Le pauvre homme est mort dans un hôpital militaire (1916)

De Medfilm



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Titre :
Le pauvre homme est mort dans un hôpital militaire
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Interprétation :
Durée :
18 minutes
Format :
Muet - Noir et blanc -
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :

Générique principal

Умер бедняга в больнице военной (Le pauvre homme est mort dans un hôpital militaire)
Кино драма в четырех частях (Film dramatique en quatre parties)
По стихотворению августейшего поэта К.Р. (Basé sur un poème de l'auguste poète Constantin Constantinovitch de Russie (Romanov))
Постановка режиссера А.С. Ивонина (Réalisé par A.S. IVONINE)
Военно-кинематографический отдел Скобелевского комитета (Le département de la cinématographie militaire du Comité de Skobelev)


Opérateur : Alexander Levitskiy Acteur principal : Nikolaï Saltykov

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Transposition du poème de Constantine Constantinovitch intitulé Il est mort (et publié en 1885) au contexte de la Première Guerre mondiale.

Genre dominant

Fiction

Résumé

Ce film raconte l'histoire d'un jeune homme qui écoute le récit d'un vétéran de la guerre russo-turque de 1877-1878. Ce vétéran raconte ses faits d'armes pendant le combat. Il a reçu la Croix de Saint George des mains du général Skobelev lui-même. Enthousiasmé par ce récit, le jeune homme devenu soldat pendant la Première Guerre mondiale, fait l'acte de courage suivant : il sauve la vie de son commandant blessé en le ramenant à l'arrière. Après, il est blessé à son tour et envoyé à l'hôpital, où il reçoit la Croix de Saint George pour le sauvetage de son commandant. Il envoie une lettre de l'hôpital à sa famille pour leur annoncer qu'il est blessé. Avant de mourir, il demande à l'infirmière d'envoyer sa médaille à son fils.

Contexte

Le 1er août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la Russie. En 1916, la Russie a perdu la Pologne, la Lituanie et la Courlande (est de la Lettonie). Il y a trois fronts : le front ouest (contre l'Allemagne), le front sud (contre l'empire austro-hongrois) et le front du Caucase (contre l'Empire ottoman).

Constantine Constantinovitch de Russie (Romanov) – (1858-1915)
Grand-duc de Russie, petit-fils de Nicolas Ier et neveu d’Alexandre II. Il est surtout connu comme dramaturge, poète et traducteur. Il est connu dans les cercles littéraires de son époque sous le nom de pseudonyme de K.R.
Mis en musique en 1909, le poème qui a inspiré ce film, Il est mort, a été chanté par Nadejda Plevitskaïa (née en 1879 ou 1883 ou 1886 - décédée en 1940), chanteuse russe, interprète de chansons populaires russes et de romances. Cette chanson a eu un succès considérable en Russie.

Mikhaïl Dmitrievitch Skobelev – (1843-1882)
Général russe connu pour la conquête de l'Asie centrale et ses actions durant la Guerre russo-turque de 1877-1878. Il était surnommé le "général blanc" car il allait au combat sur un cheval blanc et était lui-même souvent habillé de blanc.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Oui.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le film reprend un texte très connu (un poème de Constantine Romanov), si populaire qu'on en a même fait une chanson (voir ci-dessus § Contexte et ci-dessous § Informations complémentaires). Cependant, au lieu de rester fidèle au contexte historique du poème (la guerre russo-turque de 1877-1878), il le transpose à l'époque de sa production, c'est-à-dire au moment de la Première Guerre mondiale. Pour cela, des scènes de fiction jouées par des acteurs sont habilement mélangées à des séquences issues des actualités cinématographiques. En exaltant le sens du devoir, l'héroïsme et le sacrifice de deux hommes (le vétéran qui a perdu une jambe et le jeune homme qui perd la vie), le film donne aux jeunes soldats des exemples de courage à suivre. Ils seront récompensés par des médailles et ils obtiendront la reconnaissance de leur famille et de leur patrie.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Le film montre les soignants au plus près des combats. La tente rudimentaire qui sert d'hôpital de campagne est d'ailleurs si proche du front que le jeune homme prend une balle quelques instants après y avoir déposé son commandant.
Les soldats ont des notions de premiers secours rudimentaires (le jeune homme se fait lui-même un bandage à la main). On ne voit cependant pas d'acte médical qui requiert une compétence technique particulière. En revanche, on voit plusieurs scènes d'évacuation de blessés. L'hôpital militaire dans lequel ils sont amenés n'est pas non plus présenté comme le théâtre de soins très élaborés ; c'est le lieu d'une remise de médaille et de la mort du héros.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

En Russie, dans les casernes militaires.

