L'artisanat rural, les ateliers ambulants (1926)

De Medfilm



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Titre :
L'artisanat rural, les ateliers ambulants
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Conseil scientifique :
Durée :
10 minutes
Format :
Muet - Noir et blanc - 35 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Archives détentrices :

Générique principal

« Le ministère de l’Agriculture présente. Réalisé sous la direction de M.Roumajon, Inspecteur général adjoint de l’enseignement technique; Par Jean Benoit Lévy. Prises de vue de Géo Clerc. Collection du ministère de l’Agriculture. »

Contenus

Sujet

Ce film muet est un film réalisé par le ministère de l’Agriculture en 1926 pour promouvoir l’artisanat dans les petites communes rurales. Le film présente le déroulé d’une semaine durant laquelle des ateliers itinérants s'installent dans la commune de Venosc (Isère) pour enseigner l’artisanat aux villageois.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

En 1926, une école itinérante d’artisanat est créée par l’École Vaucanson (grande école des métiers techniques). Dans ce film est décrit le déroulement d'une semaine de formation. Le film est tourné à Venosc pendant cette période d’ateliers. Des villageois sont mobilisés pour mettre un peu en scène l'événement de sorte que le film soit pédagogique. Il doit montrer tout l'intérêt d’une telle entreprise, qui a lieu dans l'Isère mais a vocation à être étendue à l’échelle nationale. On y voit les camions arriver, s’installer dans le village sous des chapiteaux, avec un matériel conséquent. Les villageois découvrent l’annonce de l'évènement placardée dans le village, plusieurs réactions se font entendre: il y a le villageois qui n'en voit pas l’intérêt, et le maire qui l’incite à « essayer ». S’ensuit une succession de plans qui illustrent les activités manuelles, très variées, auxquelles se livrent les villageois, dont le personnage auparavant réticent. Ce dernier finira par être convaincu et profitera des connaissances acquises.

Contexte

L’École Vaucanson est un lycée technique situé à Grenoble et fondé en 1836 (Jacques Vaucanson est un célèbre inventeur du XVIIIe siècle notamment connu pour ses automates innovants). Elle est nommée « École Professionnelle Vaucanson » en 1876. Dans les années 1920, Monsieur Roumajon en est le directeur. Pendant l’hiver, les petits villages des zones rurales de l’Isère, particulièrement ceux situés en altitude, sont confrontés à une forme de « chômage technique ». Ils sont peu dynamiques, l’activité économique y est faible. C’est dans ce contexte que M. Roumanjon décide de mettre en place un programme d’enseignement itinérant de l’artisanat dans les villages environnants de la région. Cette entreprise est relayée à l’échelle nationale et fait notamment l’objet de publications dans le « Moniteur de la Maréchalerie, du Charronnage et de la Mécanique Rurale » et dans la revue mensuelle « Les travaux de l’amateur », qui vulgarise les travaux manuels (d’ailleurs créé en 1925 un an avant les ateliers), dont les archives sont consultables dans les fonds numérisés Gallica et Bnf.

L’idée directrice de cette entreprise est que, puisque les villages ruraux ont besoin d’être dynamisés, mais qu’il n’y a aucun moyen pour les villageois de se former, ce sont les formations qui doivent être amenées à ce public cible. Le village de Venosc, caractéristique des problématiques rencontrées par les villages d’Isère en période hivernale (environ 1000 m d’altitude et 400 habitants à l’époque), est une illustration parfaite de ce projet. Y tourner un film est un excellent moyen de promouvoir ce type d’actions (et de les généraliser à d’autres territoires). L’ entreprise est en effet appuyée par les pouvoirs publics, ce film étant réalisé en partenariat avec le ministère de l’Agriculture, qui le produit. Il est filmé au moment même de la période de formation (présence de l’école itinérante), mais quelques villageois sont mobilisés pour mettre en scène l'événement, de sorte à faire un film promotionnel. Le but est d’apprendre aux agriculteurs à bricoler de façon autonome, de la confection des outils de travail à la confection des objets. Ces travaux de bricolage doivent permettre aux agriculteurs d’apprendre des techniques utiles qu’ils n’apprennent pas dans leur métier - alors qu’ils sont isolés et en relative autarcie - et de se livrer à la confection d’objets durant l’hiver (qui peuvent faire l’objet d’un commerce). La finalité est de rendre plus dynamiques ces régions rurales. Ce projet a très bien fonctionné, avec un nombre d’inscriptions important (les villageois étaient informés à l’avance de la nature de l’intervention de l’école). Ces écoles visaient tous les âges, on pouvait avoir 14 ans comme 70 ans (individus masculins dans le film). Des sessions spéciales étaient organisées pour les enfants (dès 12 ans). Les responsables de l’enseignement étaient des ouvriers (menuisier, forgeron, mécanicien, bourreliers, soudeurs) qui étaient administrativement rattachés à l’École Vaucanson à Grenoble. Leur rôle n’était pas de confectionner eux-mêmes du matériel mais de guider les villageois dans toutes les étapes de confection, afin qu’ils puissent s’approprier la pratique et continuer d’apprendre seuls. La réparation d’outils faisait aussi partie de l’enseignement, le maniement était enseigné aux enfants.

