Traumatologie de la danse (1985)

De Medfilm



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Titre :
Traumatologie de la danse
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Conseil scientifique :
Durée :
22 minutes
Format :
Parlant - Couleur - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Commanditaires :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

Cinémathèque MEDICIA série SRILANE
Traumatologie de la danse
Marcel LEMAIRE François COMBELLES
Groupe de chirurgie orthopédique et de traumatologie sportive de Paris
Avec la collaboration de : Jacques PARIER (INSEP), Vincent CHASSAING (Pour l’arthroscopie), Service radiologique Clinique des Maussins PARIS, Jean-Louis JULY, Centre de cure marine TREBOUL-DOUARNENEZ
Images : René Gosset, Philippe Morice
Montage : Laurent Louchet
Réalisation : Eric DUVIVIER
Avec la participation de WILFRIED PIOLLET, JEAN GUIZERIX danseurs étoiles, JEAN-CHRISTOPHE PARE Premier danseur, BALLET NATIONAL DE L'OPÉRA DE PARIS

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Traumatologie de la danse.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Présentation des différents aspects de l’accompagnement des danseurs de haut niveau par la médecine, à savoir : le diagnostic clinique de la pathologie, les opérations et le suivi post-opératoire (rééducation).

Contexte

Les progrès dans la traumatologie du sport

Le parcours des chirurgiens Lemaire et Combelles, associés et auteurs de ce film, lie la chirurgie et le sport. En 1974, le PSG accèdant à la première division, son entraîneur Just FONTAINE demande à Marcel LEMAIRE de former une équipe médicale, qui, à l’époque, se limitait à la traumatologie sportive naissante. Le docteur François Combelles l'y rejoint : "C’est pendant cette année que se scella notre amitié, qui allait se conclure par notre association en 1978." la suite du parcours par Lemaire lui-même : "instruit par les réunions de Cochin, je suis devenu peu a peu un petit orthopédiste. Jusqu'au jour où, étant surchargé de travail, j'ai du choisir entre l'orthopédie et la chirurgie thoraco abdominale. Je suis venu à la clinique des Maussins que j'ai rajeunie par la traumatologie du sport et, rapidement, je me suis encore plus limité a la chirurgie des ligaments du genou ". (Interview Journal du sport sur le site genou.com ; http://www.genou.com/lemaireinterview.htm) En 1980, à cause de l'intensité de leur activité, Lemaire et Combelles veulent étendre leur association à d’autres chirurgiens et fondent le Groupe de Chirurgie Orthopédique. D'après François Combelles : "Très connu dans le monde du sport en général et du football en particulier, Marcel LEMAIRE était ignoré du monde orthopédique. La description de son signe et de sa technique chirurgicale, n’avait jamais pu être publiée dans la revue du chirurgie orthopédique (RCO), mais simplement dans le journal de chirurgie en 1967. Il fallut attendre 1980, pour que sa technique soit publiée dans la RCO et parallèlement lors du 1er congrès de chirurgie du genou organisé à Lyon par le professeur TRILLAT, le « nouveau monde découvre l’ancien » et que GALWAY explique que son PIVOT SHIFT, était semblable au signe de Lemaire décrit beaucoup plus tôt."

