Il était une fois trois amis (1928)

De Medfilm



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Titre :
Il était une fois trois amis
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Conseil scientifique :
Interprétation :
Durée :
53 minutes
Format :
Muet - Noir et blanc - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :

Générique principal

« Scénario composé par le Docteur Louis Devraigne, chef de la Maternité de Lariboisière ; Réalisation de Jean BENOIT-LEVY ; Prise de vues : Ed. Floury »

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

À travers trois cas différents, le film explique les risques de transmission de la syphilis d'une génération à une autre, ses conséquences graves, et qu’il faut faire pour l’éviter et en guérir.

Genre dominant

Fiction

Résumé

Pour sensibiliser son fils aux dangers de la syphilis, un médecin lui raconte une histoire qu'il a personnellement vécue. Trois amis, Georges, Jacques et Charles, s'étaient connus à l'armée. Les deux premiers y avaient contracté la syphilis, mais alors que Georges s'est fait soigner tout de suite, Jacques ne l'a pas jugé nécessaire. Sa femme fait deux fausses couches alors que celle de Charles, le troisième ami, met au monde une fille mal-formée dont l'espérance de vie est nulle. Apprenant que ce drame est la conséquence d'une syphilis héréditaire qui lui a été transmise par son père, il décide de se faire soigner pour avoir des enfants sains. Quelques années plus tard, Jacques comprend à son tour qu'il doit se faire soigner après que sa femme a donné naissance à un enfant mort-né. Vingt-cinq ans plus tard, les trois amis se retrouvent avec leurs nombreux enfants.

Contexte

La maladie et sa prise en charge

Affection microbienne contagieuse, la syphilis a pour agent le tréponème pâle et se transmet par les rapports sexuels. Son évolution se fait en trois phases successives : le stade primaire au bout de trois semaines avec l’apparition d’un chancre et de ganglions non douloureux, le stade secondaire entre six semaines et trois ans avec des lésions cutanées, le stade tertiaire avec une dégradation générale de l’organisme puis du système nerveux.

Cependant les évolutions médicales pour la soigner sont de plus en plus perfectionnées. L'intervention des pouvoirs publics par la surveillance sanitaire des marins, des soldats et des prostituées, ainsi que l'introduction de nouvelles thérapeutiques comme l'iodure de potassium, et ceux de l'hygiène, font sensiblement reculer toutes les maladies vénériennes entre le milieu du siècle et 1880. Dès 1905, les Allemands Fritz Richard Schaudinn et Paul Erich Hoffmann découvrent l'agent de la syphilis, un spirille nommé "tréponèm pâle". La même année, Wassermann met au point un séro-diagnostic qui permet d'identifier la maladie dès ses premiers stades. Pour le mettre en évidence, ils emploient le le microscope à fond noir mis au point par Siedentopf et Zsigmondy en 1903. En 1909, Jean Comandon mobilise ce même microscope pour réaliser dans l'Hôpital Saint-Louis des prises de vue micro-cinématographiques du même spirille.

En 1910, Paul Ehrlich et Sahachiro Hatta découvrent l'arsphénamine ou '606' (le produit sera commercialisé sous le nom de Salvarsan). Viendront le '914' ou Néo-Salvarsan puis le '910' ou Stovarsol. Les numéros correspondent à ceux des dossiers dans l'ordre des expérimentations animales. En 1921, Ernest Fourneau, met au point un dérivé de l'arsenic à l'institut Pasteur : le Stovarsol. Ce dérivé est plus stable et se prend par voie orale. En 1934 le principe actif du Salvarsan, découvert en 1920 par Carl Voegtlin et Homer Smith, est introduit par le traitement de la syphilis sous le nom de Mapharsen. L'arrivée des traitements par sulfamides puis par antibiotiques a donné l'espoir de pouvoir éradiquer, sinon toutes, du moins les plus graves des MST, et jusque vers 1965, la diminution continue des nouvelles contaminations l'a laissé espérer.