Le succès a été franc et beaucoup de communes ont demandé à profiter du même service, ce qui a entraîné des projets d’augmentation des équipes enseignantes notamment. Cette entreprise s’inscrivait dans un projet beaucoup plus large de la Direction de l’Enseignement Technique pour valoriser le monde rural. En partenariat avec le ministère de l’Agriculture, outre les ateliers ambulants, il y a eu à cette période des cours professionnels et des ateliers dans les écoles d’agricultures permanentes. Des bourses ont été allouées aux apprentis formés dans ce cadre - dont outils offerts. Des projets d’école artisanale pour les agriculteurs ont également vu le jour.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Oui.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le film est muet (du fait de l’époque de réalisation), le spectateur doit donc lire les cartons entre les séquences de film. L’absence de dialogue rend importante la portée signifiante des images ou du rythme. Au début, les longs plans sur le paysage obligent le spectateur à prendre connaissance de sa géographie et à en éprouver l’isolement. Après la lecture du panneau intradiégétique lu par le personnage principal - qu’il lit donc en même temps que lui - le spectateur est amené à suivre ce personnage. L’idée est d’identifier un individu pour que le spectateur puisse se projeter et s’identifier à lui. Les plans dédiés à la pratique des activités sont fixes pour permettre d'apprécier tous les types de pratiques enseignées. Le spectateur doit prendre la mesure de tout ce que l’atelier peut enseigner et de l’efficacité de l’entreprise. L’ellipse et le dernier plan donnent le sentiment que les villageois ont passé tout leur temps à travailler, et donnent la mesure de l’engouement qu’ils ont montré pour le bricolage suite à la formation.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Ce film ne porte pas sur la santé ou la médecine mais sur l’éducation et les techniques, puisqu’il aborde la question de l’enseignement technique (artisanal) dans les villages. Le seul lien peut être la question de l’épanouissement psychologique des villageois pendant les périodes de « chômage technique  » hivernales, et un meilleur équilibre et confort quotidiens.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Support cinématographe dans les municipalités, cinéma

Communications et événements associés au film

L’entreprise présentée dans le film fait l’objet de publications dans le « Moniteur de la Maréchalerie, du Charronnage et de la Mécanique Rurale » et dans la revue mensuelle « Les travaux de l’amateur  », qui vulgarise les travaux manuels (d’ailleurs créé en 1925 un an avant les ateliers). La communication via le Ministère de l’Agriculture et les Écoles de formation publiques est très importante auprès des territoires. La sortie du film est associée à une demande de généralisation de l’entreprise et la requête de plusieurs communes, d’être formées par l’école itinérante.

Public

Les communes ou plus généralement les territoires ruraux (maires, municipalités), les écoles d’enseignement techniques, pour généraliser l’action.

Audience

Descriptif libre

Le cadre et l'organisation de l'institution

Le film débute par une série de cartons indiquant au spectateur le nom de l’institution de tutelle des ateliers ambulants – la « Direction Générale de l’Enseignement Technique » - et la composition de ceux-ci : « deux instructeurs, un menuisier-charron et un forgeron spécialiste agricole. Plan panoramique. Par une route serpentant dans une large vallée, deux camions des ateliers arrivent à Venosc.