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Comme d’autres films d’Éric Duvivier (La_contraception_moderne, Les_voies_de_la_douleur, Renaissance des plantes médicinales), le film commence par la présentation d’une œuvre d’art qui sert à planter le décor et à introduire le sujet. Il s’agit ici de sculptures de bronze d’allure assez massives représentant des danseurs classiques annonçant les véritables danseurs au corps « sculpté » et musclé du film. Les œuvres ne sont jamais vues en entier, les plans sur une jambe, des bras, un pied préfigurant les gros plans sur les membres des patients montrés dans le film. La présentation artistique se poursuit par une séquence montrant trois danseurs classiques en action.
Le début du commentaire fait l’objet d’un rapport verbo-iconique très étroit. En effet, l’explication de la façon dont les contraintes que les danseurs imposent à leurs corps peut leur causer des blessures musculaires et ostéo-articulaires est soutenue par des plans de plus en plus larges sur des danseurs en action qui montrent directement ce que leurs mouvements peuvent avoir d’extrême par rapport aux possibilités anatomiques du corps humain : gros plan au ralenti sur des pieds chaussés de chaussons de danse en train de faire des pointes et des pliés (tendinites rotuliennes et achilléennes), plan plus large sur le danseur (dont on ne voit pas la tête) qui fait ces mouvements (lésions méniscales et ligamentaires), plan d’ensemble sur une danseuse au sol (lésions chroniques dégénératives de la hanche).
Une fois ce décor planté, le film entre dans le vif du sujet en abordant les aspects médicaux de la traumatologie de la danse dans l’ordre chronologique : examen du patient – opération chirurgicale – rééducation. Cette progression, des éléments artistiques aux éléments médicaux, est soutenue par une bande-son parfaitement accordée au contexte de la danse classique : Danses Concertantes d’Igor Stravinsky (Stravinsky a également composé la musique des ballets Le Sacre du printemps, L’Oiseau de Feu et Petrouchka créés par Les Balles russes).
Sur l’ensemble du film, le corps du danseur est montré de façon variée (en mouvement à travers son art et ses capacités athlétiques (il fascine alors par sa puissance et sa finesse), sur des radiographies, « ouvert » pour des opérations chirurgicales, un peu ralenti au début de la rééducation) mais toujours au service du propos médical et d’une intention pédagogique.
Tous ces éléments combinés soutiennent l’intérêt du spectateur et évitent que le film ne se limite à une présentation magistrale et aride de pathologies et de techniques chirurgicales et rééducatives.

Pendant les séquences d’examen des patients, les médecins commentent non-stop leurs gestes en utilisant des termes médicaux extrêmement précis et spécialisés, ce qui ne paraît pas très naturel si on imagine qu'ils s'adressent uniquement au patient présent. Même avec certaines connaissances anatomiques, comment ces patients pourraient-ils ne pas être noyés sous cette avalanche rapide de termes très techniques ? Ces séquences sont manifestement davantage un cours ou un rappel sur la façon de procéder à un examen du genou adressé aux spectateurs-médecins (et éventuellement kinésithérapeutes ?) qu’un examen clinique authentique.
Le recours au gros plan, au ralenti et à l’imagerie médicale est fréquent, dans un souci pédagogique. Les gestes chirurgicaux par exemple sont filmés en gros plan et en détail. Ils sont commentés avec beaucoup de précision, en employant tous les termes techniques nécessaires (cf. le nom des instruments chirurgicaux).
Le film se termine comme il a commencé sur une séquence dansée (et une statue en bronze) mais cette fois-ci, ce sont des mouvements encore plus spectaculaires et associés à un passage musical devenu fort et joyeux qui ont été choisis pour exprimer la joie de l’athlète qui a retrouvé ses possibilités physiques et expressives. Comme au début, le lien entre l’image et le commentaire est très étroit : « Ainsi, tout concourt à la réinsertion du danseur qui retrouve les moyens physiques indispensables à son art. Libéré de tout handicap, le corps est à nouveau prêt à se plier aux dures exigences de la créativité. »
Un dernier élément « boucle la boucle » de la thématique de la danse-spectacle puisque le film se termine par un baisser de rideau.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

À travers les explications des médecins (adressées directement aux spectateurs dans le cas du commentaire d’une radiographie ou indirectement lors des examens cliniques), les actes chirurgicaux et les séances de rééducation, c’est la médecine qui est l’héroïne de ce film. Les patients ne sont jamais amenés à exprimer ni leurs éventuelles difficultés ou douleurs suite à l’opération ou en cours de rééducation, ni leurs angoisses (par rapport à la récupération de toutes leurs capacités physiques par exemple). Seuls deux plans fugaces sur le visage d’une patiente (à 11’04 et 12’07) laissent deviner une certaine inquiétude. On remarquera la direction du regard de cette femme, vers le haut du côté du médecin (il est debout alors qu’elle est assise), qui la place dans une position de dépendance et de grande vulnérabilité. Il n’y a pas d’interrogation sur les méthodes médicales appliquées. Les blessures paraissent toujours guéries et rapidement. Il y a même une certaine idée de facilité, notamment en ce qui concerne la rééducation.

