Notre pain quotidien (1932)

De Medfilm



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Titre :
Notre pain quotidien
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Durée :
09 minutes
Format :
Muet - Noir et blanc - 35 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Archives détentrices :

Générique principal

« Film de Jean Benoit-Lévy. Musique : Edouard Flament »

Contenus

Sujet

Le travail quotidien, source de revenus et de subsistance.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Au début de son existence, l’Homme est d’abord nourri par sa mère. Parvenu à l’âge adulte, il doit être en capacité de trouver sa subsistance pour lui-même et pour les siens. Celle-ci lui est donnée par le travail qui rythme ses journées à la campagne comme à la ville, aux champs comme à la mine ou à l’usine. Seule la pause de midi interrompt un instant son labeur. À la fin de la journée, il reçoit la récompense de ses efforts : le pain quotidien qui lui permettra de refaire ses forces.

Contexte

Le film Notre pain quotidien est un montage de plan-séquences de différents films réalisés précédemment par Jean Benoit-Lévy, notamment Âmes d’enfants, Maternité, le Nid et le Chant de la mine et du feu. Véritable allégorie du travail et méditation sur la condition humaine, il peut être comparé à un autre de ses films : Poésie du travail : doigts d’ouvrières, mains de fée. Sa réalisation en 1932 correspond paradoxalement au moment où la France est touchée à son tour par la crise qui s’est déclenchée en 1929 et voit gonfler le nombre de chômeurs. En octobre-novembre 1933 aura lieu la « Marche de la faim » des mineurs du Nord à Paris.
Sources :
BERNSTEIN Serge, La France des années 1930, Éditions Armand Colin, Collection Cursu Histoire, Paris, 2011, 224 p.
BORNE Dominique, DUBIEF Henri, La crise des années 30 (1929-1938), Éditions du Seuil, Collection Points Histoire, Paris, 1989, 352 p.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Hymne au travail, ce film retrace symboliquement la journée de tous ceux qui travaillent pour vivre. Plusieurs plans glorifient aussi l'éternité et l'immensité de la campagne, ainsi que la force et la puissance des machines, symboles d'une société industrielle en pleine croissance et en pleine expansion. Regard sur la condition humaine, ce film permet aussi au spectateur de comparer les conditions de travail urbaines et rurales. Empruntant volontiers à Eisenstein (cf. La ligne générale), le film multiplie le contraste des échelles de plans et travaille l'architecture de chaque plan pour valoriser le labeur humain quand celui-ci n'est pas gangrené par la logique mercantile, inégalitaire, consumériste, du capitalisme en plein essor : les effets de la crise de 1929 permettent d'asséner une telle critique, les images de misère et de chômage faisant écho à la réalité quotidienne de chaque spectateur, rural ou urbain.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Ce film étant d'abord dédié au travail et à ceux qui l'accomplissent, la santé et la médecine y sont absentes. Seul l'allaitement, « première nourriture de toute vie », est représenté au début du film.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Cinémas d’exploitation et projections itinérantes