Communications et événements associés au film

Public

Soldats de l'armée régulière russe.

Audience

Descriptif libre

Ce film n’est pas un film médical. Il a pour sujet le poème de Constantine Constantinovitch de Russie (Konstantin Romanov) intitulé Il est mort (Le pauvre garçon est mort dans un hôpital militaire) (1909). Le film combine des actualités cinématographiques et des séquences de fiction.

(0.00 – 1.01) Introduction
Le film commence par un carton qui reprend une partie du poème de Constantine Romanov : "Dans l'auberge sur le chemin du retour - Pierre s'est couché avec son père plus d'une fois... - Ici, il a appris et entendu beaucoup de choses... - Chaque nouveau passant raconte une nouvelle histoire ! (В избе постоялой с дороги обратной - С отцом ночевал Петр не раз...ут много узнал и услышал...- Что новый прохожий, то новый рассказ !) Cette première partie est fictionnelle. Dans une auberge, trois hommes mangent à une table à l’arrière-plan et trois autres hommes (deux adultes et un jeune homme) boivent du thé au premier plan. À [0: 12], un vieil homme entre. Il a une prothèse au pied droit et porte des médailles sur sa veste. Les hommes à l'arrière-plan se lèvent de table, le saluent et l'invitent à se mettre à table avec les trois hommes au premier plan. À [0: 33], le vieil homme commence son récit que les autres écoutent attentivement. En même temps, le jeune homme lui sert du thé et coupe du pain.
Cette scène montre combien les vétérans sont considérés en Russie. Le jeune homme a une réaction très symbolique. Il observe attentivement les médailles sur la veste du vétéran, parce qu’il brûle de faire preuve du même courage.

(1.02 – 2.35) La réalité du front
Dans le poème de Constantine Romanov, le vétéran raconte ce qui lui est arrivé pendant la guerre russo-turque (1877-1878) mais en réalité, dans ce film, il raconte des épisodes de la Première Guerre mondiale. D’abord, huit soldats dans une tranchée tirent. À [1 :23], une mine de mortier explose. Les soldats se couchent dans la tranchée mais l’un d’eux (le sixième en partant de la gauche) est blessé. À [1 :38], les autres soldats le transportent dans la tranchée, vers la gauche.
Cette scène montre comment les soldats agissent quand l’un de leurs frères d’armes est blessé pendant la bataille : ils l’évacuent.
Dans la scène suivante, les soldats se reposent après la bataille pendant que les médecins prodiguent les premiers secours aux soldats blessés. À [2 :12] une ordonnance transmet un rapport et repart. À [2 : 14], des soldats transportent un blessé sur une civière attachée à deux chevaux.
Cette scène montre le mode de vie des soldats après la bataille, ainsi que le transport médical pour les soldats qui ne peuvent pas marcher eux-mêmes.

(2.35 – 6.50) Récit du vétéran. La blessure.
Dans cette partie du film, les actualités cinématographiques et le film de fiction sont entremêlés. [2 :36 - 2 :50] Film de fiction : les six hommes écoutent le récit du vieil homme qui gesticule énergiquement en faisant semblant de donner des coups d'épée.
[2 :51 - 5 :03] Assemblage de différentes séquences d’actualités cinématographiques qui illustrent le récit du vétéran. D’abord, des cavaliers et des soldats à pied transportent l'artillerie. À [4 :15], ils commencent à préparer l'artillerie pour la bataille. À [4 : 34] ils tirent.
[5 :04 - 5: 42] Des cavaliers avancent en colonne. [5 : 43 - 6 :50] Il y a une explosion, après laquelle l'attaque des cavaliers débute.
Ces séquences sont générales et montrent juste des scènes de bataille. Dans le contexte du scénario du film, ces actualités permettent la mise en images du récit du vétéran mais la chronologie ne correspond pas. En effet, le poème de Constantin Romanov raconte la guerre russo-turque de 1877-1878 alors que les images qui illustrent le récit du vétéran datent de la Première Guerre mondiale.