Lorsque le film mentionne l’instauration d’une relation de confiance avec le patient, il ne s’agit plus de la relation patient-médecin mais patient-kinésithérapeute (« Le massage permettra, en dehors des diverses manœuvres purement techniques, d’établir un contact privilégié qui va faciliter la relation patient-thérapeute et la mise en confiance nécessaire au bon déroulement des protocoles de soins. » (15’30)) Ceci contribue, par contraste, à donner de la médecine une idée assez mécanique, technique (réparation des corps blessés), voire froide. De la même façon, lors des séquences d'opération chirurgicale, la caméra est braquée presque exclusivement sur les mains du chirurgien et sur le lieu très précis de l'intervention chirurgicale sur le membre du patient;

On remarque enfin que ce film n’évoque pas les sujets suivants : prévention des traumatismes liés à la danse (seul l’échauffement est évoqué rapidement par une patiente), épidémiologie, prise en charge postopératoire immédiate, rééducation en ville après le séjour en centre de cure (quelle est la part de la promotion du centre de cure marine où les séquences de rééducation ont été tournées véhiculée par ce film ?), durée totale de la rééducation, sans doute parce que son propos est centré sur la prise en charge médicale, chirurgicale et rééducative stricte dans un souci didactique et peut-être économique (un film exhaustif aurait été plus long et aurait coûté plus cher).

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Congrès de spécialistes

Communications et événements associés au film

Public

Professionnels de santé.

