ou en cas d'adhérences (tissu cicatriciel s'interposant entre les ovaires et les pavillons tubaires). Le fait que la procédure soit réservée pour un seul cas précis semble être un moyen de faire valider cette avancée scientifique. Durant tout le reportage, c'est une double idée qui est donnée de la FIV, comme durant toute l'émission, on salue « l’habilité des médecins » tout en soulignant bien que c'est contre-nature. (04'13)
Description du document 2 :
- Le laboratoire : La FIV est réalisée en laboratoire, il s'agit d'y recréer les différentes étapes de la fécondation naturelle. On peut voir dans le reportage que de nombreuses personnes interviennent car la procédure est réalisée par une équipe pluridisciplinaire (gynécologues, biologistes, infirmiers, secrétaires, psychologues…).
- La récolte des ovules : Cette étape essentielle est soigneusement préparée. Il faut intervenir lorsque l'on a le plus de chance de collecter un maximum d'ovules. La production d'ovules est stimulée par un traitement hormonal. Chaque ovule est une chance de réussir à créer un embryon. L'intervention a lieu dans un bloc opératoire sous anesthésie générale ou locale. Les ovules sont visualisés grâce à une sonde et sont aspirés dans une seringue chaude en faisant attention de ne pas les abîmer. Cette séquence est essentiellement composée de gros plans et plans poitrine sur le Dr TESTART et son assistant. Même si c'est le geste médico-chirurgical qui est montré, ce cadrage serré met surtout en valeur le rôle de ces "pionniers" de la science.
- La préparation : Une fois que la récolte des gamètes est terminée (ovules et spermatozoïdes), ils sont observés au microscope pour s'assurer de leur bonne validité. Les biologistes reproduisent les mêmes conditions que dans le corps d'une femme avec une température de 37 degrés et dans un bon milieu nutritif pour conserver l'ovule pendant plusieurs heures avant la fécondation. Les spermatozoïdes subissent une série de traitements afin de concentrer les meilleurs. Ils sont ensuite observés de nouveau et comptés, il en faut entre 200 000 et 500 000 bien mobiles pour que la fécondation réussisse. Dans cette séquence, les plans sur le visage de l'opérateur sont très rares. Ils sont remplacés par quelques plans sur ces mains en train d'agir et surtout sur les instruments qu'il utilise et les actions qu'il réalise.
- La rencontre : Les biologistes mettent ensuite en contact les gamètes mâles et femelles dans une éprouvette afin d'essayer de créer une fécondation. Parfois, une autre technique consiste à introduire directement un spermatozoïde à l'intérieur de l'ovule avec une micro pipette mais ce n'est pas ce qui est présenté ici dans ce document. L'éprouvette est ensuite placée plusieurs jours dans le noir à 37°C dans une étuve pour reproduire les conditions de l'utérus. Cette étape est qualifiée de "moment suprême".
- La réimplantation : Le document nous montre la division des cellules sur un fond de musique douce très discret. Au stade de huit cellules, l'ovule fécondé va être réimplanté dans le corps de la femme. On l'observe une dernière fois puis on le met dans un cathéter qui est conservé dans un thermos. On ne voit pas l'action de la réimplantation dans le document. (11'34)
La diffusion d'un document permet de récolter ensuite les réactions sur le plateau de la part des invités et d'ouvrir le débat. La construction de l'émission est donc toujours la même : Diffusion d'un document puis réactions des invités sur le plateau.
Suite au deuxième document, c'est le Professeur René FRYDMAN qui est le premier à prendre la parole à propos de ce qui vient d'être vu. En tant que gynécologue, il appuie bien sur le fait que la technique de la FIV n'est pas encore totalement maîtrisée et qu'elle n'est qu'au tout début du travail de recherche. Il en reste encore énormément à réaliser, notamment afin de comprendre les raisons des échecs ou des réussites de la technique. C'est un processus délicat qui n'est pas encore totalement maîtrisé.
Le présentateur cherche ensuite à obtenir des avis concernant l'aspect éthique d'une telle intervention. Catherine LABRUSSE considère qu'il y a une atteinte à l'intégrité corporelle et qu'elle doit donc être justifiée. L’accord du père et de la mère ne sont pas les seuls paramètres à prendre en compte pour la FIV, sinon chacun pourrait choisir sa façon de procréer. Il faut pouvoir justifier cette intervention, notamment dans le cas d’une maladie ou d’un autre type d’affection. Mais dans ce cas, est-ce que la stérilité est une maladie contre laquelle il faudrait lutter ? Faut-il lui apporter une solution ou non (but thérapeutique) ?