(6.50 – 8.00) Récit du vétéran. L’acte de courage
[6: 50 - 6 :55] Le vieil homme continue son récit . Il joint les mains et lève les yeux en exprimant sa gratitude. Il raconte son acte de courage dans toutes ses nuances (le sauvetage de son camarade blessé) et montre ses médailles au jeune homme qui est très impressionné. Pour lui, le vétéran est un modèle de soldat.
[6 :59 - 7 :39] Flash-back : trois hommes en noir se trouvent dans un hôpital militaire, ce sont des soldats blessés. Un médecin passe devant eux et s'arrête à l'entrée d'un corridor. Puis deux officiers de haut rang et le médecin-chef s’approchent des hommes en noir et les félicitent. L’un de ces officiers est le général Mikhaïl Skobelev qui s’est distingué pendant la guerre russo-turque. Il décore l’homme du milieu (c’est le vétéran dans sa jeunesse). Ce dernier est ému et très fier.
La présence du général Skobelev dans ce film est très intéressante. En réalité, il n’est pas cité dans le poème de Constantin Romanov. En revanche, le studio qui a produit Pauvre Garçon porte son nom !
[7 :39 - 8 :01] Le vieil homme continue son récit, le jeune homme l'écoute attentivement, toujours aussi impressionné. À [7 :49] le vieil homme enlève les médailles de la veste et les donne au jeune homme. Il est ému et s’essuie les yeux.
Cette scène montre que le jeune homme est encouragé à gagner des médailles comme le vétéran.

(8.02 – 12.53) L’histoire du jeune homme. Un acte de courage.
C’est la deuxième partie du film, l’histoire de jeune homme pendant la Première Guerre mondiale. [8 :01 - 8 :13] Le jeune homme est allongé sur un lit dans un hôpital militaire. Il souffre beaucoup et il tousse. Il se souvient de la bataille qui l’a mené là. De cette façon, le spectateur comprend que l’histoire du vétéran est finie et que l’histoire du jeune homme débute.
[8 :23 - 10 :14] Séquence des actualités cinématographiques de la Première Guerre mondiale, pour raconter l’histoire de la participation du jeune homme à la guerre : long défilé de soldats, arrivée du courrier militaire et préparation des officiers à la bataille.
À [10 :14], nouvelle séquence de fiction. C’est le jeune homme qui écoutait le récit du vétéran qui est désormais le héros. [11 :29 - 11 :56] Les soldats passent à l'attaque, le jeune homme est toujours au premier plan. À [11 :43], il est blessé à la main gauche. Il enroule une bande autour de sa main.
Cette scène montre la technique militaire des soldats russes pendant la bataille et une technique de premier secours, mais ce n’est pas l’essentiel. Le plus important, c’est la démonstration d’héroïsme du jeune homme.
[12 :00 - 12 :11] Les soldats passent à l'attaque. À [12 :02], l'officier qui dirige l'attaque est blessé, le jeune homme le sauve. [12 :15 - 12 :52] Il le porte jusqu’à l'hôpital de campagne. Les infirmiers prodiguent les premiers secours au commandant. À [12 :45], en repartant à la bataille, le soldat est blessé à la poitrine. Les infirmiers s'occupent de lui également
. Cette scène montre que le jeune homme a fait preuve de courage et en a payé le prix fort. Elle explique aussi au spectateur pourquoi le jeune homme se trouve à l’hôpital.

(12.53 – 13.32) La blessure et l’hôpital militaire.
[12 :53 - 13 :17] À l'hôpital, le jeune homme blessé est transporté sur un brancard et déposé sur un lit. Une infirmière examine sa blessure à la poitrine tandis qu’un infirmier défait le bandage autour de la main gauche du soldat. Cette scène montre le travail quotidien dans un hôpital militaire en Russie pendant la Première Guerre mondiale.
[13 :23 - 13 :32] Un officier décore le soldat de l'Ordre impérial et militaire de Saint-Georges, martyr et victorieux. Le soldat est très heureux mais il souffre beaucoup. Cette scène montre que la médaille a beaucoup de valeur pour lui.

(13.33 – 17.46) La mort du jeune homme.
Cette partie est l’épilogue du film.
[13 :37 - 13 :44] La famille du soldat (son père, sa mère, sa femme et ses deux fils) lit l’une de ses lettres. Le jeune homme y explique qu’il est blessé dangereusement mais qu’il guérira « si Dieu le veut ». Sa mère et a femme pleurent. [13 :51 - 14 :39] La femme du soldat donne son bébé à la grand-mère. Elle prend la lettre du soldat, elle passe dans une autre pièce où elle continue à pleurer puis cache la lettre dans sa robe. Elle implore Dieu. [14 :48 - 15 :53] Loin des siens, le jeune homme souffre et tousse, allongé sur le lit. Il lève la tête et regarde par la fenêtre. À [15 :54], il tient sa blessure à la poitrine. Un carton mentionne l’appel du Miséricordieux « qui a donné à l’homme à la fois peine et consolation ». Les cloches sonnent, comme pour lui signifier que l’heure est venue. [16 :41 - 17 :20] Le soldat souffre. Il appelle l'infirmière. Il embrasse sa médaille et demande à l’infirmière de la transmettre à son fils. À [17 :03], le soldat meurt. L'infirmière cherche son pouls, regarde la médaille et s’agenouille à côté du lit pour prier.
Cette scène appelle les soldats à réaliser des actes de courage pour gagner des médailles. En même temps, elle les prévient que c’est dangereux. Si jamais le soldat meurt, il sera un héros non seulement pour sa famille, mais aussi pour la société.
[17:26 - 17:46] La femme du jeune homme portant leur bébé s’agenouille devant la tombe de son mari. Le dernier carton qui passe trop vite pour qu’on puisse le lire dans son intégralité porte les mots suivants : « Va dormir, colombe solitaire, va dormir, repose en paix ! Dans cette tombe humide et profonde - souvenir éternel pour toi ! »