Audience

Descriptif libre

Introduction artistique
Générique de début : Cinémathèque MEDICIA, Série SRILANE, présentation du titre.
Deux séquences se succèdent avec une présentation formelle des contributeurs, réalisateur, monteur, etc, avec en fond musical Stravinsky (Danses concertantes) et en fond visuel différents plans sur des statues de danseurs en bronze dont les muscles sont particulièrement saillants (01’06) La voix off introduit le sujet de film : le corps et la danse. Trois danseurs exécutent plusieurs mouvements captés en plan large. La musique de Stravinsky continue d’être jouée. (01’32)
Les exigences de la danse rendent le corps du danseur vulnérable
Le plan précédent se termine par la présentation des zones les plus exposées aux traumatismes chez les danseurs : pieds, genoux et hanches. Gros plan sur les chevilles d’une danseuse classique en train de faire des pointes. Cette zone de jonction est bien plus sollicitée que dans d’autres sports et les sauts à répétition sont facteurs de tendinites. Celles qui touchent le tendon d’Achille ou la rotule vont souvent entraîner des interruptions d’activités - parfois longues - chez le danseur professionnel. (01’57)
Le plan s’élargit, un danseur vêtu d’une tenue anthracite exécute plusieurs sauts. Cette séquence met en évidence le fait que c’est l’articulation du genou qui est la plus sollicitée. Une rotation au-delà des limites physiologiques peut être à l’origine de lésions méniscales ou ligamentaires. (02’16)
Une danseuse vêtue de blanc est assise sur un sol noir, elle plie les jambes, allonge le dos. Une comparaison est faite entre la fragilité de l’articulation du genou et la stabilité de la hanche qui sera plus exposée à des lésions dégénératives douloureuses, difficiles d’accès au traitement. (02’44) Ces trois séquences servent de transition entre la présentation purement artistique du début du film et l’information sur les aspects médicaux de la traumatologie de la danse.
Examens médicaux
Nous quittons les salles de danse, la caméra s’invite dans un cabinet médical où une danseuse en sous-vêtements réalise un grand écart devant un appareil de radiologie.
Très gros plan sur une radiographie de face du bassin, présentée en biais. Le rôle de la tête fémorale dans la réalisation du mouvement précédent est expliqué. Arrêt de la musique. La voix change, un doigt indique la localisation de l’usure prématurée de la hanche chez le danseur sur une radiographie exposée sur un négatoscope. Le plan s’élargit, on aperçoit de biais le visage du radiologue qui fournit cette explication. (03’08) Le spectateur entre dans l’intimité d’une salle de consultation. Une patiente, supposément danseuse, vêtue d’une robe colorée est invitée par un médecin à s’allonger. Elle consulte après une chute. En arrière plan, on distingue un négatoscope éteint et une armoire faisant l’angle de la pièce.
L’examen médical fait suite aux descriptions des plaintes par la patiente. Il se rapproche de la discipline rhumatologique. Se succèdent des examens du plan interne (ligament interne et ligament externe), du ligament croisé (absence de tiroir), qui démontrent l’absence de ressort en rotation interne ou externe. Absence de signe de Lachman (révélateur d’une pathologie du ligament croisé antérieur). Le médecin insiste plusieurs fois sur la nécessité pour la patiente d’être bien relâchée. Il cite très rapidement une grande quantité de termes techniques sans vraiment se soucier de savoir si la patiente le suit. Cette séquence paraît peu naturelle. Elle ne correspond probablement pas à un examen authentique mais semble davantage destinée à la formation des spectateurs du film (médecins, kinésithérapeutes, etc.) (04’12)
Très gros plan sur un genou pathologique manipulé par des mains gantées. Les différents signes cliniques visibles sont exposés : tiroir antérieur, ressaut en rotation interne, un signe de Lachman positif. (04’43)
Retour dans la salle de consultation, gros plan sur le genou gauche douloureux de la patiente qui subit des torsions par le médecin. (04’50)
Projection du résultat d’un examen complémentaire : l’arthrographie liquide. Un médecin hors champ en explique l’utilité : la visualisation des ruptures méniscales. (04’57)
Traumatologie du genou
Résection arthroscopique d’une rupture méniscale. Le spectateur est invité dans une salle de bloc. Seules 4 mains gantées sont visibles, un instrument est introduit dans un genou qui présente une rupture méniscale.
Arthroscopie ligamentaire (05’08) 
Le plan s’élargit, le chirurgien introduit un instrument visant à réaliser une arthroscopie qui permet - sous contrôle vidéo - d’explorer tout le genou.
Gros plan sur le vidéoscope. Un crochet mousse est introduit et permet de palper une rupture du ligament croisé antérieur. Le plan s’élargit, on voit des mains gantées manipuler les instruments en se repérant sur le vidéoscope, dans le silence. Gros plan sur le vidéoscope. La palpation du ménisque interne découvre une lésion inférieure de la corne postérieure. Le crochet est introduit dans la fente méniscale dans le but de délimiter la zone pathologique à réséquer Le plan s’élargit, on voit des mains gantées sectionner la corne postérieure du ménisque interne, sous contrôle vidéoscopique. Extraction méniscale à l’aide de la pince à ménisque. Gros plan sur un artefact du ménisque qui est déposé sur la table d’instruments du chirurgien. Retour sur la vue vidéoscopique où le chirurgien nivèle les restes du mur méniscal pour éviter la persistance de fragments mobiles. Élargissement du plan. Vérification des autres compartiments du genou et retrait de l’arthroscope. (07’00)
Suivi postopératoire
La musique classique reprend. Dézoom progressif sur une danseuse assise, un homme se tient à sa droite (on ne voit la tête ni de l’un ni de l’autre) et manipule son genou recouvert d’un pansement qui - une fois retiré - laisse apparaître la cicatrice d’une opération chirurgicale récente (une arthroscopie datant de quatre jours). La rééducation va pouvoir commencer pour cette patiente.