L'organisation de l'information et de la prévention publique

Par le décret du 27 janvier 1920, Millerand crée le ministère de l'Hygiène, de l'Assistance et de la Prévoyance sociale, à la suite d'une pétition déposée à la Chambre des députés le 27 février 1919 par les associations de lutte contre les fléaux sociaux et les groupes parlementaires qui les représentent. La création de ce nouveau département résulte de la juxtaposition des services du ministère de l'Intérieur, notamment ceux de l'assistance et de l'hygiène, et de ceux du ministère de la Santé, et les services du ministère du Travail, en particulier ceux de la mutualité et de la prévoyance. Mais le ministère de l'Hygiène est peu doté et le ministère du Travail s'oppose au projet et refuse de débloquer les fonds nécessaires. Lorsque, en 1924, le ministère de l'Assistance, de l'Hygiène et de la Prévoyance sociale disparaît et est absorbé par le ministère du Travail, il n'y a plus de place pour le projet. Justin Godard, radical-socialiste déjà engagé dans la lutte contre les fléaux sociaux et M. Gunn de la Fondation Rockefeller élaborent un projet d'Office destiné à coordonner les activités des services d'hygiène et de santé publique. Le 4 décembre 1924, l'Office national d'Hygiène sociale est créé, sous la direction de Jules Brisac, ancien directeur de l'hygiène au ministère de l'Intérieur. Il marque l'institutionnalisation bureaucratique des fléaux sociaux, sous l'influence américaine, puisque les trois quarts du budget du nouvel Office sont consacrés à la lutte contre les maladies infectieuses. Les trois quarts du budget du nouvel Office sont d'origine américaine suite à l'implication de la Mission Rockfeller. Ce n'est que quatre ans plus tard que le budget français dépasse celui de la fondation philanthropique. L'objectif de l'Office était de "rassembler et mettre à jour la documentation sur la situation sanitaire de la France, " en inventoriant les documents relatifs à l'hygiène, aux maladies sociales et à leur prophylaxie ; d'assurer la coordination des efforts entre les pouvoirs publics et les organismes sociaux " Plusieurs services sont créés : Études techniques, Enquêtes départementales, Documentation et statistiques. Enquêtes, documentation et statistiques départementales. Les principales associations y sont représentées : la CNDT, la Ligue contre le péril vénérien, la Ligue nationale contre l'alcoolisme, le Comité national de l'Enfance, la Ligue contre le cancer... Mais la crise économique et les restrictions ont conduit à la suppression de l'Office le 4 avril 1934.

Syphilis et cinéma

Tout le temps où la syphilis s'est imposée comme fléau social, Le problème des médecins demeure l'ignorance de la population devant la menace qu'elle représente. Les campagnes d'information ne parviennent pas à la sensibiliser de façon déterminante. D'où le recours de plus en plus fréquent au cinéma : ce médium attire les foules et présente un réel potentiel pédagogique en présentant des agencements de vues réelles, de schémas animés et d'images microcinématographiques. Le Dr André Cavaillon, responsable au Ministère de l'Hygiène publique, spécialisé dans la prévention du péril vénérien, en est convaincu. Le film Il était une fois trois amis lui paraît exemplaire à ce titre, par l'efficacité de son exposé et son choix de la fiction pour le présenter : "Ce n'est pas uniquement le genre documentaire qui doit uniquement instruire le public. Il faut faire en sorte que le public soit presque inconscient qu'il est en train d'assister à un film d'instruction. Quoique des films dramatiques de ce type soient difficiles à faire, ils peuvent être faits, comme le prouve l'expérience (ainsi Il était une fois trois amis, œuvre du Dr Devraigne, chef de la maternité Laribosière, et de Benoit-Lévy.)" (Dr André Cavaillon, Le cinéma et les campagnes contre les maladies vénériennes).