Le Père Xavier THEVENOT commence son intervention en soulignant bien que la hiérarchie catholique n'a pas pris position de façon nette à cette époque et qu'il s'agit donc de son avis personnel qu'il affirme dans ses propos. Il souligne une certaine contradiction de l'époque avec des personnes qui souhaitent avorter et d'autres qui dépassent la nature en intervenant médicalement pour pouvoir procréer. Selon lui, cette contradiction pousse alors à se questionner sur l'accueil d'un enfant dans la société de cette époque. Il faut aussi réfléchir sur les pratiques et où elles sont menées dans la société actuelle où il trouve qu'on a tendance à sur-valoriser la fécondité. Ainsi, même si c'est une intention louable, est-ce que chacun a un droit absolu à l'enfant et doit user de tous les moyens pour l'obtenir ? Il ne pense pas que cela soit juste d'un point de vue éthique. Pendant son intervention, quelques plans intercalés très rapides montre que le Dr TESTART a un sourire un peu ironique tandis que le Pr FRYDMAN garde les yeux baissés et que Dr ROSA prend des notes. (18'07)
Le troisième document (de 18:25 à 19:25) évoque la congélation et la conservation des « embryons », c'est à dire de l'ovule fécondé de quatre jusqu'à huit cellules, conçus en éprouvette, dans le cas de ce reportage. D'après une expérience réalisée sur près de 3000 veaux, les embryons de 4 à 8 cellules conçus en éprouvette peuvent être conservés à -196°C pour être réimplantés plus tard, sans que cela influe sur les cellules. Ce procédé permet alors d'obtenir des chances supplémentaires de concevoir un autre enfant lorsque le couple le souhaitera. Cependant, le ton pris par la voix off nous fait ressentir un certain scepticisme. Elle utilise notamment l'expression « laisse penser que » concernant la bonne conservation n'abîmant pas les cellules. Ce n'est donc pas une affirmation alors que les expériences et les études réalisées souhaitent montrer que c'est possible et vérifié. De plus, lorsque la voix off explique que la congélation des embryons permet de réimplanter plus tard pour donner une nouvelle chance, une petite musique débute et ne dure que le temps de cette phrase, comme si on voulait bien appuyer le propos et faire réfléchir celui qui visionne le reportage : est-ce que c'est bien ou mal d'utiliser ce procédé ? On notera également dans cette séquence l'absence d'êtres humains (on voit juste une main) et l'impression de froideur technique dégagée par le cadre du laboratoire. (19'25)
Réactions sur le plateau pour le document 3:
Pour le docteur Jacques TESTART, il paraît essentiel de se demander à qui appartiennent moralement ces embryons (aux géniteurs ou à la société ?) car les traitements hormonaux permettent d'obtenir plus d'ovules et donc d'en collecter davantage. Il faut alors décider de ce que l'on peut faire ou non des restants. Il insiste sur le fait que la réponse à cette question ne peut pas venir des médecins et qu'elle nécessite une consultation beaucoup plus large (sa formulation reste un peu vague). Au début de son intervention, il a d'ailleurs précisé que c'est la raison pour laquelle ses confrères et lui sont là ce soir, donnant ainsi à cette émission de télévision un rôle d'initiateur de débat et/ou de réflexion
Pour le professeur Jean ROSA, il n'y a pas de certitude absolue que la congélation des embryons soit sans conséquence sur la modification des cellules. Les scientifiques n'ont pas assez de recul sur l'expérience pour l'affirmer. De plus, l'animal n'est pas totalement identique à l'homme, ce qui laisse une marge de doute. Par rapport à la question éthique et morale, il souligne que la « Responsabilité sociale du scientifique » est un des thèmes de réflexion du récent colloque national sur la recherche et la technologie dont il a apporté les actes (gros plan sur l'ouvrage). Il insiste pour définir le mot éthique ("règles de comportement établies pour être correct par rapport au problème qu'on étudie") tout en précisant qu'il n'est pas philosophe.
La parole passe tout naturellement au Père Xavier THEVENOT qui définit l'éthique comme une réflexion sur les meilleurs chemins permettant d'humaniser la société et de dégager ce qui permet d'y vivre au mieux, ensemble, dans la joie de vivre.
Le docteur TESTART revient sur les risques et dangers de la congélation des embryons. En son sens, la composition des cellules n'est pas impactée par cette conservation. Par contre, le problème porte davantage sur la liberté de congeler un embryon vivant qui pourrait aussi bien naître plusieurs années ou des siècles plus tard. Il est cependant possible que l'embryon ne survive pas à la congélation. D'autre part, il est certain que les cellules ayant subi ce procédé ne sont pas modifiées. Le docteur évoque aussi la question d'une éventuelle valeur marchande de cet embryon qui pourrait devenir un commerce.