Communications et événements associés au film

Public

Grand public

Audience

Descriptif libre


Le film Notre pain quotidien consiste essentiellement en la reprise de plans issus de films précédents de Benoit-Lévy et en l'utilisation de chutes, c'est-à-dire de plans tournés pour d'autres films de Benoit-Lévy qui n'ont pas été retenus au montage. Le développement ci-dessous le précise chaque fois que c'est le cas.
Le pain mérité par le travail aux champs et à l'usine
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Le film débute sur des plans rapprochés et des plans moyens (extraits de Maternité) : un bébé tète le sein que lui donne sa mère dans un paysage verdoyant, avec des paysans chargeant une charrette de foin, et plusieurs ouvrières font la même chose dans leur usine.
À ces symboles de la « première nourriture de toute vie » succèdent des images de la « loi du travail ». Un paysan sème son champ. Plans moyens et rapprochés d’un enfant apprenant à marcher (plan issu de Maternité). Il faut travailler pour nourrir sa famille. Succession de plans d’ensemble, moyens et rapprochés montrant chacun se rendant à son travail. Des mineurs descendent à la mine, des paysans partent avec leur attelage, des employés se rendent à leur bureau, serviette en main, un attelage quitte une ferme (plan issu du tournage de Maternité qui n'a pas été retenu au montage : lorsqu'on examine la séquence de Maternité, on observe que ce plan absent aurait dû y figurer, le découpage ayant opté pour une ellipse), un train de mine, des charrues retournent la terre, des mineurs travaillent et un paysan pousse sa charrue.
Alternance de gros plans en accéléré de fleurs en éclosion (extraits de Maternité) et de plans d’ensemble de grues d’extraction et de chargement en pleine action. Plan fixes, à travers une lucarne et un grillage, d’un banc et d’immeubles (plans issus de Maternité et de La Maternelle) : paysans et ouvriers sont au travail, leurs fermes et appartements sont vides. Plans d’ensemble et rapprochés de dactylos travaillant sur leurs machines à écrire. Analogie des mains tapant à la machine avec des mains sur un piano et des mains trayant une vache. Plans moyens et rapprochés d’une machine d’extraction et d’une machine à coudre en pleine action.
Divers plans d’ouvriers travaillant dans une scierie. Deux crochets s’écartent. Un énorme morceau de bois est amené par une grue et descendu jusqu’aux ouvriers. Les crochets sont remontés. Travelling sur des stères de bois. Les ouvriers rabotent les planches de bois. La lame d’une scie est aiguisée. Le bois est scié. Des planches sont acheminées et d’autres sont découpées à grande vitesse.
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Pause de midi, pause universelle de la société laborieuse et industrielle
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Plan rapproché d’une main actionnant une manette, d’une horloge et d’un porte-monnaie avec quelques pièces : c’est la pause de midi. Plans d’ensemble et généraux. Une famille mange à table dans son appartement (plan issu de Le Nid), des ouvrières font de même au réfectoire, des paysans cassent la croûte dans leur champ, des citadins déjeunent au restaurant et des enfants mangent à la cantine.
Plan général d’ouvriers sortant de leur usine. Plan rapproché d’un bébé dans les bras de son père et de la main de celui-ci dans la sienne (extraits de Maternité). Plans moyens et rapprochés de fondeurs remuant la terre d’une tranchée avec une barre à mine. La fonte jaillit et coule telle une rivière. Plans moyens et mi-moyens d’une fille gardant les vaches et d’un garçon cassant la croûte.
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Le dévoiement de la société capitaliste : l'oisiveté improductive pour les plus aisés, le chômage qui affame les plus pauvres
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La séquence suivante aborde la précarité à laquelle le travailleur s'expose désormais : si certains ont des situations profitables, d’autres sont à la recherche d’un emploi ou gagnent misérablement leur vie. En même temps, le film poursuit une critique du système capitaliste aux commandes de la société industrielle : si les oisifs se multiplient dans les couches aisées, les prolétaires doivent solliciter des emplois improductifs ou strictement liés à une logique consumériste. Plan moyen et rapproché de dames prenant leur café avec sucre et cuillère. Un homme présent avec elles refuse poliment. Gros plan sur la cuillère qui remue le sucre au fond de la tasse, un pékinois remue sa tête à proximité, coincé sous un bras : la cuillère remue de l'énergie délayée, sans effet productif. Plans moyens d’homme-sandwich avec des cartons proposant des menus à cinq francs et d’un homme regardant des offres d’emploi. Gros plan sur une offre pour un « emploi de bureau dans un journal » et plan rapproché sur un doigt hésitant à appuyer sur une sonnette. Plan moyen d’une rue à taudis, devant laquelle passe un homme tirant une charrette, et d’hommes triant des cravates et des vêtements. Le prolétaire balance entre la misère extrême et l'emploi sans noblesse, qui sous-exploite sa force de travail.
La pauvreté des uns fait la richesse des autres. Plan moyen de mannequin sur un plateau tournant. Plans moyens et d’ensemble d’un magasin grouillant d’activité : les clients se pressent dans les rayons et les ascenseurs qui montent et descendent sans cesse. Ils s’agglutinent comme des paquets sur les tapis roulants. Les magasinières s’activent elles aussi. Le contraste avec le calme et la sérénité de la campagne est saisissant. Plan général d’un champ avec un arbre et plan rapproché sur des épis de blé.
Poursuite de la critique sociale : le travail reprend après la pause. Plans d’ensemble, moyens et rapprochés d’une usine, des ouvriers qui y travaillent et des machines-outils qui affilent, ébavurent (l'ébavurage consiste à l'excès de métal d'une pièce d'abord brute), découpent et fraisent le métal. Alternance avec des plans rapprochés, d’ensemble et généraux d’épis de blé au soleil et de paysans travaillant à la moisson. Plan d’ensemble et panoramiques de vignes où travaillent des vendangeurs. Plan d’ensemble d’une cave à vin et travelling sur les rangées de piles de bouteilles. Travelling sur les rangées de mottes de foin dans un champ.
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Fin de la journée : reprise des travaux et des jours
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La journée est finie. Plan général de ce même champ d’où s’en va une charrette de foin. Alternance de plans moyens d’une fermière joyeuse sur cette charrette et d’un train minier dont le conducteur affiche, par contraste, une certaine gravité. Succession de plans généraux et d’ensemble des paysans ramenant une charrette surchargée de foin (encore un plan extrait du tournage de Maternité, non retenu au montage final), d’ouvriers quittant leur usine (reprise d’un plan précédent), d’une charrette de foin arrivant dans une ferme et de passants descendant un escalier du métro.
Plans d’ensemble et rapprochés. Une machine s’arrête, un atelier se vide (plan issu de Maternité) et la paie de la journée est remise aux ouvriers (plan issu du tournage d'Âmes d’enfants, non retenu au montage final). Les ouvrières récupèrent leurs enfants (plan issu de Maternité, non retenu au montage final). Plan d’ensemble et généraux. Ateliers, magasins et champs sont vides, une famille dîne, une boulangerie est en pleine activité, des enfants mangent leur repas du soir, un fils de paysan termine son labour (reprise d’un plan précédent) et une mère de famille coupe le pain quotidien et en donne une tranche à chacune des mains qui se tendent (plan issu de Maternité).
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Notes complémentaires

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Emmanuel Nuss