Avec l’aide de l’homme - qui semble être médecin - elle se lève, exécute quelques mouvements avec son pied. On voit son genou tourner ; il est décrit comme sec mais très mobile. (07’27)
Chirurgie d’une rupture du ligament croisé antérieur
Le recours à la plastie extra articulaire selon la technique de Lemaire est bien souvent nécessaire chez les danseurs, lors d’une rupture du ligament croisé antérieur notamment. Elle ne nécessite pas de plâtre et permet une rééducation rapide. Le spectateur voit apparaître un scialytique en contre-plongée, ce qui lui signale que la scène suivante aura lieu au sein d’un bloc opératoire. Le genou du patient est filmé sur sa face externe, là où est réalisée l’incision. L’objectif de cette plastie est de freiner la rotation interne exagérée du tibia sous le fémur à l’aide d’une bandelette du fascia atteint. Cette dernière permet la disparition du ressaut à l’origine de l’instabilité. Différents plans du bloc opératoire sont réalisés. On y voit successivement deux personnes en tenues stériles puis la plaie filmée en gros plan. Celle-ci, maintenue ouverte par un écarteur, laisse entrevoir le passage de la bandelette sous le ligament latéral externe puis sous le périoste. Un plan légèrement plus éloigné filme la solidarisation de la bandelette au périoste à l’aide de quelques points de suture. Un second gros plan est réalisé lors du passage du fascia atteint dans le canal osseux permettant ainsi un solide ancrage. Pour finir, la bandelette est suturée à elle-même, sous bonne tension. D’autres méthodes de stabilisation peuvent être utilisées en particulier celles qui comportent un geste intra articulaire.
Sur toute cette séquence, on remarque que les quelques plans montrant la tête ou le visage du ou des chirurgiens sont extrêmement courts, voire fugaces. On ne voit la plupart du temps que leurs mains. (09’35)
Analyse d’une radiographie d’instabilité rotulienne par un médecin
Nous quittons le bloc opératoire pour rejoindre une salle d’auscultation où une jeune danseuse met en rotation externe son squelette jambier. Le radiologue déjà vu précédemment (03’08) détaille la radiographie d’un genou en constatant que l’instabilité de cette articulation n’est pas toujours d’origine ménisco-ligamentaire. Il s’agit ici d’une instabilité rotulienne à trente degrés de flexion en rotation externe avec une rotule basculée et subluxée. Lorsque la radiographie axiale est insuffisante, la réalisation d’un scanner est indispensable. Ce dernier permet une étude de l’enroulement fémoro-patellaire de zéro à quinze degrés. (10’13)
Traumatologie du pied
Pieds nus d’une femme réalisant des pointes filmés au ralenti sur fond de musique classique (Stravinsky, cité ci-dessus). Ce plan met en évidence l’importance de l’alignement du pied et de la jambe sur pointe.
Toujours sur fond de musique classique, reprise de la même position mais devant un appareil de radiographie cette fois. L’alternance de prise de vue réelle et de radiographie filmée permet de montrer que dans la position de demi-pointe, les cinq orteils de la danseuse supportent le poids de tout le corps. Les traumatismes de l’avant pied peuvent donc entrainer des fractures et des luxations des orteils. (10’45)
Diagnostic clinique d’une pathologie musculaire
En salle d’auscultation, une patiente danseuse est assise sur la table d’examen. Le médecin lui demande si elle a eu des accidents musculaires tels que des élongations auparavant. Elle lui répond que dans le cadre de son métier, les élongations aux adducteurs ainsi que les contractions du dos ne sont pas rares. Il la questionne ensuite sur le déroulement de l’accident au mollet pour lequel elle est venue le consulter. D’après elle, elle réalisait un saut quand, au moment de poser le pied au sol, elle a ressenti une forte douleur dans le mollet, comme un coup de fouet. Elle avait pourtant bien réalisé tous ses exercices mais signale qu’avant même de commencer son saut, elle avait les mollets « fatigués ».
La voix off explique que les accidents musculaires sont moins graves mais n’en sont pas moins préoccupants pour les danseurs. De plus, ils sont extrêmement fréquents. La plupart du temps, ils relèvent de la médecine générale, l’acte chirurgical reste exceptionnel.
Cette séquence filmée en plan large et montrant en même temps la patiente assise et le médecin debout est interrompue à deux reprises par un plan poitrine rapide sur la patiente où cette dernière a un visage soucieux. C’est le seul endroit du film qui fait allusion (très rapidement et uniquement visuellement) à une possible inquiétude des patients par rapport à ce qui leur arrive. (10’09)
Chirurgie d’une rupture du muscle droit antérieur
Cette nouvelle séquence impressionnante d’opération chirurgicale emploie les mêmes procédés que précédemment. Elle est filmée en gros plan, commentée avec force détails et seules les mains gantées du chirurgien apparaissent. Un seul gros plan rapide sur le visage du médecin montrant essentiellement ses yeux et donnant une impression de forte concentration interrompt momentanément la séquence.
Transition vers la présentation de la rééducation (les suites postopératoires immédiates sont passées sous silence) : « Dans tous les accidents, qu’ils soient musculaires ou ostéo-articulaires, la rééducation tiendra une place de choix. » (13’12)
La rééducation fonctionnelle
Face à plusieurs radiographies, un médecin rappelle qu’avant toute rééducation fonctionnelle, il y a 3 contre-indications :