Catherine LABRUSSE se penche davantage sur la condition juridique de cet embryon. Il y a en effet une difficulté à déterminer le statut de celui-ci. L'embryon n'étant pas une "chose", il n'est pas objet de propriété et n'appartient pas à ses parents. Pour le droit, le corps est la personne. Ainsi, les réponses du droit sont quelque peu ambiguës. L'embryon possède une personnalité juridique (il peut hériter par ex.) mais seulement à condition d'être né vivant et viable. Cependant, la loi du 17 janvier 1975 (désormais abrogée, voir notes complémentaires) donne droit à l'intégrité pour l'embryon, dès le commencement de la vie.
Ce questionnement sur la définition du statut ou non d'embryon soulève alors les réactions d'autres invités. Jean ROSA considère que la définition n'est pas très claire, même dans le domaine scientifique. Son ton est un peu moqueur et il empêche C. LABRUSSE de reprendre la parole. Il affirme que ce n'est pas à un légiste de définir ce qu'est un embryon même s'il souhaite qu'il y ait des légistes dans les comités d'éthique. son ton exclamatif fait rire une partie des personnes présentes. On considère souvent qu'il y a embryon à partir de la 8ème semaine après la fécondation car il commence à prendre la forme d'un petit homme. Le Pr FRYDMAN définit dans le cadre de cette recherche qu'il s'agit plutôt d'embryons cellulaires. Ils représentent un potentiel de vie humaine mais en sont actuellement au stade cellulaire. Le Dr TESTART précise qu'à ce moment-là, l'embryon est encore un être indépendant de sa mère puisqu'il n'y a encore eu aucun contact avec l'utérus. Ce n'est donc pas encore exactement un embryon au sens strict du terme.
Le quatrième document (de 33:48 à 35:01) a été prêté par l'émission Planète Bleue. Il s'agit d'une vue au microscope avec une loupe à fort grossissement. Une micro-aiguille suffit à couper un ovule fécondé de bovin en deux parties viables et identiques en seulement 2 minutes. Cela permettrait alors de donner naissance à des jumeaux. La voix off explique que cette expérience a été diffusée à la télévision, le 3 février 1982 (même année que l'émission) en direct de l'INRA (Institut national de la recherche agronomique) dans le centre de Jouy-en-Josas (Île de France). L'expérience était effectuée par le biologiste Jean-Pierre OZIL. Elle n'a jamais été testée sur un ovule fécondé humain. (35'01)
Réactions sur le plateau pour le document 4 :
Au niveau éthique, Jacques TESTART est moins dérangé par le fait de partager un ovule fécondé en deux que par le fait de le congeler pour le réutiliser plus tard. Ce découpage pourrait fournir deux gros avantages à la FIV. Tout d'abord, cela pourrait donner des chances supplémentaires de concevoir des enfants pour les femmes infertiles, d'autant plus qu'une femme peut avoir de vrais jumeaux alors qu'une vache ne le peut pas. L'expérience devrait donc encore mieux fonctionner techniquement chez la femme. Ensuite, l'autre avantage est que l'on pourrait étudier la seconde moitié d'embryon pour voir s'il est viable ou non puisque les deux moitiés sont identiques. En effet, ce n'est pas réellement la FIV qui n'est pas maîtrisée car elle réussit dans près de 80 % des cas. Ce qui pose problème, c'est l'implantation de l'ovule fécondé dans l'utérus de la femme. Le fait de pouvoir étudier la second moitié permettrait alors peut-être de comprendre ce qui ne fonctionne pas.
Jean ROSA s'interroge sur l'éthique et le droit de toucher à ce qu'il appelle "pré-embryon". Il souligne le retard de la France par rapport aux américains qui se posent déjà toutes ces questions et possèdent des comités d'éthique depuis une dizaine d'années.
Pour le Père Xavier THEVENOT, il est d'abord préoccupant de réussir à définir le statut de cet être de huit cellules qui peut devenir une personne humaine. Il se questionne sur la limite à ne pas franchir. Cet ovule fécondé a une spécificité précise et une continuité qui lui permet d'être humain, de devenir une personne humaine (ce n'est pas une cellule animale ou végétale de base). Il faut donc réfléchir au respect que l'on souhaite donner à ces cellules. Ainsi, si l'on fait des expériences de la sorte sur des cellules embryonnaires, qui dit que l'on n'ira pas de plus en plus loin, sur des étapes de plus en plus tardives, comme par exemple, sur des embryons déjà formés. Il reconnaît cependant les avantages théoriques que cela pourrait engendrer, notamment surveiller et éviter les malformations. Mais il regrette aussi la mauvaise place de la personne malformée dans la société. Celui-ci est difficilement accueilli puisque l'avortement est le plus souvent la solution utilisée face à ce problème. Comme il évoque l'amniocentèse qui permet de diagnostiquer un certain nombre d'anomalies, Paul LEFEVRE en demade la définition à Martine ALLAIN REGNAULT qui renvoie la balle au Pr FRYDMAN. La trisomie 21 est évoquée à travers le terme "mongolien" ainsi que l'avortement dont le père THEVENOT dit qu'il a vu à la TV qu'il devient systématique. Exclamation de Paul LEFEVRE : "La télévision n'est pas toujours le siège de la sagesse !"