Syphilis et contexte militaire

Avec la Première Guerre mondiale, la recrudescence de pathologies infectieuses dans le milieu militaire comme la blennorragie et la syphilis a imposé d’ajouter, au moyen de la propagande sanitaire, une nouvelle guerre à celle qui se traduit par le conflit armé. La peur de la sanction ou de la stigmatisation poussait les soldats infectés à ne pas déclarer leur situation, différant de cette façon le traitement nécessaire et favorisant le cycle de contamination. Afin de les inviter à se manifester, les autorités ont senti la nécessité d’adopter un discours compréhensif à leur égard, compte tenu de leur éloignement de leurs familles.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Oui.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le film se présente sous la forme d’une fiction morale ou d’une leçon de choses du père au fils. En racontant à son fils l'histoire de trois jeunes hommes, le médecin-chef, interprété par Camille Bert, la raconte aussi au spectateur : par les regards caméra, celui-ci comprend que cette histoire le concerne tout autant. Le film est organisé en plusieurs parties rappelant les chapitres d'un livre. Il se termine par une sorte de morale : « […] il n'y a pas de maladies honteuses, mais seulement des malades honteux. Les jeunes gens heureux sont, comme les peuples, ceux qui n'ont pas d'histoire ! Aussi la Sagesse est-elle encore la meilleure prophylaxie en attendant le mariage de bonne heure. […] ». Ainsi, à travers ces trois exemples, la fin heureuse et la morale de fin, le film montre au spectateur quelle conduite il doit adopter s'il se trouve dans une situation comparable.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Dans ce film le réalisateur place le spectateur comme un des élèves du médecin qui leur apprend comment vaincre et guérir la syphilis. Le médecin fait un cours sur le tréponème et l'hérédosyphilis à ses étudiants. Quand il leur montre un film explicatif en images animées, il le montre aussi au spectateur. Le film fait le choix de nous expliquer de façon scientifique comment se diffuse le tréponème et quel traitement lui appliquer. Par ailleurs, l'image des institutions de soins et des médecins est valorisée : l’hôpital est un endroit sain, où l'on guérit sans juger, et où l'on prend soin des patients, comme un parent veillant sur un enfant. Notons pour exemple la phrase de Charles « Ah ! Vous êtes tous de braves gens ici ! », ce à quoi l'infirmière lui répond « Mais, Monsieur, nous ne faisons que notre devoir ».

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Séances d'exploitant commercial, conférences médicales mises en place en milieu professionnel

Communications et événements associés au film

Public

Tout public et plus particulièrement le public jeune, personnel infirmier, soldats