  • les arthroses évoluées tant fémoro-patellaire que fémoro-tibiale
  • ̈les différents types de chondropathie
  • les poussées inflammatoires aigues.

Le plan suivant montre le genou pourvu d’une cicatrice importante d’une patiente qui se prépare à une carrière de danseuse. Elle a subi une plastie externe du ligament croisé antérieur et une méniscectomie interne partielle. Tout en faisant la démonstration des manipulations correspondantes, le médecin explique qu’il libèrera d’abord les adhérences et dermalgies péri-cicatricielles au niveau des téguments. La rotule fera l’objet d’une mobilisation passive tant latérale que verticale. Quant aux médicaments et à la physiothérapie, ils seront utilisés afin de traiter l’arthrose post-opératoire. Ensuite sera envisagé un travail de gain d’amplitude ainsi qu’un renforcement musculaire du membre inférieur. Ce n’est qu’à ce dernier stade que le corps de la patiente apparaît en entier (elle est allongée sur un lit d’examen).
Sur les exercices qui suivent (travail de flexion/extension de la jambe, appuis à la marche, rotations en flexions, verrouillage et déverrouillage du genou), le cadrage coupe la tête de la patiente. En revanche, on voit celle du médecin qui a un genou en terre pour mieux observer les mouvements de la patiente. De nouveau, les explications et commentaires donnés par le médecin arrivent en rafales et semblent davantage destinés aux spectateurs du film qu’à la patiente elle-même.
Annonce de la rééducation en terrain naturel (pré-footing) avec un plan sur la patiente et le médecin au même niveau (elle est assise sur le lit d’examen, il est penché sur son genou). (15’20)
Discrète allusion au sponsor/commanditaire du film
Massage du genou d’une patiente avec une pommade aux propriétés myorelaxantes et anti inflammatoires (on rappelle que ce film fait partie de la série SRILANE. Cf. Notes complémentaires). Outre son effet analgésique, le massage permet d’établir un contact privilégié entre le patient et le thérapeute. Cette confiance est nécessaire au bon déroulement des protocoles de soin. On peut s’étonner que cette nécessité n’apparaisse qu’à ce stade de la prise en charge. Dans les examens cliniques et les opérations chirurgicales qui ont précédé, le corps du danseur n’était-il envisagé que sous son aspect mécanique ? Les plans très centrés sur les organes pathologiques et l’absence d’espace laissé à la parole des patients permettent de le supposer. (15’55)
Techniques de rééducation
Le déroulement et les bienfaits des séances d’hydrothérapie, de mécanothérapie, de gymnastique face au miroir et de piscine sont détaillés avec la même précision que dans tout ce qui précède. On note néanmoins un tournant à ce stade du film (déjà partiellement amorcé avec la séquence sur le massage avec la pommade). D’une part, le corps des patients (désormais parfois appelés « sujets ») est montré en entier beaucoup plus souvent et d’autre part, la prise en charge a désormais un objectif beaucoup plus large que précédemment. Exemples : « Des techniques sédatives permettront au sujet de se réconcilier avec son membre traumatisé. » (16’18) ; « La gymnastique devant le miroir donne au danseur la possibilité de bien réintégrer l’image du membre blessé au sein de son schéma corporel » (16’40).
À partir de la séance de travail en piscine, on remarque qu’il y a nettement plus d’hommes que de femmes dans le groupe en rééducation alors que dans toutes les séquences précédentes, il y avait une majorité de femmes. (17’45)
La rééducation en extérieur, un travail global
La gymnastique en extérieur s’effectue de la même manière que la gymnastique en intérieur, en appui sur le membre blessé, à l’aide des mains et du membre inférieur sain. Cet exercice est réalisé au bord de la mer, en groupe. La séquence alterne entre des plans sur les danseurs en exercice et sur le visage d’un homme qui regarde les danseurs, avec au loin une planche à voile sur la mer comme pour « authentifier » le décor (la station de cure marine de Tréboul Douarnenez annoncée au générique). Le thérapeute apporte au danseur en exercice un contact physique pour l’aider à réaliser le mouvement, en plus d’explications orales. Les exercices sont semblables aux mouvements de danse à la barre, afin de proposer une rééducation adaptée au métier du danseur.