Nouveau carton. Le village est présenté comme un « très joli coin » à la belle saison mais avec des hivers « longs et rudes ». Plan général. Le village à flanc de coteau. Plan d’ensemble. Une ruelle du village. Les maisons semblent délabrées, ce qui laisse l’impression d’un village déshérité. Plan rapproché taille et plan fixe. Deux hommes se sont arrêtés devant une affiche signée par le maire du village et le directeur de l’École et annonçant des « séances de travaux pratiques de bricolage ». Retour au plan d’ensemble, ils en discutent tout en descendant la ruelle. [02’58]

L'enrôlement

Nouveau plan d’ensemble. Du matériel est déchargé de l’un des camions par les formateurs des ateliers aidés par les habitants. Autres plans d’ensemble. Les deux hommes vus précédemment continuent à s’entretenir de ces ateliers. L’un tire l’autre par le bras pour l’y emmener mais celui-ci refuse. Il est sceptique quant à l’utilité de l’entreprise et lui reproche sa dimension intrusive. Apprenant son absence à « la conférence de dimanche » - ce qui indique une réelle entreprise de communication et de valorisation de l’événement – son ami le désapprouve et, désireux « d’apprendre à faire ses petites réparations », l’invite à venir avec lui. Accompagné d’un autre homme, le maire insiste à son tour auprès de l’homme réticent – Paul – qui « se décide à faire un essai ». Tous descendent alors l’escalier menant à la partie basse du village.[04’39]

Mises en scène de la transmission

Plan d’ensemble. Ils rejoignent devant un abri des hommes s’exerçant à des travaux de ferronnerie. Un formateur ou superviseur de l’École montre à Paul comment s’y prendre avant de lui laisser la place pour qu’il s’y essaie lui-même. Les gestes techniques peuvent être observés de près avec une vraie prise en compte de la transmission et des techniques du corps (Mauss) mises en œuvre.

Autre plan d’ensemble. Accompagné de leur instituteur, les « élèves de l’École primaire » regardent les hommes (probablement leurs pères), s’appliquer dans leur apprentissage. Plan américain. « Après quelques jours », Paul prend lui-même en main son ouvrage et, à coup de marteau, « répare ses outils ». Plan rapproché poitrine. L’application dans l’exécution du travail que la caméra cherche à lire sur son visage traduit une volonté de glorifier le paysan montagnard et le caractère immuable du monde rural qu’il est censé incarner. [06’36]

Plans moyens. Les séquences suivantes se concentrent sur des activités particulières: la menuiserie pour la fabrication d’une « table à toilette » afin d’améliorer le confort personnel ou d’un traîneau pour l’hiver, la bourrellerie pour la confection de pièces d'attelage. Les formateurs de L’École observent et n’hésitent pas à intervenir pour corriger les erreurs.

Plan d’ensemble dans le même lieu qu’à la séquence précédente. Après le départ des « Camions-Ateliers », l’instruction se poursuit sous la houlette de « l’artisan du village ». Alors que deux hommes scient et rabotent à l’arrière-plan, celui-ci prend le rabot d’un jeune garçon et lui montre comment il faut s’y prendre. Image classique de la transmission du savoir du maître à son apprenti. Le carton suivant indique qu’il commence à renouveler son outillage. Plan moyen et plan rapproché taille. Il travaille lui-même à la forge dont il a fait l’acquisition. À l’aide d’une pince, il chauffe une pièce de métal.[08’31]

Le goût de bien faire

Autre plan moyen. « Paul a pris le goût du bricolage » et est en plein travail de rabotage lorsque son ami vient le voir et, le voyant extrêmement satisfait de la formation puisqu’il a continué à progresser, lui rappelle leur conversation du début. Plan américain. Paul confectionne des « jouets dérivés », un travail qui permet de passer l’hiver comme l’indique le carton précédant la scène. Plan général. Le village de Venosc. Grâce à leur formation, les villageois sauront employer utilement leur temps durant l’hiver et pourront donc y rester. Un carton avec la signature de Jean Benoit-Lévy conclut le film. [09’58]

Notes complémentaires

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Nadia El-Khamlichi, Emmanuel Nuss