Notes complémentaires

En 2013, ce film était encore montré aux conscrits de l'armée russe (visionnage de cassettes VHS pendant l'heure de loisirs). (Témoignage personnel d'Ivan Melnik le 23 juin 2022.)

Références et documents externes

Texte original du poème (titre original : Il est mort), écrit par Constantine Romanov en 1885 sous le pseudonyme Myza Smerdi :

Умер

Умер, бедняга! В больнице военной
Долго родимый лежал;
Эту солдатскую жизнь постепенно
Тяжкий недуг доконал…
Рано его от семьи оторвали:
Горько заплакала мать,
Всю глубину материнской печали
Трудно пером описать!
С невыразимой тоскою во взоре
Мужа жена обняла;
Полную чашу великого горя
Рано она испила.
И протянул к нему с плачем ручонки
Мальчик-малютка грудной…
…Из виду скрылись родные избенки,
Край он покинул родной.
В гвардию был он назначен, в пехоту,
В полк наш по долгом пути;
Сдали его в Государеву роту
Царскую службу нести.
С виду пригожий он был новобранец,
Стройный и рослый такой,
Кровь с молоком, во всю щеку румянец,
Бойкий, смышленый, живой;
С еле заметным пушком над губами,
С честным открытым лицом,
Волосом рус, с голубыми глазами,
Ну, молодец молодцом.
Был у ефрейтора он на поруке,
К участи новой привык,
Приноровился к военной науке,
Сметливый был ученик.
Старым его уж считали солдатом,
Стал он любимцем полка;
В этом Измайловце щеголеватом
Кто бы узнал мужика!
Он безупречно во всяком наряде
Службу свою отбывал,
А по стрельбе скоро в первом разряде
Ротный его записал.
Мы бы в учебной команде зимою
Стали его обучать,
И подготовленный, он бы весною
В роту вернулся опять;
Славным со временем был бы он взводным.
Но не сбылись те мечты!
…Кончились лагери; ветром холодным
Желтые сдуло листы,
Серый спустился туман на столицу,
Льются дожди без конца…
В осень ненастную сдали в больницу
Нашего мы молодца.
Таял он, словно свеча, понемногу
В нашем суровом краю;
Кротко, безропотно Господу Богу
Отдал он душу свою.
Умер вдали от родного селенья,
Умер в разлуке с семьей,
Без материнского благословенья
Этот солдат молодой.
Ласковой, нежной рукою закрыты
Не были эти глаза,
И ни одна о той жизни прожитой
Не пролилася слеза!
Полк о кончине его известили, —
Хлопоты с мертвым пошли:
В старый одели мундир, положили
В гроб и в часовню снесли.
К выносу тела в военной больнице
Взвод был от нас наряжен…
По небу тучи неслись вереницей
В утро его похорон;
Выла и плакала снежная вьюга
С жалобным воплем таким,
Плача об участи нашего друга,
Словно рыдая над ним!
Вынесли гроб; привязали на дроги,
И по худой мостовой
Серая кляча знакомой дорогой
Их потащила рысцой.
Сзади и мы побрели за ворота,
Чтоб до угла хоть дойти:
Всюду до первого лишь поворота
Надо за гробом идти.
Дрогам вослед мы глядели, глядели
Долго с печалью немой…
Перекрестилися, шапки надели
И воротились домой…
Люди чужие солдата зароют
В мерзлой земле глубоко,
Там, за заставой, где ветры лишь воют,
Где-то в глуши далеко.
Спи же, товарищ ты наш, одиноко!
Спи же, покойся себе
В этой могилке сырой и глубокой!
Вечная память тебе!

Мыза Смерди
22 августа 1885

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Élisabeth Fuchs, Ivan Melnik
  • Sous-titres Français : Ivan Melnik, Élisabeth Fuchs