Catherine LABRUSSE dénonce un vide juridique dans ce domaine puisqu'il s'agit d'une avancée scientifique très récente. Il faut cependant prendre garde à ce que l'embryon n'obtienne pas une valeur marchande, créant un marché financier. À son avis, il est essentiel et nécessaire de créer des centres agréés et surveillés par l’État (le ministère de la Santé) afin d'éviter la constitution de banques et de commerce d'ovules et d'embryons.
Le Dr TESTART précise que les médecins ont actuellement la possibilité technique de réaliser certains actes mais qu'ils se l'interdisent.
Jean ROSA parle de la formation d'un comité d'éthique expérimental dans l’hôpital universitaire de Créteil. D'après lui, il est essentiel que ce comité soit composé de gens compétents dans la discipline scientifique, mais pas seulement. Les spécialistes scientifiques ne constituent pas le savoir universel ; la population peut comprendre et donner son avis sur ces genres d'expérience par exemple et c'est aussi le message que l'on semble vouloir délivrer dans cette émission. Cependant, il faut aussi être conscient que la FIV est un procédé très récent, d'où la difficulté de donner un avis tranché sur le but thérapeutique par exemple. Il faut donc ouvrir la réflexion au milieu scientifique mais aussi à la société et prendre un recul critique sur l'expérience humaine. Évidemment, le nombre de naissance de cette manière est négligeable à cette époque, mais ce n'est pas une raison pour ne rien fixer et laisser la pratique et les choses qui y sont liées dans le flou. Au contraire, c'est le moment où il faut définir et baliser les chemins dans lesquels les scientifiques se lancent. Il est nécessaire que chacun comprenne bien de quoi il est question avant de trancher un avis. C'est pour cela qu'il est essentiel d'informer, de bien expliquer à tous pour assurer la bonne compréhension car le bon sens populaire est déterminant. Cependant, personne sur le plateau ne va jusqu'à préciser les modalités pratiques d'une consultation de la population. Le Pr FRYDMAN souligne que grâce aux média et notamment à la télévision, ça fait un moment qu'il y a un certain "bouillonnement" concernant les questions de reproduction. Et même si la recherche dans le domaine n'est pas encore très avancée en 1982, Jean ROSA est conscient que cela va vite évoluer et qu'il y aura de nombreuses questions à trancher. Il donne l'exemple d'une situation pouvant se produire : si on implante l'embryon dans une autre femme que celle ayant donné son ovule, qui est la mère ? Cette question soulevée montre bien la conscience du médecin face à une procédure nouvelle mais risquant d'évoluer très rapidement.
Supplementary notes
(français)
Fiche rédigée par Marie JANOT.
Loi du 17 janvier 1975 relative à l'interruption volontaire de la grossesse abrogé par Ordonnance 2000-548 2000-06-15 art. 4 II JORF 22 juin 2000. Article 1: "La loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie. Il ne saurait être porté atteinte à ce principe qu'en cas de nécessité et selon les conditions définies par la présente loi".
Loi du 17 janvier 1975 relative à l'interruption volontaire de la grossesse abrogé par Ordonnance 2000-548 2000-06-15 art. 4 II JORF 22 juin 2000. Article 1: "La loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie. Il ne saurait être porté atteinte à ce principe qu'en cas de nécessité et selon les conditions définies par la présente loi".
References and external documents
(français)
Bibliographie:
Physiologie, pathologie et thérapie de la reproduction chez l’humain pp 63-71, chapitre : Histoire de la fécondation in vitro par J. Mandelbaum
Webographie:
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000700230
https://www.fiv.fr/
http://www.fecondationinvitro.com/
http://histoire.inserm.fr/de-l-inh-a-l-inserm/l-inserm-de-1964-a-nos-jours
Physiologie, pathologie et thérapie de la reproduction chez l’humain pp 63-71, chapitre : Histoire de la fécondation in vitro par J. Mandelbaum
Webographie:
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000700230
https://www.fiv.fr/
http://www.fecondationinvitro.com/
http://histoire.inserm.fr/de-l-inh-a-l-inserm/l-inserm-de-1964-a-nos-jours
Contributors
- Record written by : Marie Janot
- Record translated into English by : Sherry Stanbury