Audience

Descriptif libre

Introduction
Un médecin-chef, interprété par Camille Bert, parle avec son fils autour d'un café. Il lui demande qui est son meilleur ami, sur quoi Pierre lui répond que c'est lui, son père. Ainsi il décide de lui raconter l'histoire de trois jeunes hommes : « il était une fois trois amis... »
Il était une fois trois amis...
Les trois personnages principaux sont présentés : Charles, le garagiste (M. Jo Raffels), Georges, l'employé de banque (M. Dornel) et Jacques, le cultivateur (M. Cari). Ces trois amis vont fêter leurs fiançailles dans la ferme des parents de Jacques (Mme Decori, la mère et Mr Blochouse, le père). Alors que les jeunes femmes profitent de la campagne, les trois amis se remémorent leurs souvenirs de régiment. Un flash-back nous les montre s'amusant dans un bar. On apprend aussitôt que Georges et Jacques ont contracté la syphilis. Puisque Georges s'est soigné, un médecin autorise son mariage. Jacques, lui, ne veut pas s'avouer qu'il est malade et fait le fier pensant ne pas avoir besoin de se soigner. Charles, quant à lui, a eu la chance de ne pas être contaminé.
Il était une fois trois amis... Deux
Amis et familles sont réunis autour de la table pour fêter les fiançailles. Le père de Charles, malade, très nerveux et irritable, n'est pas venu. Le temps passe et l'on retrouve les trois ménages installés.
Le film revient alors sur le médecin-chef. Par un regard caméra, il nous annonce (avec un texte en surimpression) : « vingt mois plus tard, un beau jour d'été, on fêtait le baptême du deuxième fils de Georges. »
Nouvelle scène de réunion des amis pour le baptême. Jacques apprend à Georges que sa femme a fait deux fausses couches. Pour Georges, c'est parce que Jacques ne s'est pas soigné de la syphilis. Celui-ci ne veut toujours rien entendre. Charles qui va être lui aussi papa, ne peut pas venir au baptême. Il apprend que son père est très gravement malade. Il a fait une hémorragie cérébrale. Charles est inquiet. L’hôpital appelle le garage, demandant à Charles de venir.
Il était une fois trois amis...Trois
On retrouve à nouveau la première diégèse : le médecin-chef explique à Pierre que « la femme de ce brave Charles vient d'avoir un enfant mal formé. » Sans transition, il va faire à ses élèves « une leçon sur la syphilis héréditaire ».
Le Tréponème, microbe de la Syphilis
Cette sous-partie au registre plus médical prend le cas de Charles pour exemple. Un scientifique regarde dans un microscope puis l’intérieur du microscope. Le spectateur comprend que ce qui va suivre est basé sur des recherches scientifiques. C'est donc à prendre très au sérieux, quoique la séquence s'inscrive dans une fiction. À nouveau, le médecin-chef face à ses étudiants. Il débat avec eux de la cause de la malformation de l'enfant de Charles. Il leur montre ensuite un film présentant l'hérédosyphilis. On voit des images animées montrant de façon schématique, deux cas : le premier sans traitement, où l'enfant est contaminé ; le second avec les traitements au mercure, à l’arsenic et au bismuth.
Le cours de l'histoire reprend. Le médecin-chef, recevant Charles, lui apprend que sa fille qui vient de naître ne vivra pas. En lui posant quelques questions, il déduit qu'il s'agit d'un cas d'hérédosyphilis. Toutefois, le médecin cherche à lui redonner espoir : il pourra avoir des enfants avec sa femme s'il suit ses conseils et son traitement.
Il était une fois, trois amis... Quatre
Pour convaincre Charles que tout ira bien à l'avenir s’il suit son traitement, le médecin-chef l'emmène avec lui à ses consultations où viennent se faire soigner des mères et leurs enfants atteints de la syphilis. Charles va voir sa femme, puis part de l’hôpital confiant et rassuré.
Il était une fois trois amis... Cinq
Le médecin-chef tourne une cuiller dans son café : le temps passe. Cinq ans plus tard, « on attendait la naissance du premier enfant de Jacques. La femme de Charles était venue avec son ... » Jacques apprend qu'il a un fils, mais très vite le médecin le rappelle pour lui annoncer que son enfant n'a pas survécu.
Sixième partie
Le diagnostic du médecin est donné : la cause est la syphilis. Jacques comprend alors que c'est de sa faute. Il aurait dû se faire soigner comme Georges, même s'il pensait ne pas être malade. Il admet donc qu'il est contaminé. Comprenant enfin son erreur, il avoue la vérité à sa femme et décide de se faire soigner. Le médecin ayant traité le couple, Jacques pourra enfin avoir des enfants sains. Carton : « Vingt-cinq ans après, les trois ménages fêtaient leurs noces d’argent. » On retrouve les trois couples et leurs enfants autour d'une grande table buvant à la santé de leurs petits-enfants. Suit une photo de famille de chaque couple et de leurs enfants qui doivent à la lutte contre la syphilis de pouvoir être là.
Le médecin-chef conclut son histoire par une morale destinée aussi bien à son fils Pierre qu'au spectateur :
« Il n'y a pas de maladie honteuse, seulement des malades honteux, mais en attendant le mariage, la sagesse reste la meilleure des prophylaxies. Toutefois, en cas d'"accident", les parents et le médecin doivent être les premiers confidents des jeunes gens, afin d'éviter les désastres engendrés par l'ignorance ou la négligence. »