L’environnement naturel permet des exercices qui s’adaptent à la progression du danseur. Les exercices pieds nus en immersion partielle au bord de l’eau assurent un bon amortissement et une bonne prise de conscience des appuis plantaires. Les différents plans montrent les pieds et les chevilles des danseurs qui courent dans l’eau, puis leur corps tout entier.
Le plan suivant est un ralenti, qui montre de nouveau des jambes qui courent au bord de l’eau. L’empreinte du pied dans le sable est comparée à un "podoscope dynamique" qui représente les appuis du danseur pendant son mouvement. Le mouvement et les muscles et os qu’il mobilise sont décrits plus en détail, pendant que l’on voit à l’image le pied lors de la course, une première fois de face puis de dos.
Le plan suivant montre le même type d’exercice, cette fois-ci en chaussures, la course s’effectuant entre les rochers, ce qui conduit à un retour des réflexes de correction des ceintures pelviennes, scapulaires et rachidiennes et une automatisation du geste. La proprioception globale qui est travaillée permet une préparation au retour du danseur dans sa pratique professionnelle.
Le footing est pratiqué en troisième semaine et permet la synthèse de tous les progrès, avec en plus un travail de l’endurance, des efforts cardio-vasculaires et de l’utilisation automatique des réflexes posturaux. Le plan montre de nouveau des danseurs courant en groupe au bord de la mer, avec quelques obstacles, comme le fait de devoir monter sur un banc, descendre des escaliers. Les roches instables permettent la fixation du membre inférieur et l’adaptation des appuis plantaires. L’effet de groupe et l’environnement marin constituent une stimulation permettant des progrès plus rapides et moins difficiles. Lorsqu’on peut les apercevoir, les visages sont concentrés mais détendus, parfois souriants.
Les danseurs auront accès par la suite à une rééducation adaptée en ville, avec le contrôle du praticien et un entrainement en salle. Ces différents éléments concourent à la rémission globale du danseur. Le plan est ralenti, les danseurs courent de nouveau entre les rochers, la musique est vive, en contraste avec l’image lente et légère. Le corps est libéré de toute contrainte, et les danseurs semblent voler entre les rochers. (21’32)
Retour à l’art de la danse, la boucle est bouclée
Cette partie annonce la fin du film et fait écho à ses toutes premières séquences. Le premier plan montre deux danseurs, une femme et un homme, qui réalisent un mouvement de danse complexe et dangereux. Il n’y a pas de voix off, juste de la musique (Stravinsky encore). Le plan suivant annonce le mot FIN et montre une statue de bronze représentant deux individus en mouvement, semblables à des danseurs. Enfin l’image devient noire de haut en bas comme un baisser de rideau. Toute l’information médicale de ce film est désormais contenue entre deux présentations artistiques de son thème.

Fonds Eric Duvivier code 576.

Notes complémentaires

Srilane (idrocilamide) était un traitement local sous forme de pommade, utilisé en traumatologie bénigne dans le domaine du sport et de la danse. Srilane 5% était une pommade indiquée dans le traitement local d’appoint de la douleur en traumatologie bénigne (entorse, contusions) et de la lombalgie. Il n’est plus commercialisé depuis octobre 2018.

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Louise-Lamya Dali-Youcef, Reda El-Ghazali, Amandine Voirand, Élisabeth Fuchs


Erc-logo.png  Cette fiche a été rédigée et/ou traduite dans le cadre du projet BodyCapital, financé par l'European Research Council (ERC) et le programme de l'Union européenne pour la recherche et l'innovation Horizon 2020 (grant agreement No 694817).