Notes complémentaires

1. Selon le Dr. Cavaillon, Il était une fois trois amis montre que la fiction est un registre à privilégier pour sensibiliser le public contre le péril vénérien
Au moment où il est diffusé dans les salles de cinéma, le film Il était une fois trois amis est chaleureusement salué par le Dr. André Cavaillon, alors responsable au ministère de l'Hygiène publique. Dans un article intitulé "Le cinéma et les campagnes contre les dangers des maladies vénériennes", il rappelle d'abord son enjeu : convaincre toute personne qui pense avoir été exposée à la contamination d'aller se faire dépister, même dans le doute. Puis il écrit : " Je ne pense pas qu'on puisse exprimer cinématographiquement ce message hygiénique, lequel pourrait sauver des milliers de jeunes vies, avec autant de subtilité, de sensibilité et d'efficacité que dans Il était une fois trois amis. La consultation à l'hôpital pour les mères et leurs enfants est un chef-d’œuvre de sentiment et de vérité." Plus loin, le Dr. Cavaillon témoigne de l'effet que la séquence d'animation conçue par Mourlan a produit sur le public. "La musique a cessé ; dans un silence solennel, le public suit le surlignage à l'écran montrant la contamination qui passe des veines et artères au fœtus, au moment où la mère est rendue malade par le travail des tréponèmes." Selon Cavaillon, la démarche du film est une réussite. "Il était une fois trois amis (...) traite le sujet de la syphilis héréditaire avec la forme vivante d'une histoire et non avec le registre aride du documentaire." Benoit-lévy a su toucher le public français, particulièrement amateur de cinéma, par un discours à la fois franc et délicat. "Le public français aime qu'on lui parle franchement et sans dissimulation, mais sans vulgarité ni brutalité."
(Dr. André Cavaillon : 'The cinema and the campaign against the danger of venereal diseases')
2. Selon une enquête des années vingt sur la réception des films de propagande antisyphilitique, le registre fictionnel n'est pas opérant.
Dans son étude sur le cinéma médical, Adolf Nichtenhauser décrit la mise en place d'une enquête, commandée aux États-Unis au début des années vingt, sur la réception des films de prévention contre les maladies vénériennes. Elle est confiée à des psychologues, supervisée par le "Inter-departemental Social Hygiene Board". Il a été décidé de tester sur le public les effets d'un film en particulier, Fit to win (1919), extension du Fit to fight d'Edward Griffith (1917), avec davantage de vues cliniques. Le film a été montré à 4 800 personnes, de toutes origines sociales, avec des projections spécifiques pour les ouvriers, les marins, les médecins. Ils devaient remplir un questionnaire après la projection.
- premier constat : très peu de personnes, même parmi les plus éduquées, étaient convenablement informées sur les maladies vénériennes.
- la plupart estiment que les informations données par le film sont authentiques, très peu pensent qu'il s'agit d'un prétexte pour un discours moralisateur.
- la plupart acceptent les recommandations de continence
- la plupart ignoraient les risques de contracter la maladie par la prostitution
La suite de l'enquête a montré que, bien que la peur suscitée par le film ait provoqué la résolution d'un changement de comportement, celui-ci n'a pas eu lieu de manière déterminante. Alors que les événements marquants du film sont restés dans les mémoires cinq mois plus tard, l'intérêt qu'il a provoqué a fondu en moins de six semaines.
- la prise en charge n'a pas varié d'intensité avant et après le film
- l'effet le plus sérieux a consisté en une certaine inhibition des publics adolescents après la projection
D'après ces données, les enquêteurs ont initié une réflexion pour les films à venir :
- il est nécessaire de transmettre une information basée sur les faits et expliquée avec clarté
- la dramatisation fictionnelle n'apporte pas de plus grande efficacité. Le public retient les séquences purement informatives aussi bien que celles qui s'appuient sur une histoire. Les émotions tiennent davantage à des scènes isolées, sans tenir compte du fil qui les tiendrait. Les deux enquêteurs recommandent par conséquent de continuer la production de films antivénériens à la condition qu'elle propose des contenus purement informatifs, non fictionnels.
Pour Adolf Nichtenhauser, qui écrit dans les années quarante, les données engrangées par cette enquête restent utiles, dans les trente ans à venir, pour les éducateurs et les réalisateurs.
(d'après Adolf NICHTENHAUSER, A history of motion pictures in medicine, manuscrit non publié, ca 1950, p. 87-88).

Références et documents externes

  • Cinémagazine n°001 p.34 (04/01/1929)
    Ce petit article signé Robert Frances met en avant le caractère pédagogique du film dans la lutte antisyphilitique à travers les trois cas qui y sont présentés. Il considère comme important que cette réalisation soit diffusée le plus largement possible.
  • La Vie Saine n°58 p.7 (05/1928)
    Cette brève indique que le film a un intérêt pour tous les publics et spécialement pour la jeunesse. Il souligne la netteté du scénario, la qualité des prises de vue et l’excellent traitement du sujet. Une photographie, représentant le médecin (interprété par Camille Bert) racontant l’histoire des trois amis à son fils, complète la brève.

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Christian Bonah, Emmanuel Nuss, Géraldine Delay